
lymphocytes Bimmortalisés ayant la faculté de
produiredes anticorps. Cette fusion permet de
fabriquer des lignées cellulaires àtrès longue
durée de vie, capables de produiredes anticorps
dont la spécificité peutêtre choisie [1].
L’anticorpsanti-CD3 (Orthoclone OKT3®,muro-
monab-CD3) est un représentant de la première
génération. Il est utilisé dans le traitement du
rejet aiguaprès greffed’organe et aété le pre-
mier anticorpsmonoclonal admispourl’usage
thérapeutiquechez l’homme. L’ expérience clini-
queamontré quelemuromonab-CD3 doitêtre
utilisé en association avec d’autres médicaments
immunosuppresseurspourprévenir la réponse
immunitaire contrel’anticorps murin. Les anti-
corps HAMApeuvent néanmoins apparaître
malgrél’application simultanée d’une immu-
nosuppression intensive. Une réaction immune
contrelemuromonab-CD3 affaiblit la liaison
avec le CD3eet peutaffaiblir l’effet thérapeutique.
La demi-vie normale du muromonab-CD3 dans
la circulation est de 18 heures. Après le dévelop-
pement d’anticorpsHAMA, le muromonab-CD3
peutêtre éliminé de la circulation en quelques
heures seulement. On aégalement décritlafor-
mation d’anticorps IgE circulantscontre le muro-
monab-CD3 pouvant déclencher des réactions
anaphylactiques potentiellement fatales lors d’ap-
plications répétées.
Contrairementautraitement limité dansletemps,
propre aux rejetsaigus de greffes, celui des mala-
dies cancéreusesouauto-immunesnécessitedes
applicationssur des périodes relativement pro-
longées pour obtenir l’effet thérapeutique désiré
de façondurable. La constatation selonlaquelle
la réactionimmunitaire du patientcontre lesan-
ticorpsdesouris compromet l’efficacité thérapeu-
tique dans ces affections chroniques aconduitau
développement de stratégies visant àdiminuer
l’immunogénicité des anticorpsmonoclonaux
[2]. Dansunpremier temps,ons’est mis àprodui-
re des anticorps monoclonaux chimères(fig. 1 x).
Ceux-ci sont constituésd’une partie murineva-
riableetd’une partie humaineconstante.Lafré-
quence d’induction d’une réponseanti-anticorps
aainsi considérablementdiminué, ce qui aper-
mis d’administrerces médicaments de manière
répétée. Certainsanticorps chimères, par ex. le
rituximab (Mabthera®)etlecétuximab(Erbitux®)
n’induisent que rarement la formation d’anti-
anticorps. L’incidence des HAMA atteint en re-
vanche61% avec l’infliximab (Remicade®). Le
développement d’anti-anticorps contre l’inflixi-
mabest corrélé avec la diminutiondeson effica-
cité thérapeutique et une augmentationdurisque
de réactions aiguëslorsdelaperfusion.Laforma-
tion de HAMAreste par conséquent un problème
potentielsignificatif, même si lesanticorps mono-
clonaux chimèressesontaujourd’hui solidement
implantésdanslapratique clinique. Ils exigent
toutefois un suiviattentifet, le cas échéant,l’ad-
ministration concomitantedecorticostéroïdes,
voire parfois l’interruptiondumédicament.
La poursuite systématique des efforts de recher-
che apar la suiteconduit au développement d’an-
ticorpshumanisés. Dans les anticorpshumanisés,
toutes les séquences d’acides aminés provenant
de la souris sont remplacées par des séquences
humaines, àl’exception des Complementary De-
terming Regions (CDR)responsables de la forma-
tion de l’antigène (fig.1). On espérait obtenirainsi
une réduction significative de l’immunogénicité
encore associée aux anticorps chimères. En pra-
tique,ons’est cependant trouvé confronté àl’in-
ductionderéactions àanticorps humainsantihu-
mains (HAHA),dont l’incidenceétait néanmoins
relativement faible par rapportàcelle constatée
avec les anticorpschimères. L’alemtuzumab (Mab-
Campath®)induit des HAHA avec une incidence
de l’ordre de 1,9%etletranstuzumab (Hercep-
tin®)avec une incidence encoreinférieurede0,1%.
D’autres anticorps humanisés, tels que le dacli-
zumab(Zenapax®), induisentenrevanche des
HAHA avec une incidence atteignant 34%. L’hu-
manisation des anticorpsmurins ne se faitdonc
pas sans problèmes, car les séquences d’acides
aminés situées entre les régions CDRcontribuent
de manièrenon négligeable àl’affinité des anti-
corps. Il n’est donc pas possible, dans l’humani-
sation de certains anticorps, de conserver exclu-
sivement les régions CDR, et il fautsouvent se
résoudreàmainteniraussi certaines séquences
d’anticorps murinsdansles segmentssitués entre
les zones CDR(Framework).
Des anticorps entièrement humains ont été dé-
veloppés au cours des dernières années, afinde
diminuer encoreplusl’immunogénicité des an-
ticorpsmonoclonauxthérapeutiques [3,4]. Diffé-
rentes méthodes ont été utilisées: des souris por-
teuses d’un défaut immunitaire (severecombined
immune deficiency,SCID) peuventêtrerecons-
truites àl’aide de tissu fœtal humain. L’ immunisa-
tion de ces souris génèredes anticorpshumains.
La plusgrande partie des anticorpshumains est
cependant produiteinvitro par la méthode Phage-
Display ou par l’intermédiaire de souris trans-
géniques produisant des anticorpsentièrement
humains. Plusieurs de ces anticorpsexclusive-
ment humains sont actuellement testés dans le
cadre d’essais cliniques de phase IàIII.
curriculum Forum Med Suisse 2008;8(8):140–143 141
Figure 1
Anticorps monoclonaux recombinants. Les séquences de souris sont représentées en rouge,
les portions humaines en blanc.
murin chimère humanisé humain
régions framework
régions hypervariables
(CDRs)
140-143 Ochsenbein 023_f.qxp:Layout 18.2.2008 10:19 Uhr Seite 141