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Introduction
Le présent travail concerne Hanshan Deqing 憨山德清 (1546-1623), un maître
bouddhiste chinois de la dynastie Ming (1368-1644). Il est considéré comme un des
« Quatre moines éminents » de cette période, aux côtés de Yunqi Zhuhong 雲棲祩宏
(1535-1615)
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, Zibo Zhenke 紫柏真可 (1543-1603)
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et Ouyi Zhixu 蕅益智旭 (1599-
1655).
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La pratique assidue des doctrines bouddhistes, la profondeur de la
compréhension de la pensée bouddhiste à laquelle il atteignit et son niveau de
pratique de la doctrine elle-même lui valurent ce titre mérité car Hanshan est à la fois
l’auteur d’une œuvre abondante et un maître éminent. Parmi la grande quantité
d’œuvres qu’il a laissées figurent des dissertations sur la pratique bouddhiste, une
dizaine de commentaires des sūtras bouddhistes et des œuvres de moines éminents,
un grand nombre d’essais, de poèmes ; il entretint une riche correspondance sur la
pratique bouddhique avec des bouddhistes laïcs et d’autres moines. Il rédigea son
autobiographie chronologique.
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Dans une étude consacrée aux autobiographies de la
Chine traditionnelle, le sinologue Wu Peiyi signale que Hanshan : « wrote a spiritual
autobiography in a format never before attempted by Buddhists ».
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L’ensemble du travail de Hanshan a exercé une grande influence sur le monde
bouddhique depuis son époque jusqu’à aujourd’hui. Le Shijian jigu lue xuji 釋鑑稽古
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Alias Lianchi 蓮池. Un maître de l’école de la Terre pure qui pratiquait aussi la doctrine Chan.
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Alias Daguan 達觀. Zibo Zhenke et Hanshan avaient correspondu bien avant leur rencontre. En
1589, ils se rencontrèrent au mont Lao 嶗山 dans la province de Shandong 山東. Ils s’estimaient
beaucoup et s’entendaient parfaitement. Ils projetaient d’aller ensemble restaurer le Chan à Caoxi 曹
溪 mais Hanshan fut emprisonné et envoyé à Leizhou 雷州. Zibo Zhenke vint le voir et tenta de le
tirer d’affaire.
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Dans sa jeunesse, il avait étudié le confucianisme. Il était alors hostile au bouddhisme et écrivit une
dizaine de textes pour le contester. Mais après avoir lu les œuvres du maître Yunqi Zhuhong, il
comprit le bouddhisme et s’y convertit. Ouyi Zhixu eut alors envie de suivre l’enseignement de
Hanshan, mais il ne put réaliser ce vœu parce que Hanshan était en exil à Caoxi. Il devint donc
disciple de Xueling 雪嶺, lui-même élève de Hanshan.
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Hanshan est un des rares moines de la Chine impériale qui ait écrit une autobiographie. À ce propos,
voir Wu Peiyi, The Confucian's progress: autobiographical writings in traditional China, Oxford,
Princeton University Press, 1990, p.71-159.
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Ibid., p.131.