www.enseignement-et-religions.org/
_______________
"Jérusalem, nous conjuguons ton nom", Christian Bernard, octobre 2001
Pour accéder à la présentation du travail interdisciplinaire dont cette séquence est
extraite, cliquer ici.
SEQUENCE D'HISTOIRE POUR LES ELEVES DE SECONDE
A – JERUSALEM AU XIIème SIECLE
1 - LA SITUATION A LA VEILLE DE LA PREMIERE CROISADE (FIN XIème SIECLE)
1.1) Jérusalem est une ville sainte pour les trois monothéismes
Pour les Juifs, c'est le lieu saint par excellence, le lieu de la présence physique de Dieu. Certes, depuis
sa destruction par les Romains en 70 et 135, il n'y a plus de Temple pour assurer les prières et les
sacrifices. Cependant, les Juifs dispersés dans toute la Méditerranée et au-delà, en gardent un souvenir
ardent, et, lors des grandes fêtes dites de pèlerinage comme la pâque, des familles entières "montent" à
Jérusalem où ils peuvent, sous condition, accéder au mur des lamentations. Sur place, les communautés
juives sont peu nombreuses.
Pour les chrétiens, Jérusalem est la ville où se déroula la passion-résurrection du Christ Jésus. C'est
également ici que l'eschatologie chrétienne situe la fin des temps avec le retour glorieux du Christ. Ainsi,
Jérusalem est-elle le nombril du monde où chacun rêve de venir pour mettre ses pas dans ceux du
Christ, et mériter son salut. La Jérusalem terrestre ouvre la voie à la Jérusalem céleste. Le principal lieu
saint est le Saint-sépulcre, un édifice complexe qui abrite à la fois le lieu du calvaire et le tombeau vide de
la résurrection. Ce bâtiment a connu beaucoup de vicissitudes depuis son édification au IVème siècle par
Constantin: incendié en 614 par les Perses, saccagé en 1009 par les troupes du sultan musulman
égyptien Hakim (destruction d'une grande partie du tombeau du Christ), restauré par les empereurs
byzantins au XIème siècle, pris par les Turcs Seldjoukides en 1073.
Pour les musulmans, Jérusalem, "al-Quods", "La Sainte", est la troisième ville sacrée de l'islam après
La Mecque et Médine. L'islam qui se présente comme la religion du retour au pur monothéisme trahi par
les Juifs et les chrétiens, considère donc Jérusalem comme la ville par excellence des révélations
passées; de plus elle est le lieu du voyage nocturne du Prophète Mohamed élevé au ciel à partir du
célèbre rocher (identifié au lieu du sacrifice d'Abraham, lieu choisi jadis pour édifier le temple juif, et enfin,
site précis où au VIIe siècle (687-691), les musulmans édifièrent la mosquée al-Sakhra ou Dôme du
Rocher, sur l'ancienne esplanade du Temple ; début VIIIe siècle, al-Walid fit érigé la mosquée al-Aqsa - la
lointaine -, à proximité, au fond de l'ancienne esplanade du Temple).
En 1099, Jérusalem (cf. Annexe 1 le plan de la vieille ville) est aux mains de musulmans chiites, les
Fatimides d'Egypte qui y possèdent une solide garnison. La ville est bien fortifiée, les remparts actuels,
édifiés par Soliman le Magnifique au XVIème siècle, sont à peu près à l'emplacement des remparts
d'alors, la taille de la vieille ville a peu changé. Jérusalem et sa région sont disputées depuis deux siècles
entre les musulmans sunnites du califat de Bagdad et les musulmans chiites de l'imamat Fatimide
d'Egypte. Outre son statut de ville sainte, elle se situe au contact des deux domaines musulmans, comme
autrefois entre le monde Egyptien et le monde mésopotamien. Aussi, à leur arrivée en 1099, les croisés
trouvent-ils une région épuisée par de nombreuses guerres et leurs conséquences.
1.2) Les pèlerinages aux lieux saints
_______________
Document issu du site © www.enseignement-et-religions.org
S'ils existent depuis le début du christianisme, ils ne sont vraiment significatifs qu'à partir des
constructions de Constantin au IVème siècle. La conquête arabe du VIIème siècle n'a pas interrompu le
flux des pèlerinages venus du monde chrétien. Les pèlerins doivent cependant payer une taxe, quelques
soient les maîtres des lieux - ce sont leurs offrandes qui permettent aux empereurs byzantins de
reconstruire le saint -sépulcre détruit par les Fatimides en 1009.
– 2008 1/23
Le départ, les épreuves encourues tout au long d'un chemin long et dangereux, sont considérés comme
des offrandes rédemptrices. L'encadrement spirituel et matériel des pèlerinages préfigure celui de la
première croisade. D'ailleurs beaucoup de contemporains au XIIe siècle ne distinguaient pas clairement
pèlerinage et croisade : on utilise pour désigner les deux, une même expression du genre "voyage de
Jérusalem"- "iter hierosolymitanum".
Fin XIème siècle, quelques années seulement avant la croisade, d'importants pèlerinages ont été
effectués par des occidentaux, nobles et gens ordinaires. Les difficultés sont certes nombreuses, mais
malgré l'hostilité des nouveaux conquérants de la Syrie-Palestine - les Turcs Seldjoukides-, le flot des
pèlerinages n'a guère été entravé. L'invasion turque n'a pas non plus trop troublé les Eglises chrétiennes
de Palestine. L'historien Michel Balard affirme : "Il est donc inexact de voir dans les croisades une
réponse à un appel des chrétiens d'orient" (Croisades et orient latin, A. Colin, 2001, 273 p.)
La grande continuité des pèlerinages chrétiens à Jérusalem témoigne de l'écho profond que suscite la
Ville sainte dans la piété chrétienne d'alors.
1.3) Alors, pourquoi une croisade à Jérusalem ?
Les historiens ont beaucoup écrit sur ce sujet, la question du pourquoi des croisades a fait couler
beaucoup d'encre et a fait l'objet d'interprétations très divergentes. Les historiens de l'école matérialiste et
marxisante du XXème siècle y ont vu la conséquence de facteurs socio-économiques : des nobles
appauvris ou défavorisés par les héritages se seraient lancés dans des guerres où l'espoir de conquête
territoriale aurait été premier. En fait, l'acquisition de biens fonciers à cette époque était plus facile par
défrichement en occident que par aventure dans un orient souvent aride. Dans la même pensée, la
bourgeoisie marchande italienne, déjà présente au Proche-Orient, voit d'un très mauvais œil ces
aventures guerrières perturbatrices pour leur commerce.
La poussée démographique de l'occident chrétien a été également mise en avant pour expliquer le
mouvement des croisades, une sorte d'échappatoire démographique en quelque sorte. Des études ont
montré que l'essor démographique est postérieur à la première croisade, et n'est donc pas une cause
directe. "Il faut rechercher la cause directe dans l'état mental et psychologique de l'occident à la fin du
XIème siècle ; la croisade résulte d'un double courant : la tradition des pèlerinages et l'idée nouvelle
d'une guerre pour Dieu" (M. Balard).
L'appel du pape urbain II en fin de concile de Clermont en 1095 ne nous est connu que par des récits
postérieurs de témoins, aussi, ses motivations précises ne nous sont pas accessibles. Il semble bien que
cet appel à un voyage armé à Jérusalem s’inscrive dans une longue évolution de l'Eglise d'occident. Cet
appel à la croisade (le terme est bien postérieur) s'inscrit dans un mouvement de reprise en main des
affaires chrétiennes par la papauté. Cette dernière cherche à canaliser la violence féodale en reprenant la
pensée de Saint Augustin dans la "Cité de Dieu" qui distingue la guerre juste, permise, de la guerre
injuste, condamnable.
La seule guerre autorisée devient la guerre juste, confondue désormais avec la guerre sainte, celle qui
consiste à défendre la chrétienté. Déjà le pape Alexandre II en 1063 accorde aux chrétiens morts en
Espagne dans les combats de reconquista contre les Maures, une rémission des péchés. Par ailleurs, le
pape cherche également à imposer son autorité sur les chrétiens d'orient surtout depuis l'affaiblissement
de l'empire byzantin après sa défaite de Mantzikert en 1071 face aux Turcs. Venir en aide à ces chrétiens
byzantins est un devoir de fraternité. La papauté cherche à rétablir l'unité du monde chrétien, le schisme
de 1054 n'est pas alors perçu comme une rupture durable entre les chrétiens d'orient et ceux d'occident.
_______________
Document issu du site © www.enseignement-et-religions.org
Ainsi donc, cette chevalerie occidentale mise au service de l'Eglise par le biais de la promesse de remise
de péchés, est-elle envoyée en Asie Mineure, comme elle l'est en Espagne, pour reconquérir des
territoires chrétiens pris par les musulmans. Si Jérusalem et les lieux saints sont au cœur de la
prédication pontificale, c'est pour fixer un terme et un thème mobilisateurs à la reconquête. Cette double
référence mobilisa non seulement les chevaliers comme prévu, mais aussi des clercs et des foules de
gens humbles non armés. La mobilisation va bien au-delà des intentions pontificales."La croisade est
pour le pape une opération militaire destinée, avec l'aide des forces de l'empereur, à reconquérir pour la
chrétienté, les territoires jadis chrétiens, jusqu'à Jérusalem, libérant du même coup le Saint-Sépulcre,
terme et but de l'expédition" (M. Balard).
– 2008 2/23
2 - JERUSALEM AU XIIE SIECLE, UNE VILLE SAINTE CONVOITEE PAR LES CHRETIENS ET LES
MUSULMANS
2.1) 88 ans de domination chrétienne occidentale : 1099 - 1187
L'appel à la croisade lancé le 27 novembre 1095 par le pape Urbain II souleva les foules qui se mirent en
marche vers Jérusalem. Les motivations étaient mêlées, foi, pénitence, attrait de l'orient… Les paysans
sont les premiers à partir au printemps 1096 avec le prédicateur Pierre L'Ermite, les princes eux, avec
entre autres Godefroy de Bouillon et Baudouin de Boulogne, partent quelques mois plus tard. Après un
très long voyage, de terribles épreuves et de nombreuses batailles, les croisés arrivent devant Jérusalem
en juin 1099. Il ne reste plus qu'une armée de 1200 chevaliers et 12 000 fantassins, un effectif insuffisant
pour encercler totalement la ville bien défendue par une garnison Fatimide à l'abri de ses quatre km de
remparts. Malgré la fatigue et le petit nombre, l'enthousiasme de la foi les fait se surpasser. Le bois de
deux navires génois démontés va servir à construire deux tours mobiles pour attaquer les remparts. Dans
une exaltation messianique et eschatologique, les croisés donnent l'assaut le 15 juillet 1099. Détail
important pour comprendre la mentalité de ces hommes, à trois heures de l'après midi, à l'heure de la
crucifixion du Christ, Godefroy de Bouillon réussit le premier à approcher l'une des deux tours et à faire
pénétrer ses hommes dans la ville. Massacres et pillages dureront trois jours, la plupart des musulmans
sont massacrés, Jérusalem est libérée du joug de l'infidèle, par reconnaissance envers Dieu, ils chantent
un Te Deum au Saint-Sépulcre.
Texte n°1 : Prise de Jérusalem selon l'auteur anonyme de la première croisade.
"Et nous, exultant d'allégresse, nous parvînmes jusqu'à la cité de Jérusalem, la troisième férie (le mardi), huit jours
avant les ides de juin (le 7 juin), et nous l'assiégeâmes admirablement. Robert le Normand l'assiégea du côté nord,
près de l'église du premier martyr saint Etienne, à l'endroit où il fut lapidé pour le nom du Christ; près de lui était
Robert, comte de Flandre. A l'ouest, ce furent le duc Godefroy et Tancrède qui l'assiégèrent. Au sud c'est le comte
de Saint-Gilles qui l'assiégea, sur la montagne de Sion, vers l'église de sainte Marie, mère du Seigneur, où le
Seigneur célébra la Cène avec ses disciples…
Nos seigneurs étudièrent alors les moyens d'attaquer la ville à l'aide de machines, afin de pouvoir y pénétrer pour
adorer le sépulcre de Notre Sauveur. On construisit deux châteaux de bois et un certain nombre d'autres engins. Le
duc Godefroy établit un château garni de machines et le comte Raimond fit de même. Ils faisaient apporter le bois
des terres éloignées. Les Sarrasins, voyant les nôtres construire ces machines fortifiaient admirablement la ville et
agrandissaient leurs tours pendant la nuit…
A ce moment nous souffrîmes tellement de la soif qu'un homme ne pouvait, contre un denier, avoir de l'eau en
quantité suffisante pour éteindre sa soif.
La quatrième et cinquième férie - mercredi 13 et jeudi 14 juillet 1099 - nous attaquons fortement la ville de tous les
côtés mais, avant que nous ne la prissions d'assaut, les évêques et les prêtres ordonnèrent par leurs prédications et
leurs exhortations que l'on ferait en l'honneur de Dieu une procession autour des remparts de Jérusalem et qu'elle
serait accompagnée de prières, d'aumônes et de jeûnes.
La sixième férie, de grand matin, nous attaquons la ville de tous les côtés sans pouvoir lui nuire : et nous étions
dans la stupéfaction et dans une grande crainte. Puis, à l'approche de l'heure à laquelle Notre Seigneur Jésus-
Christ consentit à souffrir pour nous le supplice de la Croix, nos chevaliers postés sur le château se battaient avec
ardeur, entre autres le duc Godefroy et le comte Eustache son frère. A ce moment, l'un de nos chevaliers, du nom
de Liétaud, escalada le mur de la ville. Bientôt, dès qu'il fut monté, tous les défenseurs de la ville s'enfuirent des
murs à travers la cité et les nôtres les suivirent et les pourchassèrent en les tuant et en les sabrant jusqu'au temple
de Salomon - la Mosquée d'Omar-, où il y eut un tel carnage que les nôtres marchaient dans leur sang jusqu'aux
chevilles...
Entrés dans la ville, nos pèlerins poursuivirent et massacrèrent les Sarrasins jusqu'au temple de Salomon, où ils
s'étaient rassemblés et où ils livrèrent aux nôtres le plus furieux combat pendant toute la journée au point que le
temple tout entier ruisselait de leur sang. Enfin, après avoir écrasé les païens, les nôtres saisirent dans le temple un
grand nombre d'hommes et de femmes, et ils tuèrent ou laissèrent vivant qui ils voulurent. Au-dessus du temple de
Salomon, s'était réfugié un groupe de nombreux païens des deux sexes, auxquels Tancrède et Gaston de Béarn
avaient donné leurs bannières. Les croisés coururent bientôt par toute la ville, prenant l'or, l'argent, les chevaux, les
mulets et pillant les maisons qui regorgeaient de richesses.
Puis tout heureux et pleurant de joie, les nôtres allèrent adorer le sépulcre de notre Sauveur Jésus et s'acquittèrent
de leur dette envers lui. Le matin suivant les nôtres escaladèrent le toit du temple, attaquèrent les Sarrasins,
hommes et femmes, et, ayant tiré l'épée, les décapitèrent. Quelques uns se jetèrent du haut du temple. A cette vue
Tancrède fut rempli d'indignation (…). Le huitième jour après la prise de la ville, on élut le duc Godefroy prince de la
cité afin de combattre les païens et de défendre les chrétiens."
D'après "Histoire anonyme de la première croisade"
_______________
Document issu du site © www.enseignement-et-religions.org
texte établi par L. Bréhier, Paris, Les Belles Lettres, 1924, chap.37-39, pp. 195-207.
– 2008 3/23
Ces massacres de musulmans commis par les chrétiens occidentaux jusqu'à l'intérieur même de la
ans - de 1099 à 1187 -, la physionomie de la ville changea
talle dans la Tour de David. Pour les besoins du culte et des pèlerinages chrétiens, les croisés
.2) Reconquête musulmane : prise de la ville par Saladin en 1187
mosquée al-Aqsa, contrastent pleinement avec la prise de Jérusalem par Omar en 638, ou plus tard par
Saladin en 1187. Attention de ne pas déduire de ces exemples que la fanatisme n'est que d'un seul côté,
nous avons, malheureusement des situations semblables dans les deux camps (un épisode peu connu
est le massacre de 1177 commis par des musulmans à l'encontre de guerriers chrétiens venus les
attaquer jusqu'en Arabie. Les chevaliers francs furent conduits à Mina - lieu important sur la route du
pèlerinage musulman, près de la Mecque -, pour y être égorgés comme les moutons du sacrifice ; cette
affaire peu glorieuse hante toujours l'islam).
Sous la domination des Francs, pendant 88
partiellement. L'ancien quartier musulman est peuplé de Francs notamment des croisés d'origine
germanique, l'ancien quartier juif, est pris par des Syriens (chrétiens d'orient, non grecs). Les lieux saints
de l'islam deviennent des lieux chrétiens : sur l'esplanade du Temple (juif) ou esplanade des mosquées
comme l'on dit de nos jours, la mosquée al-Aqsa (la lointaine, érigée entre 705 et 715) devient le siège
des Templiers - institution de 1118 -, le Dôme du Rocher (appelé aussi mosquée d'Omar - construit entre
687 et 691 en souvenir de l'ascension nocturne de Mahomet) devient une église, le Templum Domini
confié aux chanoines augustins qui édifièrent sur l'esplanade un monastère et ses dépendances. Tout
cela est considéré comme souillure par les musulmans qui démoliront ces bâtiments après la reconquête
de 1187.
Le roi s'ins
bâtissent assez rapidement de nombreuses églises, le Saint-Sépulcre, en partie restauré par l'empereur
byzantin Constantin IX en 1048, devient une belle église romane englobant le Calvaire et le Tombeau; les
chrétiens occidentaux transfèrent en Terre sainte, l'art religieux d'Europe. Cette nouvelle Jérusalem
témoigne de la foi des croisés, de leurs conceptions religieuses où la Jérusalem céleste n'est pas loin de
la Jérusalem terrestre.
2
Texte n° 2: Texte d Michel le Syrien e
"Cependant Saladin, ayant reçu par la cier, s'avança joyeusement contre la victoire une nouvelle trempe comme l'a
Cité sainte de Jérusalem. Le siège dura quelques jours; et comme les Francs n'attendaient aucun secours, ils
résolurent de livrer leur ville et de s'abandonner au glaive insatiable des païens. Mais Saladin se montra magnanime
dans cette circonstance, et leur permit de se racheter au prix de dix tahégans par tête et de se retirer en paix. Cette
condition fut exécutée.
Ils partirent, faisant retentir l'air de leurs gémissements, comme des agneaux qui sont séparés de leurs mères.
Poussant des cris lamentables, ils s'éloignèrent de la ville qui a reçu un Dieu. Ils auraient arraché des larmes même
à des cœurs de pierre. Il en resta vingt mille, hommes ou femmes. Saladin donna la liberté à trois mille d'entre eux,
vieillards des deux sexes, et à sept mille enfants, et envoya en Egypte cinq mille jeunes gens pour fabriquer des
briques destinées à la construction des remparts et des palais. Les nobles fils de Sion furent condamnés aux
travaux des anciens Israélites par notre Pharaon, lancé contre nous par le Pharaon incorporel (Satan), pour nous
tourmenter. Il laissa aussi des chrétiens à Jérusalem, pour restaurer les remparts de cette ville, qu'il disposa pour en
faire une de ses places fortes.
Le temple fut inondé du sang des fidèles immolés. Les musulmans lavèrent cet édifice avec de l'eau, et ensuite
avec de l'eau de rose. Saladin y fit sa prière, et ils y établirent leur culte. Il y plaça une inscription qui défendait aux
chrétiens d'y entrer sous peine de mort ou d'être contraints d'embrasser l'islam. Il mit un tribut sur l'église de la
Résurrection ; ceux qui voulaient y avoir accès pour prier devaient payer un tahégan par personne."
Traduit de l'arménien par Ed. Dulaurier, dans le "recueil des Histoires des croisades",
T V, Documents arméniens, Imprimerie Nationale ed.; Paris 1869.
_______________
Document issu du site © www.enseignement-et-religions.org
aladin (Salah ed-din en arabe) -1137-1193 - est côté musulman, le grand héros du XIIème siècle.
ériode de grande faiblesse chez les chrétiens d'orient.
Les Francs, divisés, mal commandés sont battus par les armées de Saladin à Hattin près de Tibériade en
juillet 1187. Saladin sut se montrer magnanime et chevaleresque.
S
D'origine kurde, il entreprit de réaliser l'unité du monde musulman, il y réussit partiellement. Maître de
l'essentiel des terres de Mésopotamie, de Syrie et d'Egypte (reprise aux musulmans Chiites), il encercle
les terres palestiniennes des croisés occidentaux. Cette politique unificatrice qui ne concerne que le
Proche-Orient, - l'occident musulman dirigé par les Almohades ne répond pas à ses appels -, est menée
dans le cadre d'un appel à la guerre sainte : jihad.
Cette reconquête musulmane coïncide avec une p
– 2008 4/23
_______________
Document issu du site © www.enseignement-et-religions.org – 2008 5/23
ité de comportement, ce n'est pas une
ersécution. Saladin est l'image même du héros du Moyen Âge tant du côté musulman que du côté
5 000 allèrent construire des
st la fin de la domination chrétienne d'occident et une étape importante dans la
al-Aksa. Les
e pape Innocent III lance la quatrième croisade afin de délivrer Jérusalem prise par Saladin en 1187. Le
rre du Christ ! La croisade devient un moyen pour unir la chrétienté d'occident sous l'égide pontificale.
t les croisés
itté cette
les autres demeure un enjeu prégnant, hautement symbolique au sens fort du
UTRE ?
.1) Avec l'islam
) Les croisades vues par les musulmans
considérations trop idéologiques et globalisantes sur ce sujet ; le monde musulman
née par les croisades où se trouve Jérusalem, est zone de
posés du monde musulman : chiite d'Egypte et sunnite
Seldjoukide (Iran, Iraq, Syrie, Asie Mineure).
Devant chaque ville, dont Jérusalem, pour éviter de longs sièges, il offrait la libre sortie des personnes et
des biens. C'est la guerre sainte certes, mais avec une grande dign
p
chrétien : l'image d'un prince qui eût été digne d'être chrétien et chevalier !
A Jérusalem, on peut estimer que 4 000 personnes payèrent rançon (2 besants pour les enfants, 10 pour
les hommes, 5 pour les femmes), 10 000 furent libérés gratuitement par Saladin et 8 000 rachetés
collectivement. 11 à 16 000 furent réduits en esclavage parmi lesquels
fortifications en Egypte; il y avait peut-être 35 000 Francs dans Jérusalem, deux vieillards seuls furent
autorisés à y demeurer.
Des chrétiens grecs, avec le statut de dhimmi, prirent la place des chrétiens Francs dans les lieux saints :
Isaac l'Ange, nouvel empereur de Constantinople adresse ses félicitations à Saladin, et le patriarche grec
s'installe à Jérusalem, c'e
montée de l'hostilité entre les deux mondes chrétiens. Les Juifs sont autorisés à retourner.
Cette prise de Jérusalem par Saladin contraste totalement avec celle de 1099 par les croisés Francs. Le
culte musulman est rétabli, le Templum Domini des Francs redevient la mosquée d'Omar ou Dôme du
Rocher et le Temple de Salomon, siège des Chevaliers templiers, redevient la mosquée
diverses constructions franques installées sur le Haram lui-même sont détruites afin de purifier ce lieu
saint de l'islam. L'esplanade des mosquées retrouve son aspect dépouillé, la Roche même est
débarrassée de son revêtement de marbre. Le Saint-Sépulcre fermé en 1187, redevient accessible aux
pèlerins occidentaux dès 1192.
2.3) La quatrième croisade (1202-1204) : reprendre Jérusalem, oui mais d'abord … Constantinople !
L
pape souhaite que cessent les querelles entre souverains occidentaux et qu'unis, ils aillent défendre la
te
Un siècle après la première croisade, l'élan de ferveur religieuse est toujours aussi présent.
Pour éviter les embûches d'un itinéraire terrestre où l'on se heurte toujours aux Byzantins et aux Turcs en
Asie Mineure, le choix est fait d'un passage direct par bateaux, les villes de commerce italiennes étant
chargées du transport. L'argent du voyage manquant, les Vénitiens, pour être payés utilisen
pour reprendre la ville de Zara (Zadar actuelle sur la cote dalmate). D'ici, un enchaînement de
circonstances et de faits vont mener les croisés à se mêler des affaires intérieures de Constantinople.
C'est ainsi que les croisés sont amenés à prendre Constantinople le 13 avril 1204. Les chrétiens
d'occident prennent et saccagent la "seconde Rome", ville sainte des chrétiens grecs orientaux.
Comment ces chevaliers du Christ ont-ils pu commettre un tel acte ? Le pape, initiateur de cette croisade
ne peut arrêter l'enchaînement des faits. La croisade s'arrête là, l'empire byzantin est conquis et partagé
entre les vainqueurs chrétiens latins. Des milliers de pèlerins parmi les plus humbles ont déjà qu
croisade qui oublie son but : Jérusalem. Les controverses des sources et des historiens sont toujours
d'actualité sur les raisons de cette étrange déviation d'une croisade qui frappe non les infidèles Sarrasins,
mais d'autres chrétiens. Finalement, la grande victime de la guerre sainte occidentale, c'est Byzance plus
que le monde musulman.
Ainsi s'achève un siècle de contacts entre les trois univers chrétien latin d'occident, chrétien grec de
Byzance et monde musulman du Proche-Orient. Au-delà de toutes les péripéties de ce XIIème siècle,
Jérusalem pour les uns et
terme, le symbole c'est ce qui unit - l'homme et Dieu-.
3 - QUELS CONTACTS ET PERCEPTIONS DE L'A
3
a
Il faut se garder de
n'est pas uni et, précisément, la zone concer
conflit entre les deux grands ensembles op
1 / 23 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !