Conférence sur L’islam Indien : histoire d’une acculturation
Par: Gaël de Graverol
Posté le : March 4, 2011 Lectures : 3181
Extrait de la conférence sur l’islam indien qui vous est proposée par l’association culturelle Cap Conférencier (www.cap-conferencier.com):
L’histoire de la diffusion de l’islam dans le sous-continent indien s’égrène en quatre grandes périodes successives.
I) Les premières relations entre les populations sud-asiatiques et la religion du prophète se nouent dès le VIIe siècle entre le golfe d’Oman et
la baie du Bengale. Elles sont le fait de marchands arabes et iraniens islamisés cabotant le long du littoral indien. Cette période de prologue à
l’expansion de l’islam est donc marquée par des relations pacifiques avec les populations locales, ces commerçants-voyageurs acceptant de se placer
sous la protection de rajas hindous pour exercer leur négoce sans prosélytisme.
II) Elle est suivie, en 711, par la fondation du premier sultanat de l’histoire du sous-continent indien à la suite de la conquête de plusieurs
territoires de la région du Sind (au sud du Pakistan actuel) enlevés à des principautés hindoues par des troupes arabes originaires du califat des
Omeyyades (Damas). La création de cette première entité politique musulmane de l’Asie du sud se traduit par une islamisation partielle de la zone
du bas cours de l’Indus
La dynamique se prolonge tout au long de deux siècles de raids intermittents conduits sur le nord de l’Inde entre la fin du Xe et celle du XIIe
siècle par des dynasties turques de culture persane venues d’Asie centrale à travers l’Afghanistan, les Ghaznévides. Mais cette parenthèse historique
ne constitue qu’un prologue à l’expansion de l’islam dans le sous-continent, les Ghaznévides ne voyant dans l’Inde qu’un réservoir de richesses
inépuisables à s’approprier par le pillage sans volonté d’y établir une gouvernance au-delà du Penjab.
Combattants Ghaznévides
III) Cette logique de prédation prend fin avec l’établissement du premier sultanat de Delhi en 1192 par des guerriers persans orientaux, les
Ghurides, à la suite de leur succès face au puissant souverain Rajput Prithvi Raj Chauhan. Cette victoire ouvre en même temps les portes de la vallée
du Gange aux aventuriers musulmans. Au total, dix dynasties de sultans se succèderont ainsi au trône de Delhi.
Face aux armées des rajas hindous très supérieures en effectifs, les troupes musulmanes opposent leur mobilité, leur rapidité d’exécution ainsi
qu’une puissance de feu sans précédent reposant sur l’habilité et l’équipement de leurs archers montés capables de décocher leurs flèches sans
descendre de cheval. Aussi le XIIIe siècle donnera-t-il lieu à une chevauchée fantastique des armées du sultan de Delhi remontant la vallée du Gange
et s’emparant du Deccan jusqu’au pays tamoul.
La sujétion du sud de la péninsule indienne se révèlera toutefois très éphémère. La gouvernance du pouvoir central vacille en effet dès la fin
du XIVe siècle, autorisant les provinces méridionales du royaume à reprendre peu à peu leur autonomie. Une douzaine de nouveaux Etats musulmans
résulte de l’affaiblissement du sultanat de Delhi, continuant chacune à participer à la propagation de la nouvelle foi auprès des populations locales.
De fait, hindous et musulmans n’y jouiront jamais du même traitement. Les premiers doivent en effet accepter le statut de dhimmi (littéralement
« protégés »), un régime qui les soumet à une fiscalité discriminatoire autant qu’il réglemente plus strictement la construction des nouveaux lieux de
culte hindous. Nul doute que l’avantage ainsi procuré aux sujets convertis à la religion du Prince favorisera les adhésions à la nouvelle foi.
IV) La période des sultanats de Delhi s’achève avec la fondation de l’empire moghol par Babur, qui supplante Ibrahim Lodi, dernier de cette
lignée de souverains, à l’issue de la bataille de Panipat en 1526. Originaire de la vallée du Ferghana, en Asie centrale, la jeune dynastie moghole n’en
jouit pas moins de prestigieuses ascendances. Relié à Tamerlan, en ligne paternelle, Babur est également issu de Gengis Khan, côté maternel.
Gengis Khan
Cette dernière filiation imprègne le chef d’une sacralité qui ne doit rien à l’islam. En effet, selon la légende moghole, l’empereur serait le
descendant du soleil qui aurait fécondé son aïeule. Bien que contraire à l’orthodoxie musulmane, cette croyance autorise le chef à s’exalter comme
le réceptacle de cette lumière divine….
Cette présentation est animée par Gaël de Graverol, ethnologue spécialiste du monde indien.
Cap Conférencier s’adresse à tous les d’auditoires en Île de France et en province.
Conditions tarifaires sur demande.
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www.cap-conferencier.com
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