
eduscol.education.fr/ressources-2016 - Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche - Mars 2016 2
CYCLE          I FRANÇAIS  I  Langage oral
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Écouter pour comprendre l’oral
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Un bon repérage de la situation permet au sujet de sélectionner le rôle qu’il est sensé y tenir. 
Dès qu’il y a identification des rôles réciproques, la situation est, pour ainsi dire, « balisée » 
pour les différents interlocuteurs. Ceci ne veut pas dire que ce qui va être dit est tout entier 
prévisible, mais l’identification des rôles réciproques, permet de circonscrire le champ des 
significations possibles et surtout oriente l’attention des interlocuteurs de telle sorte qu’ils 
soient en mesure d’effectuer les interprétations correctes. D’un côté, les rôles sont le résultat 
des pratiques sociales (pratiques qui se sont institutionnalisées) mais d’un autre côté, ils 
organisent ces pratiques, les codifient, les planifient, de ce fait ces pratiques deviennent en 
partie prévisibles pour les différents acteurs.
On peut donc dire et ceci est d’autant plus vrai lorsque nous avons affaire à des situations 
scolaires par exemple, qu’une situation non seulement est organisée mais encore qu’elle 
est prête à fonctionner d’une certaine façon avant même que l’un des acteurs ne la mette 
effectivement « en marche ». Bref, il y a un fonctionnement social silencieux des situations qui, 
à la fois, oriente et spécifie les interventions des différents acteurs.
Cette organisation complexe des situations, les rôles qu’y remplissent les différents 
participants, les initiatives qu’ils prennent, nécessitent différentes opérations de filtrages 
de la part d’un sujet particulier, afin que celui-ci soit en mesure d’intervenir avec efficacité à 
l’intérieur ces situations initialement cadrées. C’est pourquoi les difficultés de compréhension 
peuvent ne provenir non pas tant du travail de décodage proprement linguistique de l’énoncé 
que d’une mauvaise identification du niveau de pertinence de cet énoncé. C’est pourquoi l’une 
des hypothèses que nous formulerons concernant les difficultés de compréhension par l’enfant 
du discours scolaire.
Ce que nous venons de dire nous conduit à rejeter à la fois une conception purement 
déterministe (les discours seraient produits par les situations) et une conception idéaliste du 
locuteur (celui-ci serait un pur producteur de sens).
En fait les acteurs sont pris dans les situations : ils interagissent, « travaillent » à l’intérieur 
d’un univers socialement signifiant. Ils vont actualiser telle ou telle signification potentielle, 
modifier des significations déjà données, introduire des significations relativement nouvelles. 
Et pour rendre possible une signification nouvelle, il faudra que le locuteur transforme la 
situation telle qu’elle était initialement donnée de façon à ce que de nouvelles relations 
puissent être établies.
Concevoir l’activité linguistique comme une activité sociale, c’est mettre l’accent sur le fait que 
le sens produit est directement « branché », et ceci de façon plus ou moins complexe sur les 
significations déjà constituées.
Il nous faut insister sur ce double aspect des situations d’interlocution. D’une part elles sont 
déjà construites et en ce sens le locuteur doit apprendre à les déchiffrer. De nombreux auteurs 
ont, au cours de ces dernières années, insisté sur le fait que, pour un enfant, apprendre à 
parler ce n’était pas seulement acquérir un savoir-faire linguistique mais que c’était aussi et 
simultanément acquérir un savoir des usages sociaux de la langue.
D’autre part, les échanges linguistiques contribuent en retour soit à reproduire comme c’est le 
cas dans les échanges ritualisés, soit à transformer les situations et les significations qui les 
constituent. Pour ne prendre qu’un exemple très simple. J. BERKO-GLEASON a bien montré 
comment un jeune garçon en refusant que sa mère s’adresse à lui d’une certaine façon, 
signifiait par là qu’il fallait désormais le considérer et le traiter comme une grande personne2.
2.  BERKO-GLEASON (J.) : Code Switching in Children’s Language, In Cognitive Development and The Acquisition of 
Language, Ac. Press. N.Y., 1973, 159-167.