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EFFETS DE SEUILS DE L’INFLATION SUR L’ACTIVITE ECONOMIQUE EN
CEMAC :
analyse par un modèle de panel
analyse par un modèle de panel analyse par un modèle de panel
analyse par un modèle de panel à
àà
à
seuil non dynamique
seuil non dynamiqueseuil non dynamique
seuil non dynamique
BIKAI Jacques Landry
Titulaire d’un DEA-MASTER-
NPTCI en économie et doctorant à la Faculté
des Sciences Economiques et de Gestion de l’Université de Yaoundé II
E-mail : [email protected] (+237) 99737082
et
KAMGNA Yves Séverin
Ingénieur statisticien économiste Responsable de la
programmation monétaire et des finances publiques BEAC
E-mail : [email protected] (+237) 99993407
TRAVAIL de recherche
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LANDRY BIKAI et YVES KAMGNA
LANDRY BIKAI et YVES KAMGNALANDRY BIKAI et YVES KAMGNA
LANDRY BIKAI et YVES KAMGNA
Journées Internationales du Risque
26-27 mai 2011 - Niort
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Résumé
Comme la plupart des Banques Centrale, la stabilité des prix est l’objectif prioritaire de la
Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), et depuis les réformes et la libéralisation
financière des années 90, la BEAC utilise des instruments indirects
1
pour réguler la liquidité
dans la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), afin de
maintenir un niveau d’inflation de 3% pour la zone. La BEAC accorde ainsi peu d’importance
à la stabilité de l’activité économique contrairement à d’autres Banques Centrales telles que la
Federal Reserve
2
(FED) qui poursuit un double objectif : stabilité des prix et croissance
économique.
L’objectif de cette étude est donc de déterminer un seuil d’inflation optimal qui tient compte
des caractéristiques intrinsèques des pays membres de la CEMAC, afin de mettre en évidence
une éventuelle relation non-linéaire de l’inflation sur l’activité économique, et partant,
identifier l’effet de la politique monétaire sur l’activité économique conditionnellement à ce
seuil d’inflation optimal. Afin que la BEAC tienne compte de la stabilité de l’activité
économique dans ses missions.
Grâce à l’usage d’un modèle non dynamique à données de panel, la procédure itérative de
détermination des seuils endogènes initialement développée par Hansen (1996, 1999, 2000),
nous a ainsi permis d’identifier un seuil d’inflation optimal de 6% en CEMAC, qui rend la
relation inflation-croissance non-linéaire. Autrement dit, en dessous de ce seuil, l’inflation a
un impact positif sur l’activité économique et donc, toute politique monétaire générant de
l’inflation sera susceptible d’améliorer l’activité économique. Au-delà de ce seuil, c’est
l’inverse qui se produit.
Une telle étude ne ferait sans doute pas l’unanimité et se prête certainement à des
améliorations notamment méthodologiques, par exemple par l’utilisation d’une approche
dynamique (Drukker et al, 2005) ou alors par l’usage d’un modèle de panel à seuil à transition
lisse encore appelé Panel Smooth Treshold Regression (PSTR
3
).
Mots clés : Banque Centrale, Monnaie, Inflation, Croissance, panel, effets de seuils.
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Taux d’intérêts, réserves obligatoires
2
Banque Centrale Américaine
3
Voire González et al. (2005)
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3
Introduction
La politique monétaire est un ensemble de mesures destinées à agir sur les conditions du
financement de l’économie. Ces mesures sont généralement prises par les autorités
monétaires, et notamment la Banque Centrale, afin de faire varier (injecter ou ponctionner) la
quantité de monnaie présente dans l'économie, pouvant ainsi agir sur un ensemble de
grandeurs macroéconomiques tels que la production, l'investissement, la consommation,
l'inflation, et même la valeur de la devise nationale. En effet, Jusqu'à la fin des années 1970,
la politique monétaire a été très généralement utilisée comme un instrument de régulation
conjoncturelle, elle participait donc à « la relance » économique quand c'était nécessaire, et à
« la rigueur » dans le cas contraire. Depuis le but des années 1980, les Banques Centrales
ont de plus en plus souvent obtenu leur indépendance et ont mené des politiques monétaires
d'inspiration libérale, visant pour l'essentiel à maintenir une stabilité des prix.
En effet, l’objectif de la politique monétaire dépend des courants de pensées. Il y a sur ce
point deux conceptions qui s'affrontent :
Pour les uns, dont les keynésiens, la politique monétaire peut être utilisée dans un
objectif de régulation conjoncturelle macro-économique, c'est-à -dire qu'elle peut agir
sur la production et l'emploi. Ainsi, par exemple, quand le chômage est élevé du fait
d'une insuffisance de la demande, on doit abaisser le taux d'intérêt
4
de manière
à stimuler la demande (les ménages vont plus emprunter, par exemple pour se loger et
satisfaire certains besoins, puisque cela coûtera moins cher, et les entreprises feront la
même chose pour financer leurs achats de biens d'équipement ; dans les deux cas, cela
contribue à augmenter la demande, et donc la production et l'emploi).
Pour les autres, les monétaristes par exemple, la politique monétaire ne peut avoir
qu'un objectif, c'est celui de la stabilité des prix : pour ce courant d'analyse libéral,
l'inflation a des causes uniquement monétaires (on crée trop de monnaie) et la
politique monétaire doit donc seulement limiter strictement la création monétaire pour
qu'elle ne génère pas d'inflation structurelle.
4
Cette baisse des taux baisse le coût de refinancement des Banques, et donc entraine une augmentation de la
masse monétaire. Cette baisse sera répercutée sur le taux d’intérêts appliqué par ces banques.
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4
Au sein de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), la
politique monétaire est gérée par un institut d’émission à savoir la Banque des Etats de
l’Afrique Centrale (BEAC) et l’article 1
er
de ses statuts prescrit que l’objectif prioritaire de la
politique monétaire est d’assurer la stabilité monétaire c'est-à-dire implicitement : maintenir,
d’une part un taux de couverture extérieur de la monnaie (au moins 20% des engagements
extérieurs à vue doivent être couverts par les avoirs extérieurs disponibles), et d’autre part une
faible progression du niveau néral des prix (la norme communautaire est de 3% en
moyenne par an dans le cadre du dispositif de surveillance multilatérale). Il apparait donc
que, depuis la réforme
5
de la politique monétaire des années 90, les politiques monétaristes
sont privilégiées par la BEAC au détriment des politiques keynésiennes alors que, la question
des liaisons existant entre inflation et croissance économique revêt un intérêt particulier
depuis la courbe de Phillips (1958). Cette courbe rend en effet compte de l’arbitrage existant
entre inflation et chômage : en effet, la courbe de Phillips suggère que, par le biais d’une
politique monétaire expansionniste
6
il est possible d’obtenir un supplément de croissance
économique devant se traduire par une baisse du chômage. Ainsi, la hausse du taux d’inflation
résultant de cette politique expansionniste, serait le prix à payer pour obtenir la croissance
économique.
L’amélioration de la croissance économique est un sujet très préoccupant dans la CEMAC
car, d’après les objectifs du millénaire pour le développement (ODM), les pays Africains
auraient besoin d’un taux de croissance du PIB réel de l’ordre de 7% par an afin de diminuer
de moitié la pauvreté d’ici 2015. L’objectif de croissance est encore d’autant plus préoccupant
dans la CEMAC car le pétrole est l’un des principaux leviers de cette, et sa part dans les
exportations est de plus en plus croissante dans le temps comme l’illustre le Graphique 1 ci-
dessous qui présente la structure des exportations de matières premières dans la CEMAC. En
effet, à la fin des années 80, le pétrole représentait environ 50% des exportations en CEMAC,
à la fin des années 90 cette valeur est passée aux alentours de 65%, vingt ans après, le pétrole
représente plus de 80% des exportations des pays de la CEMAC. Tandis que la part des autres
produits (bois, cacao, café) est en parfaite diminution dans les exportations.
5
Voire Kamgna (2009)
6
Politique consistant à une augmentation de la masse monétaire.
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5
Graphique 1 : Structure des exportations dans la CEMAC
Source : Auteurs, à partir des données de la BEAC et des administrations nationales
Cette forte extraversion et dépendance aux produits de base dont les prix varient
régulièrement sur les marchés internationaux de matières premières, contribue de manière
significative à l’instabilité de la croissance dans la zone. Il s’avère donc judicieux d’explorer
d’autres voies susceptibles d’améliorer la croissance.
L’une des voies possibles est d’utiliser la politique monétaire. Dans la zone Euro, certaines
études de l’INSEE
7
tendent d’ailleurs à montrer pour la France que, le taux de croissance
augmente de 0,3 point au bout d’un an à la suite d’une baisse des taux directeurs de 1 point
(ce qui traduit l’efficacité d’une politique monétaire expansionniste et donc susceptible de
générer de l’inflation). A l’exemple des taux d’intérêt, les instruments de politique monétaire
peuvent donc avoir une importance dans les fluctuations économiques. Il paraît donc légitime
de vouloir utiliser la politique monétaire pour favoriser une croissance timide. Mais il ne faut
pas se tromper, car les problèmes économiques que connaît la CEMAC ne pourraient pas être
résolus uniquement par une politique monétaire moins restrictive
8
, plusieurs problèmes
structurels subsistent dans cette zone qui nécessitent une diversification significative des
7
Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (France)
8
Une combinaison efficace (policy mix) d’une politique monétaire réactive aux chocs et aux variations de
l’activité économique et de politiques budgétaires coordonnées (voire d’un réel fédéralisme budgétaire)
pourrait s’avérer un atout majeur.
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Divers
Bétail
Méthanol et autres gaz
Uranuim
Manganèse
Sucre
Rondins d'eucalyptus
Produits pétroliers
Tabac
Diamants
Banane
Caoutchouc
Aluminuim
Bois
Coton
Café
Cacao
Pétrole
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