3757W4_32 - Musée des Confluences

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Les cahiers du Musée des Confluences - Études scientifiques n°3, 2012 : 39-47
Les moulages d’éléments
du corps humain conservés
au musée des Confluences :
état des lieux et perspectives
Par Claire BRIZON1
Résumé : L’étude des moulages d’éléments du corps
humain, en particulier les moulages de tête et les moulages en pied, met en exergue les pratiques d’échanges
entre musées au dernier quart du XIXe siècle, en France et
plus largement en Europe. Le musée des Confluences en
possède vingt-cinq aujourd’hui. L'inventaire documenté de
cette typologie de collection permet, dans un premier
temps, une contextualisation historique. Dans un second
temps est abordée la question du regard qui peut être
porté aujourd’hui à cette typologie de collection.
Abstract: A study of the casts of parts of the human body,
in particular casts of heads and feet, reveals the practices of
exchanges between museums in the last quarter of the 19th
century, in France and more broadly in Europe. The musée
des Confluences now has twenty-five of them. The documented inventory of this collection typology allows, firstly,
their historic contextualisation. Then the issue of how this
collection typology should be regarded today is addressed.
Keywords: ethnographical casts, anthropology, Chantre,
Quatrefages, Cocchi, “Boni, the Australian”, ethnographic
troop, Fraser Island.
Mots-clés : Moulages ethnographiques, anthropologie,
Chantre, Quatrefages, Cocchi, « Boni, l'Australien », troupe
ethnographique, île Fraser.
Introduction
Le musée des Confluences possède une collection de moulages
ethnographiques constituée dans le dernier quart du XIXe siècle.
Ces collections sont le reflet d’une époque et d’un contexte
scientifique inscrit dans une démarche de compréhension de
l’Homme et de son environnement. Les collections de moulages
sont ainsi consécutives au développement d’une anthropologie
évolutionniste qui analysait, comparait les hommes, distinguait
des « races » au gré des grandes expéditions financées par l’État
et du développement colonial.
Cet article est l’occasion de faire un point sur la documentation
historique présente dans les archives du Muséum et plus largement lyonnaises, à partir de deux exemples : les moulages de
tête et le moulage dit de l’« Aborigène lançant le boomerang ».
1
Il donne aussi l’opportunité de se questionner sur la manière
dont ces moulages peuvent être perçus aujourd’hui.
1 - Description générale de la collection
de moulages
Les moulages ethnographiques du musée des Confluences sont
au nombre de vingt-cinq, la collection ayant probablement dû
être plus importante à la fin du XIXe siècle. En effet, le plâtre est
un matériau fragile qui se conserve difficilement dans des
conditions inadaptées. Il est entendu par moulages ethnographiques : les moulages en pied, moulages de tête, et d’autres
éléments du corps, de bras et de jambes, ainsi que les moulages
d’empreintes, de pieds et de mains.
Musée des Confluences, 28 boulevard des Belges, 69006 Lyon. [email protected].
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ÉTUDES SCIENTIFIQUES N°3
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Les zones géographiques couvertes sont la Tunisie, le Soudan,
l’Afrique du Sud, l’Amérique du Nord, le Vanuatu, la NouvelleCalédonie, l’Australie et la Tasmanie. Les empreintes ont été
prises sur les personnes vivantes ou parfois décédées. Les
tirages ont ensuite été réalisés en plâtre et, sur certains, une
patine a été appliquée.
2 - La collection de moulages de tête
L’inventaire en réserve permet de savoir combien de moulages
ont survécu au temps, soit 13 moulages de têtes. Deux types de
présentations ressortent : l’une avec un socle de forme ronde et
de petite taille, l’autre avec un socle de forme carrée et beaucoup plus massif. Tous n’ont pas reçu un travail de patine qui
rend compte de la pigmentation de la peau ou bien d’autres
aspects de celle-ci (pl. 1, fig. 1). Sur les socles ronds est presque
systématiquement conservé un ancien cartel sur lequel est inscrite l’origine géographique, par exemple « néo-hébridais »,
« arabe de Tunisie », suivi de « Exposant Dédoyart » (pl. 1, fig. 2).
De nombreuses recherches ont été réalisées sur ce nom aux
Archives municipales de Lyon et aux archives du musée de
l’Homme, pour savoir s’il s’agissait du nom du mouleur, de celui
de la personne ayant exposé les moulages à une des expositions
coloniales de la fin du XIXe ou du début du XXe siècle, ou d’autres personnes encore. A ce jour aucune réponse n’est apportée.
Les entrées au musée se sont principalement faites en 1876,
1879 et 1882. La première entrée datée du 23 février 1876 porte
la mention « don du muséum de Paris, deux moulages sur
nature », accompagnée des notes suivantes : « Say Tay Gon
(l’orage de grêle), chef de guerre des indiens Chippeways avec
ses peintures de guerre » et « Wa Tan Ye (celui qui est toujours
en avant), guerrier Ioway ». Le 17 mars de la même année, le
Muséum reçoit à nouveau un don du muséum d’histoire natu-
relle de Paris comprenant cinq moulages ethnographiques, ainsi
qu’un nombre indéterminé de moulages archéologiques. Trois
ans plus tard, le 11 janvier 1879, le muséum de Lyon échange
avec Jean Louis Armand de Quatrefages, occupant la chaire
d’anthropologie du muséum de Paris, une douzaine de moulages. Sept d’entre eux sont des moulages ethnographiques. Un
échange avec le muséum d’histoire naturelle de Florence, le
10 février 1879, est l’occasion pour le muséum de Lyon de véritablement compléter sa collection, avec une entrée de « vingtet-un moulages de crânes, cinq moulages de mains, un moulage
de jambe et un de buste nègre »2 (fig. 3). L’ultime entrée est un
échange en date du 12 novembre 1882 avec l’École d’anthropologie de Paris qui concerne quatre moulages ethnographiques.
Ainsi les deux modes d’acquisition sont les échanges et les
dons. Ceux-ci se sont effectués avec trois institutions que sont
le muséum d’histoire naturelle de Paris, l’École d’anthropologie
de Paris, le muséum de Florence. Quatrefages est l’interlocuteur
principal pour le muséum de Paris, Ignicio Cocchi pour celui de
Florence et Ernest Chantre pour celui de Lyon. Si tous les moulages de têtes n’ont pas encore fait l’objet de recherches documentaires approfondies, l’un d’entre eux a particulièrement
retenu notre attention (Fig. 4). En effet, le moulage dit « Papou
tasmanien » illustre tout à fait le mode de constitution et de diffusion des collections de moulages. Ce moulage sert d’illustration dans l’ouvrage de Quatrefages, « Hommes fossiles et
hommes sauvages » (QUATREFAGES, 1884). Il entre en collection au
muséum de Lyon suite à un échange avec le muséum de Paris, le
11 janvier 18793. Ce même moulage est inscrit à l’inventaire des
vitrines4 des salles d’exposition. Nous savons ainsi avec certitude qu’il était présenté au public dans les années 1930. Un
autre exemplaire de ce moulage est inscrit au registre des collections au musée de la Marine de la Rochelle. Il s’agit d’un don
fait par le musée de la Marine de Paris en 1840. En 1923, cet
exemplaire du musée de la Marine de la Rochelle est envoyé au
Fig. 3 – Extrait du journal d'entrée. Le 11 janvier 1879 : échange de Quatrefages avec le muséum de Florence.
2
3
4
Journal d’entrée, 1879.
« Échange le 11 janvier 1879, reçu de monsieur Quatrefages du Muséum de Paris, un moulage de face de melanarguerna, tasmanien de Oterbay, côte est ».
Inventaire réalisé dans les années 1930 par Jean Lavertu, alors préparateur au Muséum.
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3 - Moulages en pied
3.1 - Présentation générale de la collection
de moulages en pied
Fig. 4 – Gravure de « Papou tasmanien », Fig. 149 :
Ménalaguerna, de Formant, d'après le buste moulé par
Dumoutier, extraite de l’ouvrage de Quatrefages, Hommes
fossiles et hommes sauvages, 1884.
muséum d’histoire naturelle de la Rochelle5. Les informations
portées au livre d’entrée de la Rochelle précisent que ce moulage provient de la collection réalisée par Pierre Marie
Alexandre Dumoutier, sculpteur-mouleur de l’équipage scientifique des expéditions de Dumont d’Urville. De retour en France,
les moulages sont généralement dupliqués puis diffusés dans
les musées, par le biais d’envois ; certains font l’objet
d’échanges avec le muséum d’histoire naturelle de Paris comme
l’attestent les journaux d’entrée de plusieurs muséums.
Certaines pièces ont été exposées dans les anciennes salles
d’anthropologie et d’ethnologie au palais des Arts à Lyon
jusqu’en 1916, comme le montre la présence des socles et des
anciens cartels visibles sur les photographies des anciennes
salles d’expositions (pl. 2, fig. 6), puis au muséum d’histoire
naturelle de Lyon jusque dans les années 1930 (d’après l’inventaire des vitrines). Aucune archive à notre disposition n’atteste
d’une exposition ultérieure.
Les collections du musée des Confluences possèdent aussi des
exemples extrêmement rares de moulage en pied réalisés sur la
personne, de son vivant.
Plusieurs moulages ont été fabriqués en France et plus largement en Europe à l’occasion des présentations de troupes ethnographiques se déplaçant de ville en ville, par exemple à
Paris au Jardin d’acclimatation ou à Berlin au Panoptikum.
A Lyon, en 1884, a été réalisé le moulage d’un Aborigène australien, nommé Boni, l’un des trois moulages en pied présents
dans la collection. Outre les informations visibles sur le cartel
(date et lieu), une coupure de presse retrouvée dans les
archives du musée précise qu’une troupe, présentant un
« nègre austral » et une caravane de Samoyèdes, était en
représentation à partir du jeudi 23 août 18836, dans le quartier
de Perrache, cours du Midi. Le moulage a ainsi été réalisé sur
la personne vivante lors de sa venue à Lyon. Chantre, sousdirecteur du muséum de Lyon, a présenté des photographies
anthropologiques des Samoyèdes et de l’Australien (pl. 2,
fig. 5) lors de la séance du 8 novembre 1883 à la Société
d’Anthropologie de Lyon. Cette présentation a fait l’objet
d’une courte communication dans le bulletin de cette Société
(C HANT R E , 1884) (pl. 3, fig. 7). Les photographies font
aujourd’hui partie du fonds photographique ancien du musée
des Confluences.
Chantre est aussi à l’origine de l’envoi du moulage du buste
de Boni en 1884 au muséum d’histoire naturelle de Paris 7
(pl. 3, fig. 8). Un siècle plus tard, en 1980, est réalisé un autre
exemplaire de l’ « Aborigène, lançant le boomerang » pour
Jacques Thomas, collectionneur privé qui souhaitait ouvrir un
musée du Boomerang à Lure en Haute-Saône. Des photographies ainsi qu’une coupure du journal Le Pays datée des 21 et
22 juin 19928 attestent de la réalisation effective du surmoulage. Des notes manuscrites de Roland Mourer, ancien conservateur des collections du département des Sciences
humaines, datées du 31 janvier 1996, et prises à l’occasion
d’un entretien avec Jacques Thomas, ont été redécouvertes
dans les archives du musée. Celles-ci nous informent d’un projet de surmoulage de Boni pour l’envoyer sur l’île de Frazer à
l’occasion des Jeux olympiques de Sydney, probablement en
2000. Aucune archive ne relate l’aboutissement de ce projet.
Deux autres moulages en pied 9 ont été exposés dans les
anciennes salles et pour lesquelles les archives conservent
des photographies de leur présentation au palais Saint-Pierre
(pl. 2, fig. 6).
5
« 1923, série d’objets envoyés au dépôt par le musée naval de La Rochelle par M. le chanoine de Labonnefon. Environ 500 pièces (ethnographie, minéraux non sculptés et deux autres statuettes en plâtre peint du sculpteur Guillemin). Ces objets proviennent d’expédition en Océanie de Dumont d’Urville sur l’Astrolabe (1827-1829) et
la Zélée (1838-1840) » (Muséum registre d’entrée 1) / « Buste moulé par Dumoutier, de Ménalaguerna chef tasmanien. Dumont d’Urville voyage l’Astrolabe et Zélée,
1837. 1840, Don Musée de la Marine » (catalogue d’inventaire série H, ethnographie).
6
Selon une coupure de presse du Progrès du même jour.
7
"Don du Musée de Lyon" enregistré en 1884 sous le n° 9356. Une lettre de la Société d'anthropologie de Lyon, Secrétariat au Muséum des sciences naturelles, datée
du 8 mars 1884 et signée par Ernest Chantre, est associée à ce don. Informations fournies par Philippe Mennecier, chargé de gestion des collections d'anthropologie,
Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris.
8
Ces documents sont conservés aux archives du Musée.
9
Travaux de documentation de Thomas Leveugle, chercheur domaine Afrique.
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3.2 - Moulage du lanceur de boomerang
Description du moulage
Le moulage en pied a été réalisé debout, le bras droit levé,
tenant un boomerang dans la main. (pl. 4, fig. 9). Ce boomerang
en bois est caractéristique des boomerangs de l’île Fraser10. Le
reconditionnement du moulage en pied en réserve le rend plus
accessible et plus visible. Il retient alors notre attention. Il est
extrêmement bien conservé, à l’exception d’un éclat au niveau
de l’oreille gauche et de quelques éraflures dans le dos. Il
repose sur un socle et est accompagné d’une étiquette précisant
: « Australien lançant le boomerang, Queensland, moulé à Lyon
en 1884, au Muséum d’histoire naturelle ». Aucune photo du
moulage en salle d’exposition n’a été retrouvée à ce jour. Ainsi,
nous ne savons quelle était l’intention réelle de présentation :
en salle d’anatomie comparée ou bien en salle d’ethnographie
dans une vitrine, avec les objets australiens déjà entrés en collection à cette époque11. La représentation à l’échelle 1/1 et la
précision des détails rendus par la patine (pigmentation de la
peau, pilosité et scarifications), en font un moulage plus vrai que
nature (Pl. 4, Fig. 10). Les scarifications du torse, identifiées
comme typiques des scarifications de l’île Fraser12, pourraient
faire l’objet de recherches et de comparaisons permettant ainsi
d’identifier encore plus précisément l’origine et l’âge de ce
jeune homme.
Des moulages de la plante des pieds et de la paume des mains
ont été retrouvés en réserve ultérieurement, en 2009, lors d’un
réaménagement de réserve. Ces moulages comportent l’inscription : « empreinte de l’australien en pied » sur le verso. Au recto,
sur la tranche est inscrit « Boni, l’australien ».
La précision dans la représentation de la pigmentation de la
peau obtenue sur le moulage permettait sans doute d’appuyer
les nombreuses études anthropologiques de l’époque qui se
caractérisaient elles-mêmes par une grande précision dans la
description.
Études anthropologiques d’Aborigènes
Deux études sur des Aborigènes ont été menées entre 1883 et
1885.
La première a été réalisée par le professeur Virchow, titulaire
d’une chaire d’anatomie pathologique à l’Université de Berlin et
considéré comme un fondateur de cette discipline. Cette étude
publiée en 1883 dans une revue d’anthropologie allemande
(VIRCHOW, 1883), porte sur trois australiens surnommés Alfred,
Susanne et Bonny. C’est un certain Louis Müller qui les présente
à l’Institut de Pathologie de Berlin où travaille le professeur
Virchow. Le jeune Alfred se prénomme en réalité Jurano, il a
environ 22 ans, sa nièce Susanne aurait quant à elle 15 ans et
10
Bonny environ 18 ans. Des moulages des trois jeunes
Australiens ont été réalisés lors de leur passage en Allemagne.
Ces moulages se trouvent aujourd’hui dans des collections particulières (comm. pers. Roslyn Poignant).
Deux ans plus tard, en 1885, une seconde étude portant sur trois
Australiens est réalisée en France par Paul Topinard, professeur
au Laboratoire d’anthropologie de Paris. Les Australiens sont
deux hommes et une femme comme dans l’étude précédente,
mais se prénomment : Billy, Tobie et Jenny (TOPINARD, 1885), et
leurs âges ne correspondent pas. Les recherches de POIGNANT
(2004) ont montré qu’il s’agissait de deux groupes différents :
les trois Aborigènes étudiés par Topinard sont les rescapés d’un
groupe de neuf personnes originaires de Palm, une île située au
nord du Queensland. Après avoir traversé le Pacifique depuis
l‘Australie, ils ont été exhibés dans différentes villes
d’Amérique du nord-ouest avec le cirque Barnum, puis à travers
l’Europe avec l’entrepreneur de spectacles R A Cunningham.
Topinard a présenté ce groupe à la Société d’anthropologie de
Paris dans la séance du 19 novembre 1885 à partir d’une étude
réalisée une dizaine de jours auparavant (d’après l’introduction).
Avec ces informations, Roslyn Poignant fait remonter leur départ
à 1882. En revanche le groupe de Bonny étudié par Virchow est
originaire de Fraser, une île plus au sud. Toujours selon Poignant,
ce groupe aurait été conduit en Europe par deux Allemands,
entre 1882 et 1883, pour débuter une tournée en Allemagne,
puis à travers le reste de l’Europe.
Des recherches plus approfondies permettraient probablement
de savoir si le jeune Bonny étudié par Virchow et « Boni, l’australien », lanceur de boomerangs, sont une seule et même personne.
Une présentation13 du moulage du jeune Aborigène a eu lieu à
l’occasion de rencontres organisées par le musée des
Confluences en 2009, intitulées « Paroles d’autochtones ».
L’assemblée était constituée d’un public restreint de chercheurs,
boursiers de l’UNESCO. Très vite, un grand intérêt est porté à ce
moulage, considéré par certains Aborigènes comme un corps
humain en tant que tel, c’est-à-dire comme l’un de leur ancêtre.
A ce titre, deux Aborigènes 14 , Fiona Foley, célèbre artiste
contemporaine australienne, de langue batjala comme Boni, et
Daniel Browning, journaliste à ABC Radio National, approfondissent actuellement des recherches. L’intérêt de ces travaux
est de parvenir à redonner une identité à ce jeune homme moulé
et savoir si « Bonny » et « Boni » sont une seule et même personne. Daniel Browning a découvert que Boni a voyagé à travers
l’Allemagne, comme peuvent l’attester quatre articles de presse
de l’époque qui relatent l’évènement. Ces recherches ont fait
l’objet d’une émission de radio, « Cast among strangers.
Awaye! », diffusée le 5 novembre 2011 sur ABC415.
En 2007, Brook Andrew, artiste contemporain Aborigène, wiradjuri, inaugure un nouveau genre en proposant un travail artistique réalisé à partir de clichés photographiques du XIXe siècle
et de clichés de pièces aborigènes conservées dans les réserves
Information communiquée par Fiona Foley, artiste aborigène, elle même originaire de l’île Fraser.
Des boucliers et des boomerangs donnés au musée par Anthelme Thozet, un botaniste français qui étudia la flore australienne. Ce don est particulièrement intéressant car il constitue en 1874 une des premières entrées bien documentées pour la collection des Sciences humaines, notamment dans la description des bois utilisés et
des régions de collecte.
12
Information communiquée par Fiona Foley.
13
A l'initiative de Christine Athenor, responsable des collections Afrique-Océanie.
14
Fiona Foley et Daniel Browning se sont rendus dans les réserves du musée des Confluences en juin 2011 pour examiner le moulage et tenter d’identifier son modèle.
15
Ce documentaire a reçu la médaille de bronze à l'International Festival Radio Awards, 2012.
11
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de musées aujourd'hui. Certains clichés montrent d'ailleurs les
réserves du musée des Confluences16. Ce travail a été l’occasion
d’explorer le lien avec ses ancêtres. Une démarche similaire
pourrait être envisagée à partir des moulages de la collection du
musée. Fiona Foley, en tant que descendante de « Boni », pourrait, par exemple, proposer un projet en lien avec le moulage du
jeune Australien.
Conclusion
Cette collection de 25 moulages, restreinte à trois aires géographiques, l’Afrique du nord, l’Amérique du nord et l’Océanie, a
été constituée sur une courte période. Il serait intéressant d’établir des comparaisons avec les collections de moulages des
autres muséums pour connaître le mode de constitution de ce
type de collection. Ainsi le moulage, fort de la documentation
associée, peut permettre d’identifier et de faire sortir de l’ombre
ces personnes qui ont fait l’objet d’études anthropométriques,
de moulages ou qui ont traversé les océans et fait la réputation
des exhibitions humaines et autres représentations ethnographiques. La connaissance accumulée et la diffusion de celle-ci
ouvrent aussi la voie à des travaux contemporains de réappropriation culturelle par le biais de l’art ou du journalisme
BARTHES C., MARGERIE (de) M., PAPET E., VIGLI M., 2004 – Charles
Cordier : l’autre et l’ailleurs. Paris, La Martinière, 255 p.
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DIAS N., 1989 – Séries de crânes et armée de squelettes : les
collections anthropologiques en France dans la seconde moitié
du XIX e siècle. Bulletins et Mémoires de la Société
d’Anthropologie de Paris, Nouvelle Série, 1 (3-4) : 203-230.
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16
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Planche 1
Fig. 1 – « Wa Tan Ye (celui qui est toujours en avant), guerrier Ioway », moulage de tête avec patine, sur socle de type carré.
©Photo Yann-Son Nguyen, musée des Confluences.
Fig. 2 – « Néo-Hébridais de Mallicolo, exposant Dédoyart », moulage de tête en plâtre sans patine, sur socle de type rond.
Photo Yann-Son Nguyen, musée des Confluences.
©
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Planche 2
Fig. 5 – Extrait du journal Le Progrès du 23 août 1883 relatant la présentation de la troupe ethnographique dont un australien.
Fig. 6 – Photographie des anciennes salles d'exposition au palais Saint-Pierre où étaient présentés les deux moulages en pied
d'Africains.
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Planche 3
Fig. 7 – Photographie de Boni l’Australien présentée par Chantre lors de sa communication à la Société d’Anthropologie de
Lyon le 8 novembre 1883.
Fig. 8 – Buste de Boni envoyé au muséum d’histoire naturelle de Paris en 1884. ©Photo Daniel Ponsard, Musée de l’Homme
(MNHN-HA-9356).
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Planche 4
Fig. 9 – « Australien lançant le boomerang, Queensland », moulé à Lyon en 1884, au muséum d'histoire naturelle de Lyon.
© Photo Yann-Son Nguyen, musée des Confluences.
Fig. 10 – Détail des scarifications. ©Photo Yann-Son Nguyen, musée des Confluences.
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