Dans un monde fortement modifié par les activités humaines, il devient urgent de mieux
comprendre la relation entre la diversité biologique et le fonctionnement des écosystèmes. Ceci
implique de comprendre à la fois les mécanismes qui expliquent la dynamique de la diversité et
leur relation avec le bon fonctionnement des systèmes écologiques. Dans cette optique,
l'hypothèse d'assurance biologique suppose que la biodiversité puisse jouer le rôle d'un « tampon
» face aux variations environnementales. L'hypothèse d'assurance temporelle propose que cette
effet tampon découle d'une complémentarité temporelle. L'hypothèse d'assurance spatiale
applique cette idée dans une métacommunauté (somme de communautés reliées par la
dispersion), en considérant que la complémentarité temporelle peut venir d'une complémentarité
spatiale et de taux de dispersion appropriés entre les communautés. Les prédictions de ces
modèles sont doubles : (1) d'abord la productivité temporelle moyenne des écosystèmes (face
aux variations environnementales) sera plus forte (et son coefficient de variation sera faible) pour
une forte diversité et (2) dans une métacommunauté, la diversité sera maximale (et donc l'effet
d'assurance optimal) pour des niveaux d'hétérogénéité et de flux d'individus intermédiaires entre
les écosystèmes.
L'hypothèse d'assurance biologique a reçu une forte attention ces dernières années car elle relie
directement la vulnérabilité des systèmes biologiques aux changements globaux dus aux activités
humaines (fragmentation, homogénéisation, perturbations). Par contre elle manque encore de
validation expérimentale et n'a pas encore développé sa dimension évolutive. Notre projet est
construit autour de ces limitations et combinera approches théoriques et expérimentales pour
mieux comprendre la relation entre la diversité biologique et le fonctionnement des écosystèmes
en conjuguant les connaissances actuelles en écologie et en évolution. Ce travail s'intègre dans un
programme de recherche initié par Nicolas Mouquet depuis qu'il a été recruté au CNRS en 2004.
Nicolas Mouquet a déjà bénéficié d'un financement EC2CO qui lui a permis de monter un réseau
de jeunes collaborateurs autour de son projet et d'équiper un laboratoire de microbiologie.
L'originalité de son travail à déjà été récompensé par un article publié dans la revue Nature sur la
radiation adaptative de la bactérie Pseudomonas fluorescens dans une métacomunauté (Venail et
al 2008). Un financement ANR jeune chercheur semble maintenant le meilleur moyen de lui
permettre de pousser son programme de recherche plus loin.