Atelier des études culturelles 2016

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« L’intermédiation : un objet-carrefour pour les études
culturelles »
Conférence de Laurent Jeanpierre, Professeur des universités en science
politique à l’Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis.
Mardi 12 avril 2015 de 17 h 30 à 19 h 30 – Salle des Colloques 1
Présentation et modération par Claire Ducournau, Maîtresse de conférences en
littératures de langue française à l’Université Paul Valéry, membre du RIRRA 21, et
par Eric Villagordo, Maître de conférences en arts plastiques à l’Université Paul
Valéry, membre du RIRRA21, tous deux enseignants dans le Master d’études
culturelles.
La sociologie de l’art et de la culture s’est constituée en France à partir des années 1960, dans
un contexte d’institutionnalisation de la sociologie comme discipline de recherche et
d’enseignement universitaire, à partir de quelques grandes enquêtes empiriques pionnières
portant sur la production et la consommation des produits culturels. C’est par une articulation
forte des échelles individuelle et collective qu’elle s’oppose d’emblée aux approches
traditionnelles de l’histoire de l’art, envisagée, dans la lignée du romantisme, comme
succession de génies singuliers et « incréés », détachés de toute pesanteur sociale. Cette
fondation scientifique s’est également nourrie de l’importation et de la traduction des œuvres
d’historiens de l’art étrangers, tels qu’Erwin Panofsky ou Michael Baxandall, puis de
sociologues américains comme Howard Becker. Des clivages théoriques et méthodologiques
sont progressivement apparus, permettant de distinguer une approche par le champ (Pierre
Bourdieu), une approche par le marché (Raymonde Moulin), une approche par le monde
(inspirée par Howard Becker), trois paradigmes qui polarisent encore actuellement une grande
partie des débats dans ce domaine en France.
Mais au-delà de ces clivages, ces approches permettent toutes de penser les conditions
sociales de la production, de la circulation et de la réception artistiques : elles ont en partage
une même exigence d’historicisation de leurs objets, un même élargissement de la focale audelà des stricts contours de l’œuvre d’art et de son auteur attitré, ayant pour corollaire une
attention vive portée aux intermédiaires de la production artistique, la plupart du temps rendus
invisibles, qu’ils soient éditeurs, artisans, critiques, marchands, mécènes, etc. De même que
l’art a été un sujet de prédilection pour des réflexions sociologiques générales, donnant
naissance à certains concepts décisifs (comme l’habitus chez Pierre Bourdieu), les approches
sociologiques des arts et de la culture ont aussi profondément renouvelé le regard porté sur
certains artistes et sur certaines formes artistiques, et sur les hiérarchies sociales qui
permettent de les qualifier de « nobles » ou de « populaires », rejoignant par là l’une des
préoccupations majeures des cultural studies qui se sont développées parallèlement en
Grande-Bretagne. Des processus de distinction sociale et d’exclusion contribuent ainsi à
expliquer le fonctionnement d’une économie des biens symboliques, où des médiateurs
contribuent à une segmentation croissante du marché culturel.
Pour explorer ces questions, cette séance de l’école doctorale, qui sera mutualisée avec la
quatrième et dernière séance de « l’atelier des études culturelles », consacré cette année à la
constitution et aux évolutions de la sociologie des arts et de la culture en France - le séminaire
de recherche du master d'études culturelles de l’Université Paul Valéry -, propose une
conférence de Laurent Jeanpierre, Professeur des universités en sciences politique à
l’Université Paris 8, intitulée « L’intermédiation : un objet-carrefour pour les études
culturelles ». Chercheur au Labtop (Laboratoire Théories du Politique), dans l’Équipe du
Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris (CRESPPA), Laurent Jeanpierre a
lui même mené des recherches sur l’évolution de la sociologie des arts et de la culture et sur
des objets propres à la sociologie des arts et de la culture, notamment à la tête du programme
ANR Impact, consacré aux intermédiaires de la production artistique, programme qu’il a
coordonné de 2009 à 2013. Sa présentation filera la métaphore du carrefour (carrefour entre la
production et la réception ou la demande ; entre les différents paradigmes de sociologie de la
culture ; entre une approche par les professions et une approche par le travail artistique) pour
explorer l’objet de l’intermédiation culturelle, à la croisée de la sociologie et des études
culturelles.
Bibliographie indicative
Sélection d’articles de Laurent Jeanpierre portant sur la sociologie des arts et de la
culture. (Les articles marqués d’un astérisque signalent des textes plus importants pour cette
conférence).
*« Introduction » dans La Culture et ses intermédiaires. Dans les arts, le numérique et les
industries créatives, Paris, Éditions des archives contemporaines, 2014, 267+xxxiv p (avec
Olivier Roueff).
« Types et degrés de la réalité curatoriale. Une approche sociologique » dans Commissaires
d’expositions associés (dir.), Réalités du commissariat d’exposition, Paris, Beaux-arts de Paris
éditions/Centre national des arts plastiques, 2015, p. 13-33 (avec Isabelle Mayaud et la
collaboration de Séverine Sofio).
« Le format comme convention », dans David Zerbib (dir.), In Octavo. Des formats de l’art,
Dijon, Les Presses du Réel/ESAAA, 2015, p. 327-337.
« Chronique d’une “mort” différée. Les conservateurs de musée face aux commissaires
d’exposition dans l’art contemporain français » dans Frédéric Poulard, Jean-Michel Tobelem,
Les conservateurs de musées. Atouts et faiblesses d’une profession, Paris, La Documentation
française, coll. « Musées-Mondes », 2015, pp. 111-139 (avec Séverine Sofio).
« L’art sans frontières : dernière frontière de l’art ? Réflexions sur Magiciens de la terre et ses
critiques », Le journal de l’université d’été de la Bibliothèque Kandinsky, « Magiciens de la
terre », #1, 2014, pp. 9-13.
*« Représenter les commissaires d’exposition d’art contemporain en France : une
intermédiation collective impossible ? », Le Mouvement social, « Intermédiaires culturels,
territoires professionnels et mobilisations collectives dans les mondes de l’art », 243, avriljuin 2013, pp. 79-89 (avec Isabelle Mayaud, Séverine Sofio).
« De l’origine des inégalités dans les arts », Revue française de sociologie, 53, 1, janvier-mars
2012, pp. 95-115.
« Bourdieu ou Gramsci ? Une fausse alternative pour les études culturelles », dans Pascale
Casanova (dir.), Des littératures combatives. L’internationale des nationalismes littéraires,
Paris, Raisons d’agir, coll. « Cours et travaux », 2011, pp. 73-95.
« Modernisme américain et espace littéraire français : réseaux et raisons d’un rendez-vous
différé », dans Anna Boschetti (dir.), L’espace culturel transnational, Paris, Nouveau Monde
Éditions, 2010, pp. 385-426.
« L’art contemporain au seuil de l’entreprise », Valeurs croisées. Les Ateliers de Rennes –
Biennale d’art contemporain #1 2008, Dijon, Presses du Réel, 2009, pp. 30-37.
« La marchandise à l’ère de son incommensurabilité sensible », Critique, 740-741, janvierfévrier 2009, pp. 120-133.
« Sociologues de la culture et cultures de sociologues. Réflexions d’apprenti à l’usage des
historiens », dans Laurent Martin, Sylvain Venayre (dir.), L’histoire culturelle du
contemporain, Éditions Nouveau Monde, 2005, pp. 249-270.
« La politique culturelle française aux États-Unis de 1940 à 1947 », dans Alain Dubosclard et
al., Entre rayonnement et réciprocité. Contributions à l’histoire de la diplomatie culturelle,
Paris, Publications de la Sorbonne, 2002, pp. 85-116.
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