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Notenstein La Roche Repères, janvier 2017
Conjoncture 2017 : l’économie mondiale passe
la vitesse supérieure
Après une année 2016 qui s’est achevée sur des données
macroéconomiques et une dynamique (de croissance) en
grande partie positives, les signaux conjoncturels sont aussi
au vert en janvier. Ainsi, les indices des directeurs d’achat
des principales économies ont atteint ou frôlent les plus
hauts de ces derniers mois et laissent escompter une crois-
sance positive durant les deux à trois prochains trimestres au
moins. Globalement, le rythme d’expansion de l’économie
mondiale devrait un peu s’accélérer en 2017, mais d’impor-
tantes disparités demeurent au niveau régional.
En affichant une croissance supérieure à 2%, les Etats-
Unis devraient conserver leur rôle de locomotive écono-
mique parmi les pays industrialisés. Huit ans après la crise
financière, la reprise de la conjoncture se poursuit toujours
outre-Atlantique, ce qui se reflète aussi de plus en plus dans
les derniers chiffres disponibles. Avec un taux de chômage
de 4,6%, le marché du travail s’approche du plein emploi et
la pression sur les salaires se renforce progressivement. Le
nouveau président élu Donald Trump pourrait faire pencher
la balance en ce qui concerne l’évolution future de l’écono-
mie. Selon nous, il ne pourra mettre en œuvre qu’une partie
des engagements pris lors de sa campagne électorale; mais
d’un autre côté, son programme est susceptible de faire
chauffer lentement le moteur de l’économie US.
L’Europe est loin de présenter de telles perspectives. Les
taux de croissance devraient certes progresser légèrement
par rapport à l’année dernière, mais la reprise s’explique
moins par des fondamentaux solides que par des facteurs
exceptionnels, comme la faiblesse de l’euro, la politique
monétaire très expansionniste de la Banque centrale euro-
péenne (BCE) ou une politique budgétaire parfois moins
rigoureuse. Dans la zone euro, on constate toujours une
forte hétérogénéité entre les pays qui sont à la pointe des
réformes, tels que l’Allemagne et l’Espagne, et ceux à la
traîne, comme la France et l’Italie. Ce dernier pays reste la
principale source d’inquiétudes économiques (stagnation
et crise bancaire) et politiques (référendum populaire et
gouvernement de transition). Des élections anticipées
comme l’Italie en connaît depuis des décennies pourraient
donc être à l’ordre du jour en 2017. L’agenda politique déjà
surchargé – un changement de gouvernement interviendra
dans trois des cinq principaux pays de la zone euro – s’en
trouverait encore alourdi. La question de savoir si le popu-
lisme et l’opposition à la mondialisation gagneront aussi du
terrain dans les pays de l’Union monétaire sera détermi-
nante pour l’avenir de la zone euro, surtout après les sur-
prises politiques de 2016 (Brexit et victoire de Trump). Nous
sommes optimistes et pensons qu’il n’en ira pas ainsi. Le flot
continu de nouvelles politiques qui feront les gros titres
en 2017 va certes accroître par moments les volatilités, mais
nous ne prévoyons aucun impact négatif durable sur la
conjoncture ou les marchés des actions.
Dans ce contexte en pleine mutation, la Suisse se posi-
tionne de nouveau comme un havre de stabilité politique et
économique en 2017. Deux ans après la suppression du
cours plancher face à l’euro, le choc du franc a été plus ou
moins bien digéré selon les branches et les entreprises, si
bien que l’industrie d’exportation ne freine plus la conjonc-
ture. La normalisation attendue sur le marché immobilier
semble se concrétiser et la demande intérieure reste robuste.
La croissance de l’économie suisse devrait être légèrement
supérieure à 1,5% au cours des douze prochains mois.
En 2017, les pays émergents devraient présenter une
image macroéconomique en demi-teintes. D’un côté, leurs
perspectives de croissance se sont en grande partie amélio-
rées, sous l’effet notamment de la hausse des prix des ma-
tières premières, et les déséquilibres macroéconomiques, tels
que les déficits parfois très élevés des balances courantes, se
sont atténués. De l’autre, un nouveau défi s’annonce déjà
avec la prise de fonction du nouveau président américain: si
Donald Trump met en œuvre ses idées protectionnistes et
instaure des sanctions douanières à l’encontre du Mexique
et de la Chine, les retombées sur la croissance seront claire-
ment négatives. Même en l’absence de telles entraves au
commerce, les marchés émergents devront bientôt faire face
à des vents contraires: ces prochains mois, la Réserve fédé-
rale américaine (Fed) devrait durcir sa politique monétaire,
ce qui aura des conséquences sur les marchés des changes.
Le feu de signalisation conjoncturel est au vert (clair)
Les indices des directeurs d’achat offrent une image constructive à court terme
Carte thermique des indices des directeurs d’achat
Suisse
50,4 50,0 51,6 53,2 54,7 55,8 51,6 50,1 51,0 53,2 54,7 56,6 56,0
Etats-Unis
48,0 48,2 49,5 51,8 50,8 51,3 53,2 52,6 49,4 51,5 51,9 53,2 54,7
Zone euro
53,2 52,3 51,2 51,6 51,7 51,5 52,8 52,0 51,7 52,6 53,5 53,7 54,9
e
51,4 52,7 50,7 51,0 49,7 50,5 52,4 48,2 53,4 55,5 54,6 53,6 56,1
Japon
52,6 52,3 50,1 49,1 48,2 47,7 48,1 49,3 49,5 50,4 51,4 51,3 52,4
Chine
49,7 49,4 49,0 50,2 50,1 50,1 50,0 49,9 50,4 50,4 51,2 51,7 51,4
5
6
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Oct. 2016
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Source: Bloomberg