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guerres entre chrétiens, des hostilités, des persécutions,
même en Italie ; malheureusement, pendant de très
nombreuses années, nous avons fait l’expérience de
persécutions, les pentecôtistes de façon particulière, dans
les années 1935 à 1955, la tristement célèbre Circulaire
Buffarini Guidi… Depuis, il y a eu le temps de la
réconciliation, le temps de l’éthique si vous voulez ; le
temps de l’amour, le temps de la responsabilité, qui doit
être rempli par des hommes et des femmes de
réconciliation. À travers votre visite ici, vous avez
démontré que vous prenez au sérieux la réconciliation,
que vous êtes un homme de réconciliation, je dirais un
prophète de réconciliation.
Dieu nous a réconciliés avec Lui – dit l’Apôtre Paul
(deuxième lettre aux Corinthiens) – au moyen du Christ
qui nous a confié le ministère de la réconciliation. Notre
famille spirituelle a choisi ce thème pour son existence :
Église de la réconciliation. Mais il a confié à tous les
chrétiens le ministère de la réconciliation, à partir de
l’expérience qu’ils ont faite dans ce ministère. Il a semé, il
a planté en nous – dit l’Apôtre Paul – la parole de la
réconciliation (2 Co 5,19). C’est à partir de cette parole
de la réconciliation, qui est Jésus lui-même, c’est Lui la
parole de la réconciliation en nous, qui nous nourrit de
Lui, de son esprit, de sa sensibilité, de sa mort, de lui-
même, que nous pouvons être habilités à être des
hommes et des femmes de réconciliation. Ce qui signifie,
parfois, faire le chemin du Calvaire : cela signifie, parfois,
passer à travers la Croix ; cela signifie le malentendu, la
méprise, cela signifie l’incompréhension parce qu’il y a
tant de chrétiens qui sont tellement identitaires qu’ils ne
réussissent pas à laisser une place à l’amour, ils ne
réussissent pas à vivre l’amour. Et nous, nous voulons
sortir de cette prison, nous voulons être des hommes et
des femmes de réconciliation.
Je voudrais conclure ces réflexions par une pensée de
François d’Assise, et je suis certain que vous l’aimez
beaucoup, de toute évidence, étant donné que vous avez
choisi le nom de François. Mais je veux vous dire que les
évangélistes aussi aiment beaucoup François, notamment
du point de vue historique. Si je pense aux vaudois, par
exemple, qui ont une sensibilité profondément – dirais-je
– franciscaine, ils avaient le même type d’idéal, de
sensibilité, de spiritualité et nous sommes liés à cette
histoire-là, nous sommes liés à cette sensibilité…
Certaines formes modernes de sensibilité ne nous
plaisent pas dans le vécu du chrétien. François dit :
« Commencez à faire le nécessaire, puis faites ce qui est
possible et tout à coup, vous vous surprendrez à faire
l’impossible ». Cela semblait une chose impossible ! Que
Dieu vous bénisse !
À présent, nous laissons la parole au Pape François,
qui voudra partager avec nous certaines pensées, ce qu’il
a dans le cœur… Il n’y a rien d’organisé. C’est une
rencontre « pentecôtiste », nous faisons donc appel à
l’Esprit Saint, afin qu’il guide le Pape François. Je vous
laisse la parole.
ORF, 7-14 août 2014
DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS
Bonjour, frères et sœurs.
Mon frère le pasteur Giovanni a commencé en par-
lant du centre de notre vie : être en présence de Jésus.
Et ensuite, il a dit « marcher » en présence de Jésus. Et
cela a été le premier commandement que Dieu a donné
à son peuple, à notre père Abraham : « Va, marche en
ma présence et sois irréprochable ». Et ensuite, le
peuple s’est mis en marche : quelquefois en présence
du Seigneur, de nombreuses fois sans la présence du
Seigneur. Il a choisi les idoles, les dieux... Mais le
Seigneur a de la patience. Il a de la patience avec le
peuple qui marche. Moi, je ne comprends pas un chré-
tien immobile ! Un chrétien qui ne marche pas, je ne le
comprends pas ! Le chrétien doit marcher ! Il y a des
chrétiens qui marchent, mais pas en présence de Jésus :
il faut prier pour ces frères. Pour nous aussi, quand à
certains moments, nous ne marchons pas en présence
de Jésus, car nous aussi nous sommes tous pécheurs,
tous ! Si quelqu’un n’est pas un pécheur, qu’il lève la
main... Marcher en présence de Jésus.
Des chrétiens immobiles : cela fait mal, parce que ce
qui est immobile, ce qui n’avance pas, se corrompt.
Comme l’eau stagnante, qui est la première eau à être
corrompue, l’eau qui ne coule pas... Il y a des chrétiens
qui confondent marcher avec « tourner ». Ce ne sont
pas des « marcheurs », ce sont des errants et ils courent
par ici et par là dans la vie. Ils sont dans le labyrinthe, et
ils errent, ils errent... Il leur manque la parrhesia, l’audace
pour aller de l’avant ; il leur manque l’espérance. Les
chrétiens sans espérance tournent dans la vie ; ils ne
sont pas capables d’aller de l’avant. Nous ne sommes
sûrs que quand nous marchons en présence du
Seigneur Jésus. Il nous éclaire, Il nous donne son Esprit
pour bien marcher.
Je pense au petit-fils d’Abraham, Jacob. Il était tran-
quille, là, avec ses fils ; mais à un certain moment, la
famine est venue et il a dit à ses fils, à ses onze fils,
dont dix étaient coupables de trahison d’avoir vendu
leur frère : « Allez en Égypte, marchez jusque là-bas
pour acheter de la nourriture, parce que nous avons de
l’argent, mais nous n’avons pas de nourriture. Prenez
l’argent et achetez-en là-bas, où on dit qu’il y en a ». Et
ces derniers se sont mis en route : et au lieu de trouver
de la nourriture, ils ont trouvé un frère ! Et ceci est très
beau !
Quand on marche en présence de Dieu, on arrive à
cette fraternité. Mais quand nous nous arrêtons, que
nous nous regardons trop l’un l’autre, on trouve un
autre chemin... mauvais, mauvais ! C’est le chemin du
commérage. Et on commence : « Mais toi, tu ne sais
pas ? ». « Non, non, tu ne me l’as pas dit. Je le sais d’un
tel, d’un autre... » ; « Je suis à Paul... » ; « Moi
d’Apollo » ; « Moi de Pierre »... Et ainsi, ils commen-
cent, c’est ainsi que dès le premier moment a com-
mencé la division dans l’Église. Et ce n’est pas l’Esprit
Saint qui fait la division ! Il fait une chose qui lui res-
semble assez, mais pas la division. Ce n’est pas le