
Etudes en économie islamique, Vol.4, No.1 
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Dans ce contexte de crise où la finance islamique suscite intérêt et convoitise, 
notamment en Europe, cette étude se propose d'explorer le lien entre économie et 
finance islamiques à travers le modèle principiel "ZR". 
 
II. POSITIONNEMENT EPISTEMOLOGIQUE 
Dans  la  littérature  consacrée  à la  finance  islamique, il  convient  de  distinguer 
trois postures possibles : l’intégration de la finance islamique à la finance globale, 
à la finance éthique ou au système économique islamique. 
II.1. L’intégration de la finance islamique à la finance globale   
Le système financier global s'est constitué,  à partir du début des années 1980, à 
la faveur de plusieurs facteurs qui se sont combinés : libéralisation des marchés, 
explosion des flux financiers, création de nouveaux instruments financiers (options, 
futures,  swaps,  etc.)  et  déconnexion  entre  le monde  de  la  finance  et  celui  de 
l’économie réelle à cause de la spéculation massive qui s’est développée à l’échelle 
mondiale  à  la  fois  sur  les  monnaies,  les  actions,  les  obligations  et  les  produits 
dérivés.  Or,  comment  la  finance  islamique  peut-elle  s'accommoder  avec  un  tel 
système qui n’est pas soutenable à long terme ? 
Dans cette posture, en accolant l'adjectif islamique au concept de finance, il est 
clair qu'il  ne s'agit  pas  vraiment  de proposer une  alternative crédible  au système 
financier global dominant. Tout au plus songe-t-on à lui adjoindre une composante 
auxiliaire  pour  donner  l'illusion  d'une  initiative  en  faveur  des  naufragés  de  la 
finance globale. 
II.2. L’intégration de la finance islamique à la finance éthique 
La notion  d’éthique  financière n’a  de sens  que dans  une société  où l’activité 
qualifiée de financière s’est suffisamment différenciée des autres aspects de la vie. 
Si  la  finance  islamique  est  étroitement  liée  à  la  vie  des  musulmans,  la  notion 
d’éthique ne serait d’aucune utilité. Elle se justifie, en revanche, dans une société 
où la finance islamique est minoritaire.  
Dans le monde des affaires et de la finance, le discours sur l'éthique se réfère 
non pas à un ensemble de principes moraux, mais à un savoir-faire. L'éthique est 
d'abord  un  acte,  une  manière  de  s'adapter  à  une  situation.  Il  s'agit  donc  d'une 
conception  de  l'éthique,  après  coup,  en  réponse  aux  contraintes  imposées  par 
l'éthos  du  système  dominant.  D’où  la  tendance  à  percevoir  les  principes  de  la 
Chari'a comme une contrainte. On évoque alors des principes négatifs de la finance 
islamique  dont  le  nombre  dépasse  celui  des  principes  positifs.  Or,  pour  que 
l'éthique de la finance islamique ait du sens, pour qu'elle ne se dissolve pas dans le 
système  dominant,  il  convient  de  lui  assurer  un  cadre  juridique  adéquat  et  des 
institutions  régulatrices  qui  veillent  à  ce  que  les  conditions  de  fonctionnement 
soient réunies et les obstacles enlevés.