Le sultanat de Delhi 18/10/2011
Le « sultanat de Delhi » désigne les dynasties d'origine turque et afghane qui ont régné sur le nord
de l'Inde entre la fin du 12ème siècle (1192 : bataille de Tarain) et la moitié du 16ème siècle (1526 :
bataille de Panipat, victoire des moghols). Les souverains sont certes musulmans, mais on ne saurait
voir cet établissement uniquement comme un processus religieux.
Précisions sur les termes géographiques employés
Irân = l'Iran contemporain
Tûrân = Asie centrale = Transoxiane, entre Syr Daria et Amou Daria
Hindostân = Inde du Nord, au nord de la rivière Narmada (Inde du Sud = Deccan)
Le contexte politique dans le Nord-Ouest du sous-continent à la fin du 12ème
siècle
Un premier contact avec l'Islam avait eu lieu dès les 7ème-8ème siècles : Muhammad ben Al-Qasim
s'empare du Sindh en 711.
Au 11ème siècle existent un ensemble de petites principautés contrôlées par des gouverneurs
militaires d'origine turque, les « amîrs », ou « commandants ». Ceux-ci font symboliquement
allégeance au calife de Bagdad, dont le pouvoir réel est très affaibli, mais qui reste un symbole. Les
amîrs envoient chaque année au calife des ambassades avec une partie du butin qu'ils ont pu
conquérir. En échange ils reçoivent des cadeaux de prestige (robes d'honneur) ou des titres pompeux
(« bras droit du calife ») qui, espèrent-ils, soutiennent leur légitimité.
Ils frappent des monnaies au nom du calife.
Mais en 1258 les mongols mettent fin au califat.
Pour gouverner les amîrs font appel à des « esclaves » militaires qu'ils font venir des régions
montagneuses. Ces « esclaves » (ghulâm, mamlûk, banda) sont en fait de redoutables guerriers,
dévoués à leurs maîtres ; ils sont sous influence islamique depuis 2 générations au plus, et ont donc
le zèle des convertis de fraîche date. Ce sont d'habiles cavaliers.
Enfin la menace mongole est constamment présente au 13ème siècle.
Il faut retenir le nom de deux personnages emblématiques : Mahmoud de Ghaznî et Muizuddîn de
Ghur.
Mahmoud de Ghaznî (971-1030), d'origine turque. Son père était un amîr qui avait été esclave.
Très ambitieux. Il mène 17 campagnes en Inde, dans le but de ramasser du butin et de s'enrichir. Sa
capitale est à Lahore depuis 1022. Il servira de modèle pour les premiers sultans de Delhi. Il pille le
temple de Somnath (Shiva) au Gujarat. Il laisse à la postérité une image fausse de musulman bigot ;
en fait il n'a jamais cherché à faire de conversions ; mais il a cruellement persécuté les chiites.
Firdausi a écrit Shahnamah (histoire des anciens rois de Perse) pour Mahmoud.
Alberuni a suivi Mahmoud à Ghazni (écrit un livre très critique sur les brahmanes).
Muizuddîn de Ghur (1150-1206), d'une famille de petits commandants. Mène des campagnes en
Inde pour s'enrichir, mais son centre d'intérêts reste l'Afghanistan. Persécute lui aussi les non
sunnites. En 1192, mène une campagne contre la plus puissante dynastie hindoue, les Chauhan ; bat
Prithvirâj Chauhan à Tarain.
En 1206 : assassinat de Muizuddîn ; les esclaves amenés par Muizuddîn restent en Inde et se
déclarent indépendants.
Pour la postérité, Prithvirâj garde l'image de l'hindou courageux qui lutte contre les envahisseurs
musulmans.
Les raisons des succès des ghurides
On a avancé des hypothèses erronées, surtout soutenues par les membres de l'université d'Aligarh :
les intouchables auraient vu les musulmans comme des libérateurs
seuls les kshatriyas auraient pu participer aux combats
Hypothèses plus sérieuses :
manque d'unité dans le camp hindou
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