Les théories du cinéma

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Les théories du cinéma
Lectures utiles
Annie Goldmann
Cinéma et Société
moderne. Le cinéma
de 1958 à 1968
Paris, Denoël, 1974
N° 60 Histoire des théories du cinéma
Thème : La critique et la théorie
Diverses façons d’aborder le cinéma…
Histoire des techniques
Histoire
histoire culturelle / cultural studies
droit
esthétique
Gender studies
sociologie
Le cinéma
Sémiologie /
sémiotique
Langues,
cultures et
civilisations
Psychologie
Communication
/ médias
Économie
L’approche sociologique du cinéma
se décline en sous-disciplines :
1. Sociologie (politique) des
représentations
2. Sociologie de la réception /des publics
3. Sociologie de l’action publique
4. Sociologie des mouvements sociaux et
des mobilisations collectives
5. Sociohistoire / Histoire sociale du
cinéma (travail, organisation, etc.)
Qu'est-ce que la sociologie politique ?
• INTRODUCTION
Dès l'antiquité les grands
philosophes s'intéressent aux
"gouvernements " des cités. Platon
(428-347 av JC) et sa
"République", cité parfaite fondée
sur la justice, Aristote (384-322 av
JC) et sa "Politique" présentant
une typologie des gouvernements
ont été les premiers rédacteurs de
traités de sociologie politique
Elle demeure cependant, selon la formule de P. Faure, une
« science émergente »
Son développement s'est véritablement amorcé à partir de la fin du
19°s, par l'apport des différentes sciences sociales, notamment
historique et juridique. En France, l'Ecole Libre des Sciences
Politiques (1872-1945), puis la Fondation Nationale des Sciences
politiques et les Instituts d'Etudes Politiques (créés en 1945)
Son introduction dans les Facultés de Droit sera l'œuvre de grands
publicistes du début du 20°s comme L. Duguit et M. Hauriou.
La publication en 1951 du livre pionnier de M. Duverger sur " les
partis politiques", lui donnera un nouvel élan couronné en 1972
par la création de l'agrégation de science politique.
Ces éléments sommaires illustrent les difficultés de l'autonomisation
d'une science qui reste incertaine y compris dans sa terminologie.
TERMINOLOGIES
Les termes de sociologie politique et de science politique ne se superposent pas entièrement.
* La sociologie de la politique aborde le domaine sous l'angle nettement sociologique (les
« cultures politiques » des français, par ex.) laissant peu de place à la politique en tant
que telle.
* La science politique, tout en se servant de l'apport des autres sciences sociales, retient des
éléments plus directement politiques ou, administratifs (influences des scrutins, modes
de gouvernements). Elle est davantage liée à la pluridisciplinarité dans ses rapports
privilégiés avec le droit, l'histoire, l'économie et la sociologie.
* La sociologie politique quant à elle, serait à créer: "produit d'une hybridation lorsque la
sociologie et la science politique seront à égalité" selon M. Grawitz. Cependant, le
décret du 10 juillet 1962 organisant les enseignements de science politique dans les
facultés de Droit fait référence à la sociologie politique. Raymond Aron justifiera le
choix du substantif en affirmant :" on pourrait dire que la science politique, considérée
globalement, se confond avec la sociologie politique; elle est le chapitre politique de la
sociologie".
Cette préférence terminologique symbolise la volonté de replacer les phénomènes politiques
dans l'ensemble des phénomènes sociaux; la sociologie politique est une branche de la
sociologie, une science sociale particulière qui étudie certains phénomènes sociaux: les
phénomènes politiques.
L’objectif de la sociologie politique
Si l'on admet que la politique est à la fois un ensemble d'activités spécialisées et une
dimension pas toujours explicite des rapports sociaux, la sociologie politique se définit
par l'intérêt porté à ces aspects de la vie collective et par une méthode analyser des
faits et des comportements en les comprenant comme une dimension particulière de la
vie sociale. Jacques Lagroye.
Mais qu'est ce qu'un phénomène politique? Qu'est ce qui peut être qualifié de politique au
sein de la société? Comme l'écrit J. Leca: " l'univers politique relève d'un type de
relations et non de faits. Le problème fondamental est alors d'apprécier la densité de
politique dont se charge une relation sociale pour devenir une relation politique".
Dans cette recherche du politique, l'anthropologie (étude des sociétés "sans histoire") est
susceptible de nous renseigner sur son apparition. Celle ci serait en fait liée à la
différenciation de deux catégories d'individus composant la société: d'une part les
gouvernants, d'autre part les gouvernés. Il conviendrait donc de réserver le terme de
politique à un mode de coordination des activités et des comportements sociaux qui
résulte de l 'intervention de gouvernants et du pouvoir qui leur est ainsi reconnu.
L'objet de la sociologie politique doit donc se charpenter autour d'une pièce maîtresse, ce
que D. Easton appellera une " motivating question ". Cependant il n'y a pas accord sur
cette question clef caractérisant l'objet de la discipline : deux grandes conceptions
rivalisent.
L’idée d’une domination
•
Pour Max Weber, " est politique un groupe de domination
dont les ordres sont exécutés sur un territoire donné, par
une organisation administrative qui dispose de la menace
et du recours à la violence légitime ".
•
Pour Jacques Lagroye : " parler de gouvernement politique
d'une société c'est admettre que des individus…plus ou
moins spécialisés ( les gouvernants ) sont susceptibles de
faire accepter par les membres de cette société ( une
orientation )…, soit qu'ils y parviennent par l'usage d'une
parole d'autorité dont ils ont le monopole, soit qu'ils
contraignent les membres par l'utilisation des moyens de
coercition dont ils contrôlent seuls l'usage ".
La sociologie politique appliquée au cas du
cinéma
=
la sociologie politique des représentations
+
investigations sur le « pouvoir des images »
Principaux théoriciens
ayant travaillé sur les rapports
cinéma - politique - société
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Siegfried Crarcauer (1889-1966)
Marc Ferro
Pierre Sorlin
Annette Goldmann
Pasolini
Jean-Luc Godard
Paul Felix Lazarsfeld (1901-1976)
Theodor Adorno et l’Ecole de Franckfort
Siegfried Kracauer (1889-1966)
journaliste, sociologue et critique de films allemand
• Siegfried Kracauer n'a jamais couru le
risque de ne pas prendre les films dans
sérieux pendant presque quatre décennies,
depuis le début des années 20 date de son
entrée à l'âge de 32 années dans la redaction
du Frankfurter Zeitung, journal lequel
fondera bientôt la chronique régulière Von
donnent Lichtspielbühnen, une des
premières rubriques de critique de cinéma
dans la presse allemande.
Siegfried Kracauer (1889-1966)
Il fait ses débuts de journaliste en 1922 aux côtés de Walter
Benjamin et Ernst Bloch. Son intérêt pour les
phénomènes de société le conduit à bâtir une méthode
analytique pour découvrir l‘ « aspect caché du cinéma et
de la photographie ».
En 1927, il publie Ornament der Masse (Ornement des
masses). Son intérêt pour le marxisme le conduit à rejeter
la plupart des aspects du capitalisme. En 1933, Kracauer
s'exile à Paris puis en Amérique en 1938. C'est en 1947
qu'il publie De Caligari à Hitler, une histoire
psychologique du film allemand. cet ouvrage fondamental
propose une synthèse entre l'esthétisme
cinématographique et les états psychologiques qui
secouent la société allemande.
Pour Kracauer le cinéma porte en lui les marques
psychologiques du nazisme. Des films comme le Cabinet
du docteur Caligari de Robert Wiene ou Metropolis de
Fritz Lang explorent les zones d'ombre de la psyché d'une
nation qui cherche par le cinéma un exutoire à sa volonté
de puissance. Malgré une approche marxiste du
phénomène, Kacauer ne peut échapper à l'évocation d'un
« réalisme fantastique » qui échappe au matérialisme
historique.
Œuvres traduites en français
De Caligari à Hitler : une histoire psychologique du cinéma
allemand, L'Âge d'Homme, 1973
Les employés : aperçus de l'Allemagne nouvelle, 1929, Avinus, 2000
Jacques Offenbach ou Le secret du Second Empire, Le PromeneurGallimard, 1994
Le Roman policier : un traité philosophique, Payot, 1981
Rues de Berlin et d'ailleurs, Le Promeneur, 1995
Le voyage et la danse : figures de ville et vues de films, PUV, 1996
L'Histoire, des avant-dernières choses, Stock, 2006
Lotte H. Eisner (1896-1983)
war eine deutsch-französische Filmhistorikerin und Filmkritikerin.
Leben
Die Tochter eines jüdischen Berliner Kaufmanns studierte
Kunstgeschichte, Alte Geschichte und Archäologie in Berlin und
München. Seit 1927 schrieb sie Kritiken und Reportagen für den
Filmkurier, die damals renommierteste deutsche Filmzeitschrift. Sie
war damit eine der ersten Filmkritikerinnen. 1933 emigrierte sie
nach Frankreich. Nachdem die deutschen Truppen im jahre 1940
Frankreich besetzt hatten, musste sie sich verstecken, sie wurde
aber aufgespürt und im Konzentrationslager Gurs in Südfrankreich
interniert. Von 1945 bis 1975 war sie Chefkonservatorin der
Cinémathèque Française. Hier machte sie sich besonders um den
Aufbau des Filmmuseums verdient, für das sie in der ganzen Welt
Kostüme, Fotos, Drehbücher Ausstattungsgegenstände, Kameras
und vieles mehr zusammentrug. Das Museum wurde im Juni 1972
im Palais de Chaillot in Paris eröffnet. Daneben schrieb sie
gelegentlich Artikel in Filmzeitschriften wie den Cahiers du cinéma
und La Revue du Cinéma.
Werke
Bekannt ist Eisner vor allem durch ihr berühmtes Buch „Die Dämonische
Leinwand“, über den expressionistischen deutschen Stummfilm. Das Buch
erschien 1952 - in einer verstümmelten Fassung - zuerst auf Französisch, 1955
dann auf Deutsch. Ihre 1964 auf Französisch veröffentlichte Monographie über
Friedrich Wilhelm Murnau brauchte immerhin 15 Jahre bis zu einer
vollständigen deutschen Ausgabe (die Ausgabe von 1967 im Velber Verlag ist
stark gekürzt).
Ihr profundes Buch über Fritz Lang erschien zuerst 1976 in einer dürftigen und
gekürzten englischen Übersetzung, 1984 in einer vorzüglichen französischen
Ausgabe und hat es bisher immer noch nicht zu einer deutschen Ausgabe
gebracht und das, obwohl es auf Deutsch geschrieben ist.
Postum erschien 1984 ihre mit Hilfe von Martje Grohmann geschriebene
Autobiographie unter dem von Heinrich Heine entlehnten Titel „Ich hatte einst
ein schönes Vaterland“.
Ab Herbst 2005 ist im belleville-Verlag, München, eine siebenbändige Ausgabe der
Schriften von Lotte H. Eisner geplant, die neben den vier oben erwähnten
Büchern auch noch drei Bände mit Filmkritiken und anderen Schriften umfassen
soll.
Lotte Eisner und die deutsche Filmkritik
Neben Siegfried Kracauers Werk wurden die
Schriften Lotte Eisners zu einem wichtigen
Anküpfungspunkt für einen Neubeginn
anspruchsvoller Filmkritik in den 50er Jahren, der
zur Gründung der Zeitschrift Filmkritik führte.
Eisner hielt auch persönlich Kontakt zu den
jüngeren Filmkritikern und reiste zu den
Filmclubtreffen in der französischen
Besatzungszone und nach Münster, wo es das
erste ständige Filmseminar an einer deutschen
Universität gab. Dabei brachte sie Filmkopien
mit.
Paul Felix Lazarsfeld (1901-1976)
• importance de ses travaux sur les effets des médias sur la société et
pour l'utilisation de techniques d'enquêtes pour la collecte
d'information.
• Lazarsfeld est né à Vienne, Austriche, le 13 février 1901. Il fit ses
études à l'université de Vienne où il reçu son Ph.D en
mathématiques appliquées en 1925. En 1929, Lazarsfeld créa un
institut de « psychologie sociale appliquée » à Vienne.
• membre de l’ École de Frankfort avec Max Horkheimer, Theodor
Adorno, Herbert Marcuse, Erik Fromm et Kurt Lewin.
Theodor Adorno
• Le cinéma en tant que
média de masse
• Le cinéma et la
critique des industries
culturelles
Cinéma et Histoire (FERRO Marc,
Paris, Folio Histoire, 1977 et 1993)
Biographie
Marc Ferro reconnaît le cinéma mais son cas est
particulier car il considère l'histoire des sociétés par
le cinéma (utilisé comme instrument de connaissance
sur les sociétés). Pour lui le cinéma représente, les
archives, le témoignage d'une société.
Co-directeur des Annales nommé par Fernand Braudel
en 1970. Ancien directeur de l'Institut du Monde
soviétique et de l'Europe centrale, il est Docteur
honoris causa de l'Université de Moscou depuis
1999.
Il a présenté à la télévision, d'abord sur la Sept, puis sur
Arte, une émission retraçant l'histoire de la Seconde
Guerre mondiale, à partir des actualités
cinématographiques des différents camps : Histoire
parallèle.
Ce que propose FERRO
• 1. Le film, une contre-analyse de la
société
L’image peut aussi être considérée comme
le reflet de la pensée de celui qui l’a
produite, ainsi les films de propagande
informent à posteriori et parfois à l’insu de
leur réalisateur, sur la nature du régime
qu’ils servent.
2. Le film, agent de l’Histoire
« Jouant ainsi un rôle actif en contrepoint de l’Histoire
officielle, le film devient un agent de l’Histoire, pour
autant qu’il contribue à une prise de conscience. »
Le cinéma est d’abord considéré comme un agent de
l’Histoire. Il fut d’abord un instrument du progrès
scientifique servant à la médecine, puis les pionniers de
la réalisation s‘en servirent comme moyen pour
l’endoctrinement et la glorification.
Pour Ferro, le film est un agent de l’histoire qui suscite
l’événement, c’est à dire qu’il peut bousculer les
consciences, pousser à la réflexion voire à l’action.
• Les dirigeants politiques soviétiques avaient très tôt
compris quel rôle pouvait jouer ce moyen d’information.
Lénine estimait en 1917 à propos du cinéma : « le jour
où il serait entre les mains des masses et des vrais
chantres d"une culture socialiste , il constituerait le plus
puissant instrument des Lumières. »
Mais cette relation entre les cinéastes d’avant-garde
russes et le pouvoir soviétique repose dès le départ sur un
malentendu, puisque le cinéma est considéré par
l’apparatchik comme en outil de propagande, le public le
considère comme une distraction et les cinéastes le
considèrent comme un Art = rapports déséquilibrés au
sein de la trinité public/cinéma/apparatchik
• Au théâtre Bolchoï de Moscou,
le 21 décembre 1925, était
projeté pour la première fois
« Le Cuirassé "Potemkine" »,
deuxième long-métrage de
Sergueï Mikhaïlovitch
Eisenstein, jeune cinéaste de 27
ans remarqué pour sa nouvelle
théorie du montage. C’était un
film de commande du Comité
pour la commémoration de la
révolution de 1905. Le Cuirassé
Potemkine reçoit un accueil
triomphal à travers toute l'Union
Soviétique.
La révolution de 1905
•
Il n'est pas possible d'évoquer la Révolution russe de 1905 sans faire
référence à une des scènes les plus célèbres du cinéma mondial : le
landau dans l'escalier lors de la fusillade dans Le Cuirassé Potemkine,
le film d'Eisenstein datant de 1925. Si la mutinerie à bord de ce navire
de guerre ne fut qu'un épiphénomène dans la Révolution de 1905, la
fusillade de l'Escalier Richelieu à Odessa eut beaucoup plus de
conséquences dans la radicalisation du mouvement et dans la victoire
des révolutionnaires.
•
Ces fusillades et cette Révolution de 1905 entraînèrent de grands
changements dans la Russie tsariste de Nicolas II. L'autocratie fut
tellement transformée qu'elle disparut presque.
• Les mécontents multipliaient les actions : attentats pour les SR, qui
réussirent à assassiner le ministre de l'Intérieur de Nicolas II ou
manifestations dans les rues de Saint-Pétersbourg après la fermeture des
universités. Ces manifestations quotidiennes étaient durement réprimées
par la police et les cosaques.
La crise économique avait durement frappé la population entre 1901 et
1903. Dans un contexte mondial de crise, les faillites industrielles
s'étaient faites de plus en plus nombreuses, tout comme les famines dans
les campagnes à cause des mauvaises récoltes. Entre 1900 et 1904, on
compta 670 révoltes paysannes. De plus, les ouvriers, au chômage en
ville, n'avaient même plus l'espoir de trouver refuge à la campagne,
frappée elle aussi par la crise.
La défaite dans la guerre face au Japon avait porté un coup au prestige du
gouvernement et du Tsar. Nicolas II avait espéré détourner l'attention de
l'opinion publique des problèmes intérieurs grâce à une guerre facile
contre ceux qu'il appelait « les macaques ». La population avait d'abord
était tout à fait indifférente à cette guerre lointaine, avant d'y être
complètement opposée quand les levées de troupes se firent de plus en
plus nombreuses, que les impôts pour financer le conflit augmentèrent et
que les nouvelles de défaites successives arrivèrent.
Le Cuirassé Potemkine, S.M. Eisenstein, 1925
Pourquoi ce film est-il un « agent de l’histoire » ?
1. Parque qu’il renseigne sur la façon dont la
société russe de 1925 voit la révolution de 1905
2. parce que agit sur les masses (la révolution
n’est connue que d’une minorité) en donnant
une image positive de l’événement = vertus
pédagogiques et modélisation de l’opinion
publique (propagande)
Raspoutine
Annie Goldmann
directrice de recherches au CNRS
Revue « sociologies et sociétés » 1976
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