Toutelaculture
Soyez libre, Cultivez-vous !
http://toutelaculture.com
il est. Si je m’étais appelée Dupont, j’aurais peut-être fait un album sur les ponts.
Mais Nour c’est aussi un prénom neutre, à la fois de fille et de garçon, ni masculin, ni féminin,
c’est intéressant. Il y a une volonté dans l’utilisation de l'arabe d'aller vers un mot plus complet
que le mot français, de même que je me sens capable d’utiliser des mots anglais quand ils sont
plus précis.
En revanche, il y a une vraie débauche de cuivres et de percussions entraînantes...
C’est assumé et fait exprès. Musicalement j’aime bien aller chercher des choses différentes et
là je m’en suis donnée à cœur joie. Je suis aussi une personne avec divers états d’âme : je ne
suis pas toujours triste, je suis plutôt gaie d’ailleurs. Et ça se ressent dans la musique. Il y a
une métaphore de théâtre que j’aime bien : souvent dans mes chansons, les textes disent
l’action, sont au premier plan et jouent le rôle des personnages, et puis derrière, il y a décor et
le décor, c’est la musique. Dans ce décor, il se passe des choses. Or souvent lorsque la
musique est illustrative, c’est intéressant de la décaler par rapport au propos. C’est quelque
chose qu’on retrouve dans la musique latino-américaine, notamment les cumbias, qui ont des
mélodies très gaies et qui, quand on écoute les paroles, parlent d’états d’âmes et crimes
passionnels mais dont le rythme donne envie d’aller danser. Dans mes chansons, ce décalage
entre les paroles et la musique crée une impression presque de détachement, comme si on
regardait une scène de théâtre.
Il y a aussi des citations musicales qui viennent comme des clins d’œil. Par exemple les
Beatles ou la pub dim et dans le titre "l'Eternel féminin"...
C’est exactement ça, c’est le même principe que des séquences au cinéma. Quand j’écris de
la musique, parfois il arrive que l’envie d’une citation me vienne et je glisse ça dans la
composition comme on glisserait une séquence au cinéma. La différence, c’est que je le fais
jouer sur de vrais instruments par de vrais gens. Parce que je préfère, même si c’est une
citation de Mozart que ce soient les « garçons », les musiciens qui m’accompagnent depuis
longtemps, qui le jouent.
Et le premier extrait, "Le diable et la bouteille", c'est un tango?
C’est tout à fait un tango, enfin une milonga pour être exacte, et proche de la culture du
carnaval du Brésil ou de l’Uruguay, donc plus directement proche de l’influence africaine. Il y a
une influence africaine dans le tango. Que l’on retrouve dans cette chanson. Notamment le
bruit des bouteilles avec leur musique percussive. Ce n’est pas du tout une chanson à boire.
C’est une chanson assez désespérée qui dépeint quelqu’un dans l’addiction de l’alcool et sa
seule solution pour se sortir de l’addiction c’est d’y replonger. Il y aurait pu y avoir une autre
solution, comme par exemple : casser la bouteille. Non, la solution, c’est de finir la bouteille et
d’en recommencer une autre. Il y a quelque chose d’assez triste dans l’alcoolisme car on est
conscient de ce qu’on est en train de faire mais en même temps l’idée que ce « n’est pas de
ma faute car il y a un diable qui m’appelle ». C’est une constatation. Dans la vie je me permets
de juger, mais dans les chansons, je préfère constater ce que j’ai observé, ça m'embêterait
beaucoup de juger.
Le seul titre vraiment mélancolique semble être « La petite robe noire », parce que c'est
un cliché des magazines féminins?
2 / 3