Cluster Maritime Français Février 2013
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CLUSTER MARITIME FRANÇAIS
Position des acteurs de l’économie maritime
relative au projet de réforme de
l’archéologie préventive
Février 2013
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A l’heure où la Commission Européenne annonce la mise en place d’une stratégie globale
maritime « Blue Growth », et où la France tient à affirmer ses réponses au « défi
maritime » au cours de ce quinquennat ; à l’heure où les indicateurs sont donc, positifs
malgré la dure crise qui frappe le pays, pour le développement des activités maritimes,
les professionnels sont soucieux de voir leurs activités se développer dans une logique de
développement durable (et réaliste !).
Nombre de ces acteurs maritimes interviennent notamment sur le sol et le sous-sol du
domaine immergé marin (extractions de granulats, installateurs de parcs d’éoliennes
offshore, aménagements portuaires, dragages, poses de câbles, émissaires maritimes,
gazoducs, etc.), et à ce titre se soumettent aux contraintes imposées par le milieu
naturel marin (navigation, météo, bathymétrie, pression en plongée sous-marine, mais
également sécurité en mer, sauvetage, protection des écosystèmes marins, etc.), et
exercent leurs métiers en experts responsables.
La France dispose des atouts que constituent aussi bien son domaine maritime, avec la
seconde ZEE au monde (11 millions de km²), que ses opérateurs maritimes, souvent
leaders mondiaux dans leurs domaines respectifs, et porteurs de projets à fort potentiel
économique (énergies marines renouvelables, exploration/exploitation des grands fonds
marins, etc.). En revanche, la spécificité maritime reste bien souvent une inconnue dans
notre pays, pour qui ne prend pas le temps de la découvrir. « On ne peut pas vivre sur la
mer comme sur la terre, alors on s'adapte. C'est ça qui est intéressant, être capable de
s'adapter à des milieux. On s'adapte intellectuellement, physiquement, on interagit avec
son milieu. » disait Isabelle Autissier, navigatrice et présidente de la World Wide Fund for
Nature.
Fort de ce constat et alors que se profile la rédaction du Livre Blanc sur
l’archéologie préventive (pour lequel de nombreux acteurs ont été auditionnés
par la Commission d'évaluation scientifique, économique et sociale du dispositif
d'archéologie préventive) le Cluster Maritime Français, outil de promotion et de
dynamisation du secteur économique maritime, et qui rassemble actuellement
300 acteurs professionnels (grands groupes, PME, TPE, fédérations
professionnelles et associations, Marine nationale, représentant TOUTES les
activités maritimes du pays) a réuni un groupe de travail sur le sujet. Ce groupe
a œuvré pour présenter de manière concertée et unilatérale les positions qui
suivent, afin que la dimension maritime soit clairement identifiée et traitée à
part dans le futur Livre Blanc. Il semble tout aussi important que ce Livre Blanc
soit un préambule à des auditions plus « fouillées » et dédiées aux
problématiques de chaque secteur.
Cluster Maritime Français Février 2013
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Madame Aurélie Filippetti, ministre de la culture et de la communication, a engagé un
travail de réflexion en vue de réformer le dispositif en place relatif à l’archéologie
préventive. Une Commission d'évaluation scientifique, économique et sociale a été
installée à cet effet le 5 octobre 2012 afin de formuler des propositions pour la
refondation de l’archéologie préventive dans un « Livre Blanc » à remettre avant le 1er
mars 2013.
Dans le cadre de ce projet de réforme, les acteurs de l’économie maritime intervenant
sur le sol et le sous-sol du domaine immergé marin (extractions de granulats, parcs
d’éoliennes offshore, aménagements portuaires, dragages, poses de câbles, émissaires
maritimes, gazoducs, …) souhaitent faire part de leurs positions et propositions.
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Au préalable, les acteurs de l’économie maritime appellent solennellement le ministère de
la culture à mener toute réforme suivant un principe de réalité en tenant compte, d’une
part, des possibilités matérielles, humaines et techniques qui permettent d’identifier des
vestiges sous les eaux et, d’autre part, des conditions concrètes suivant lesquelles les
activités maritimes sont exercées : procédures et délais administratifs, modèles
économiques … Toute réforme se doit d’être menée dans un souci d’équilibre entre la
volonté d’amélioration de la connaissance historique défendue par le code du patrimoine
et les réalités technique et économique des activités exercées en mer.
Suivant ce principe de réalité, les acteurs de l’économie maritime proposent :
1. Une clarification nécessaire du droit actuellement applicable au domaine
immergé maritime.
Les dispositions actuelles relatives à l’archéologie préventive (livre V – Titre II du
code du patrimoine), ont été conçues pour l’archéologie terrestre tant sur le plan des
procédures que du financement. Ce dernier, assis sur des valeurs d’ensembles
immobiliers (pour les aménagements encadrés par le code de l’urbanisme), ou sur
des surfaces (pour les aménagements soumis à étude d’impact en application du code
de l’environnement), est totalement inadapté au domaine immergé, en particulier
pour les activités en mer.
En revanche, l’encadrement par la législation et la réglementation relative aux biens
culturels maritimes s’applique explicitement pour réglementer les détections
préalables et les découvertes fortuites.
Les acteurs de l’économie maritime demandent que la réforme de
l’archéologie préventive permette a minima de clarifier le champ
d’application du titre II du code du patrimoine, pour prendre explicitement
acte qu’il n’est applicable qu’à l’archéologie préventive terrestre et éviter
toute interprétation abusive du droit.
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2. Une cohérence entre le code du patrimoine et le droit de la mer.
Pour plus de cohérence entre diagnostic d’archéologie préventive, techniques
disponibles et conditions maritimes, il est proposé d’aligner les champs d’application
de l’archéologie des domaines immergés sur le découpage international des eaux
marines (convention de Montego Bay – 1982) avec des dispositions spécifiques selon
les espaces concernés, au moyen de l’établissement :
d’un titre concernant les eaux intérieures comprenant les eaux incluses entre le
rivage et la ligne de base à partir de laquelle est mesurée la largeur de la mer
territoriale, qui pourraient être rattachées à l’archéologie subaquatique ;
d’un titre concernant les eaux marines de la mer territoriale et du plateau
continental, pour ce qui concerne l’archéologie sous-marine.
Outre la cohérence avec le droit de la mer, cette distinction permettrait une
adaptation proportionnée des dispositifs selon :
les possibilités d’intervention matérielle en domaine immergé, plus ou moins
substantielles selon qu’on soit à proximité du littoral dans zones peu profondes
ou en mer, dans des conditions plus hostiles et sur des fonds marins à plus
grande profondeur ;
les activités marines concernées et leurs impacts potentiels respectifs:
aménagements portuaires, dragages (…) dans les eaux intérieures ; exploitation
de granulats, éoliennes offshore, hydroliennes (…) en mer territoriale et sur le
plateau continental ;
la capacité et la compétence des acteurs institutionnels amenés à intervenir en
domaine immergé maritime.
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3. Un développement du réflexe préventif en privilégiant les mesures
d’évitement des biens culturels maritimes à établir en application de
protocoles tenant lieu de prescriptions de diagnostics.
Les activités maritimes intervenant sur le sol et le sous sol des domaines immergés
marins ont tout intérêt, notamment pour des raisons de sécurité maritime, à éviter
les biens culturels maritimes constitués majoritairement par des épaves.
Il est proposé que le DRASSM, institution compétente en matière d’archéologie
subaquatique et sous-marine, établisse un protocole conseillé pour guider les
détections préalables associées aux activités soumises à étude d’impact sur
l’environnement, à l’instar des protocoles mis à disposition par IFREMER pour les
évaluations biologiques des milieux marins. Il est également proposé que ce protocole
tienne lieu de prescriptions de diagnostic préalable et que celui-ci soit réalisé par les
porteurs de projets.
Il s’agira principalement d’adapter les modalités de réalisation des levés géophysiques
des fonds systématiquement effectués par les porteurs de projets en pareil cas pour
leurs études d’impact. La mise à disposition de moyens nautiques mis en œuvre par
les porteurs de projet et l’adaptation des matériels et méthodes de prospection pour
alimenter la connaissance archéologique sous marine constitueront une contribution
financière aux travaux d’inventaire, d’étude et de conservation du patrimoine
archéologique national subaquatique et sous-marin.
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