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fom1at1on 
dans une conceptiOn ongmalc 
de 
l'éducation populaire la1quc ou confession-
nelle. 
L'évolution  sc  poursuit 
après 
la  Seconde 
Guerre mondiale. 
La 
cible 
du 
travail 
soc1al 
va 
sc 
déplacer 
de 
li! 
famille ouvrière à la famille 
urbamc au furet à mesure que 
sc 
développe le 
secteur tcrtia1rc ct que s'urbanise 
la 
société 
française. Son objetn'cstplus tant l'éducation 
de 
la  famille 
que 
sa 
participation sociale ct 
celle 
de 
ses membres aux 
pnscs 
avec 
un 
chan-
gement exacerbé 
par 
la  mobilité géographi-
que 
et  professionnelle, 
ct 
leur maîtnsc 
du 
fonctionnement social, des services et équipe-
ments 
m1s 
à leur disposition, renforçant à la 
fois  leur autonomisation  ct leur sentiment 
d' 
appartcnancccollcctivcou communautaire. 
Le 
travail 
prend 
alors 
une 
connotation 
fortement socioculturelle, reposant 
sur 
l'ani-
mation 
ct 
le 
développement 
de 
réseaux 
associatifs.  L'appréhension 
de 
la 
famille  sc 
veut globale en rupture avec les approches 
partielles 
ct 
spécialisées. 
La 
visée 
est 
intégratrice cherchant à corriger les inégalités 
qui limitent l'intégration 
ou 
à raccrocher au 
train 
du 
progrèslcs«inévitables» laissés-pour-
compte 
de 
la 
croissance. 
Tout cela  est  évidemment schématique.  A 
aucun moment 
de 
l'histoire 
du 
travail social 
nescsontrencontrésdetelsmodèlcsdanslcur 
pureté «idéal  typique».  A  tout moment le 
travail a visé les divers objectifs présentés_ci-
dcssus ct a  instrumentalisé sa  pratique 
de 
différentes manières. Néanmoins, 
il 
y avait 
peu ou prou une certaine cohérence de fait 
même si  celle-ci  n'a  pu être théorisée 
qu'a 
posteriori. 
Une cohérence qui se détruirait 
aujourd'hui 
C'estcettccohércnceplusou moins étroite qui 
se détruirait aujourd'hui. Les  «concepts 
de 
base>> 
du 
travail  social  deviennent 
«flous>>. 
L'assistance charitable 
pouvait 
servir 
de 
principe d'identification et declassement à un 
certain nombre 
de 
pratiques bien identifiées 
par 
leur contenu et  leurs effets  directs (la 
survie) 
ct 
indirects 
(le 
maintien 
de 
la 
dépendance). L'éducation familiale 
de 
la 
même 
façon.  Elle permet 
de 
rapprocher 
un 
certain 
nombre 
de 
pratiques 
dans 
des 
domaines 
divers  (l'hygiène,  la  tenue 
du 
logement, 
RECHERCHES ET PREVISIONS n· 
44. 
1996 
l'éducation des jcunesenfants, les loisirs) mais 
qui 
ont 
pour 
caractéristique d'inculquer 
des 
normes générées 
en 
dehors 
du 
milieu 
sur 
lequel 
sc 
déploie le  trava1l  social. Certes, le 
«concept>> 
d'animatiOn paraît déjà avoir 
une 
vertu identtficatricc plus faible et, 
du 
reste, le 
moment  où 
il 
est importé  dans le  champ 
correspond déjà sans 
doute 
à 
une 
phase 
de 
dislocation. 
Celle-c1 
s'accentue avec  la  promotion 
de 
notions  comme  lien  social  («maintenir  ou 
réorgamscr 
le 
lien 
social>>), 
exclusion, 
citoyenneté, urbanité qui viendraient unifier 
le sens des pratiques, ou encore risque (social) 
qui  servirait  à  caractériser  les 
nouveaux 
tcrrainsetlcsnouveauxobjetsdu travail social 
(population à risque, quartiers à risque 
... 
). 
La 
cible elle-même devient floue. 
Le 
référent 
qui renforçait l'unité, 
la 
visibilité ct 
la 
cohérence 
du 
travail  social 
en 
le 
centrant 
sur 
une 
population spécifique,  la  famille,  paraît 
de 
plus en pluséclatédu fait 
des 
transformations 
structurelles qui affectent la  famille avec la 
diversité des modes 
de 
fondation 
de 
celle-ci, 
mariage,  union  maritale,  remariage 
et 
la 
dynam1que 
de 
son  évolution  qui  fait  sc 
succéder 
des 
statuts 
matrimoniaux 
ou 
conjugaux divers. Transformation qui a non 
seulement 
pour 
effet 
de 
brouiller les repères 
traditionnels mais encore 
de 
renforcer le poids 
des nouveaux ,déterminants 
de 
l'action  (la 
précarité~ 
du 
fait 
précisément 
que 
ces 
mutations structurelles ct cette dynamique 
séquentielle fragilisent tant les parents 
que 
les 
enfants accroissant ainsi les risques 
de 
les voir 
sc précariser ct 
de 
devoir faire face à l'urgence 
ct aux contraintes 
de 
la survie. 
Ainsi,  même 
si 
les destinataires 
du 
travail 
social 
n'ont 
jamais 
pu 
être 
réduits 
aux 
membres de la  famille conjugale constituée 
selon 
le 
modèle canonique des années 
60, 
il 
est 
bien 
évident 
que 
les 
profils 
des 
«bénéficiaires» se sont aujourd'hui largement 
démultipliés, 
jeunes 
dans 
leur 
famille, 
célibataires sans domicile fixe,  parents aux 
prises 
avec 
le 
surcndettemcnt, 
isolés 
bénéficiaires 
du 
RMI, 
personnes 
âgées 
isolées 
... 
, rendant 
de 
plus 
en 
plus Illusoire la 
capacité 
de 
maîtriser  les  conditions 
d'une 
prise en charge globale ainsi que 
de 
celle 
de 
bâtirdesactionscommunautairesdans 
le 
cadre 
d'unepromotioncollective,remcttantencausc 
en fait le concept d'action sociale familiale ct