l`importance des fonds de travailleurs pour l`économie du montréal

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Rapport sur
l’importance des
fonds de travailleurs
pour l’économie du
Montréal métropolitain
Un rapport de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
Chambre de commerce
du montréal métropolitain
380, rue Saint-Antoine Ouest, bureau 6000
Montréal (Québec) H2Y 3X7
Téléphone : 514 871-4000
Télécopieur :514-871-1255
www.createursdaffaires.com
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Mai 2013
Table des matières
Liste des tableaux et graphiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ii
Mot du président et chef de la direction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
Sommaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Contribution des fonds de travailleurs à l’économie du Montréal métropolitain et du Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
Les trois fonds fiscalisés au Québec et leur mission. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
Les fonds fiscalisés au Québec et le capital d’investissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
Des activités complémentaires à celles des fonds privés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
Un effet de levier impressionnant pour les gouvernements. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
Un effet d’entraînement substantiel pour le marché du capital d’investissement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
Un impact important sur le tissu industriel de la métropole. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
Une métropole qui bénéficie substantiellement de ces investissements. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
Des secteurs clés qui se développent grâce à ces fonds . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Des fleurons qui ne seraient peut-être pas là . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
Un effet positif sur l’épargne de leurs actionnaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
Des contributions plus régulières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
Un point de départ pour des cotisations à d’autres sources d’épargne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
Un taux de rendement intéressant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Un renouvellement important à venir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
i
RAPPORT SUR l’importance des fonds de travailleurs
pour l’économie du Montréal métropolitain générale
Liste des tableaux et graphiques
Tableau 1 : Élimination progressive du crédit d’impôt fédéral pour les contributions aux fonds de travailleurs
Tableau 2 : Faits saillants sur les fonds fiscalisés au Québec
Tableau 3 : Investissements directs dans la région métropolitaine de Montréal, par secteurs
Tableau 4 : Exemples de fleurons québécois qui ont obtenu du soutien des fonds de travailleurs québécois
Tableau 5 : Rendements composés annuels (incluant le crédit d’impôt)
Tableau 6 : La structure d’âge des actionnaires des fonds de travailleurs (au 31 mai 2012)
Graphique 1 : Champs d’activité des fonds fiscalisés au Québec
Graphique 2 : Comparaison des niveaux d’investissement des fonds fiscalisés et privés selon la conjoncture
économique
Graphique 3 : Déboursés des fonds fiscalisés au Canada 2005-2012
Graphique 4 : L’effet multiplicateur des fonds fiscalisés sur les co-investisseurs dans des fonds privés canadiens
de capital de risque technologique
Graphique 5 : Marché québécois du capital de risque : répartition par type d’investisseurs (moyenne 2008-2012)
Graphique 6 : Part des détenteurs de fonds de retraite qui ont cotisé deux années de suite
ii
Mot du président et chef de la direction
L’écosystème financier de la métropole approvisionne
non seulement les entreprises locales, mais aussi les
entreprises sur l’ensemble du territoire québécois. Or
cet écosystème a été grandement fragilisé il y a 50 ans
par le déplacement vers Toronto de larges pans de l’industrie des services financiers. Il aura fallu des décisions
courageuses et innovatrices pour compenser les pertes.
Aujourd’hui, deux piliers de notre écosystème financier,
les fonds de travailleurs, sont grandement menacés par
une décision précipitée du gouvernement fédéral qu’il
importe de rectifier.
Michel LebLanc
La région métropolitaine de Montréal représente 10 % de
l’économie canadienne et plus de la moitié de l’économie
du Québec. On y retrouve un nombre élevé de jeunes entreprises dynamiques, reconnues pour leur caractère créatif et innovant. Or, la croissance de ces entreprises dépend
d’un environnement d’affaires compétitif, et notamment
de l’accès à du capital d’investissement à différents stades
de leur cycle de vie.
De fait, l’accès à une offre de capital diversifiée et bien
structurée constitue un des facteurs de succès clés des
économies modernes. Cette offre diversifiée permet de
répondre aux besoins des entrepreneurs aux étapes très
précoces du démarrage d’entreprise. À ce capital initial s’ajoute ensuite une offre de capital patient, apte à
accompagner les entreprises aux étapes initiales de leur
développement. Progressivement, au fur et à mesure que
les entreprises deviennent pérennes, d’autres sources de
capital, aussi bien locales qu’étrangères, viennent s’ajouter et permettent enfin de soutenir les besoins des entreprises en croissance. L’ensemble des institutions et des
fonds qui financent les entreprises forment ce qu’on peut
appeler un écosystème financier.
En tant qu’investisseurs, les fonds de travailleurs contribuent à doter l’économie d’un environnement de capital
de risque et de développement dynamique en mesure
de répondre aux besoins du marché et des entrepreneurs
montréalais. Ces investissements directs et par l’intermédiaire de fonds spécialisés sont effectués tout au long du
cycle de vie des entreprises : de l’amorçage à la maturité.
Ils soutiennent directement la création et l’essor d’entreprises innovantes et des dizaines de milliers d’emplois
bien rémunérés par année.
Les fonds de travailleurs offrent un excellent rapport bénéfice/coût pour les gouvernements qui accordent un crédit
d’impôt à leurs contributeurs, tout en libérant des sommes
importantes de fonds publics qui peuvent ainsi être investies dans des projets d’infrastructures dont Montréal a un
urgent besoin.
Parce que la communauté d’affaires estime qu’il est essentiel de bien saisir le poids de ces organismes pour notre
économie, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain a souhaité publier ce rapport établissant les faits
sur lesquels les discussions devraient se baser.
Le rapport qui suit présente les fonds de travailleurs et
l’impact positif que leurs activités d’investissement ont
sur le tissu économique du Montréal métropolitain. Il
aborde également l’effet important qu’ont les incitatifs fiscaux présentement en place sur les habitudes d’épargne
des actionnaires de ces fonds, dans un contexte où trop
peu de Québécois économisent suffisamment pour leur
retraite.
Nous souhaitons que ce rapport apporte tout le soutien
nécessaire à des fonds qui contribuent grandement au
développement et à l’essor de notre économie.
1
Sommaire
Dans le cadre du présent rapport, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain a souhaité établir les
faits sur lesquels les discussions doivent se baser afin
d’évaluer l’importante contribution des fonds de travailleurs à l’économie du Montréal métropolitain. Le rapport
a pu être réalisé grâce à la collaboration de Deloitte qui a
permis l’accès à des données non publiques dans le cadre
de l’étude que la firme réalise actuellement sur les trois
fonds fiscalisés du Québec.
Lors de la présentation de son budget en 2013, le gouvernement fédéral a annoncé son intention d’annuler
progressivement le crédit d’impôt qu’il accorde aux actionnaires de fonds de travailleurs d’ici 2017, et, en contrepartie, d’injecter 400 M$ additionnels dans des fonds
privés de capital de risque.
Les fonds fiscalisés, qui incluent les fonds de travailleurs
(Fonds de solidarité FTQ et Fondaction CSN) et Capital
Régional et Coopératif Desjardins, sont des investisseurs
actifs tout le long du cycle de vie des entreprises, à la fois
dans les secteurs traditionnels et technologiques. Les
fonds contribuent à l’essor et à la croissance d’entreprises
du Montréal métropolitain et du Québec en entier grâce
à des activités d’investissement complémentaires à celles
des fonds privés.
Avec un horizon d’investissement à long terme, des investissements dans de petites et moyennes entreprises des
secteurs moins bien servis par les fonds privés et en maintenant un niveau d’investissement élevé en période de
ralentissement économique, les fonds fiscalisés apportent
une contribution essentielle au tissu économique du
2
Montréal métropolitain. Avec des investissements directs
de près de 2,3 G $ dans l’économie du Montréal métropolitain, auxquels s’ajoutent des investissements indirects et
en immobilier, les fonds de travailleurs ont contribué à la
création ou au maintien de plus de 35 000 emplois.
En plus d’offrir un rapport bénéfice/coût et une période
de recouvrement des investissements à l’avantage des
gouvernements qui offrent un crédit d’impôt à leurs actionnaires, les fonds de travailleurs génèrent un effet
d’entraînement en étant souvent les premiers engagés
dans des fonds privés d’investissement. Ils contribuent
également à la capitalisation de fonds spécialisés et au
dynamisme des marchés québécois et canadien du capital de risque et de développement. Pour la période 20042012, selon la plus récente étude de Gilles Duruflé, avec
des engagements de 758 M$, les fonds fiscalisés ont entraîné des co-investisseurs à hauteur de 1 783 M$ dans ces
mêmes fonds privés canadiens de capital de risque technologique. Au Québec, les fonds fiscalisés, dont les fonds
de travailleurs, ont contribué au total pour plus de 625 M$,
une moyenne de 29 %, au marché québécois du capital de
risque au cours des cinq dernières années.
Finalement, l’accès au crédit d’impôt pour les actionnaires
de fonds de travailleurs a un effet positif sur leur niveau
d’épargne en vue de la retraite. Ces actionnaires ont, au
cours des dix dernières années, augmenté leurs cotisations REER au-delà de celles détenues dans les fonds de
travailleurs, alors que l’importance de l’épargne individuelle demeure un défi de taille à l’aube de la retraite des
baby-boomers et en raison du resserrement démographique extraordinaire que le Québec est en train de vivre.
3
RAPPORT SUR l’importance des fonds de travailleurs
pour l’économie du Montréal métropolitain générale
Introduction
La décision du budget fédéral 2013
Dans le cadre de son budget pour l’exercice 2013-2014, le
ministre des Finances du Canada, Jim Flaherty, a annoncé
l’intention du gouvernement fédéral d’annuler progressivement sa part du crédit d’impôt pour les contributions
aux fonds de travailleurs (voir tableau 1).
TABLEAU 1
Élimination progressive du crédit d’impôt fédéral pour
les contributions aux fonds de travailleurs
Période
Valeur du
credit d’impôt
Aucun changement jusqu’au
1er mars 2015
15 %
Mars 2015 à février 2016
10 %
Mars 2016 à mars 2017
5 %
À compter de mars 2017
0 %
Source : www.lesaffaires.com
Le gouvernement fédéral s’appuie, entre autres, sur une
étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)1 dans laquelle sont présentés des arguments en faveur d’une élimination du crédit
d’impôt pour les contributions aux fonds de travailleurs,
tel qu’il a été fait en Ontario (l’élimination graduelle du
crédit provincial a été complétée en 2012). L’étude aborde
la notion d’effet d’éviction des fonds privés par les fonds
de travailleurs pour certains projets d’investissement,
l’impact négatif sur le rendement de ces investissements
et, par conséquent, le rendement inférieur des fonds de
travailleurs par rapport aux fonds privés. En effet, selon
l’OCDE, les fonds privés offrent une meilleure allocation
du risque et donc, un meilleur rendement global.
1OCDE, Études économiques de l’OCDE: Canada (synthèse), juin 2012.
4
En plus de l’élimination progressive du crédit d’impôt,
l’OCDE recommande aussi dans cette étude que le secteur
public contribue au moyen de fonds de c­ o-investissement
dans lesquels les décisions d’investissement sont prises par
les partenaires privés. À l’instar de cette recommandation,
le gouvernement fédéral s’est engagé à investir 400 millions
de dollars additionnels dans des fonds privés de capital de
risque au cours des sept à dix prochaines années.
La teneur de notre étude
Bien que l’étude de l’OCDE soit récente, elle se base
néanmoins sur des analyses datant du début des années
2000. Par conséquent, le présent rapport est basé sur
d’autres données plus récentes et spécifiques au contexte
québécois.
Le présent rapport démontrera dans un premier temps
que la contribution des fonds de travailleurs à l’économie
du Montréal métropolitain est substantielle et essentielle
à l’essor économique de notre métropole. Les principales
caractéristiques de ces fonds et leur complémentarité aux
fonds strictement « privés » seront illustrées.
Il est primordial par la suite d’analyser l’impact potentiel
de l’annulation progressive du crédit d’impôt fédéral sur
le tissu industriel de la métropole et les différents secteurs économiques qui seraient affectés par un éventuel
manque à gagner des investissements provenant des
fonds de travailleurs.
Finalement, nous aborderons l’impact positif sur le n
­ iveau
d’épargne des actionnaires des fonds de travailleurs
qu’ont les crédits d’impôt provincial et fédéral actuellement en place.
Contribution des fonds de travailleurs
à l’économie du Montréal métropolitain
et du Québec
Depuis la mise sur pied du Fonds de solidarité de la
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec
(FSFTQ), en 1983, puis de Fondaction CSN de la
Confédération des syndicats nationaux (CSN) en 1996, les
fonds de travailleurs ont investi de façon soutenue dans
les entreprises et l’économie du Montréal métropolitain et
du Québec en entier.
Les trois fonds fiscalisés au Québec
et leur mission
Au Québec, le gouvernement regroupe trois fonds sous le
libellé de fonds fiscalisés : les deux fonds de travailleurs,
Fonds FTQ et Fondaction CSN, et Capital Régional et
Coopératif Desjardins (CRCD).
Les fonds fiscalisés partagent des valeurs au cœur de leur
mission : le soutien aux entreprises situées dans toutes
les régions du Québec, ce qui contribue directement à
la création et au maintien d’emplois de qualité. Le fonds
CRCD vise également à soutenir l’essor des régions ressources et les coopératives. Les trois fonds sont soumis
à l’exigence gouvernementale d’investir (au moins 60 %
de leur actif net moyen de l’exercice précédent) dans des
entreprises à impacts économiques au Québec.
D’ailleurs, les plus récentes analyses de Deloitte sur
les fonds fiscalisés révèlent des faits importants sur ces
investissements.
Tableau 2 :
Faits saillants sur les fonds fiscalisés au Québec
Les contributions des actionnaires de fonds fiscalisés profitent toutefois d’un traitement fiscal différent des autres
investissements. En effet, un crédit d’impôt de 15 % est
accordé par chacun des gouvernements provincial et
fédéral pour les actionnaires du FSFTQ et Fondaction
CSN (+10 % additionnel du gouvernement du Québec du
1er juin 2009 jusqu’à ce que ce dernier ait atteint une capitalisation de 1,25 G$). Les actionnaires de CRCD, quant
à eux, obtiennent un crédit de 50 % du gouvernement
du Québec, car ils ne bénéficient pas de la déduction
REER et que des contraintes additionnelles encadrent les
investissements du fonds (minimum de 35 % en régions
ressources et dans des coopératives). Seuls le FSFTQ et
Fondaction CSN sont affectés par la décision du gouvernement fédéral annoncée dans le budget de l’exercice
2013-2014.
Il est important de souligner la raison d’être de ces crédits
d’impôt. Ils ont été mis en place pour générer des apports
de capitaux de particuliers souhaitant épargner pour leur
retraite, tout en soutenant l’essor et la croissance d’entreprises québécoises alors que le marché du capital de
risque et de développement était encore peu développé
au Québec. Les crédits ont également permis aux fonds
d’atteindre rapidement des niveaux de capitalisation
leur permettant la marge de manœuvre nécessaire pour
répondre aux besoins des entreprises dans bon nombre
de secteurs. Comme les fonds fiscalisés offrent du capital patient par leurs investissements, des règles de rachat
strictes s’appliquent aux actionnaires ayant investi dans
ces fonds. En contrepartie, les crédits d’impôt contribuent
à obtenir un rendement intéressant pour les actionnaires.
• 69 % des transactions sont effectuées en région
• 70 % des transactions sont inférieures à 1 M$
• 52,4 % des transactions en phase d’amorçage au Québec sont effectuées par les fonds fiscalisés
• 87,3 % des transactions de capital de risque dans les secteurs traditionnels sont effectuées par les fonds fiscalisés
Source : Données FSFTQ,
Fondaction CSN et CRCD, analyse Deloitte
5
RAPPORT SUR l’importance des fonds de travailleurs
pour l’économie du Montréal métropolitain générale
Les fonds fiscalisés au Québec et le capital
d’investissement
Il ne fait aucun doute que les fonds fiscalisés jouent un
rôle important à titre d’investisseurs dans les entreprises
du Grand Montréal et des autres régions du Québec.
L’accès au capital de risque est crucial pour les entreprises
en phases d’amorçage et de démarrage, autant dans les
secteurs technologiques que traditionnels. Le marché du
capital de risque est dynamique au Québec, sa taille atteignant 0,083 % du PIB en 2009, par rapport à 0,019 % pour
l’Ontario et 0,033 % pour le Canada2. Lorsqu’on compare
son marché de capital de risque en pourcentage du PIB
avec celui d’autres pays membres de l’OCDE, le Québec
se classe au troisième rang, derrière Israël et les États-Unis.
Qui plus est, le capital de développement est tout aussi
important pour soutenir les phases de première croissance, d’expansion et de maturité des entreprises.
Les fonds fiscalisés sont actifs tout le long de la chaîne d’investissement, de l’amorçage jusqu’à la maturité, dans les
secteurs traditionnels et technologiques (voir ­graphique 1).
Contrairement aux affirmations de certains observateurs,
les analyses de Deloitte démontrent que les fonds fiscalisés
jouent un rôle complémentaire aux fonds d’investissement
strictement privés actifs au Québec.
Des activités complémentaires à celles
des fonds privés
Les entreprises à la recherche de capital d’investissement
au Québec ont recours à plusieurs sources de financement : programmes d’aide du gouvernement, fonds
fiscalisés et fonds privés. Le gouvernement et les fonds fiscalisés investissent autant de façon directe dans des projets et entreprises, que de façon indirecte en investissant
dans les fonds privés spécialisés. Dans les deux cas, les
fonds fiscalisés répondent à certaines carences du marché
des capitaux d’investissement.
Graphique 1
Champs d’activité des fonds fiscalisés au Québec
Capital de développement
Capital de risque
Secteurs
technologiques
Secteurs traditionnels
Amorçage
Démarrage
1re croissance
Définition de capital de risque (source : Réseau Capital)
« Capital investi dans une entreprise aux premiers
stades. Cet investissement est généralement à risque
élevé ou très élevé »
1
Expansion
Maturité
Définition de capital de développement (source :
Réseau Capital)
« Capital investi dans une entreprise qui a
généralement un produit viable, un marché développé,
des clients significatifs, une croissance des revenus
soutenue, qui a atteint son seuil de rentabilité et
dégage non seulement des profits, mais également des
flux de trésorerie positifs. Le financement est souvent
destiné à augmenter les capacités de production et la
force de vente, à développer de nouveaux produits, de
nouveaux services ou de nouveaux marchés, à financer
des acquisitions et/ou accroître le fonds de
roulement. »
Source : Deloitte
2Selon OCDE, cité dans l’étude Deloitte sur les fonds fiscalisés
6
Une différence importante entre les fonds strictement privés et les fonds fiscalisés est l’horizon d’investissement.
Alors que la durée de vie des fonds privés avoisine dix ans
et que leur horizon de placement se situe autour de cinq
ans, les fonds fiscalisés, eux, investissent à long terme dans
les entreprises partenaires. La perspective d’un partenaire
à long terme est certes désirable pour les entrepreneurs
pour qui des années peuvent s’écouler entre l’amorçage
et l’obtention de rendements sur investissements qui répondent aux attentes des investisseurs.
De plus, alors que bon nombre de fonds spécialisés visent
des secteurs spécifiques (par exemple, technologies de
l’information, « clean techs », biopharmaceutique), les
fonds fiscalisés investissent autant dans les secteurs des
technologies que les secteurs traditionnels, comme le manufacturier et le commerce de détail. À titre d’exemple, le
FSFTQ s’est engagé pour 75 M$ dans le Fonds Valorisation
Bois, en partenariat avec le gouvernement du Québec, qui
y contribue à hauteur de 95 M$, dans le but de prendre
des positions minoritaires dans des entreprises du secteur
forestier qui démontrent un fort potentiel3.
les fonds fiscalisés répondent à la demande de financement pour des projets de moindre ampleur. Rappelons ici
le fait que 70 % des transactions qu’ils effectuent sont inférieures à 1 M$.
Autre différence fondamentale entre les fonds privés et les
fonds fiscalisés : comme ces derniers ont une perspective
d’investissement à long terme, qu’ils collectent annuellement des fonds de leurs actionnaires et qu’ils doivent
investir 60 % de ces fonds au Québec, ils assurent la disponibilité du capital d’investissement même lors d’un
ralentissement économique (voir graphique 2). Leurs investissements contre-cycliques peuvent être faits seuls ou
en partenariat. En effet, les fonds fiscalisés ont augmenté
leurs investissements et soutenu les entreprises performantes à risque à cause du resserrement du crédit durant
la dernière crise économique. Un exemple connu est celui
du FSFTQ, qui s’était allié au gouvernement du Québec
dans le cadre du programme RENFORT.
De plus, les activités d’investissement des fonds fiscalisés sont, au Québec, tout à fait complémentaires à celles
des fonds privés. Ces fonds ont été créés non pas pour se
concurrencer, mais pour répondre à des besoins distincts
et fondamentaux des entreprises.
La taille des entreprises et des transactions est un autre
facteur qu’il nous faut considérer. Les coûts pour effectuer
Outre la couverture des carences de marché, les fonds fiscalisés assurent un flux contracyclique de capitaux dans l’économie québécoise
une transaction d’investissement de 1 M$ sont essentiellement les mêmes que s’il s’agit d’une entente de 10 M$. Par
leur présence hors des grands centres (comme Montréal),
En effet, alors que les investissements en capital de risque et capital développement diminuent lorsque la conjoncture économique
présente des perspectives
négatives, les fonds fiscalisés, du fait de leurs collectes de fonds annuelles, ne sont affectés que dans une
Graphique
2
moindre
mesure
par
les
turbulences
du marché. des fonds fiscalisés et privés selon la conjoncture économique
Comparaison des niveaux d’investissement
(en millions et milliards $, 2007-2011)
$6 000
$250
Période de dépression
$5 000
$200
Capitalinvestissement
$4 000
Banques
$2 000
$150
TCAC 20072009 : -46%
$3 000
$100
TCAC 2007-2009 :
-38%
$50
Fonds fiscalisés
$1 000
TCAC 20072009 : +48
$-
Émissions de prêts par les banques
Milliards $
Montants investis par les fonds
Millions de $
Fonds investis en capital-investissement et par les fonds fiscalisés (Québec) et
émission de prêts par les banques à charte (Canada)
$2007
2008
2009
Capital investissement - $ investis
2010
2011
Fonds fiscalisés - $ investis
Banques - Émission de prêts
Sources : Thomson Reuters; Réseau Capital; Rapports annuels et données et états financiers de FSTQ, CRCD et Fondaction; analyse Deloitte; BDC & TD – Debt Market Observations
and M&A Trends, Septembre 2012.
Source : Étude
Deloitte
sur les fonds
fiscalisés
Les fonds fiscalisés, de par leur mission de développement économique et leur particularité
de fonds
patients,
permettent
aux entreprises de bénéficier d’un appui constant. De plus, ils viennent parfois à pallier au manque de disponibilité des
instruments
de financement
traditionnels,
lorsque
joueurs
se de
retirent
temporairement
marché.
3Sources : Ministère
des Finances,
Budget 2012-2013,
Gouvernement
du les
Québec ;
Fonds
solidarité
FTQ, Rapport dedu
gestion
intermédiaire au
30 novembre 2012.
En période d’expansion, les banques deviennent plus agressives et cherchent à augmenter leur part de marché; à l’inverse, elles tendent à se retirer en
période de ralentissement. Les fonds de capital investissement tendent à réagir de manière similaire. Dans ce contexte, la capacité des fonds fiscalisés
7
à lever des fonds assure une stabilité d’investissement, année après année.
RAPPORT SUR l’importance des fonds de travailleurs
pour l’économie du Montréal métropolitain générale
Un effet de levier impressionnant pour
les gouvernements
Alors que les crédits d’impôt provincial et fédéral auxquels ont accès les actionnaires des fonds de travailleurs
sont de 15 % chacun (total de 30 % pour FSFTQ et de 30 %
+10 [bonification du gouvernement du Québec] pour
Fondaction CSN), le montant maximal annuel d’achat
d’actions, aux fins des crédits d’impôt, est de 5 000 $.
Le gouvernement fédéral estime le coût fiscal de son crédit d’impôt à 160 M$ (pour l’ensemble du Canada)4 ; le
gouvernement provincial évalue le coût de ce crédit d’impôt à 146 M$ pour l’année 20125.
En d’autres termes, lorsqu’on considère tous les avantages fiscaux consentis aux actionnaires du FSFTQ, le
gouvernement provincial aura récupéré la totalité des
sommes après 2,1 ans, et après 3,8 ans pour le gouvernement fédéral pour une année d’exploitation en période de
croissance économique.
En plus d’un ratio bénéfice/coût et une période de recouvrement qui sont nettement à l’avantage des gouvernements qui offrent le crédit d’impôt pour les actionnaires
de fonds de travailleurs, ces fonds jouent souvent un rôle
clé dans la capitalisation des fonds privés et spécialisés.
Un effet d’entraînement substantiel
Les retombées fiscales et parafiscales du crédit d’impôt pour le marché du capital d’investissement
sont toutefois largement à l’avantage des gouvernements
qui l’offrent aux actionnaires de fonds de travailleurs. En
effet, dans le cas de Fondaction CSN, l’IREC évalue le ratio
bénéfice/coût du crédit d’impôt à 2,05 pour le gouvernement provincial et à 1,26 pour le gouvernement fédéral6.
En d’autres mots, pour chaque dollar que coûte l’incitatif
fiscal que représente le crédit d’impôt de 15 %, le gouvernement du Canada perçoit 1,26 $ en recettes fiscales et
parafiscales.
L’OCDE recommande que les fonds publics soient investis
dans des fonds où les décisions sont prises par des acteurs
privés. Or, les fonds fiscalisés « génèrent un effet d’entraîfonds spécialisés qui, par effet de levier, permet de mobiliser des capitaux
nement important lorsqu’ils investissent dans des fonds
8.
complémentaires
et ainsi
compléter
levée souvent
de fonds »initiale
privés : ils assurent
une
mise delafonds
dans
des fonds spécialisés qui, par effet de levier, permet de
Lamobiliser
plus récente
de Gilles
Duru�lé sur le marché
du capital
de risque
desétude
capitaux
complémentaires
et ainsi
complé8
.
ter
la
levée
de
fonds »
fait état de ce rôle clé des fonds �iscalisés.
plus récente étude de Gilles Duruflé sur le marché du
Dans le cas du Fonds de solidarité FTQ, une étude de IlLa
est présenté dans cette étude que pour la période 2005-2012, les fonds
la firme SECOR sur l’impact économique des investis- capital de risque fait état de ce rôle clé des fonds fiscalisés.
sements du Fonds7 réfère davantage à la période de �iscalisés ont déboursé 1,474 G$ sur le marché canadien du capital de
Il est présenté dans cette étude que pour la période
recouvrement des coûts fiscaux pour les gouvernements risque.
­2005-2012, les fonds fiscalisés ont déboursé 1,474 G$ sur
provincial et fédéral. En 2009, la période de recouvrement,
le marché
canadien
capital
Graphique
3 : Déboursés
desdu
fonds
fiscalisésde risque.
au Canada 2005 -2012
incluant la parafiscalité, est de 2,2 ans pour le gouvernement du Québec, et de 4,7 ans pour le fédéral. Il est Graphique 3
important ici de considérer l’impact important de la réces- Déboursés des fonds fiscalisés au Canada 2005-2012
sion qui a débuté en 2008 sur la durée de cette période
de recouvrement. L’analyse évalue alors une période de
Investissements
recouvrement pour une année « normale » de bénéfices
directs
26,3
%
d’entreprises à 2,1 et 3,8 ans pour les gouvernements proCapitalisation fonds
vincial et fédéral, respectivement.
73,7 %
privés canadiens
Source : Gilles Duruflé, 2013
De plus, depuis 2004, les engagements directs et indirects par les fonds
�iscalisés (dont 2 des 3 sont des fonds de travailleurs) ont joué un rôle
critique dans l’atteinte de la capitalisation de 27 fonds privés indépendants
4 Ministère des Finances du Canada http://www.budget.gc.ca/2013/doc/plan/anx2-fra.html.
canadiens. Ces engagements représentaient 30 % du total des levées par
5 Ministère des Finances du Québec, Dépenses fiscales, édition 2012, p. A.46.
6Oscar Calderon, Nouvelle méthodologie pour le calcul des retombéesles
defonds
Fondaction,
juillet
2012.
privés.IREC,
À eux
seuls,
ces 27 fonds ont levé 45 % des capitaux privés
7SECOR, Analyse de l’impact économique des investissements du Fonds de solidarité des travailleurs du Québec, juillet 2010.
8 Analyse Deloitte, dans le cadre de son Étude sur les fonds fiscalisés, 2013.
de fonds canadiens sur la période 2004-20129.
8
De plus, depuis 2004, les engagements directs et indirects
par les fonds fiscalisés (dont 2 des 3 sont des fonds de
travailleurs) ont joué un rôle critique dans l’atteinte de la
capitalisation de 27 fonds privés indépendants canadiens.
Ces engagements représentaient 30 % du total des levées
par les fonds privés. À eux seuls, ces 27 fonds ont levé
45 % des capitaux privés de fonds canadiens sur la période 2004-20129.
Au Québec maintenant, les fonds fiscalisés, dont les fonds
de travailleurs, ont contribué au total pour plus de 625 M$,
une moyenne de 29 %, au marché québécois du capital de
risque au cours des cinq dernières années10.
Graphique 5
Marché
québécois
ducapital
capital
de :risque :
Marché
québécois du
de risque
répartition répartition par
par type d'investisseur
(moyenne 2008
-2012)
type d’investisseurs
(moyenne
2008-2012)
3% 8%
Pour la période 2004-2012, comme le démontre le gra6%
10%
phique
4, les fonds
fiscalisés
génèrent
un effetlorsqu’ils
d’entraînes fonds fiscalisés
génèrent
un effet
d’entraînement
important
investissent dans des fonds privés: ils
impressionnant
lorsqu’ils
s’engagentqui,
dans
des
fonds
mise de fonds ment
souvent
initiale dans des
fonds spécialisés
par
effet
levier, permet de
mobiliser des capitaux
26%
privés.
En
effet,
avec
des
engagements
de
758 M$,
les
es et ainsi de compléter la levée de fonds.
29%
fondsdefiscalisés
ontdans
entraîné
des co-investisseurs
à hauteur
s investissements
ces fonds
les entreprises
génèrent des
investissements additionnels issus d’autres
1 783 M$ainsi
dansleces
mêmes fonds
canadiens
de multiplicateur sur
19%la mobilisation du
onds fiscalisésde
permettent
déclenchement
enprivés
deux temps
d’un effet
capital
de
risque
technologique.
ustré dans le graphique de droite).
Corporatif
Gouvernement
Institutionnel
Fiscalisé
Privé indépendant
Étranger
Autres
suivantes font état des investissements (2004-2012) des fonds fiscalisés dans les fonds privés canadiens de capital Source : Thomson Reuters
sSource : Thomson Reuters
de risque technologique
Graphique 4
levés par des fonds privés indépendants au Canada de 2004 à 2012. 27 fonds privés (2 541 M$) ont bénéficiés d’investissements
L’effet multiplicateur des fonds fiscalisés sur les co-investisseurs dans des fonds privés canadiens
ses. Ces 27 fonds représentent 45% du montant total levé par les fonds canadiens privés sur cette période
de risque technologique
s concernés auraient eu, à
elques uns, de grandes
sans ces engagements
iscalisés du Québec»****
ontants engagés par les
és dans les fonds privés
quels ils ont investi
(27 fonds)
2004-2012
758 M$
783 M$
30%
Fonds
fiscalisés
11, un
Les engagements des fonds fiscalisés dans
les fonds
privés ont
risque
au Québec
37 effet
% des fonds investis en 2012 l’étaient dans des
d’entraînement (engagements des co-investisseurs et investissements dans les
secteurs traditionnels, tandis que les sciences de la vie et les TI
entreprises)
1 783 M$
s’accaparaient respectivement 28 % et 30 % des fonds. Des 409 M$ investis
au Québec en 2012, 29 % sont allés à des entreprises aux stades
Montants engagés pard’amorçage et de démarrage et 60 % au développement. Ainsi, grâce à leurs
des co-investisseurs investissements directs et à leur contribution importante aux divers fonds
1$
dans ces mêmes fonds
de capital de risque, les
fonds
de travailleurs
et CRCD ont soutenu des
investi dans
les
758 M$
entreprises par les fonds
entreprises tout au
longdans
de leur
cycleles
de vie, dans les secteurs traditionnels
Montants engagés
privés
lesquels
par les fonds
fonds fiscalisés ont
autant que technologiques.
fiscalisés dans des
engagé des fonds, génère
fonds privés
d’investissements
Qui plus est, cette2,5$
participation
active des fonds de travailleurs sur le
additionnels dans les
marché du capital de
risque etfinancées
de développement contribue au dynamisme
entreprises
du marché au Québec et à l’attraction d’investissements étrangers vers la
province. En effet, alors que la part du Québec dans le PIB du Canada est de
estisseurs
é
de capital
Selon le dernier rapport de Thomson Reuters sur le marché du capital de
20 %, la province a récolté 31,3 % des investissements étrangers des cinq
Source: Gilles Duruflé, analyse Deloitte
dernières années dans le marché du capital de risque, contre 68,7 % pour
, Les investissements directs et indirects des fonds fiscalisés du Québec en capital de risque
Étude Deloitte sur les fonds fiscalisés
12. s.r.l. etSource :
© Deloitte
& Touche
ses sociétés affiliées
le reste
du Canada
t préliminaire - Étude sur les fonds fiscalisés
Ainsi, avec un effet de levier qui est nettement à l’avantage des
11
gouvernements qui offrent un crédit d’impôt à leurs actionnaires, et une
Thomson Reuters, Marché québécois du capital de risque 2012.
9 Gilles Duruflé, Investissements directs et indirects en capital de risque
12 Ibid.par les fonds fiscalisés du Québec, avril 2013.
10Thomson Reuters, Marché québécois du capital de risque 2012.
9
RAPPORT SUR l’importance des fonds de travailleurs
pour l’économie du Montréal métropolitain générale
Selon le dernier rapport de Thomson Reuters sur le marché du capital de risque au Québec11, 37 % des fonds
investis en 2012 l’étaient dans des secteurs traditionnels,
tandis que les sciences de la vie et les TI s’accaparaient
respectivement 28 % et 30 % des fonds. Des 409 M$ investis au Québec en 2012, 29 % sont allés à des entreprises
aux stades d’amorçage et de démarrage et 60 % au développement. Ainsi, grâce à leurs investissements directs et
à leur contribution importante aux divers fonds de capital
de risque, les fonds de travailleurs et CRCD ont soutenu
des entreprises tout au long de leur cycle de vie, dans les
secteurs traditionnels autant que technologiques.
Qui plus est, cette participation active des fonds de travailleurs sur le marché du capital de risque et de développement contribue au dynamisme du marché au Québec
et à l’attraction d’investissements étrangers vers la province. En effet, alors que la part du Québec dans le PIB
du Canada est de 20 %, la province a récolté 31,3 % des
investissements étrangers des cinq dernières années dans
le marché du capital de risque, contre 68,7 % pour le reste
du Canada12.
Ainsi, avec un effet de levier qui est nettement à l’avantage des gouvernements qui offrent un crédit d’impôt
à leurs actionnaires, et une contribution importante au
dynamisme du marché du capital d’investissement à
Montréal et au Québec, il ne fait aucun doute que les
fonds de travailleurs font partie intégrante de l’environnement d’affaires des entreprises du Montréal métropolitain
et y jouent un rôle crucial.
Un impact important sur le tissu industriel
de la métropole
Un retrait éventuel, même progressif, du crédit d’impôt
pour les actionnaires de fonds de travailleurs entraînerait
des conséquences négatives sur l’accès au financement
pour les entreprises du Montréal métropolitain. Certains
secteurs seraient plus affectés que d’autres, et l’argument
selon lequel les fonds privés remplaceraient ce manque à
gagner n’est pas assurément fondé pour tous les secteurs.
Une métropole qui bénéficie substantiellement de ces investissements
Tel qu’il leur est prescrit par leur loi constitutive, les fonds
de travailleurs doivent investir en moyenne, sans exiger
aucune garantie, au moins 60 % de leur actif moyen net de
l’exercice précédent dans des entreprises admissibles du
Québec. Au 31 mai 2012, cette proportion était largement
respectée tant par le FSFTQ que par Fondaction CSN13.
11Thomson Reuters, Marché québécois du capital de risque 2012.
12 Ibid.
13FSFTQ, États financiers 30 novembre 2012 ; données Fondaction.
14 Données internes FSFTQ et Fondaction, au 31 mai 2012
10
Une part importante de ces investissements est réalisée dans la grande région du Montréal métropolitain.
Les fonds de travailleurs ont investi directement près
de 2,3 G $ dans l’économie du Montréal métropolitain.
Lorsque l’on tient compte des investissements indirects et
en immobilier, les activités d’investissement de FSFTQ et
Fondaction ont contribué à la création ou au maintien de
plus de 35 000 emplois14.
Des secteurs clés qui se développent grâce à ces fonds
Le gouvernement du Québec offre bon nombre de
­programmes d’aide aux entreprises, notamment par l’entremise d’Investissement Québec, qui gère un portefeuille
de 3,4 G$ en plus du Fonds de développement économique d’une valeur de 4,2 G$15. De ces produits financiers,
tous les secteurs sont admissibles aux prêts et garanties
de prêts, tant que la majeure partie de leurs revenus sont
tirés de ventes de biens et services aux entreprises16.
Les secteurs des technologies (sciences de la vie, technologies de l’information et des communications, technologies propres, etc.) sont mieux servis que par le passé par
les fonds spécialisés de capital de risque et de développement, ainsi que par le fonds Teralys Capital, qui investit
dans ces derniers. D’ailleurs, le Fonds de solidarité FTQ a
contribué à hauteur de 250 M$ à la capitalisation initiale
de Teralys Capital. Le secteur du commerce de détail,
quant à lui, l’est beaucoup moins. D’ailleurs, les entreprises de commerce de détail ne sont pas admissibles
aux programmes d’aide gouvernementaux gérés par
Investissement Québec.
Les fonds de travailleurs ont des investissements substantiels dans tous les grands secteurs d’activité : services,
technologies, manufacturier et commerce.
Tableau 3
Investissements directs dans la région métropolitaine
de Montréal, par secteurs17
Secteur
Investissements
Manufacturier
530 631 883 $
Commerce
164 249 190 $
Services
1 060 950 601 $
Technologies
348 207 510 $
Fonds spécialisés
442 648 517 $
Autres secteurs
157 503 555 $
Total
2 261 542 739 $
Source : données combinées FSFTQ et Fondaction CSN
Les fonds de travailleurs ont
investi directement près
de 2,3 G $ dans les
­entreprises et l’économie
du Montréal métropolitain.
15 Investissement Québec
16Agriculture, services aux particuliers et commerce de détail exclus.
17 La région métropolitaine de Montréal inclut : Montréal, Laval, Laurentides, Lanaudière, Montérégie.
11
RAPPORT SUR l’importance des fonds de travailleurs
pour l’économie du Montréal métropolitain générale
Des fleurons qui ne seraient peut-être pas là
Les fonds de travailleurs ont soutenu des entreprises reconnues au Québec pour leur apport important à l’économie de
la province, et de la région métropolitaine de Montréal. En voici quelques exemples.
Tableau 4
Exemples de fleurons québécois qui ont obtenu du soutien des fonds de travailleurs québécois
Renaud-Bray
(réseau de librairie)
L’investissement initial du Fonds de solidarité FTQ en 1996 a permis à Renaud-Bray de sortir d’une situation financière délicate (investissement initial
de 4,7 M$). L’entreprise est aujourd’hui le plus grand réseau de librairies francophones en Amérique du Nord. Renaud-Bray a 721 employés.
Robert Transport
(transport routier)
L’entreprise a bénéficié de plusieurs investissements du Fonds de solidarité
FTQ depuis 20 ans, notamment pour des projets d’expansion au Québec et
en Ontario. L’entreprise, située à Boucherville, emploie 2 572 personnes dont
2 451 au Québec.
Air Transat
(voyagiste)
L’entreprise qui compte 6 175 employés dont 3 678 au Québec a bénéficié
de plusieurs rondes de financement. L’investissement du Fonds de solidarité
FTQ, lors des événements du 11 septembre 2001, a permis à l’entreprise de
se sortir d’une situation financière précaire et de poursuivre ses opérations.
Sonaca
(aérospatiale)
L’investissement du Fonds de solidarité FTQ, dans un creux de cycle économique, a permis de sauver 283 emplois à Mirabel. Des réinvestissements ont,
par la suite, permis l’agrandissement de l’usine.
Sail
(commerce de détail)
L’appui du Fonds de solidarité FTQ a permis le rachat de l’entreprise de
Beloeil puis l’expansion au Québec et en Ontario de ce détaillant d’articles
de sport. Sail compte maintenant 880 employés dont 530 au Québec et 350
en Ontario.
12
Sports Rousseau
Les Équipements Sportifs Pro Hockey Life, mieux connu sous le nom de
Sports Rousseau, est un détaillant d’articles de sport maintenant présent
dans cinq provinces. L’investissement de Fondaction CSN a permis de soutenir les projets de croissance de l’entreprise qui est rapidement devenue une
référence mondiale dans le domaine du hockey.
Fresche solutions
Fresche Solutions est aujourd’hui une entreprise de modernisation des TI
internationalement reconnue et compte plusieurs leaders mondiaux parmi
ses partenaires. Fondaction CSN a contribué à en ramener la propriété au
Québec tout en participant à la mise sur pied d’une coopérative de travailleurs actionnaire (CTA).
AV&R Vision & Robotique
AV&R Vision & Robotique se spécialise dans les projets d’automatisation complexes demandant un haut niveau de précision. Experte en vision artificielle et
en finition de pièces, l’équipe d’AV&R compte plus de 600 réalisations à ce jour
et elle a remporté de nombreux prix. L’investissement de Fondaction CSN a
permis l’acquisition de l’entreprise par les dirigeants fondateurs.
ENOBIA
Un
exemple
du
succès
en
biotechnologie.
Cette entreprise soutenue pendant plusieurs années dans sa croissance par
le Fonds de solidarité FTQ, a réussi à attirer un important joueur du secteur
qui l’a amenée sur la scène internationale en soins de la santé humaine,
reconnaissant ainsi le savoir-faire des sociétés et chercheurs d’ici en haute
technologie.
DISTECH CONTROLS
Cette société, dont le contrôle a été ramené récemment de Singapour à
Montréal, fabrique des contrôleurs et logiciels éco énergétiques et a misé
dans sa croissance notamment sur le Fonds de solidarité FTQ et le fonds
privé W2 de Montréal pour grandir dorénavant à partir de Montréal.
ACQUISIO
Se joignant au fonds privé Tandem de M. Charles Sirois, le Fonds de solidarité FTQ a servi au démarrage de cette société en TI qui offre une plateforme
reconnue pour médias interactifs.
13
RAPPORT SUR l’importance des fonds de travailleurs
pour l’économie du Montréal métropolitain générale
Un effet positif sur l’épargne
de leurs actionnaires
REER est en moyenne environ 10 % plus élevée que l’ensemble des cotisants à un régime de retraite enregistré21
(voir graphique 6).
Au Québec, comme ailleurs dans le monde, nous faisons
face à un défi sur le plan de l’épargne. Les citoyens actifs
sur le marché du travail n’épargnent pas suffisamment
en vue de leur retraite et les régimes d’employeurs ne
couvrent que la moitié des Québécois18. Une étude de
Claude Castonguay rapporte que plus de 60 % des travailleurs ne pourront maintenir leur niveau de vie une fois
à la retraite19.
Un point de départ pour des cotisations à
d’autres sources d’épargne
Une des raisons pour lesquelles les employés hésitent à
recourir aux outils financiers d’épargne pour la retraite
est le défi que pose la littératie financière. Dans les cas
Des contributions plus régulières
des actionnaires des fonds de travailleurs, ceux-ci ont,
Selon les analyses de Deloitte sur les fonds fiscalisés, les au cours des dix dernières années, multiplie les produits
actionnaires de fonds de travailleurs contribuent de façon d’épargne retraite détenus dans leur portefeuille en plus
plus régulière à leur fonds de retraite, notamment grâce de leur REER dans les fonds de travailleurs. Une des expliaux
prélèvements
à la source
auxquelsdes
ils fonds
ont accès.
Près démontrent
Au-delà
de la multi-détention,
Les actionnaires
de travailleurs
des le
comportements
plus stables
que laune forme
cations est
fait que lesd’épargne
actionnaires
reçoivent
moyenne
des Québécois.
Les formes
de cotisationCSN
(par exemple
la retenued’éducation
sur le salaire), les
spécificitésen
du cotisant
produit (crédit
de
40 % des
actionnaires
de Fondaction
contribuent
financière
auxd’impôt
fonds de travailsupplémentaire)
la formation
queàdonnent
les fonds
aux que
travailleurs
de l’épargne sont des éléments qui peuvent
par
l’entremiseet de
retenues
la source,
alors
cettesur l’importance
leurs, ce qui leur permet de mieux comprendre tous les
contribuer à cette bonne performance
proportion est de 31 % pour FSFTQ20. Dans le cas des avantages fiscaux immédiats et avantages économiques
actionnaires du Fonds de solidarité FTQ, la proportion futurs d’épargner pour leur retraite.
d’entre eux qui contribuent deux années de suite à leur
Graphique 6
Part
des de
détenteurs
(REER)
qui ont
cotisé
deuxde
années
Part des détenteurs de
fonds
retraite qui
ont cotisé
deux
années
suite de suite
80%
75%
79%
68%
70%
65%
78%
76%
68%
67%
60%
70%
76%
74%
70%
71%
65%
62%
64%
62%
59%
55%
50%
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
Source: sondage Fonds de Solidarité, analyse Deloitte
Actionnaires du Fonds de Solidarité
#REF!
Ensemble des cotisants
Année après année, la part des actionnaires des fonds fiscalisés qui refont une cotisation est plus élevée que chez l’ensemble des
cotisants à un REER
Source : Sondage Fonds de solidarité et analyse Deloitte,
tirée de l’étude Deloitte sur les fonds fiscalisés
18Deloitte, Étude sur les fonds fiscalisés, 2013.
19 Claude Castonguay, Le point sur les pensions, Rapport Cirano, 2011.
20 Données FSFTQ et Fondaction.
21Analyse Deloitte
17
Rencontre de mi-mandat - Étude sur les fonds fiscalisés
14
© Deloitte & Touche s.r.l. et ses sociétés affiliées
Un taux de rendement intéressant
Alors que certains dénoncent le plus faible taux de rendement des fonds de travailleurs par rapport aux fonds
privés, il importe de tenir compte de la mission différente,
et complémentaire, que poursuivent les fonds de travailleurs. En effet, avec un objectif de création et de maintien
d’emplois et de développement économique régional,
les fonds de travailleurs répondent de façon efficace à
un segment important de la demande dans le marché du
capital de risque et de développement, tout en assurant
une gestion du risque qui soit à la hauteur des attentes de
leurs actionnaires.
D’ailleurs, les rendements qu’ont reçus les actionnaires sur
leurs investissements dans les fonds de travailleurs sont
tout à fait respectables.
Tableau 5
Rendements composés annuels (incluant le crédit d’impôt)
FSFTQ
Fondaction CSN
5 ans
7 ans
10 ans
n. d.
13,4 %
10,0 %
17,0 %
n. d.
6,4 %
Source : Rapports de gestion FSFTQ et Fondaction CSN, 30 novembre 2012
Un renouvellement important à venir
Un des avantages des fonds de travailleurs que nous
avons abordé plus tôt est la disponibilité de capital en période de ralentissement économique et de resserrement
du crédit. Cela est rendu possible grâce aux cotisations
annuelles élevées et récurrentes de leurs actionnaires, qui
reconnaissent l’avantage accru que confère les crédits
d’impôt par rapport aux autres produits financiers liés à
l’épargne-retraite.
Toutefois, le retrait du crédit d’impôt par l’un des paliers de gouvernement pourrait affecter cette capacité
des fonds de travailleurs à lever des capitaux au même
niveau que les années antérieures. Qui plus est, lorsque
l’on considère la distribution d’âge des actionnaires de
ces fonds, nous pouvons anticiper des retraits de capitaux
importants dans les années à venir. Bien sûr, les fonds de
travailleurs, conscients de cette dynamique bien avant
l’annonce du retrait du crédit d’impôt, ont accéléré leurs
efforts de recrutement auprès des travailleurs plus jeunes.
Mais, comme toutes les caisses de retraite, le défi demeure de taille à l’aube de la retraite des baby-boomers.
À Fondaction CSN, c’est 54,6 % des actionnaires qui ont
50 ans ou plus, tandis que cette proportion est de 52,8 %
au Fonds de solidarité FTQ22.
L’importance de l’épargne individuelle demeure un défi
de taille en raison d’un resserrement démographique extraordinaire que le Québec est en train de vivre.
Tableau 6 La structure d’âge des actionnaires des fonds de travailleurs (au 31 mai 2012)
Âge des actionnaires
Moins de 30 ans
FSFTQ
Fondaction CSN
4,4 %
5,8 %
30-39 ans
16 %
16 %
40-44 ans
11 %
10 %
45-49 ans
15,8 %
13,6 %
50-54 ans
20 %
18,8 %
55-59 ans
18,8 %
20,6 %
14 %
15,2 %
48,9 ans
48,9 ans
594 287 actionnaires
113 838 actionnaires
60 ans et plus
Âge moyen
Total
22 Données Fondaction CSN et FTQ.
Sources : données FSFTQ et Fondaction CSN
15
RAPPORT SUR l’importance des fonds de travailleurs
pour l’économie du Montréal métropolitain générale
Conclusion
Les fonds de travailleurs apportent une contribution indéniable à l’économie du Montréal métropolitain, et du Québec
en entier. Grâce à leur mission et aux activités qui en découlent, les fonds jouent un rôle de soutien aux entreprises dans
des secteurs et à des stades de développement d’entreprises souvent négligés par les fonds privés.
De plus, les fonds de travailleurs sont des investisseurs importants dans plusieurs fonds spécialisés et en tant que premiers engagés, ils jouent souvent un rôle clé dans la capitalisation de ces fonds privés dont la mission est complémentaire à la leur.
Les faits le démontrent : les fonds de travailleurs génèrent un effet de levier positif pour les gouvernements qui accordent des crédits d’impôt à leurs actionnaires. Ce sont près de 2,3 G$ qui sont présentement directement investis
dans des entreprises de la région métropolitaine de Montréal, et plus de 35 000 emplois créés ou maintenus, lorsqu’on
inclu les investissements indirects et l’immobilier.
Grâce à ces crédits d’impôt, les fonds de travailleurs permettent l’accès à l’épargne pour les plus de 700 000 actionnaires du Fonds de solidarité FTQ et de Fondaction CSN. D’entre eux, bon nombre épargnent de façon plus régulière
et ont tendance à diversifier leurs sources d’épargne-retraite, une bonne nouvelle compte tenu du défi démographique
auquel fait présentement face le Québec en entier.
L’économie de la métropole et du Québec a besoin de ces outils financiers pour prospérer.
16
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