Une utilisation importante des protéines, couplée à une incapacité à épargner ou à synthétiser certains
acides aminés, implique, chez le chat, que l’alimentation apporte plus de protéines que pour la plupart
des autres espèces (Kerl et Johnson, 2004; Kirby, 2004; Center, 2005).
• Le déficit en taurine est connu pour provoquer des cardiomyopathies dilatées, des troubles de la repro-
duction et une dégénérescence rétinienne.
• L’arginine a de multiples rôles: en plus d’intervenir dans le cycle de l’urée, elle stimule l’activité sécré-
toire endocrinienne, elle améliore la rétention azotée, elle réduit les pertes azotées en période post-
opératoire, elle stimule la synthèse du collagène lors de la cicatrisation et elle favorise la croissance
lymphocytaire et le fonctionnement des lymphocytes T (Morris et Rogers, 1978; Barbul et Hurson,
1994; Zoran, 2002; Center, 2005; Saker, 2006). L’arginine est également un précurseur du monoxyde
d’azote (NO) (Barbul et Hurson 1994).
• La méthionine et la cystéine sont les principaux donneurs du radical méthyl, essentiel pour la pro-
duction de nombreux métabolites comme la glutathione, et qui est aussi un antioxydant important
et un piégeur de radicaux libres (Zoran, 2002; Center, 2005).
• La glutamine (GLN) a été décrite comme un acide aminé “essentiel sous certaines conditions”. Un
besoin accru en GLN, associé à un apport insuffisant chez les patients en soins intensifs, peut com-
promettre l’intégrité de la barrière muqueuse de l’intestin, facilitant ainsi la translocation bacté-
rienne et les infections systémiques. De plus, le déficit en GLN peut induire un dysfonctionnement
réticuloendothélial et une diminution de la production d’anticorps augmentant ainsi le risque de sep-
sis et de défaillance organique multiple (Elliott et Biourge, 2006). La GLN joue également un rôle
important dans l’équilibre acido-basique. Après une maladie grave ou un traumatisme le taux de GLN
plasmatique peut diminuer de 58 % et rester bas pendant 3 semaines,. Cette baisse persistante est
associée à une hausse de la mortalité chez des patients en soins intensifs (Wischmeyer, 2003).
> Le chat a un faible besoin glucidique
Le chat présente plusieurs adaptations physiologiques à une alimentation pauvre en glucides. Le chat
ne possède pas d’amylase salivaire qui est l’enzyme initiatrice de la digestion de l’amidon. L’activité des
amylases intestinale et pancréatique est faible ainsi que celle des disaccharidases qui digèrent les glu-
cides dans l’intestin grêle. Ces particularités enzymatiques ne signifient pas pour autant que le chat est
incapable de digérer l’amidon: les glucides digestibles sont efficacement métabolisés. En outre, l’acti-
vité de la glucokinase hépatique et de la glycogène synthétase du chat sont également minimes, sans
doute à cause d’un métabolisme tourné préférentiellement vers l’utilisation des matières grasses et des
acides aminés issus de la néoglucogénèse, plutôt que vers celle de l’amidon. En conséquence, le chat a
une capacité limitée à contrôler l’hyperglycémie secondaire à une absorption importante de glucose
(Zoran, 2002).
Par ailleurs, un apport glucidique alimentaire trop important est susceptible de diminuer la digestibi-
lité des protéines. Ceci est dû à l’association de plusieurs facteurs, dont l’accélération du transit intes-
tinal. Enfin, un aliment riche en glucides augmente les fermentations microbiennes dans le côlon ainsi
que la production d’acides organiques (Kienzle, 1994).
> Le chat a des besoins spécifiques en acides gras essentiels
Les matières grasses fournissent l’essentiel des calories. Les acides gras essentiels sont, chez le chat: les
acides linoléique, linolénique, arachidonique, eicosapentaénoïque et docosahexaénoïque. La plupart
des espèces peuvent convertir l’acide linoléique en acide arachidonique qui est un précurseur des pros-
taglandines, des leucotriènes et du thromboxane. L’acide arachidonique est nécessaire au renouvel-
lement des membranes cellulaires et à l’intégrité tissulaire. Il est présent dans les aliments contenant
des graisses d’origine animale. Cependant, le chat ne possède pas l’équipement enzymatique (activité
très faible de la D-6-désaturase et d’autres désaturases hépatiques) permettant de synthétiser les dérivés
de l’acide arachidonique (Zoran, 2002). Par conséquent, l’acide arachidonique est un nutriment essen-
tiel de l’alimentation du chat (Kirby, 2004).
> Les besoins en vitamines du chat sont particuliers
Comparé à d’autres espèces, le chat nécessite des apports plus élevés en plusieurs vitamines hydroso-
lubles du groupe B comme la niacine, la thiamine et la pyridoxine. En cas de jeûne prolongé, ses réserves
1-Besoins nutritionnels et conséquences du jeûne chez le chat en bonne santé
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Soins intensifs