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Al’Ecoute des
Autres Spécialités
La fistule colovésicale est plus fré-
quente chez l’homme (sex ratio de
2:1 à 6:1 suivant les séries), proba-
blement du fait de l’interposition
chez la femme de l’utérus entre la
vessie et le sigmoïde. Chez la
femme, une hystérectomie est
d’ailleurs retrouvée dans les anté-
cédents dans 50% des cas de fistule
colovésicale.
Cliniquement, une p n e u m a t u r i e
est présente dans 65% des cas, une
fécalurie dans 45% des cas, alors
que les douleurs abdominales et
les signes infectieux ne sont retrou-
vés que chez 20% environ des
patients. Des signes urinaires isolés
à type d’infection urinaire pluri-
microbienne ou d’hématurie sont
observés chez 30% des patients.
La découverte clinique ou radiolo-
gique (extravasation de produit de
contraste du sigmoïde vers la ves-
sie au lavement hydrosoluble ou
surtout air dans la vessie au scan-
n e r) d’une fistule colovésicale
témoigne d’une forme grave de la
poussée inflammatoire et expose
aux complications infectieuses d’o-
rigine urinaire. Par elle-même, elle
justifie donc l’intervention chirurgi-
cale, au mieux à distance de l’épiso-
de aigüe.
En préopératoire, un bilan de la
fistule vésicale elle-même (cystos-
copie, cystographie) est inutile car
la fistule siège le plus souvent sur le
dôme vésical et n’entraine pas de
conséquences sur la fonction réna-
le. De plus, la cystoscopie a une
faible rentabilité diagnostique
puisqu’elle ne visualise l’orifice
fistuleux que dans 30 à 40% des
cas.
L’intervention chiru rgicale com-
prend la résection du sigmoïde sui-
vie d’une anastomose colorectale,
non protégée dans plus de trois
quarts des cas car le plus souvent
les conditions locales le permettent.
La résection colique est associée à
une fermeture simple du dôme
vésical à l’endroit de la fistule. Si
possible, on interposera le grand
épiploon entre l’anastomose colo-
rectale et la suture vésicale. Il est
préferable de laisser en place une
sonde urinaire 8 à 10 jours après
l’intervention pour protéger la
suture vésicale.
Souvent, le trajet fistuleux dans la
vessie est difficile à retrouver.
Dans ces cas, il est inutile de s’a-
charner et la vessie peut-être lais-
sée en l’état. Elle guérira sponta-
nément (sous couvert du sondage
urinaire).
Rarement, une stomie de protection
de l’anastomose colorectale s’avère
nécessaire, en cas d’abcès pelvien
associé, ou de péritonite. Par con-
t re, la réalisation d’une simple
colostomie d’amont, ne touchant
pas à la fistule, s’avérerait inefficace
et dangereuse (avec persistance du
risque septique et rénal). C e t t e
intervention (sigmoïdectomie,
anastomose colorectale, et suture
vésicale) peut être faite en totalité
aujourd’hui sous cœlioscopie.
Il s’agit le plus souvent d’une fistule
e n t re l’iléon terminal (siège le plus
fréquent de la maladie de Crohn) et
le dôme vésical. Du fait de la ma-
ladie de Crohn, cette fistule entéro -
vésicale peut être associée à d’autre s
fistules soit internes entéro - e n t é-
riques (le plus souvent iléo-iléale ou
iléo-sigmoïdiennes) soit externes
e n t é r o - c u t a n é e s .
Comme dans la diverticulite, le
bilan urinaire est inutile. Seul un
bilan digestif complet comprenant
habituellement un transit du grêle
et une coloscopie doit être pratiqué
en préopératoire. La non visualisa-
tion de la fistule sur ces examens ne
doit pas remettre en cause le dia-
gnostic si cette fistule est sympto-
matique cliniquement. Elle sera de
toutes les façons très facilement
confirmée en peropératoire par l’ac-
colement intime entre le segment
intestinal et le dôme vésical.
L’intervention chirurgicale consiste
en une résection du segment intes-
tinal, et comme dans la diverticuli-
te une suture si possible de la fistu-
le vésicale associée à un sondage
urinaire prolongée environ 1 semai-
ne. Ainsi, le plus souvent est réali-
sée une résection iléo-caecale avec
anastomose iléo-colique dro i t e
immédiate (en cas de fistule iléo-
vésicale) ou une colectomie subto-
tale avec anastomose iléorectale (en
cas de Crohn colique avec fistule
colo-vésicale). Là encore, dans
notre expérience, ces interventions
peuvent être le plus souvent réali-
sées sous cœlioscopie.
Le plus souvent, il s’agit d’un can-
cer recto-sigmoïdien qui envahit le
dôme vésical, où siège la fistule. Il
1. CAUSES MALIGNES
IV.AUTRES CAUSES DE
FISTULES
ENTÉRO-VESICALES
III. LA MALADIE DE
CROHN
2. LETRAITEMENT
CHIRURGICAL
1. PRÉSENTATION CLINIQUE ET
BILAN MORPHOLOGIQUE :
N°2 Mai 2001
Le T
raitement des Fistules Entér
ovésicales