L3S6 – SEG – HPE2 – r.foudi – Chapitre 1bis : dissertation - Page 5 sur 6 2011/12
22- L’économie, les passions et l’artifice (commentaire du schéma)
Le coeur du schéma décrit la société essentiellement comme corps productif dominé par l’activité
économique et son développement (ou histoire). Y prévalent (voir supra « Les Essais ») : la division du
travail, le progrès technique et le commerce. On peut y voir la concrétisation du soucis philosophique
de Hume d’introduire la méthode expérimentale (celle de Newton) dans sa préoccupation majeure : les
sujets moraux.
L’originalité de cette description de « l’état de société » réside dans la définition et dans la description
de sa genèse, située dans les passions humaines. Hume se distingue notamment par sa thèse de
« l’intérêt individuel» (ou « passion acquisitive ») comme passion compensatrice ( voir par exemple
Hirschman : « les passions et les intérêts »-1977).
La nature est supposée à la fois restrictive (rareté des biens et des moyens) et prodigue (besoins infinis
de la nature humaine). Cette prodigalité constitue la « matrice passionnelle mère » (elle-même bâtie
sur l’ « instinct sexuel ») et rend nécessaire le travail. L’état de société, est un développement qui
résout les déséquilibres issus de cette dualité naturelle, par la mise en œuvre d’artifices, résultat de
l’habitude, dont celui de la constitution du corps productif (et plus généralement d’ « artifices non
voulus » : Institution, morale etc…). La passion acquisitive se voit ainsi canalisée.
L’histoire de la société apparaît donc comme une histoire dominée par les passions humaines, qui
poussent inlassablement (sans téléologie ou fin connue) à la réduction des déséquilibres. L’intérêt
général exigeant l’harmonie du corps productif, ne peut cependant être réalisé sans un art destiné à
atteindre cette harmonie ou perfection. L’économie politique est désignée comme l’art politique, celui
des artifices ou des possibilités du corps productif face à la dualité de la nature. Elle est donc la science
expérimentale du possible.
23- Hédonisme et utilitarisme
Hume réussit ainsi la synthèse entre l’économie politique et « la science de la nature humaine ». Il y
parvient au moyen d’une philosophie morale et sceptique. Hume développe, en même temps qu’il
émet des réserves, les idées de l’école écossaise dite du « sens moral » (Lors Shaftesbury, Sir F.
Hutcheson, T. Reid, et l’évêque J. Butler), suivant laquelle les idées de bien et de mal appartiennent à
la nature humaine, dotée d’un sens moral. Hume déduit de sa définition des vertus, la primauté du
sentiment de sympathie, lequel constitue « la source principal des distinctions morales ». S’opposant
au point de vue de F. Hutcheson, il postule que les passions visent essentiellement la recherche du
plaisir et la minimisation des peines : « Rien ne peut être plus réel ou ne peut nous intéresser
d’avantage que nos propres sentiments de plaisir et de déplaisir et s’ils sont favorables à la vertu et
défavorables au vice, rien d’autre n’est requis pour régler notre conduite’ (Traité : Section I, P.64).
Ainsi on peut mesurer la fragilité du développement historique du corps productif et du corps social en
général. Destiné à réaliser le plus grand plaisir pour le plus grand nombre (selon Hutcheson), il est
dominé par une morale hédoniste, et par l’égoïsme des intérêts, ou utilitarisme. Cependant il offre un
spectacle (selon l’expression de Hume) historique, considéré par l’auteur comme un « amusement des
sens (..) et de l’imagination.. ». Opinion que E. Cassirer suggère de lire comme le signe d’un
pessimisme et d’un renoncement, puisque le monde historique n’est pas qu’un « amusement des
sens... ».
Conclusion de la dissertation : La méthode de Hume n’est pas celle de Vanderlint et porte sur le
même objet. La transition historique ainsi réalisée infléchit la définition de l’économie politique.
Savoir désormais rationnel, dégagé de toute métaphysique, elle a pour objet la conciliation des intérêts
individuels et la réalisation de l’intérêt général. Selon Hume, la fragilité de la nature humaine laisse
un doute sur son efficacité. C’est ce scepticisme que l’économie politique, devenue science du
possible, entendra dépasser, en identifiant les lois naturelles de l’accumulation du capital et donc celles