Enjeux et problématiques en sciences de la mer et du littoral

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Enjeux et problématiques
en sciences de la mer et du littoral
Géosciences marines
Jean-Yves Royer
5 octobre 2004
Master SML - IUEM
Les domaines océaniques
• Un enjeu économique
• Un enjeu humain (risques naturels)
• Un enjeu de recherche fondamentale
Plan de l’exposé
• Un domaine largement inexploré
– Evolution de l’approche méthodologique
• Un enjeu économique
– Extension du plateau continental
– Les hydrates de gaz
• Quelques questions scientifiques majeures
– Les mécanismes de rupture des continents
– Le risque naturel (subduction)
– Dynamique de l’accrétion océanique
Un domaine encore inexploré
Topography
Mars
Earth’s oceans
today
horizontal
resolution
2 km
25 km
vertical
accuracy
1m
250 m
Levés bathymétriques “classiques”
Sondeur monofaisceau
H=VxT/2
Majorité des sondages bathymétriques
+
Associés à une navigation céleste
Levés bathymétriques multifaisceaux
Sondeur multifaisceaux du N.O. Marion Dufresne
Echosounder
5 x ~ 400 beams = 2000 pings
1 cycle every 20 s
For H = 5000 m
Covered area: ~ 25 x 0.5 km
Resolution: 50 m bin
Accuracy: < 1 m
File size
Bathymetry: ~ 4 Mb/hour
Imagery: ~ 7 Mb/hour
Survey
10-13 knots (19-24 km/h)
~1 month
~180 000 km2 surveyed
~size of G-B Island
+ navigation GPS
Depuis 1980-1990
Couverture
L limitée
aux marges et aux dorsales
d
Données bathymétriques disponibles
Exemple du
sud-ouest Pacifique
Banque de données NGDC
Exemple du Sud-Ouest Pacifique
D'après Sharman (2004)
Exemple du Sud-Ouest Pacifique
D'après Sharman (2004)
Acoustic bathymetry is best, BUT…
• Existing data are sparse and of poor quality
– Gaps 105 km2 in area and 100’s of km in length
– Majority of data in remote areas is pre-1967 and thus
only celestially navigated & single beam
– Data collection rates have declined since 1970s
– Swath data only cover a few % of total and mostly on
continental margins and mid-ocean ridge sites
• Vehicles in water are slow and expensive
– 1000 ship-years (10 G$) to do a complete survey
See Sharman (2002 SIO workshop) and Smith (1993)
L’altimétrie satellitale
vient à la rescousse
• Principe de la mesure
• Avantages / inconvénients
REFERENCE ELLIPSOID
Mesure altimétrique
Corr
H
Satellite altitude / sea surface
2-3 cm
accuracy
Hs
Satellite altitude / reference ellipsoid
2-3 cm
accuracy
H
Hs
Hdt
Hg
Corrections :
Corr
instrument, ionosphere, atmosphere ...
Hdt
Dynamic ocean topography:
tide, current, swell, waves …
Hg
Geoid height relative to ellipsoid
Hg + Hdt = Hs - H - Corr
“Noise”
Le géoïde terrestre:
reflet de la distribution des masses
Profondes: > 200 km
Superficielles: < 200 km
=> topographie des océans
Geoid and ocean floor topography
Smith (2002)
Geoid is an equipotential surface
Geoid reflects density distribution within the Earth
from deep interior ( > 200 km) to seafloor topography
Example: excess of mass caused by a seamount will deflect gravity
Signatures du géoïde
Royer et al. 1989
Exemple :
Mont sous-marin de la ride de Louisville (SW Pacifique)
Geoid = N
dN
Gravity = ----dz
Hauteur H et
Rayon R = 30 km
prédits par l’altimétrie
(Wessel & Lyons 1997)
From Cazenave & Royer, 2001
TOPEX / POSEIDON
10 days cycle
314 km track spacing at Equator
66˚N
66˚S
Densité des profils
Durée des cycles
17 j. - 160 km
183 j. - 4 km
168 j. - 8 km
35 j. - 80 km
Espacement à
l’équateur
Global gravity grid (2’=3.6km)
Combines Geosat/GM, ERS1/GM and Topex data
Sandwell & Smith 1997 - Cazenave et al. 1996
From gravity to bathymetry
– assemble available ship soundings and construct a long-
( > 160 km) depth model
– remove > 160 km from gravity grid
–
–
–
–
downward continue gravity to mean ocean depth
calibrate the topography-to-gravity ratio along ship tracks
multiply residual gravity by calibration factor
restore long- depth grid.
from Sandwell 2002
Global predicted topography grid (2’=3.6km)
Combines reliable ship-borne data with global gravity (+30” grid on land)
Smith & Sandwell 1997
Advantages and limitations
of satellite-altimetry for mapping the sea-floor
Fast (1-2 years mission)
Global and uniform coverage
“Cheaper” than global
bathymetric surveys
Increasing accuracy
Does not resolve < 20 km
Waves and coastal tide errors
Poor E-W resolution near
Equator
Still no data above Arctic
(>82˚N)
Oceanographers and SAR
community are not very
supportive for geodetic
missions (i.e. non-repeat
orbits)
Un enjeu économique
• Extension des Z.E.E. et plateau continental
– Convention des Nations Unies sur le Droit de la
Mer (UNCLOS)
– Critères géologiques
• Des ressources minérales inexploitées
– Les hydrates de gaz
Extension du plateau continental
Quelques définitions
• Géologique
Trait de côte
Plateau continental Talus
Glacis
Plaine
abyssale
–
–
–
–
–
Trait de côte
Plateau continental
Talus
Glacis
Plaine abyssale
• Juridique
Ligne de base
Mer territoriale
Zone contiguë
Zone Economique Exclusive 200 mn
Haute mer
Plusieurs critères
–
–
–
–
–
–
Ligne de base
Mer territoriale
Zone contiguë
Zone Economique Exclusive
Haute mer
Plateau continental juridique
• Article 76 de l’UNCLOS
Plateau
Plateau
continental
continental
juridique
Zone
internat.
– La zone internationale
Extension possible: ~106 km2
[métropole = 500.000 km2]
ZEE française ~ 107 km2
2ème mondiale en superficie
Limite des 200 milles
EXTRAPLAC
Extension Raisonnée du Plateau Continental
• Programme National
• Comité de pilotage (MAE, Budget, Industrie, Outre-mer,
Recherche, Défense, SGMer)
• Utilisation des moyens nationaux
• Maître d’œuvre : Ifremer
• Partenariat avec l’IFP et le SHOM
• Convention avec le Ministère de l’Industrie
• Budget 15 M (2003-2009)
• A comparer avec Canada 55 M, Danemark 18 M
• Dossiers à déposer avant 2009
• Russie (2003) - Brésil, Australie (2004) - Irlande (2005)
té
yau
Lo
es
ed
Rid
s
olk
orf
eN
ed
Rid
~75 000
km2
Bassin
sud-fidjien
Zon
ed
e fr
act
ure
CO
Ride des OK
Trois Rois
Campagne NOUCAPLAC-1
• Objectifs appliqués
– Démontrer la prolongation naturelle des rides de Norfolk et
des Loyautés
– Localiser le pied de talus
• Objectifs scientifiques
– Liaison entre les bassins Sud-Fidjien et Norfolk
– Structure et évolution du bassin Sud-Fidjien
• Travaux réalisés (août 2004):
– Bathymétrie multifaisceaux
– Sismique rapide
– Magnétisme et Gravimétrie
Plan de navigation Noucaplac-1
N. O. L’Atalante - août 2004
Bathymétrie ombrée
Sondeur EM12
Campagne de 12 jours
~5000 km de profils
70 000 km2 couverts
Vue en perspective
N
Les hydrates de gaz
• Un enjeu en terme de
– Climat
– Risque naturel
– Ressources
Les hydrates de gaz
• Glace + CH4
1m
Les hydrates de gaz
• Quasiment sur toutes les marges “grasses”,
passives et actives
Chapman et al., 2004
Les hydrates de gaz
• Méthodes d’exploration
– Sismique réflexion
Haute résolution 3D
– Sismomètres fond de mer
Ocean Bottom Seismometer = OBS
Les hydrates de gaz
• BSR = Bottom Simulating Reflector
Source HYDRATECH
Modèle d’amincissement d’une
lithosphère continentale
Exhumation du manteau
Brun & Beslier 1996
Modèle de formation
de la marge Ibérique
– Modèle mécanique
– Est-ce un modèle général ?
– Quelle quantité d’étirement estelle nécessaire ?
Coupe synthétique de la marge Ibérique [Beslier et al. 1995]
S
Comparaison avec une coupe de la
marge marocaine
Campagne SISMAR (2002)
MicrOBS = micro ocean bottom seismometer
Coupe de la marge marocaine
Modèle pour la marge marocaine
Sismique verticale + sismique grand-angle
Croûte
Océanique
Pas d’exhumation
du manteau ?
Croûte
continentale
La marge algérienne
• Une marge passive …
… reprise en compression
Campagne Maradja
N.O. Le Suroît
21 Août – 18 Septembre 2003
Séisme de Boumerdès
21 mai 2003
Modèle numérique de terrain (50m)
Piggy back basin
Bassin perché
Profil de sismique réflexion (6 traces)
10 km
Section P1
Piggy-back basin
Exagération verticale : 4
Pli actif en « rollover »
« Ecaillage »
Décollement
NW Alger:
faille de Khair-Al-Din
Schéma structural
Mise en évidence
- de nombreuses failles de chevauchements associées à
des plissements en pied de marge
- et d’effondrements gravitaires
Risque naturel associé aux frontières en
convergence: les zones de subduction
Risque sismique dans le monde
Les 10 plus grands
séismes du vingtième
siècle
1. Chili 05/22/1960 - Mw 9.5
2. Alaska 03/28/1964 - Mw 9.2
3. Russie 11/04/1952 - Mw 9.0
4. Equateur 01/31/1906 - Mw 8.8
5. Alaska 03/09/1957 - Mw 8.8
6. Iles Kuriles 11/06/1958 - Mw 8.7
7. Alaska 02/04/1965 - Mw 8.7
8. Inde 08/15/1950 - Mw 8.6
9. Argentine 11/11/1922 - Mw 8.5
10. Indonésie 02/01/1938 - Mw 8.5
Distribution des séismes
Les séismes de subduction
• Les séismes interplaques contrôlés par la T
Identification des zones
de rupture et de lacune sismique
Séisme du 22 janvier 2003, Mw = 7.8, L = 80 km
Déformations intersismiques et cosismiques en zone de subduction
• Les séismes se produisent suivant des
cycles
Projets d’observatoires fond de mer permanents
• NEPTUNE (USA)
• VENUS (Canada)
Marge des Cascades
– Observation continue de la sismicité, des déplacements, des émissions de fluides
(+ nombreux autres paramètres dans le domaine de l’océanographie et de la biologie)
– Déploiement d’un réseau de capteurs câblés
– Financement de Venus dés 2005 (première étape du projet proche des côtes)
Le projet Nantroseize (Japon, IODP)
• Forage de la zone sismogène de la fosse de Nankai
(2007)
• Installation de capteurs pour l’observation des fluides,
des déformations, …
Déformation de la lithosphère océanique
hors zones de subduction
• Exemple de l’océan Indien
oriental
– Sismicité intense
– Flambage de la lithosphère
– Chevauchements crustaux
Flambage +
chevauchements récurrents
+ Krishna et al., 2003
Observatoire sismologique
fond de mer
Flotteur
~ 800 - 1000 m
~ 40 m
Hydrophone
autonome
Canal SOFAR
~ 3000 – 4000 m
selon profondeur
Largueur
acoustique
Lest perdu
Réseau d’hydrophones
Projet NERO
Dynamique de l’accrétion océanique
Cormier et al., 2001
Sonar :
20m au dessus du fond
Fauchée de ~40m
Pixel: 2 x 5 m
8 plongées
3.3 km2
Cormier et al., 2001
Bathymétrie
près du fond
• ABE : Autonomous Benthic
Explorer (AUV)
– 680 kg - 2m de long
– 0.75 m/s
Apport de la micro-bathymétrie
Dorsale est-Pacifique
Dorsale Juan de Fuca
volcanisme
tectonique
Cormier et al., 2001
Cormier 2001
Apport de la micro-bathymétrie
!
• Identification des structures (répartition,
géométrie)
• Quantification des failles et des fissures
• Identifications des coulées de laves (et datation)
• Etude des relations entre fracturation, volcanisme,
et activité hydrothermale
évolution dans le temps =>
mesures répétées dans le temps
et observatoires fond de mer
MOMAR = “Monitoring the Mid-Atlantic Ridge”
Etude des processus actifs à l’axe des dorsales
chantier: dorsale Atlantique près des Açores
– écosystèmes des sources
hydrothermales
– dynamique des circulations
hydrothermales
– dynamique du manteau et
des magmas, volcanologie
& tectonique
Vent scale
Multidisciplinaire
Multi-échelles
Coordonné via
InterRidge
Ridge segment scale
Regional scale
Effort européen
Mars 2004 : Chantier dorsale lente de Ridge
Messages à retenir
• Enjeux appliqués et fondamentaux sont fortement
couplés
• Approche méthodologique évolue
– Intégration de données à différentes échelles
techniques spatiales, de surface, proches du fond
– Imagerie essentielle (dans les 3 dimensions) pour
comprendre les processus
– Nécessité d’observations répétées ou permanentes fond
de mer pour accéder à la dynamique des processus
Les géosciences marines à Brest
• Domaines Océaniques
– Unité Mixte de Recherche UBO/CNRS
• Géosciences Marines
– Dpt de recherche océanographique d’Ifremer
Domaines océaniques
• Un laboratoire pluri-disciplinaire
–
–
–
–
–
Géophysique
Géologie structurale
Sédimentologie
Pétro-géochimie
Paléontologie
• Un laboratoire de ~70 personnes
– 34 chercheurs et enseignants-chercheurs
– 18 techniciens
– ~20 doctorants, post-doctorants, visiteurs
Thématiques
• Tectonique active sur les rifts et les dorsales océaniques
– Dynamique de l’accrétion
– Rifts actifs continentaux
• Phénomènes mantelliques et leur impact sur la lithosphère
– Structure de la lithosphère et du manteau
– Interactions lithosphère-asthénosphère
• Le système marge
– Architecture 4D des marges passives
– Message sédimentaire et paléontologique
Processus actifs de l’accrétion
Système marge
-tectonique active
-dynamique du manteau
-pétro-géochimie
-tectonique/climat/eustatisme
-processus sédimentaires
-structure profonde
Açores
EPR
Processus du rifting
Medit.
Baikal
MAR
-sismo-tectonique
-morpho-structure
-pétro-géochimie
-cinématique
Rift Est-Africain
Foundation HP
Society Is
Interactions asthenosphère-lithosphère
-interactions points chauds - dorsales
-interactions points chauds - domaine intraplaque
-géochimie des points chauds
SEIR- St Paul HP
Objectif à long terme :
Observatoire fond de mer
Site MOMAR près des Açores
Initiative européenne
DRO/Géosciences marines
• Trois équipes de recherche (~40 p.)
– Laboratoire de géophysique et géodynamique
– Laboratoire de géochimie et métallogénie
– Laboratoire des environnements sédimentaires
• Deux groupes de soutien (~20 p.)
– Cartographie, traitement de données
– Instrumentation
Thématiques
• Structure et géodynamique des marges
continentales
• Formation des corps sédimentaires détritiques et
genèse des bassins sédimentaires
• Migration des fluides et hydrates de gaz
• Transferts de matière et d'énergie entre manteau,
croûte océanique et hydrosphère au niveau des
dorsales médio-océaniques
Travaux et chantiers en Cours
Département de
Géosciences Marines
Dorsales
Marges
ZEE
Une version imprimable de cette présentation
sera mise en ligne sur:
http://www-sdt.univ-brest.fr (rubrique enseignement)
Avec la collaboration de :
W. Roest, J. Deverchère, P. Gente, M.-A. Gutscher
Glossaire
•
•
•
•
•
•
La structure de la terre peut être décrite en termes de composition: croûte, manteau, noyau et graine ou en termes de
comportement mécanique: lithosphère (rigide), asthènosphère (ductile), mésophère (moins ductile), noyau (liquide),
graine (solide)
La lithosphère constitue les plaques rigides qui se déplacent les unes par rapport aux autres; épaisses d’environ
100km, elles sont composées de croûte, océanique (~8km, volcanique) et/ou continentale (~30km, granitique) et de
manteau supérieure (péridotite). La plaque africaine comporte par exemple une partie continentale et une partie
océanique; la plaque pacifique est uniquement océanique.
Les plaques reposent sur l’asthènosphère (du grec “sans résistance”), de même composition que le manteau.
Les marges passives sont le lieu de transition entre croûte océanique et croûte continentale. Elles se forment lors de
la rupture de la lithosphère continentale, lorsque celle-ci est soumise à une extension horizontale. Le rift continental
est le lieu où la déchirure continentale se produit; la rupture achevée se met en place une dorsale océanique où se
forment la croûte et la lithosphère océanique. Les dorsales océaniques sont des frontières actives (volcaniques)
divergentes, où les plaques se séparent.
Les marges actives sont le lieu d’affrontement ou de collision entre plaques. Cet affrontement peut se produire entre
plaques océaniques, l’une (la plus vieille) passant en subduction sous l’autre, entre plaque océanique et plaque
continentale, la plaque océanique plus dense passe sous la plaque continentale, et entre plaques continentales, donnant
lieu à la formation de chaînes de montagne. Les zones de subduction sont le lieu où la lithosphère est détruite et
recyclée dans le manteau.
Ductile = déformable, malléable par opposition à fragile = cassant. La lithosphère rigide comporte des niveaux
fragiles et des niveaux ductiles qui déterminent son comportement rhéologique (mécanique) lorsqu’elle est soumise à
des contraintes.
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