soient acceptés et éventuellement soutenus par les pouvoirs publics.
Cet ensemble de facteurs amène ouvriers, artisans et petits-bourgeois à se retrouver
dans des sociétés de gymnastique dont la vocation apparaît moins commerciale et
individuelle que nationaliste et collective. Le mouvement démarre globalement en
Alsace dans les années 1860 [Charpier, 1997] et se diffuse ensuite vers le sud et l’est.
On compte 36 sociétés avant la guerre de 1870, chiffre réduit à une vingtaine avec la
perte de l’Alsace-Lorraine.
En 1873, une douzaine de ces sociétés se regroupent au sein d’un mouvement
fédérateur national : l’Union des sociétés de gymnastique de France (USGF).
L’initiative en revient à Eugène Paz (1835-1901), un fils d’instituteur, journaliste dans
des journaux de la gauche républicaine modérée, qui découvre fortuitement la
gymnastique en 1865. Il crée plusieurs sociétés, ainsi que la première revue
spécialisée, Le Moniteur de la gymnastique, avant d’être chargé par le ministère de
l’Instruction publique, en 1868, d’une étude sur la gymnastique en Europe.
Premier président de l’USGF, Paz en fixe les objectifs en reprenant l’idéologie
hygiénique du moment. Le but de l’institution est en effet de « répandre en France et
dans les colonies l’idée gymnique et de propager par les méthodes de la gymnastique,
l’éducation physique dans la masse de la jeunesse française et, en provoquant en tous
lieux la formation de sociétés nouvelles, de participer à la rénovation de la race ». Paz
ne peut cependant s’opposer à l’orientation plus patriotique et nationaliste du
mouvement et est écarté au profit de responsables plus radicaux comme
l’ex-président de la Ligue des patriotes, Joseph Sansbœuf (1848-1938) puis, surtout,
Charles Cazalet (1858-1933), qui tiendra les rênes de l’USGF de 1897 à 1930.
Les résistances du modèle gymnique
https://www.cairn.info/article_p.php?ID_ARTICLE=PUF_TERRE_2013_01_0025
5 sur 10 28/10/2015 01:07