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RA/N°8
Chun Cail(
周春才
), traduction de Gong Jie Shi(
宫结实
), Le Livre des rites illustré,
Beijing, Les livres du Dauphin, 2006, P150, 151, 152, 153, 154, et 155).
Il en résulte que, si nous avons naturellement les potentialités d’atteindre la perfection
morale de l’homme de bien, il n’en demeure pas moins que l’étude des classiques est
un passage obligé pour parvenir à cet état idéal. L’étude des six classiques est certes
importante mais celle des rites est prépondérante, car ce sont les rites qui constituent
les fondements principiels de toutes les relations personnelles, familiales, sociales
voire étatiques. Par ailleurs, l’étude des classiques n’a pas pour but une simple culture
intellectuelle, mais plutôt l’excellence morale, gage de toute conduite ou attitude
appropriée. Cependant, cette conception de Confucius selon laquelle nous avons tous
naturellement les potentialités d’atteindre la perfection morale de l’homme de bien ou
de devenir homme de bien n’est pas sans poser problème. Car Confucius ne nous dit
pas comment et pourquoi le xiaoren (小人) ou homme de peu est devenu ainsi, mais
décrit plutôt les attitudes de celui qui est déjà homme de peu. Aussi, les rites sont non
seulement les fondements principiels de toutes les relations personnelles, familiales et
sociales, mais aussi seul gage de tout perfectionnement moral, cependant face à la
corruption morale et des rites devenus de plus en plus problématiques, quel est le
recours ultime du commun des mortels pour actualiser ses potentialités naturelles de
devenir homme de bien ? Ce sont là quelques interrogations sur lesquelles Confucius
nous laisse perplexes.
Quant au stagirite, le législateur ou nomothète est le personnage emblématique qui se
dégage de ses traités éthiques et politiques. Cette posture emblématique du nomothète
est inhérente aux vues éthiques et politiques d’Aristote. Pour lui, l’éthique a un but
pratique — le souverain bien —, c’est le bonheur de l’être humain. Le bonheur dépend
de la vertu, laquelle est produite par une bonne éducation. Or, il n’y a de bonne
éducation que sous de bonnes lois, lesquelles dépendent à leur tour d’une bonne
constitution qui est l’œuvre du législateur. D’après ce qui précède, le législateur doit
être un homme vertueux, étant donné que la vertu est une condition nécessaire du
bonheur. Il faut préciser qu’en ce qui nous concerne ici, il s’agit de la vertu éthique,
puisque le terme arétè一 traduit par vertu ou excellence—, est défini par Aristote
comme ce qui permet à chaque chose d’accomplir sa fonction propre. Vue sous cet
angle, la vertu est coextensible aussi aux instruments et aux animaux, mais la vertu
éthique dont il s’agit ici est exclusivement humaine. En effet, Aristote définit la vertu
en ces termes :
« La vertu de l’homme doit aussi être l’état qui fait de lui un homme bon et qui lui
permet de bien remplir son office propre »(Aristote, Éthique à Nicomaque, Traduction,
présentation, notes et biographie de Richard Bodéüs, Flammarion, 2004, II, 1,
1106a23-24).
Aristote part du principe que la nature ne fait rien en vain et que chaque chose a une
fonction à remplir, et la fonction de chaque chose c’est d’accomplir sa propre nature.
Donc, la fonction de l’homme est de devenir bon et heureux, et le facteur qui le permet