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Gènéthique - n°76 – avril 2006
et la gestation. L’adoption des
embryons congelés révèle une
intention généreuse, mais l’objet de
l’acte (faire accéder ces embryons à la
vie terrestre) contredit le respect qui est
dû à tout être humain, en l'occurrence à
la femme.
Concilier respect des embryons et
respect de la femme
Pour le Père Mattheeuws, il ne s’agit
pas de condamner les femmes qui
généreusement proposent d’adopter
ces embryons mais de faire réfléchir :
pourquoi promouvoir une pratique qui
n'est pas juste ? Prendre conscience
du caractère sacré de la vie est un
impératif moral en toutes circonstances
mais l’aveu d’une impuissance
humaine n’est pas toujours une
faiblesse ou un manque de générosité :
il peut être le signe d’une humilité vraie,
celle qui cherche à trouver la vérité de
toute vie et à respecter le plan de Dieu
dans l’histoire. Il nous faut peut-être
admettre que nous ne pouvons pas
sauver les embryons congelés.
Pas d’acharnement thérapeutique
Il reste à faire le bien possible en
assumant la condition absurde de ces
embryons congelés et le Père
Mattheeuws conseille de « les retirer du
froid où ils sont emprisonnés, de les
rendre aux conditions temporelles qui
sont les leurs, de ne pas utiliser de
moyens disproportionnés pour les
sauver ou de moyens qui ne respectent
pas leur dignité ou la dignité des
personnes désireuses de les aider.
L’enseignement du Magistère
catholique au sujet du refus de
l’acharnement thérapeutique trouve ici
une nouvelle actualité. Il ne s’agit pas
d’une euthanasie, mais du refus de
prendre un moyen disproportionné et
inadapté pour tenter de les faire
survivre.»
1 - Zenit, 23-24 mars 2006 (www.zenit.org)
Le rapport Claeys demande la légalisation du clonage
L’Office parlementaire d’évaluation des
choix scientifiques et technologiques a
organisé le 22 novembre 2005 des
auditions publiques dirigées par le
député Alain Claeys, en vue de rédiger
un rapport. Ce rapport a été publié le 5
avril 20061.
Des auditions biaisées
Si ce rapport est officiellement
consacré aux recherches sur les
cellules souches autorisées par la loi,
son objectif vise essentiellement à
légaliser le clonage thérapeutique. Lors
des auditions, tous les intervenants
étaient des scientifiques acquis à la
cause et des représentants de sociétés
de biotechnologie.
Cette « mise en scène » marquait
l'alliance objective du scientisme et du
business ainsi que l'absence totale de
réflexion humaniste sur un sujet aussi
grave.
Le critère exclusif de la faisabilité
Dès l’introduction des auditions confiée
à Ketty Schwartz, vice-présidente du
conseil d’administration de l’Inserm et
présidente du conseil scientifique de
l’AFM, le ton était donné : il faut
autoriser le clonage. Affirmation reprise
en chœur par les intervenants suivants
et par le député Alain Claeys,
rapporteur. Nul besoin de débattre sur
le terrain biologique ou éthique, tous
les intervenants sont d'accord entre
eux. La seule question est de savoir
pourquoi le clonage n’est toujours pas
autorisé puisqu’il est désormais
faisable depuis les expérimentations
coréennes ? (Depuis ces auditions
parlementaires, les résultats coréens
ont été reconnus comme étant
frauduleux.)
Pas de perspective thérapeutique
Contrairement à ce qu’ils n’ont cessé
de proclamer pendant des années pour
obtenir l'autorisation de recherche sur
l'embryon, censé guérir les patients de
tous leurs maux, ces chercheurs
reconnaissent aujourd’hui qu'on ne
trouvera pas de thérapie grâce au
clonage. Mais ils maintiennent leur
volonté de faire du clonage pour des
raisons lucratives et pour faire avancer
leur propre connaissance. Ils ne parlent
plus de clonage thérapeutique mais de
clonage scientifique ou clonage de
recherche.
L’importance des marchés
Les marchés considérables dans le
domaine pharmaceutique (criblage par
des milliers de molécules de cibles
génétiquement identifiées) et dans celui
de la toxicologie prédictive ont été mis
en avant tant par les marchands que
par les scientifiques. C’est ainsi qu’on a
pu voir le Pr. Peschanski défendre le
clonage avec ferveur pour les intérêts
de la cosmétique. Par rigueur
marketing, pour faciliter la
transformation des embryons clonés en
marchandises présentables, il est
d’ailleurs décidé de ne plus parler de
clonage mais de « transposition
nucléaire ».
La création d’embryons malades
Non seulement, le clonage ne guérira
pas les malades mais il permettra de
créer des embryons malades.
L'argument consiste à pouvoir cloner
des embryons malades pour mieux les
étudier. Multiplier les malades avec des
pathologies sur mesure pour l'intérêt
des chercheurs...
Vers un marché des ovocytes ?
Pour développer le clonage, les
scientifiques consultés reconnaissent
néanmoins une difficulté : la nécessité
de disposer d’ovocytes en grande
quantité, compte tenu du faible taux de
réussite de la « transposition
nucléaire ». « Cette nécessité fait
planer une menace très réelle de
commercialisation des ovocytes et,
partant, de leur marchandisation, à
laquelle il faut très résolument
s’opposer ».
1 - Auditions publiques du 22 novembre 2005 à
lire sur le site de l'Assemblée Nationale.
Lettre mensuelle gratuite, publiée par la Fondation Jérôme Lejeune - 31 rue Galande 75005 Paris
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