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L’Union  a  mis  en  place  le  Fonds  de  stabilité  financière  afin  de  soutenir  les  pays  en 
difficulté. Ce fonds se finance en partie sur les marchés financiers et bénéficie de garanties 
des  États  membres.  Fondamentalement  cela  ne  fait  que  déplacer  le  problème,  car  la 
dépendance vis-à-vis des marchés financiers demeure.  
 
Le Traité de l’Union interdit à la Banque Centrale européenne de financer directement les 
États  ainsi  que  la  solidarité  entre  les  États  membres.  Ces  deux  interdictions  ont  pour 
conséquence  que  les  États  membres  sont  les  jouets  des  marchés  financiers,  car  ils  n’ont 
d’autre  recours pour  financer  leur  dette.  Quand  les  marchés  financiers  auront  ruiné  les 
États, qui viendra à la rescousse des institutions financières ? 
 
Il semble que les décideurs européens n’aient pas pris la pleine mesure de la crise. Ce n’est 
que très timidement que la BCE a racheté des titres publics sur le marché secondaire, afin 
d’éviter un emballement des taux d’intérêts. Cette mesure contraire au traité a d’ailleurs 
suscité la démission du Président de la Bundesbank Axel Weber. Le Fonds européen de 
stabilité financière qui octroie des prêts aux pays en difficulté – qui ne respecte pas non 
plus l’esprit du Traité – reste très insuffisant.  
 
Sans céder au catastrophisme, il nous semble que le défaut de payement de certains États 
pourrait entrainer la faillite de plusieurs grandes banques européennes. En raison des liens 
opaques  entre  les  banques  européennes  (les  engagements  hors  bilan  dépassent  pour 
certaines  d’entre-elles  cinq  fois  la  taille  de  leur  bilan),  un  effet  domino  est  à  craindre. 
Rappelons  au  besoin  que  les  CDS  (Credit  Default  Swap :  assurance  contre  le  défaut  de 
payement) sur plusieurs pays portent sur des montants inconnus. Le défaut de payement 
d’un  État  européen  doit  donc  être  évité  à  tout  prix.  Tel  qu’esquissé  actuellement,  le 
« défaut  partiel  accompagné »  de  la  Grèce  semble  d’ailleurs  une  mauvaise  mesure
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.  Il 
reporte sur les banques privées, déjà nettement fragilisées par la crise de 2008, des charges 
qu’il n’est pas raisonnable de leur faire supporter. N’oublions pas qu’avec la récession qui 
se profile à l’horizon, les défauts de payement des agents privés risquent de croître et de 
détériorer encore un peu plus le bilan des banques. La combinaison de tous ces facteurs 
pourrait être fatale aux banques privées.   
 
Ben Bernanke, Président de la Réserve fédérale américaine (Fed), a tenu en novembre 2002 
un  discours  remarqué  au  sujet  de  la  déflation
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.  Déjà  en  2002,  le  risque  de  déflation  se 
profilait à l’horizon. L’exemple du Japon, qui est tombé dans la spirale déflationniste au 
début  des  années  1990  et  n’en  est  toujours  pas  sorti,  a  de  quoi  faire  peur :  le  taux 
d’endettement public y avoisine les 200% du PIB
8
. Dans son discours, Bernanke envisage 
les  moyens dont  dispose  la  Fed  pour  lutter  contre  la  déflation, pour  maintenir  les  taux 
d’intérêts de la dette publique à un  niveau faible et  pour  soutenir la  consommation des 
ménages.  
 
                                                 
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 Pour rappel, Dexia détient pour 6 milliards de dette publique grecque. Une remise de 50% représente 
donc  un  coût  direct  de  3  milliards.  D’aucuns  affirment  que  Dexia  aurait  vendu  des  CDS  sur  la  dette 
grecque et devrait donc indemniser les clients qui en ont acheté. Nous ignorons pour quel montant. Il est 
fort à craindre que ces milliards seront à charge des contribuables belges.  
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 http://www.federalreserve.gov/boardDocs/speeches/2002/20021121/default.htm 
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 La banque centrale du Japon détient approximativement 18% de la dette publique du Japon. En outre la 
dette  japonaise  est essentiellement  domestique. Ces  deux  facteurs  expliquent  pourquoi  les  taux  restent 
aussi bas.