La formalisation permet de concrétiser ,cette dua-
lité de continuité et de rupture.
Une grande partie de la recherche appliquée ac-
tuelle, dans les soins infirmiers, est centrée sur la
formalisation des connaissances empiriques qui
existent déjà, en vue de les rendre plus
scientifï-
ques et de les diffuser (exemple les diagnostics
infirmiers,
les protocoles, etc.).
2.3. Améliorer la qualité des soins
Quand toutes les infirmières d’un service, voire
d’un établissement hospitalier, utilisent le même
protocole scientifique nous pouvons dire pour
plusieurs raisons qu’il y a qualité de soins.
-
L’utilisation d’un protocole dont l’efficacité
et les
applicahons
ont été prouvées et testées re-
présente un seuil minimum de qualité pour le
service.
De plus, de nombreuses recherches ont mis en
évidence que l’uniformisation des protocoles sur
un établissement donne de très bons résultats.
Exemple : étude faite en Belgique
sur
27 établis-
sements pour les protocoles de prévention d’es-
carres (11).
Le personnel qui utilise et respecte ce protocole,
sait avec certitude qu’il ne fait courir aucun ris-
que au patient.
-
De par leur construction, les protocoles por-
tent en eux-mêmes la dimension
anùcipatoire
et
prédictive
de l’action. Ainsi, nous pouvons dire
qu’un protocole permet d’assurer non seulement
un résultat sûr à court terme, mais aussi à
moyen et long terme.
Exemple : protocole d’éducation des malades
diabétiques. Ce protocole construit à partir de
recherches et évalué, met bien en évidence que
l’éducation donnée qui n’est ni du dressage, ni
de l’information, conduit les patients à l’autono-
mie et non à la dépendance (12).
2.4. Rationaliser les soins infirmiers
Si nous nous référons au concept de DONABE-
DIAN
(13) sur l’évaluation nous pouvons discer-
ner trois domaines : les ressources, les processus,
et les résultats. Ils sont liés mais peuvent être
dissociés. Quand nous bâtissons un protocole de
(11) JACQUERIE (A.) (Sous la direction de) l’évaluation de
la qualité des soins dans la prise en charge des patients à ris-
que et/ou atteints d’escarres. Présentation au
CHI2
La
Roche-sur-Yon, non publié, 19 septembre 92.
(12)
MARTEL
(F.)
1~s
S&
i&miers
et
l’éducation des
personnes diabétiques : autonome ou aliénation, in cahier de
I’AMmC
ni 11, Lyon
1990.
(13)
DONABEDIAN
(A.)
cité par DURANT
CG.),
La me-
sure de l’évaluation de la
perfommce
à l’hôpital, ed. htAU-
WELAERTS.
LO”“ain,
1979, p.
141.
soins,
,nous
aavaiUons
sur les processus en vue
d’obtknii
le meilleur résultat possible. L’action
est essentiellement centrée sur les résultats.
Dans certains cas, il est bon, lorsque le résultat
obtenu est satisfaisant! de rationaliser le proces-
sus pour le rendre moms dispendieux et aussi ef-
ficace (moins coûteux en temps, en matériel,
etc.) l’action est alors centrée sur le processus.
Exemple : étude portant sur l’efficacité, le coût
et le confort du malade lors d’utilisation de
fdrre
amibactérien
et humidificateur chez les per-
sonnes intubées.
2.5.
Scientifïser
les soins infirmiers
En leur donnant des bases solides. Les proto-
coles scientifiques doivent faire partie
du,
corpus
de connaissances sur lequel les écoles basent leur
enseignement et l’apprentissage des élèves.
Nombre de ces protocoles, véritable richesse
pour les soins
infKmiers
sont informatisés.
Comme toutes connaissances scientifiques, ils
doivent être publiés pour que les infirmiers se
les approprient et les utilisent à leur tour.
Un protocole n’est jamais
défmitif,
il doit être
réactualisé et évalué régulièrement, cette
dimén-
sion
fz&
partie du savoir scientifique qui est en
permanence requestionné.
3
-
LIMITES DES PROTOCOLES
3.1.
L’enfermement
Par définition l’utilisateur d’un protocole ne doit
pas prendre d’initiative ou avoir une conduite
créative (surtout dans les protocoles fermés). Les
attitudes intuitives sont écartées, or, dans cet-
taines situations, elles peuvent s’avérer meilleures
que l’utilisation d’un protocole. Des auteurs
avancent que dans certains cas
«
la meilleure
ré-
soluùon
d’un problème se fait dans une re-
connaissance spontanée de la solution
»
(14).
L’attitude de la personne échappe alors a” ra-
tionnel pour ne relever que de l’intuition. Cette
limite des protocoles invite à la prudence quant
à leur indication. Il est nécessaire comme nous
allons le voir dans la
problématisation
de se po-
ser la question de la pertinence des protocoles
pour résoudre certains problèmes.
Ils ne doivent pas masquer l’incompétence des
personnes qui auraient des difficultés à répondre
à des situations problématiques. Il faut se rappe-
ler qu’un protocole fermé doit s’adapter à toutes
(14)
STENGERS
p)
(Collectif
sous
la direction), D’une
science
à
I’auüe,
Des concepts nomades, ed. Seuil, Paris
1987, p. 157.
: