Le rôle du Fouta Tooro dans l'Enseignement, l'Essor de la Civilisation et de la Pensée Islamique: le
Foyer de THILOGNE dans la longue durée
L'enracinement des différentes confréries au Fouta et leur audience au sein
des masses populaires sera à l'origine de la fondation des foyers d'enseignement
religieux dans cette région. Thilogne, à l'image de Ceuta, Tripoli, Tunis et Fès qui
étaient des centres de rayonnement de la culture islamique en Afrique du Nord,
était un de ces centres religieux en relation avec toute l'Afrique noire musulmane.
L'Islam au Fouta Tooro
La diffusion de l'Islam en Afrique subsaharienne reste encore mal connue.
Elle repose sur des données fragmentaires, fragiles qui émanent des chroniqueurs
arabes qui ont écrit plus ce qu'ils ont entendu que ce qu'ils ont vu. Abou Obeid Al
Bekri mentionne au XIème siècle que War Jaabi qui serait un des souverains de la
dynastie Manna "pratiquait la religion de Mohamed" et son fils Lebbi a participé
au mouvement almoravide en allant secourir Yaya Ibn Oumar. Cette idée fut
reprise par Delafosse en ces termes; "Il n'y a rien d'impossible… à ce que les
princes de la dynastie des Manna soient ceux dont ont parlé les géographes arabes
comme ayant régné sur le Tekrour au début du mouvement almoravide3 Quant à
Ibn, Abi Zar, il affirme dans Rawnd Al Qiras que les Tekrouriens ont embrassé
l'Islam en 933. Abdramane Ibn Khaldun, de son côté, soutient que c'est avec le
mouvement almoravide que l'Islam a pénétré dans l'empire du Ghana. A travers ces
différentes hypothèses nous pouvons,avec toute proportion gardée, affirmer que
c'et à partir du 8ème siècle que l'Islam a pénétré au Bilad Sûdan.
En effet depuis que l'Islam est apparu en Afrique du Nord au VIIè siècle
de l'ère chrétienne, ce pays n'a cessé de participer au développement de la
civilisation et de la pensée islamique4.Si cette participation a été différente d'un
siècle à un autre, selon l'importance des centres de rayonnement culturel importés
à travers les pays, la place privilégiée (le fait d'être placé aux bords de la
Méditerranée et de l'océan atlantique) que Dieu a donné à l'Afrique du Nord a aidé
ses habitants à accomplir bien cette mission. Le grand Sahara, malgré son aridité,
ne fut point un obstacle dans les relations de l'Afrique du Nord avec ses parties
centrales et occidentales, mais au contraire un facteur organisateur. De même que
ses oasis furent des stations de repos, d'échanges et aussi des centres de diffusion
3 ) Soh (Sire Abass), 1913, p.271
4 ) Baayou (M.A), "Le rôle de l'Afrique du Nord dans la civilisation et la pensée islamique",
in Actes intégraux du 8ème séminaire sur la pensée islamique, Bidjaia du 25 mars – 5 avril
1974, Algérie
Revue du Laboratoire d'Etudes et de Recherches Historiques (LERHI) 40