l’appropriation des gains résiduels ; ces droits se répartissent entre les différentes
parties prenantes impliquées dans la prise de décision ou la subissant. Les
actionnaires ne détiennent qu’une part minime des droits décisionnels. D’une
part, la plupart des décisions résiduelles sont l’apanage des dirigeants. D’autre
part, la notion de gain résiduel fait référence à toutes les variations d’utilité non
anticipées provoquées par les actions de l’entreprise et affectant l’ensemble des
parties prenantes. La création de valeur ne saurait donc se mesurer à l’aune de la
richesse des seuls actionnaires, même dans le cas où leurs intérêts convergent
avec ceux des parties prenantes. La mesure de la valeur créée, et par conséquent
les modalités d'évaluation de la performance, doit s’élargir pour prendre en
compte l’intérêt de l’ensemble des parties prenantes.
La performance sociale traduit ainsi la capacité de l’entreprise à gérer sa
responsabilité sociale dans une démarche partenariale ; outre les intérêts des
actionnaires, sont pris en considération ceux des parties prenantes. L’entreprise
redécouvre la nécessité d’une meilleure gestion de sa responsabilité sociale par
une prise en compte plus explicite de ces dernières dans sa stratégie (Déjean et
Gond, 2004). Cette responsabilité "n’est pas une mode, c’est un véritable
changement de paradigme car elle comporte une nouvelle manière de penser
l’entreprise, sa légitimité et sa relation aux autres composantes de la société".
1.1. LES FONDEMENTS DE LA PERFORMANCE SOCIALE
Depuis 1970, le concept de PSE a connu une évolution spectaculaire avec
l’élargissement du champ de la RSE et l’évaluation des actions mises en œuvre.
C’est à Caroll (1979) que l’on doit l’introduction des problématiques de PSE au
sein de la RSE. Elle définit la PSE comme une configuration organisationnelle
de principes de responsabilité, de domaines sociaux et de philosophies apportant
des solutions aux problèmes engendrés par ces domaines.
En adaptant le modèle de Caroll, Wartick et Cochran (1985) déclarent que la
PSE est l'interaction sous-jacente entre les principes de responsabilité sociétale,
le processus de réceptivité sociétale et les politiques mises en oeuvre pour faire
face aux problèmes sociaux. Wood (1991) et Swanson (1995) s’inscrivent dans
cette même lignée ; ils mettent l’accent sur les principes hiérarchisés de la PSE
qui se déclinent au niveau institutionnel, organisationnel et managérial. Plus
récemment, Husted (2000) met l’accent sur la logique de la contingence pour
expliquer la dynamique organisationnelle incarnée par la PSE ; des combinaisons
de facteurs humains, organisationnels, techniques et financiers qui sont efficaces
dans un contexte donné, ne le sont pas forcément dans d’autres. La PSE est
conçue comme une fonction d’interaction entre des problèmes sociaux, d’un côté
et la stratégie de réponse à ces problèmes, d’un autre côté.
Pour avoir une vue synthétique de ces différentes approches théoriques de la
PSE, nous présentons le travail de Gond et Mullenbach (2004, p. 94) reprenant
les définitions les plus pertinentes de la PSE ainsi que les dimensions retenues
pour chacune d’elle (tableau 1).
Au vue de cette synthèse, nous pouvons ainsi circonscrire le concept de PSE
selon une triple typologie intégrant les parties prenantes : les principes d'action,
les processus de gestion et les réponses mises en place. Une fois analysé, il