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fluctuant entre –3,5% et 7,8% sur toute la période 1960-93, l’épargne domestique,
publique et privée, est nettement en deçà des besoins d’investissement que requiert une
croissance forte et durable. A un bas niveau de productivité s’est ainsi combiné un faible
taux d’accumulation du capital. Après avoir augmenté de 7,1% dans les années 1960 à
14,6% dans les années 1970, le taux d’investissement stagna autour de 12% jusqu’au
milieu des années 1990. Dans la période 1997-2000 où l’épargne a le moins fluctué et
atteint son niveau record, son taux (13,6% du PIB) est inférieur de presque 6 points au
taux d’investissement (19,4%).
L’écart entre le taux d’investissement et le taux d’épargne, ainsi que les fortes
fluctuations de ce dernier, met en évidence l’indépendance entre l’une et l’autre variables.
Il explique également le recours constant aux ressources extérieures pour financer
l’investissement. Le défi majeur pour le Sénégal consiste désormais à perpétuer la relance
des investissements qu’on observe depuis le milieu des années 90. Essentiellement due au
regain de l’investissement public qui a résulté de la maîtrise des dépenses publiques
courantes et au déferlement des investissements financés par les transferts de émigrés
(dans l’immobilier essentiellement), cette relance doit bénéficier à d’autres secteurs que
le bâtiment, le commerce et les services. L’afflux des investissements directs étrangers
suscité par les privatisations en cours doit se confirmer par une plus grande régularité.
Fragilité des équilibres macro-économiques et de la croissance retrouvée
Les résultats des réformes entreprises avant et après la dévaluation du franc CFA ont
contribué à résorber les déséquilibres macro-économiques et à promouvoir
l’investissement tant public qu’en provenance de l’extérieur. Mais, en raison des
contraintes structurelles liées à la productivité du travail, à la dégradation des
infrastructures, à la faible qualité de l’offre de services publics et au bas niveau de
développement du capital humain, ces résultats tardent à profiter à l’emploi, à la
productivité et à la compétitivité de l’économie.
Une croissance encore hésitante et mal répartie
Comme nous l’avons déjà noté, la croissance économique amorcée à la suite de la
dévaluation du franc CFA a permis d’enregistrer la plus longue hausse du PIB par tête
depuis la fin des années 60. De –0,4% par an dans la période 1985-93, son taux de
croissance est passé à plus de 2 % entre 1994 et 2003 (tableaux 1 et 2). Mais, ces bonnes