Les données de la Fig.3A ont été obtenues en éclairant la face supérieure (adaxiale) de la feuille, ce qui est une
situation naturelle. La Fig.3B montre que l’absorption de la lumière sur la même feuille est modifiée lorsque
c’est la surface inférieure (face abaxiale) qui est éclairée. Chez Haberlea, contrairement à la face supérieure qui
est glabre, la face inférieure est très pubescente (couverte de trichomes). La pubescence augmente la réflexion
dans le visible, qui atteint un maximum d’environ 24% dans le vert, et ce, sans affecter le % transmis. Cela a
pour conséquence de diminuer la quantité de lumière absorbée, qui dans ce cas est très légèrement supérieure à
80%.
La comparaison de ces deux Figs. montre l’intérêt de connaître la fraction de la lumière incidente qui
est réellement absorbée par les feuilles lorsqu’une connaissance précise de la réponse de la photosynthèse à la
lumière est requise. En effet les propriétés optiques des feuilles, peuvent dépendre de l’espèce considérée et des
conditions de cultures aussi. Seule la lumière absorbée peut être efficace pour la photosynthèse.
3-ΦmCO2 apparent et ΦmCO2 vrai. Intérêt écologique de la mesure de la réflexion. Comme on l’a vu dans la
section 1, on utilise couramment les valeurs du flux quantique incident pour établir la relation A/L et calculer
ΦmCO2 : on parle alors de ΦmCO2 apparent. Lorsque l'on utilise les valeurs du flux quantique absorbé par la feuille
pour faire ce calcul on parle de ΦmCO2 vrai.
Dans le cas de la feuille de Pois placée dans une atmosphère contenant 21% de O2 + 350 ppm de CO2
(Fig. Lu1), le ΦmCO2 vraie = 0,0612/0,85 = 0,072 molécules CO2 photon-1 si l’on considère que 85% de la
lumière à sa surface supérieure est absorbée. L’efficacité quantique de cette feuille dans de ces conditions est
donc 1/ΦmCO2 = 13 photons (molécule de CO2 )-1: il faut l’énergie de 13 photons dans le visible pour fixer une
molécule de CO2.
La différence entre ΦmCO2 vrai et ΦmCO2 apparent, et l'intérêt de considérer la valeur de la réflexion lorsque l’on
étudie l’effet de la lumière sur la photosynthèse foliaire, est illustrée par la comparaison de plantes dont la
pubescence des feuilles est différente (FigLu4). Comme on l’a vu Fig.3A et B, la pubescence augmente la
réflexion des feuilles et diminue la fraction de lumière qu'elles absorbent.
A, mesurée sur des feuilles d’Encelia farinosa, qui diffèrent par leur pubescence, et sur des feuilles
d’Encelia californica, qui ne sont pas pubescentes, n’est pas saturée pour des DFQP de 1500 µmol m-2 s
-1 (
Fig.Lu4A). De plus, elle est d’autant plus faible (et ce à tous les niveaux d’éclairement examinés) que la
pubescence est forte : ΦmCO2 apparent est donc le plus faible chez les feuilles d’E farinosa présentant la plus
grande pilosité.
Par contre, la variation de la photosynthèse brute (estimée ici comme : photosynthèse nette +
respiration) de ces feuilles en fonction de la lumière qu'elles absorbent s'alignent sur une seule relation
(Fig.Lu4B). Ces feuilles ont donc toutes le même rendement quantique maximum vrai. Les différences entre les
courbes de la Fig.Lu4A sont bien entièrement expliquées par les différences de réflexion dues à la pubescence
(Ehleringer et Mooney, 1978).
La pubescence, qui réduit la lumière disponible pour la photosynthèse, empêche aussi les augmentations trop
fortes de température et de transpiration des feuilles exposées à un plein éclairement. Elle est considérée comme
une adaptation des plantes aux conditions arides et chaudes. Elle fait aussi partie des moyens de protections
DFQP, (µmol m-2 s-1)
ABFigure LU4. Relation entre A et la DFQP mesurée sur des
feuilles de Encelia californica qui différent par leur
pubescence. Pourcentage de lumière incidente absorbée : 80%
(
|
), 65% (
), 54% (
Δ
) et 44% (
) : la diminution de
l’absorption de la lumière est corrélée à l’augmentation de la
pubescence. La même relation mesurée sur Encelia farinosa
est aussi indiquée (
Q
). Les feuilles d’E. californica ne sont pas
pubescentes et absorbent 88% de la lumière incidente. Durant
la mesure la température foliaire est de 30°C, la fraction
molaire ambiante de CO2 est de 330 ppm et le VPD de 1kPa
environ (d’après Ehleringer et Mooney, 1978).
-10
0
10
20
30
40
A, (μmoles CO2 m-2 s-1)
0 500 1000 1500 0 500 1000 1500
Gabriel Cornic, Mars 2007 5