• Quels sont les instruments financiers proposés?
L'un des principaux instruments est la «Mourabaha», une forme d'emprunt sans intérêt. Son
principe: lorsqu'un client veut acheter un bien, la banque en fait l'acquisition à sa place. Le
client lui rembourse ensuite en une ou plusieurs fois le montant du bien, majoré d'une
commission déterminée à l'avance et qui reste fixe. A l'échéance du contrat, la banque
transfère la propriété du bien à son client. Un des autres produits phare est l' «Ijara», une sorte
de crédit-bail: comme dans la Mourabaha, la banque acquiert le bien. Mais cette fois, elle ne
le revend pas au client. Elle le lui donne en location, avec possibilité de rachat au terme du
contrat. Autre produit phare: la «Moucharaka»: deux partenaires investissent ensemble dans
un projet. Les profits comme les pertes sont partagés en fonction du capital investi par
chacun. Reste enfin les «Sukuk», assez proches des obligations proposées par la finance
conventionnelle.
• La finance islamique est-elle réservée aux Musulmans?
Pas seulement, selon les experts. Cette finance se base sur des principes éthiques universels de
responsabilité et d'absence de spéculation, rappellent-ils. Toutefois, ce sont bien les 1,6
milliard de Musulmans à travers le monde qui sont prioritairement visés.
• Que représente la finance islamique à l'échelle mondiale?
Depuis sa création, la finance islamique a connu une croissance exceptionnelle. Le Fonds
monétaire international (FMI), la Banque mondiale et d'autres organismes financiers
internationaux estiment que les avoirs des banques islamiques ont été multipliés par neuf à
1800 milliards de dollars entre 2003 et 2013, soit une progression de 16% par an. Ils
dépasseraient actuellement les 2000 milliards. Plus de 40 millions de personnes dans le
monde sont actuellement clientes d'une banque islamique. Ce secteur va encore doubler de
volume à 4000 milliards de dollars en 2020, selon des experts.
• Où se situent ces avoirs?
L'Iran détient environ 40% des avoirs des banques islamiques, l'Arabie saoudite 12% et la
Malaisie 10%. Globalement, les banques islamiques sont situées à 60% dans le Golfe
persique, à 20% en Asie du Sud et à 20% dans le reste du monde.
• Pourquoi ce succès?
«En dépit du fait qu'elle soit régie par de stricts principes religieux, cette activité reste très
souple et moins risquée. C'est ce qui l'a aidée à se développer rapidement et à répondre à
différentes demandes», assure l'économiste koweïtien Hajjaj Bukhdur. En plus de la manne
financière qu'elle représente, la finance islamique jouit d'une forte crédibilité, renforcée
pendant la dernière crise économique à laquelle elle a mieux résisté que les banques
conventionnelles. «Les banques islamiques ont su éviter les pires conséquences de la crise
financière de 2008 parce qu'elles n'étaient pas exposées aux ‘subprimes' et aux créances
toxiques et qu'elles ont maintenu un lien fort avec l'économie réelle», affirmait Mahmoud
Mohieldin, directeur général de la Banque mondiale, dans une récente étude. La force de la
finance islamique provient du fait qu' «elle ne traite pas les produits dérivés et ne s'adonne pas
à la spéculation», ajoute l'économiste saoudien Abdulwahab Abu-Dahesh. «Avec de grandes
réserves de fonds propres et de liquidités, les banques islamiques sont mieux outillées pour
résister aux chocs du marché», estime de son côté le FMI.
Le secteur a toutefois lourdement souffert de l'effondrement de l'immobilier et d'autres
secteurs économiques dans le Golfe pendant la deuxième phase de la crise.