étaient avant leur institutionnalisation par
deux “unités de services” ? Cet article essaie
encore de répondre à une autre question. La
logistique y est-elle concentrée, répartie ou
distribuée, voire fragmentée ?
1 - Les origines
“aérospatiales-aérostructures”
de la logistique
Le groupe Aérospatiale est, en 1996, structuré
en fonction de ses activités en trois branches :
Espace & Défense, Aéronautique, Hélicoptè-
res et une division : Missiles. La branche Aé-
ronautique regroupe notamment le centre
opérationnel Aérostructures qui fédère les ac-
tivités des cinq sites industriels de Blagnac
(Toulouse), Méaulte, Nantes, Saint-Eloi (Tou-
louse) et Saint-Nazaire. En 1995, les activités
Avions qui regroupent toutes les activités des
centres opérationnels de la branche Aéronau-
tique, se sont quantifiées à 24,648 milliards de
francs (23,334 milliards en 1994) de chiffre
d’affaires. Est-ce pour autant satisfaisant ?
Dans l’industrie aéronautique civile, les suc-
cès d’hier ne garantissent pas les résultats
d’aujourd’hui, même s’ils n’hypothèquent
pas ceux de demain.
Ne pas hypothéquer demain, c’est relever le
défi d’aujourd’hui. Ce défi, c’est l’hyper-
compétition ; une hypercompétition qui se
joue dans l’industrie aéronautique civile sur
les prix, les cycles de personnalisation et la
gamme des produits.
Vouloir relever le défi du prix, c’est agir pour
réduire et maîtriser les coûts. Aussi, c’est
s’organiser différemment pour réduire et maî-
triser les cycles et l’acheminement des biens
d’un cycle à l’autre. Relever le défi des pro-
duits, c’est concevoir, fabriquer et assembler
des produits qui satisfont les exigences des
clients. Satisfaire les clients, ce n’est proba-
blement pas concevoir et développer des pro-
duits sans discerner les réelles attentes des
clients, les attentes des compagnies aériennes.
Dans l’aéronautique civile, il n’existe pas des
marchés. Seuls existent des clients. Cette réa-
lité a d’autant plus de mal à être acceptée
“dans les industries à forte dimension pro-
duit” comme l’aéronautique, l’électronique,
... (29). Relever le défi du prix mais aussi ceux
de la qualité, des cycles et délais, c’est pour un
établissement industriel muter vers une cul-
ture économique et sociale qui se matérialise
nécessairement par des objectifs de perfor-
mance exprimant une volonté de progresser
dans les dimensions qualité, cycles et coûts,
sans pour autant négliger la flexibilité pour
adapter l’offre rapidement à une demande
toujours plus différenciée, inconstante. Etre
flexible, c’est pour l’Aérospatiale-Aéro-
structures parvenir aux mêmes performances,
voire être meilleure que Boeing (élaborer un
avion en 6 ou 8 mois selon les types, réduire
les coûts de 25 % ; deux objectifs annoncés
par Bœing en 1993). C’est aussi en réduisant
les temps entre la commande ferme et la li-
vraison de l’appareil, réduire le nombre des
modifications que les clients ne manqueront
pas de demander.
Ainsi, comme toute entreprise, l’Aérospatiale
est confrontée à des problèmes d’adaptation à
son environnement. Il lui appartient d’agir
pour être plus performante demain qu’aujour-
d’hui. Agir suppose qu’elle développe ses res-
sources humaines pour que celles-ci soient
capables de s’adapter et d’évaluer les dimen-
sions de leurs performances.
Etre performant, c’est aujourd’hui selon les
théories économiques libérales, moins subir
en termes économiques (licenciements, pertes
financières, ...) les conséquences de cette
conjoncture qui perdure et qui a été baptisée
“crise”. Serge Dassault, PDG de Dassault
Aviation (1993), identifie les réalités sous- ja-
centes à ce terme dans le secteur de l’aéronau-
tique : “... la crise est en fait une inadaptation
des produits à la clientèle, ainsi qu’une mau-
vaise prévision des capacités de production
nécessaires et une gestion financière impru-
dente”.
Seule, la seconde réalité évoquée est du
champ d’action d’un établissement de pro-
duction. Il s’agit pour un établissement non
pas de réviser les prévisions d’activité en
fonction des commandes des clients, il existe
un Plan de Fabrication Echéancé (PFE) actua-
lisé et réactualisé en fonction des clauses des
négociations commerciales, mais d’adapter
l’outil de production aux réalités des ventes.
Autrement dit, la performance pour un éta-
blissement de production s’exprime moins en
termes d’efficacité qu’en termes d’efficience.
Pour un établissement industriel, il s’agit
moins dans une conjoncture difficile, de par-
venir à réaliser x quantités de produits que de
fabriquer ces produits au moindre coût, en
maîtrisant leur qualité, en respectant les délais
contractuellement négociés avec les clients.
La performance s’exprime par conséquent en
termes d’efficience, c’est-à-dire en niveaux de
consommation. Il s’agit de mettre en place au
juste niveau, les ressources indispensables
Logistique & Management
126 Vol. 5 – N°2, 1997