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à un récepteur androgénique (RA) présent dans cette
cellule pour l’activer (Figure 5). Cette activation va
déclencher une cascade de phénomènes au stade
moléculaire aboutissant à la production de protéines
spécifiques à l’activité de la cellule ainsi que des fac-
teurs de croissance qui peuvent agir aussi bien sur la
cellule elle-même que sur les cellules avoisinantes.
L’hormono-indépendance a été classiquement expli-
quée par une diminution avec l’évolution tumorale,
de la densité des RA dans les cellules prostatiques
les rendant ainsi imperméables aux androgènes. Les
études récentes qui utilisent des anticorps monoclo-
naux dans l’identification des RA n’ont pas confirmé
cette hypothèse. Ils ont montré que non seulement
les RA sont présents à tous les stades de développe-
ment de cancer mais qu’ils ont tendance a être sur-
exprimés dans les récidives et les métastases et
continuent de ce fait à jouer un rôle actif dans la
maladie avancée.
La cellule hormono-indépendante est en fait une cel-
lule hypersensible aux androgènes permettant à la
cellule de continuer à se développer dans un milieu
pauvre en androgènes.
Cette caractéristique explique qu’une cellule puisse
se contenter de peu d’androgènes mais n’explique
pas qu’une cellule prostatique puisse se passer com -
plètement d’androgènes et continuer à se développer.
D’autres mécanismes y contribuent.
Avec la progression de la tumeur de nombreuses
mutations des RA surviennent (il en a été dénombré
plus de cinquante). Ces mutations aboutissent toutes
à des “ gains de fonction ” du récepteur qui lui don-
nent la possibilité d’être activés par d’autres molé-
cules que les androgènes.
C’est ainsi que ces RA mutants acquièrent la pro-
priété d’être activés par des :
1 . stéroïdes non androgéniques,
2 . les antiandrogènes stéroïdiens et non stéroïdiens.
Ceci explique par exemple que l’augmentation de la
PSA enregistrée chez certains malades recevant des
antiandrogènes puisse régresser à l’arrêt des antian-
drogènes. En effet chez ces malades les antiandro-
gènes semblent agir comme des promoteurs de la
croissance tumorale plutôt que comme inhibiteurs
car ils activent les récepteurs mutants qu’ils étaient
censés bloquer.
3 . les facteurs de croissance.
L’expression aberrante de facteurs de croissance et la
cascade de conséquences qu’ils provoquent repré-
sentent probablement le substrat principal du méca-
nisme de la croissance cellulaire hormono-indépen-
dante.
Deux types de mécanismes sont impliqués : surex -
pression de facteurs stimulants de la croissance et
sous expression de facteurs inhibiteurs de la crois-
sance tels que la TGF-β. Sous l’effet d’une mutation
génétique continue des cellules tumorales, les cel-
lules cancéreuses androgéno-indépendantes ont
acquis la capacité de proliférer en l’absence du sou-
tien androgénique.
4 . l’interleukine-6
5 . la LHRH et
6 . autres inducteurs de protéine kinase A et coacti -
vateurs
Des détails supplémentaires sur les transformations
de la cellule et les mécanismes de l’hormonodépen-
dance sont donnés par les Figures 6, 7, 8, 9.
La majorité des spécialistes suivent aujourd’hui la
classification TNM. Certains aux USA restent fidèles
à la classification de Whitmore qui continue à être
citée dans certains articles américains. La figure 10
compare les deux classifications.
II. LA CLASSIFICATION DU CANCER
DISSÉMINÉ DE LA PROSTATE
ENCONCLUSION
L’évolution naturelle du cancer ainsi que la pres-
sion induite par l’appauvrissement des androgènes
circulants secondaire au traitement hormonal,
poussent la cellule à des mutations, principale-
ment au niveau du RA, qui lui permettent
d’acquérir de nouveaux mécanismes de croissance
autres que ceux induits par les androgènes et
d’avoir ainsi la capacité de proliférer en l’absence
du soutien androgénique. La connaissance de ces
mécanismes ouvre le chemin à de nouvelles pers-
pectives thérapeutiques visant à bloquer la crois-
sance des cellules quand le sevrage en androgènes
ne suffit plus.
En effet cette hypersensibilité aux androgènes ne
représente pas la seule anomalie des RA condui -
sant à l’hormono-indépendance.