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N. 144 (2014/II)
TABLE DES MATIÈRES
LE PAPE FRANÇOIS ET LŒCUMÉNISME (juillet-décembre 2014)
Visite à Caserte (Italie, 28 juillet 2014) ............................................................................................................................... 3
Voyage apostolique en Turquie (28-30 novembre 2014) ................................................................................................ 7
Audiences à des délégations œcuméniques ...................................................................................................................... 15
Délégation de la Conférence internationale des évêques vieux-catholiques de l’Union d’Utrecht
(30 octobre 2014) ....................................................................................................................................................... 15
Délégation de l’Armée du Salut (12 décembre 2014) ................................................................................................ 17
Délégation de l’Église évangélique luthérienne d’Allemagne (18 décembre 2014)
Autres déclarations du Pape François ................................................................................................................................ 21
NOUVELLES ŒCUMÉNIQUES
Commission mixte internationale de dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe
dans son ensemble (Amman, Jordanie - 15-23 septembre 2014) ............................................................................ 28
Commission mixte de dialogue entre l’Alliance méthodiste mondiale et l’Église catholique
(Assise, Italie - 10-17 octobre 2014) ............................................................................................................................. 30
DOCUMENTATION SUPPLÉMENTAIRE
« Rencontrer le Christ, notre Sauveur : Église et sacrements » - Neuvième rapport du dialogue international
entre le Conseil méthodiste mondial et l’Église catholique (Durban, 2011) .......................................................... 32
Commentaire du Rapport dans une perspective catholique par le P. Robert Christian, O.P. .................................. 70
« Du conflit à la communion » - Commémoration luthéro-catholique commune de la Réforme en 2017
Rapport de la Commission luthéro-catholique romaine sur l’unité ........................................................................ 79
Présentation du document à l’assemblée de la FLM à Genève (17 juin 2013)
« Du conflit à la communion » : Principes et possibilités pour la poursuite du processus œcuménique
Discours du Cardinal Kurt Koch ...................................................................................................................... 113
« Du conflit à la communion » : Renforcer notre témoignage commun aux niveaux global et local
Discours de l’Évêque Munib A. Younan ......................................................................................................... 118
Conseil Pontifical
pour la promotion de l’unité des chrétiens
chrétiens
BUREAUX: Via della Conciliazione 5 00193 Rome (Italie)
Tel: +39.06.698.83 568 (Rédaction)
Fax: +39.06.698.85.365 Email: infoservice@christianunity.va
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RÉDACTEUR EN CHEF
Fr. Hyacinthe Destivelle, OP
ADRESSE POSTALE
Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens
VA 00120 Cité du Vatican
1 numéro du Service d’informationparu : US $ 9 - € 7
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LE PAPE FRANÇOIS ET L’ŒCUMÉNISME
VISITE DU PAPE FRANÇOIS À CASERTE (ITALIE)
28 juillet 2014
Le 28 juillet 2014 à Caserte (Italie), le Pape François a effectué une visite privée pour rencontrer le Pasteur pentecôtiste Giovanni
Traettino e la communauté de l’Église pentecôtiste de la Réconciliation. Nous publions ci-dessous la traduction des discours du pasteur
Traettino et la réponse du Saint-Père.
DISCOURS ADRESSÉ AU PAPE
PAR LE PASTEUR GIOVANNI TRAETTINO
Il est beau d’être devant le Seigneur, n’est-ce pas ?
(tous répondent : oui !). Il n’y a pas de plus beau lieu au
monde que d’être en présence de Dieu. Il y a un lieu
encore plus beau, c’est vivre en présence de Dieu ! C’est
que nous faisons l’expérience des joies les plus
profondes, des joies les plus vraies ; c’est là que notre vie
est transformée et que nous devenons toujours plus
semblables à Lui.
Je voudrais partager certaines considérations et, en
particulier, très cher Pape François, mon frère bien-aimé,
notre joie est grande pour votre visite, ma joie,
personnelle bien sûr, celle de ma famille, celle de notre
communauté tout entière et de notre famille spirituelle,
de nos hôtes et de nos amis. Un don grand et inattendu,
impensable il y a peu de temps encore. Vous pourrez le
lire dans les yeux des enfants et des personnes âgées, des
jeunes et des familles. Nous vous aimons ! Il y a une
chose que vous devez savoir : il y a beaucoup d’affection
à l’égard de votre personne, même parmi nous, les
évangélistes, et un grand nombre d’entre nous prient
pour vous, même chaque jour. D’ailleurs, il est si facile
de vous aimer. Beaucoup d’entre nous croient même que
votre élection en tant qu’Évêque de Rome a été l’œuvre
de l’Esprit Saint. Une bénédiction surtout à l’égard du
monde pour tout le christianisme : c’est ce que je pense
personnellement. À travers votre geste, par ailleurs
inattendu et surprenant, qui a conféré un caractère
visible et concret à ce qui apparaît toujours plus comme
le fil conducteur de votre existence et donc de votre
ministère, parce que la vie précède toujours le ministère.
En surmontant d’un seul coup les complications
protocolaires, vous savez aller directement au cœur de la
vie et des relations humaines et en particulier du rapport
avec ceux que vous reconnaissez comme frères :
rencontrer le frère, le rencontrer il est, le rencontrer
Liste des abréviations utilisées : ORF = L’Osservatore Romano,
édition hebdomadaire en langue française ; ORE =
L’Osservatore Romano, édition hebdomadaire en langue
anglaise ; OR = L’Osservatore Romano, édition quotidienne en
langue italienne. Les autres sources des textes publiés seront
citées si nécessaire. Lorsque les traductions sont réalisées par
le Service d’information, cela est indiqué.
tel qu’il est. De plus, dans notre cas, pour nous rendre
visite, vous vous êtes même infli deux jours de
fatigue : nous vous en sommes particulièrement
reconnaissants ! Il ne vous a pas suffi de confier votre
ur à un document ou à un message De toute
évidence, vous avez beaucoup fléchi sur l’Incarnation
de Jésus Christ : vous avez voulu nous toucher, vous
avez voulu venir en personne, nous embrasser en
personne. Vous faites preuve d’un grand courage.
Liberté et courage ! Et vous vous êtes confié vous-
même, avec simplicité et faiblesse, à notre diversité, mais
aussi à notre baiser fraternel. Cher Pape François, avec
des hommes comme vous, il y a de l’espoir pour nous
chrétiens. Tous ! Avec un seul geste, vous avez ouvert la
porte, vous avez hâ la réalisation du rêve de Dieu.
Vous êtes devenu une partie de la ponse à la prière de
Jésus : « Afin que tous soient un ». Et vous l’avez fait
avec la gloire sans laquelle il n’est pas possible de cons-
truire l’unité. Je parle de la gloire de l’humilité. Comme
l’a dit quelqu’un, l’humilité est au cœur de la gloire. Et il
ajoute : un peu de pouvoir suffit pour s’exhiber ; il en
faut beaucoup pour se retirer. Dieu a la puissance illimité
de se retirer, de se cacher. C’est également à cela, peut-
être même surtout à cela, que l’on reconnaît les disciples
du Christ.
« La vérité est une rencontre » : tel est le titre d’un des
derniers recueils de vos précieuses méditations du matin
à Sainte-Marthe. La vérité est une rencontre mais c’est
également une vérité centrale pour tout chrétien, pour
quiconque s’est converti au Christ et a fait une rencontre
personnelle avec Lui. Combien de fois dans vos
enseignements revient l’invitation à la conversion et à la
rencontre personnelle avec le Christ ? Il est évident que
cette vérité est au centre de votre vie, matière vivante de
votre expérience spirituelle, le motif qui inspire votre
existence. Pour moi qui vous observe, il ne pourrait en
être autrement. Cela me remplit de joie, parce que le
Christ est également la perle précieuse, pardon, il est la
pierre précieuse de tous les chrétiens, également la nôtre,
évangélistes. J’ai vu que vous en avez paravant-hier à
Caserte. Il est le centre et le ur de notre vie, la raison
même de notre existence. Sans sus, nous serions
perdus ! Notre unique raison de vivre et d’exister est
Jésus ! Du reste, c’est précisément la passion que nous
avons pour le caractère central du Christ qui fait de nous
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des évanlistes, avec une conviction sereine et solide.
C’est pourquoi nous vivons également et faisons
l’expérience d’une façon nouvelle d’être évangélistes, qui
ne se nourrit plus d’anticatholicisme comme cela a été
le cas à un moment don mais qui, reconnaissant ses
propres origines et racines dans l’arbre historique du
christianisme, catholicisme et réforme compris, a appris
à se mettre en relation de façon constructive et
rédemptrice avec ceux qu’il reconnaît comme ses pères
et ses frères et à puiser de son trésor comme le scribe de
l’Évangile des choses nouvelles et des choses
anciennes. Il a appris nous apprenons toujours plus
qu’il doit acheter tout le champ, comme le dit également
Jésus ailleurs dans l’Évangile, pour entrer en possession
de tout le trésor. Il faut avoir tout le champ pour
découvrir le trésor. Sans renoncer au travail de
discernement accompli à travers la Parole de Dieu, mais
en examinant chaque chose et en retenant le bien. De
cette façon, nous sommes moins expos au risque de
mépriser la contribution des frères, d’éteindre l’Esprit ou
même d’attribuer à d’autres sources ce qui appartient en
revanche au Seigneur. Comme nous exhorte Paul, dans
la Lettre aux Thessaloniciens : « N’éteignez pas lEsprit,
ne dépréciez pas les dons de prophétie ; mais vérifiez
tout : ce qui est bon, retenez-le ; gardez-vous de toute
espèce de mal ».
La vérité est donc une rencontre et la rencontre avec
le Christ est la rencontre de la vie : c’est ce qui confère la
vérité et le fondement de toute autre rencontre. Telle est
mon expérience. Mes rencontres et mes relations avec
mon prochain sont profondément marquées par ma
rencontre avec Jésus. Tel est le message central, le noyau,
l’ADN de lÉvangile ; cela est le ur de la prédication
évangélique ; cela est le terrain sur lequel construire tout
dialogue possible entre nous et un chemin d’unité entre
les Églises. Comme il est écrit : « De fondement, en
effet, nul n’en peut poser d’autre que celui qui s’y trouve,
c’est-à-dire Jésus Christ ». Et encore : « Que chacun
prenne garde à la manière dont il y bâtit ».
Il y a quelque temps, en parlant des évangélistes, le
Père Raniero Cantalamessa les avait définis des « chré-
tiens avec le charisme de l’essentialité ». Cette finition
me plaît beaucoup. Je la partage. Il y a quelques années,
le Cardinal Piovanelli, de Florence, préconisait à qui lui
demandait une prévision pour le troisième millénaire :
« Ce sera une époque l’on reviendra aux principes
fondamentaux du christianisme ». Je le pense moi aussi.
Il est nécessaire, il est indispensable que nous retour-
nions aux principes fondamentaux. Le Cardinal Kasper,
en revanche, dont je sais qu’il est votre ami, a parlé d’un
« œcuménisme fondamental et d’un œcuménisme
spirituel » : ici aussi, nous sommes en accord. Il dit :
« Les chrétiens ne sont pas unis entre eux, mais ils sont
avant tout un avec le Christ. Et seule cette union en
communion avec le Christ permet la véritable commu-
nion entre les hommes en Lui. Le centre de l’uni est le
Seigneur. Et la force qui opère et ordonne cette unité est
lEsprit Saint ». Sans doute est-ce véritablement à partir
de cette compréhension que le chrétien doit repartir. Tel
est le périmètre fondamental de notre communion et
c’est que je crois pouvoir dire que réside la plus grande
contribution notamment historique et théologique
de la prophétie de la Réforme d’abord et du monde
évangélique ensuite. Je crois qu’il s’agit de la prophétie
fondamentale au bénéfice de tout le Corps du Christ et
de l’Église. Si l’histoire du christianisme a un sens…
L’apôtre Paul dit : « De fondement, en effet, nul n’en
peut poser d’autre que celui qui s’y trouve, c’est-à-dire
Jésus Christ ». Le Christ donc ; placer le Christ comme
fondement ; édifier sur le Christ ; se rassembler autour
du Christ ; croître orientés vers le Christ. C’est Lui le
fondement de la vie du croyant. La conversion au
Christ ; la relation personnelle avec le Christ ; l’imitation
du Christ qui n’est pas possible sans la psence de la vie
du Christ. De la vie du Christ, nous recevons la force
pour imiter le Christ, pour devenir saints. La formation
du Christ est rendue possible par la vie du christ en
nous. Il est le fondement sur lequel nous grandissons ;
nous naissons à nouveau, mais après, nous grandissons.
Et cela est le fondement sur lequel il faut construire
l’existence de l’Église, encore le Christ ; lincarnation du
Christ, comme méthode propre, comme style de vie ;
l’identification avec le pauvre, avec la personne dans le
besoin, avec celui qui est en difficulté ; la vie du Christ, le
style avec lequel il a vécu. Et si souvent, le christianisme
de notre temps a besoin de repentir, de vision de vie
car on propose des modèles qui sont très éloignés de
l’Évangile. La vie du Christ, la mort du Christ ; nous
aussi, pour pouvoir vivre du Christ, nous devons mourir
à nous-mêmes, afin que la vie de l’Esprit puisse exister
en nous et donc la surrection, l’ascension avec le
couronnement de la descente de l’Esprit Saint qui nous
est indispensable pour pouvoir vivre la vie chrétienne.
Je crois que dans le veloppement des espaces de
communion entre les diverses communautés également,
nous parlons à nouveau du Christ, du retour à l’essentiel
de l’Évangile, et nous découvrons que cet espace est
encore le Christ, l’annonce du Christ le « kérygme »,
l’enseignement du Christ la « didaké » - la formation du
Christ en nous. Comme vous, je cite une ts belle et
ancienne prière que, j’imagine, vous récitez chaque jour :
« Par lui, avec lui, et en lui, à toi Dieu le Père Tout-
Puissant, dans l’uni du Saint-Esprit, tout honneur et
toute gloire, pour les siècles des siècles ». Je pense que
cela est une bonne synthèse de la pensée que je voudrais
souligner.
Un dernier mot. Nous sommes, nous vivons entre le
« déjà » et le « pas encore » comme l’a dit quelqu’un
et notre expérience est une expérience de souffrance, de
douleur, de fatigue pour avancer dans le dialogue entre
chrétiens, dans l’expérience de la communion. Il y a le
plan de la foi : « Il y a un seul corps », dont a parlé hier le
cher Jorge Himitian ; « afin que tous soient un », nous
sommes sur le plan de la foi ; « le Tabernacle de Dieu
entre les hommes », dont parle lApocalypse 21. Cela est
le plan de la foi, mais il y a également le plan de l’histoire.
Le plan de l’histoire est celui de notre exrience, où
nous faisons l’expérience de la honte de la division, des
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guerres entre chrétiens, des hostilités, des percutions,
même en Italie ; malheureusement, pendant de très
nombreuses années, nous avons fait l’expérience de
persécutions, les pentecôtistes de façon particulière, dans
les années 1935 à 1955, la tristement lèbre Circulaire
Buffarini Guidi… Depuis, il y a eu le temps de la
réconciliation, le temps de l’éthique si vous voulez ; le
temps de l’amour, le temps de la responsabilité, qui doit
être rempli par des hommes et des femmes de
réconciliation. À travers votre visite ici, vous avez
démontré que vous prenez au sérieux la réconciliation,
que vous êtes un homme de réconciliation, je dirais un
prophète de réconciliation.
Dieu nous a réconcils avec Lui dit l’Apôtre Paul
(deuxième lettre aux Corinthiens) au moyen du Christ
qui nous a confié le ministère de la réconciliation. Notre
famille spirituelle a choisi ce thème pour son existence :
Église de la réconciliation. Mais il a confié à tous les
chrétiens le ministère de la conciliation, à partir de
l’expérience quils ont faite dans ce ministère. Il a semé, il
a planté en nous dit l’Apôtre Paul la parole de la
réconciliation (2 Co 5,19). C’est à partir de cette parole
de la réconciliation, qui est Jésus lui-même, c’est Lui la
parole de la réconciliation en nous, qui nous nourrit de
Lui, de son esprit, de sa sensibilité, de sa mort, de lui-
même, que nous pouvons être habilités à être des
hommes et des femmes de réconciliation. Ce qui signifie,
parfois, faire le chemin du Calvaire : cela signifie, parfois,
passer à travers la Croix ; cela signifie le malentendu, la
méprise, cela signifie lincompréhension parce qu’il y a
tant de chrétiens qui sont tellement identitaires qu’ils ne
réussissent pas à laisser une place à l’amour, ils ne
réussissent pas à vivre l’amour. Et nous, nous voulons
sortir de cette prison, nous voulons être des hommes et
des femmes de réconciliation.
Je voudrais conclure ces réflexions par une pensée de
François d’Assise, et je suis certain que vous l’aimez
beaucoup, de toute évidence, étant donné que vous avez
choisi le nom de François. Mais je veux vous dire que les
évangélistes aussi aiment beaucoup François, notamment
du point de vue historique. Si je pense aux vaudois, par
exemple, qui ont une sensibilité profondément dirais-je
franciscaine, ils avaient le même type d’ial, de
sensibilité, de spiritualité et nous sommes liés à cette
histoire-là, nous sommes liés à cette sensibilité
Certaines formes modernes de sensibilité ne nous
plaisent pas dans le vécu du chrétien. François dit :
« Commencez à faire le cessaire, puis faites ce qui est
possible et tout à coup, vous vous surprendrez à faire
l’impossible ». Cela semblait une chose impossible ! Que
Dieu vous bénisse !
À présent, nous laissons la parole au Pape François,
qui voudra partager avec nous certaines pensées, ce qu’il
a dans le cœur… Il n’y a rien d’organisé. Cest une
rencontre « pentecôtiste », nous faisons donc appel à
l’Esprit Saint, afin qu’il guide le Pape François. Je vous
laisse la parole.
ORF, 7-14 août 2014
DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS
Bonjour, frères et sœurs.
Mon frère le pasteur Giovanni a commenen par-
lant du centre de notre vie : être en présence de Jésus.
Et ensuite, il a dit « marcher » en présence de Jésus. Et
cela a été le premier commandement que Dieu a donné
à son peuple, à notre père Abraham : « Va, marche en
ma présence et sois irréprochable ». Et ensuite, le
peuple s’est mis en marche : quelquefois en présence
du Seigneur, de nombreuses fois sans la présence du
Seigneur. Il a choisi les idoles, les dieux... Mais le
Seigneur a de la patience. Il a de la patience avec le
peuple qui marche. Moi, je ne comprends pas un chré-
tien immobile ! Un chrétien qui ne marche pas, je ne le
comprends pas ! Le chrétien doit marcher ! Il y a des
chrétiens qui marchent, mais pas en présence de Jésus :
il faut prier pour ces frères. Pour nous aussi, quand à
certains moments, nous ne marchons pas en présence
de Jésus, car nous aussi nous sommes tous pécheurs,
tous ! Si quelqu’un n’est pas un pécheur, qu’il lève la
main... Marcher en présence de Jésus.
Des chrétiens immobiles : cela fait mal, parce que ce
qui est immobile, ce qui n’avance pas, se corrompt.
Comme l’eau stagnante, qui est la première eau à être
corrompue, l’eau qui ne coule pas... Il y a des chrétiens
qui confondent marcher avec « tourner ». Ce ne sont
pas des « marcheurs », ce sont des errants et ils courent
par ici et pardans la vie. Ils sont dans le labyrinthe, et
ils errent, ils errent... Il leur manque la parrhesia, l’audace
pour aller de l’avant ; il leur manque l’espérance. Les
chrétiens sans espérance tournent dans la vie ; ils ne
sont pas capables d’aller de l’avant. Nous ne sommes
sûrs que quand nous marchons en présence du
Seigneur Jésus. Il nous éclaire, Il nous donne son Esprit
pour bien marcher.
Je pense au petit-fils d’Abraham, Jacob. Il était tran-
quille, là, avec ses fils ; mais à un certain moment, la
famine est venue et il a dit à ses fils, à ses onze fils,
dont dix étaient coupables de trahison d’avoir vendu
leur frère : « Allez en Égypte, marchez jusque là-bas
pour acheter de la nourriture, parce que nous avons de
l’argent, mais nous n’avons pas de nourriture. Prenez
l’argent et achetez-en là-bas, on dit qu’il y en a ». Et
ces derniers se sont mis en route : et au lieu de trouver
de la nourriture, ils ont trouvé un frère ! Et ceci est très
beau !
Quand on marche en présence de Dieu, on arrive à
cette fraternité. Mais quand nous nous arrêtons, que
nous nous regardons trop l’un l’autre, on trouve un
autre chemin... mauvais, mauvais ! C’est le chemin du
commérage. Et on commence : « Mais toi, tu ne sais
pas ? ». « Non, non, tu ne me l’as pas dit. Je le sais d’un
tel, d’un autre... » ; « Je suis à Paul... » ; « Moi
d’Apollo » ; « Moi de Pierre »... Et ainsi, ils commen-
cent, c’est ainsi que dès le premier moment a com-
menla division dans l’Église. Et ce n’est pas l’Esprit
Saint qui fait la division ! Il fait une chose qui lui res-
semble assez, mais pas la division. Ce n’est pas le
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