LA PRISE EN CHARGE BUCCODENTAIRE DES PATIENTS A BESOINS SPECIFIQUES IFSI CHU de Dijon Le 5 février 2015 Dr F. DENIS 5 février 1 Sommaire • Introduction • La carie dentaire • La maladie parodontale – son évaluation – maladie parodontale et maladie cardio-vasculaire – maladie parodontale et diabète – maladie parodontale et obésité – maladie parodontale et désordres métaboliques • Les douleurs dentaires • La prise en charge • Conclusion Dr F. DENIS 5 février 2 Introduction • Il existe peu de données épidémiologiques en France sur la santé orale des patients en situation de handicap psychique • Consensus des soignants, des accompagnants et des patients eux même sur un état de santé bucco-dentaire dégradé Dr F. DENIS 5 février 3 Introduction En France, les extractions dentaires sont dues : •dans 30 à 40 % des cas aux conséquences des parodontites, •et dans 50 à 60 % des cas aux conséquences de la carie. Les autres pathologies de la sphère buccale ne constituent de fait qu'une part mineure des pathologies bucco-dentaires. (has-sante.fr - Parodontopathies-rap.pdf) Dr F. DENIS 5 février 4 Introduction • Les maladies parodontales, sont classées par l’OMS comme le 7° fléau mondial. • Elles restent mal connues, peu dépistées et sous traitées, y compris dans les pays dits développés. Dr F. DENIS 5 février 5 Introduction • En France, une étude réalisée sur 2144 adultes âgés de 35 à 64 ans examinés en 2002 et 2003, montre que : – 46.7 % des sujets ont des pertes d’attache ≥ 5 mm – 28.8 % des poches parodontales ≥ 5 mm (Bourgeois et al. 2007) Dr F. DENIS 5 février 6 La carie dentaire •C’est une maladie infectieuse d’origine bactérienne qui touche les dents. •Sous l’effet combiné de l’âge, de la consommation de sucre, ou d’une mauvaise hygiène, les bactéries cariogènes de la plaque dentaire (Streptococcus, Lactobacillus, Actinomyces) augmentent leur production locale en acides organiques. Dr F. DENIS 5 février 7 La carie dentaire • En cas d’augmentation prolongée et fréquente de l’acidité buccale (diminution du pH), il existe une déminéralisation de l’émail Stratégies de prévention de la Carie Dentaire www.has-sante.fr Dr F. DENIS 5 février 8 Facteurs contribuant aux caries dentaires • Les substances psycho-actives : tabac, alcool, cannabis, psychotropes, induisent une baisse de la sécrétion salivaire (hyposialie) et limitent le pouvoir tampon de la salive. • Ce sont donc des facteurs de risque de la pathologie carieuse. (Bergström et al. 2000, Pesci-Bardon 2013, RummelKluge et al. 2010) Dr F. DENIS 5 février 9 La prévention • Les fluorures ont un effet bactériostatique sur les bactéries cariogènes en réduisant leur potentiel acidogène (blocage enzymatique de la glycolyse). • Ainsi, ils permettent une réduction de la déminéralisation des dents, mais favorisent également la reminéralisation des surfaces d’émail déminéralisées (Desfontaine J. 2002) Dr F. DENIS 5 février 10 Quelques données épidémiologiques en psychiatrie • L’indice CAO: permet de mesurer quantitativement la maladie carieuse d’un individu. Il correspond à la somme des dents « absentes, cariées et obturées », le score maximum est de 28. • Pour des patients suivis en intra hospitalier : – CAO à 26,74 pour (Ramon et al. 2003, Israël) – CAO à 24,99 pour (Velasco et al. 1999, Espagne) – CAO à 19,1 pour (Lewis et al. 2001, Angleterre) • Par comparaison, la dernière enquête nationale réalisée en 1996 en France en population générale trouve un CAO à 14,6 (Hescot et al. ) Dr F. DENIS 5 février 11 Quelques données épidémiologiques en psychiatrie Dépistage réalisé au CH la chartreuse •103 patients hospitalisés depuis plus de 90 jours •65% d’hommes •Age moyen : 46,45 ans •3,63 psychotropes par patient •Indice CAO : 18,78 – Dents cariées : 2,3 vs 0,8 – Dents absentes : 12,98 vs 3,7 – Dents obturées : 3,5 vs 5,7 (Denis F., Santé mentale. 2012) Dr F. DENIS 5 février 12 La maladie parodontale • Le parodonte: ensemble des tissus de soutien de la dent Dr F. DENIS 5 février 13 La maladie parodontale • Elle se caractérise par l’apparition de saignements gingivaux et d’une inflammation des gencives (gingivite) qui peuvent évoluer vers la destruction des tissus de soutien de la dent (parodontite). • Ces maladies infectieuses multifactorielles sont essentiellement d'origine bactérienne, mais il est encore difficile aujourd'hui d'attribuer un rôle déterminant à un germe précis en raison de la richesse de la flore. (Parodontopathies-www.has-sante.fr) Dr F. DENIS 5 février 14 Facteurs contribuant aux maladies parodontales • Le tabac, l’alcool ou les habitudes de vie susceptibles de perturber la flore bactérienne buccale sont des facteurs aggravants. • La plaque dentaire (tartre) qui s’accumule lors d’une mauvaise hygiène bucco-dentaire est également un facteur aggravant des parodontopathies. (Parodontopathies-www.has-sante.fr) Dr F. DENIS 5 février 15 Facteurs contribuant aux maladies parodontales Facteurs étiologiques et facteurs de risque de la parodontite (Wolf & Hassell 2006) Dr F. DENIS 5 février 16 Evaluation de la prévalence de la maladie parodontale • Le CPITN (Community Peridontal Index and Treatment Needs) est l’indice d’évaluation de l’état parodontal et des traitements nécessaires (TN : treatment needs) • C’est l’indice de référence pour l’organisation mondiale de la santé (OMS) • Trois indicateurs sont utilisés pour l’établissement du CPI : le saignement gingival, le tartre, la profondeur des poches parodontales • Le (TN) quantifie les besoins de traitement de la maladie parodontale en fonction de son degré de gravité comme: l’enseignement de l’hygiène et/ou le détartrage et/ou les traitements chirurgicaux parodontaux. Dr F. DENIS 5 février 17 Evaluation de la prévalence de la maladie parodontale Le sondage La sonde OMS Dr F. DENIS 5 février 18 Evaluation de la prévalence de la maladie parodontale • L’Indice CPI : – 0 : sain – 1 : présence de saignement après le sondage – 2 : présence de tartre, bande noire de la sonde visible – 3 : poche de 4-5 mm, bord gingival au niveau de la bande noire de la sonde – 4 : poche ≥6 mm, bande noire de la sonde non visible Dr F. DENIS 5 février 19 Quelques données épidémiologiques • Indice CPI à 2,32 pour des patients schizophrènes suivis en ambulatoire alors que les valeurs d’une population témoin se situent à 1,04. • De manière plus générale, nous pouvons estimer que plus de 40% des patients schizophrènes présentent un CPI>2. (Arnaiz et al. 2011, Kendre et al. 2010) Dr F. DENIS 5 février 20 Etat parodontal et maladie cardio-vasculaire • Dès 1989, deux études cas-témoins, associent l’infarctus du myocarde (Mattila et al. 1989) et l’accident vasculaire cérébral (Syrjänen et al. 1989) à des mauvaises conditions buccodentaires. • la présence simultanée des affections orales et cardiovasculaires serait plutôt due à des facteurs de risque communs. (Hujoel et al. 2000; Howell et al. 2001; Tuominen et al. 2003) Dr F. DENIS 5 février 21 Etat parodontal et maladie cardio-vasculaire • (Beck et al.) identifient pour la première fois en 2001, une relation entre l’importance de l’épaisseur de l’intima-media des artères carotidiennes explorées par des méthodes ultrasoniques et la présence de parodontites sévères après un ajustement étendu à de nombreuses variables. • Une étude prospective évoque également l’implication de la maladie parodontale dans le développement de la maladie athéromateuse (Söder et al. 2005). Dr F. DENIS 5 février 22 Etat parodontal et maladie cardio-vasculaire • Parallèlement, plusieurs études mettent en relation l’infection orale à la plaque athéromateuse soulevant ainsi l’une des premières hypothèses physiopathologiques : celle d’une migration des pathogènes oraux dans la circulation sanguine au décours de bactériémies transitoires vers les tissus endothéliaux. Dr F. DENIS 5 février 23 Etat parodontal et diabète • Le diabète est depuis longtemps connu pour augmenter l’incidence de diverses perturbations orales, • Caries, gingivites, parodontites, xérostomies, candidoses, glossodynies, perturbations du goût, lichens plans et aphtoses ont été associés au diabète (Ship 2003). Dr F. DENIS 5 février 24 Etat parodontal et diabète • Si le diabète exacerbe la réaction inflammatoire au niveau des tissus parodontaux, en retour, la parodontite, par l’inflammation systémique qu’elle déclenche, aggrave les conditions métaboliques des sujets diabétiques. • Plusieurs revues plaident donc en faveur d’une relation à double sens. (Grossi & Genco 1998; Mealey & Rethman 2003; Mealey 2006; Lalla & Papapanou 2011; Preshaw et al. 2012). Dr F. DENIS 5 février 25 Etat parodontal et diabète • La plupart des essais thérapeutiques démontrent que le traitement de la maladie parodontale améliore les conditions de contrôle de la glycémie chez les diabétiques. (Stewart JE et al.2001; Kiran et al. 2005; Singh et al. 2008; Moeintaghavi et al. 2012). Dr F. DENIS 5 février 26 Etat parodontal et obésité • Saito et son équipe, en 1998, observent pour la première fois chez l’homme une relation entre état parodontal et obésité dans une population Japonaise de 243 sujets : la probabilité d’avoir une maladie parodontale est plus élevée chez les sujets en surpoids et obèses après un ajustement sur les facteurs de risque traditionnels de la parodontite. Dr F. DENIS 5 février 27 Etat parodontal et obésité • Des associations significatives existent entre les marqueurs cliniques de la parodontite et des indices élevés du tour de taille, de la masse corporelle (BMI), et/ ou de la masse grasse (Saito et al. 2001, Wood et al. 2003, Al-Zahrani et al. 2003, Saito et al. 2005, Dalla Vecchia et al. 2005, Nishida et al. 2005, Reeves et al. 2006, Linden et al. 2007, Ylöstalo et al.2008, Khader et al.2009, Kongstad et al.2009, Saxlin et al.2011, Pataro et al.2011) Dr F. DENIS 5 février 28 Etat parodontal et désordres métaboliques • Il apparait d’abord que, plus le nombre de composants du syndrome métabolique augmente, plus forte est la relation aux marqueurs des parodontites. (Shimazaki et al. 2007, Dumitrescu et al. 2008, Morita et al. 2009). • Parmi les cinq composants du syndrome, l’élévation du taux de glucose à jeun semble quasiment toujours associé aux parodontites y compris dans les populations où les diabétiques sont exclus. (D'Aiuto et al. 2008, Zadik et al. 2010). Dr F. DENIS 5 février 29 Etat parodontal et désordres métaboliques • La sévérité de la perte osseuse parodontale est associée à l'âge (Streckfus et al. 1999). • Pour certains auteurs, les hommes seraient plus exposés aux parodontites sévères, et présenteraient globalement plus de plaque bactérienne, de gingivites, de poches parodontales et de parodontite de l’adulte que les femme (ANAES, 2002). • De façon globale, les fumeurs ont des prévalences accrues de maladies parodontales (Bergström 2004). Dr F. DENIS 5 février 30 Etat parodontal et désordres métaboliques • Les études épidémiologiques révèlent qu’une consommation excessive d’alcool en particulier lorsqu’elle est associée au tabagisme, constitue un facteur de risque des parodontites (Lages et al. 2012 ), et du syndrome métabolique (Kim et al. 2012). Dr F. DENIS 5 février 31 Etat parodontal et désordres métaboliques • De tous les facteurs de confusion cités, le niveau socioéconomique est certainement le facteur qui impacte le plus les autres facteurs de risque. Il interagit sur les comportements alimentaires, le recours aux soins, les conditions d’hygiène et aussi sur les addictions. (Brunner et al.1997, Boillot et al.2011). Dr F. DENIS 5 février 32 La douleur dentaire Les douleurs oro-faciales sont le premier motif de consultation dans la population générale. (Robin O. et col. 1996) La prise en charge des douleurs oro-faciales concerne environ 25% de la population générale : • 12% sont des douleurs dentaires et péridentaires • 12% sont des douleurs musculo-articulaires • 1% sont des douleurs neuropathiques ou idiopathiques. (Pionchon, 2010) Dr F. DENIS 5 février 33 La douleur dentaire On distingue : Les douleurs oro-faciales superficielles Les douleurs oro-faciales profondes Dr F. DENIS 5 février 34 Les douleurs oro-faciales superficielles • Ce sont les douleurs muco-gingivales : elles sont superficielles et généralement bien localisées Brulure de la muqueuse Ulcération provoquée par une prothèse Dr F. DENIS 5 février 35 Les douleurs oro-faciales superficielles Herpes labial Aphtes récidivants Péricoronarite Dr F. DENIS 5 février 36 Les douleurs oro-faciales profondes • Les douleurs pulpaires : Ce sont des douleurs aigues nociceptives Il y a dans la dentine présence de fibres nerveuses de type C Ces fibres nerveuses pénètrent dans les canalicules accompagnant les prolongement odontobalsatiques, (Arwill 1958) Dr F. DENIS 5 février 37 Les douleurs oro-faciales profondes • Leurs causes : Lésion de l’émail ou de la dentine (douleur dentinaire) o Sans exposition pulpaire Dr F. DENIS 5 février 38 Les douleurs oro-faciales profondes • Leurs causes : Lésion de l’émail ou de la dentine (douleur dentinaire) o Avec exposition pulpaire Dr F. DENIS 5 février 39 Les douleurs oro-faciales profondes • Les douleurs de l’organe «pulpe – dentine» irradient souvent dans les dents voisines et les tissus avoisinants : dans les tempes, dans les oreilles ou dans la région des joues • Etant donné que les douleurs pulpaires peuvent poser d’importants problèmes de diagnostic il est conseillé de considérer la douleur oro-faciale comme une douleur dentaire tant que le contraire n’a pas été pas prouvé. (Raab et Okeson, 1995) Dr F. DENIS 5 février 40 Les douleurs oro-faciales profondes • Les douleurs musculo-squelettiques : – les douleurs des muscles maxillaires – les douleurs des articulations temporomandibulaires – les douleurs d’origine desmodontale – les douleurs osseuses Dr F. DENIS 5 février 41 Les douleurs oro-faciales profondes • Les douleurs des muscles maxillaires (douleur myofaciale, myalgie) : – Ont un caractère sourd, oppressant, lancinant, parfois avec crampes. – Elles ont une forte tendance à irradier dans d’autres tissus profonds, et sont en général relativement mal localisées, (Mense 1999). – Elles irradient souvent dans les régions anatomiques voisines rendant leur localisation fréquemment erronée (considérées comme douleur dentaire par exemple). Dr F. DENIS 5 février 42 Les douleurs oro-faciales profondes • Les douleurs des muscles maxillaires Les principales causes des douleurs des muscles maxillaires, (Schindler & Türp 2002), sont : – une sur-sollicitation périphérique différenciée des régions intramusculaires discrètes. – un dysfonctionnement neuronal. Dystonie orofaciale induites par blocage des récepteurs D2 de la dopamine F. DENIS 5 février 43 (antipsychotique de 1° Drgénération) Les douleurs oro-faciales profondes • Les douleurs des articulations temporo-mandibulaires Les douleurs des articulations (arthralgies) peuvent être situées au niveau articulaire, osseux et/ou péri-articulaire (tissu mou), (Müller & Zeidler 1998). Dr F. DENIS 5 février 44 Les douleurs oro-faciales profondes • Les douleurs des articulations temporo-mandibulaires La douleur des articulations temporo-mandibulaires est en général lancinante, tirante. Normalement bien localisée, il n’est pas rare qu’elle irradie dans l’oreille, les tempes ou la joue. (Wright, 2000). Dr F. DENIS 5 février 45 Les douleurs oro-faciales profondes • Les douleurs d’origine desmodontale L’articulation dento-alvéolaire fait partie des articulations continues et donc du système musculo-squelettique, (Schumacher, 1997; Platzer, 1999). La douleur d’origine desmodontale peut être nettement mieux localisée que la douleur pulpaire. Elle peut donc être bien diagnostiquée. Dr F. DENIS 5 février 46 Les douleurs oro-faciales profondes • Les douleurs d’origine desmodontale Les causes possibles sont : un traumatisme occlusal un traitement orthodontique fixe une parodontite péri-apicale aiguë un abcès parodontal (abcès latéral) Dr F. DENIS 5 février 47 Les douleurs oro-faciales profondes • Les douleurs osseuses Elles peuvent provenir : d’une alvéolite dentaire sèche (alvéoles sèches, douleur postextraction) d’une ostéomyélite Dr F. DENIS 5 février 48 Les douleurs oro-faciales profondes • Les brûlures buccales et linguales idiopathiques : glossodynie, stomatodynie Elles sont : soit localisées : lèvres et/ou pointe, bord et dos de la langue, palais, soit généralisées : ensemble de la cavité buccale. Les femmes souffrent de ces douleurs nettement plus souvent que les hommes. Les brûlures idiopathiques «primaires» de la bouche et de la langue doivent être différenciées d’une forme secondaire provoquée par des facteurs locaux (ex : candidose, déficit vitaminique, lésions nerveuses, infection bactérienne, lichen plan, leucoplasie, …) Dr F. DENIS 5 février 49 En bref • La douleur dentaire est d’origine pulpaire dans 80% des cas et donc bien plus rarement parodontale, (Rilliard et Boucher, 2001) • Il est important de proposer un traitement étiologique et symptomatique • Le but est de protéger le patient en évitant la contamination bactérienne Dr F. DENIS 5 février 50 Douleur et urgence odontologique en psychiatrie En psychiatrie : •Les patients verbalisent peu la douleur •La pharmacopée modifie les voies de la douleur Dans ces conditions : La douleur reste-t’elle le premier motif de consultation ? Dr F. DENIS 5 février 51 Douleur et urgence odontologique en psychiatrie Dépistage réalisé au CH la Chartreuse : •Patients et méthodes Au cours de la consultation d’odontologie organisée 5 demi journées par semaine On observe sur une période de 3 mois de décembre 2011 à février 2012, 39 demandes de consultation «urgentes» •Pour chacune de ces demande ont étudie les motifs de consultation. Dr F. DENIS 5 février 52 Douleur et urgence odontologique en psychiatrie • Les résultats 84% des demandes de consultation en «urgence» concernent les patients adressés par les équipes soignantes pour une plainte algique. 53% des consultations concernent des caries profondes avec atteinte pulpaire. (Denis, 2012) Dr F. DENIS 5 février 53 A propos d’un cas clinique Le médecin généraliste soigne l’infection et la douleur. Le lendemain le patient est hospitalisé pour des convictions délirantes Après une hospitalisation de 10 jours il est suivi en ambulatoire toutes les semaines pendant un mois : - 1 mois après il se présente en consultation psy avec un abcès dentaire indolore déformant la moitié du visage - 3 jours après la dent causale est retirée (dent de sagesse supérieure droite) - 2 jours plus tard le patient se sent mieux sans tension psychique, angoisse ou signe psychotique. Il a un excellent appétit et un bon sommeil. - 2 mois après le traitement antipsychotique est arrêté. Conclusion de l’auteur : • La présence d’une infection dentaire peut être la cause «précipitante» d’une psychose délirante aigue. (Becarevic, 1988) Dr F. DENIS 5 février 54 La prise en charge des troubles bucco-dentaire • • • • • Le contexte Le constat au CH la Chartreuse Des patients à besoins spécifiques Une prise en charge adaptée ? Pour améliorer la situation … Dr F. DENIS 5 février 55 Prise en charge et contexte • Peu d’études épidémiologiques • Pas de politique de santé publique pour ces populations • Peu de dentistes dans les unités de soins somatiques en psychiatrie • Consensus des soignants sur un état BuccoDentaire dégradé et un besoin de soins Dr F. DENIS 5 février 56 Le constat au CH la Chartreuse Dépistage auprès de 103 patients hospitalisés depuis plus de 90 jours •65% d’hommes •Age moyen : 46,45 ans •3,63 psychotropes par patient •56,49% souffrent d’hyposialie Dr F. DENIS 5 février 57 Le constat au CH la Chartreuse • 7,96% sont atteints de diabète • 56% présentent des problèmes parodontaux • 60,21% grignotent ou prennent des aliments sucrés en dehors des repas Dr F. DENIS 5 février 58 Le constat au CH la Chartreuse Pourcentage de patients tabagiques Dr F. DENIS 5 février 59 Le constat au CH la Chartreuse Troubles salivaires et maladie salivaires chez les 35-54 ans (n=62) Fonction salivaire et maladie mentale Hyposalivation 59% Hypersalivation 28% Salivation normale 13% 0% 13% 28% 59% Dr F. DENIS 5 février 60 Des patients à besoins spécifiques Dr F. DENIS 5 février 61 Des patients à besoins spécifiques • Anosognosie des troubles somatiques • Seuil de la douleur augmenté • Une fréquence 1,5 à 2 fois plus élevée de diabète de type 2 chez les schizophrènes par rapport à la population générale • Une alimentation déséquilibrée Dr F. DENIS 5 février 62 Des patients à besoins spécifiques • La singularité du tabagisme • Les médicaments psychotropes anticholinergiques • Les substances psychoactives (cannabis, alcool, …) • Les dyskinésies tardives Dr F. DENIS 5 février 63 Des patients à besoins spécifiques Conséquences des troubles dentaires L’espérance de vie des patients atteints de schizophrénie est de diminuée de 20% (Auquier P. et al. 2006) Dr F. DENIS 5 février 64 Une prise en charge adaptée ? • • • • • L’ambivalence propre à la maladie mentale Difficulté de déplacement au cabinet dentaire Non respect des rendez-vous Temps de soins plus long Approche comportementale pour la compliance aux soins • Accessibilité difficile à la bouche : caractère intime de la sphère orale • Stress engendré par un acte intrusif Un accompagnement nécessaire Dr F. DENIS 5 février 65 Une prise en charge adaptée? Une prise en charge libérale parfois difficile •270 questionnaires envoyés aux CD de Côte d’Or •Taux de réponse 23% •58% pensent qu’il existe un manque de structures adaptées •43% jugent qu’ils ont des difficultés pour prendre en charge les patients handicapés psychiques •74% estiment ne pas être suffisamment formés •36% sont prêts à s’engager comme référents s’ils sont formés et accompagnés Source : Enquête réalisée en 2012 par AMEBUS auprès des chirurgiens-dentistes de Côte d’Or (documentDrinterne la chartreuse) F. DENIS CH 5 février 66 Une prise en charges adaptée? Le MEOPA, une technique utile pour les plus anxieux Dr F. DENIS 5 février 67 Une prise en charges adaptée? Des outils adaptés à disposition Dr F. DENIS 5 février 68 Pour améliorer la situation … • Un volonté institutionnelle actée dans le projet d’établissement et reprise dans les instances Formation CLAN Certification Santé buccodentaire CLuD Lutte contre la stigmatisation Dr F. DENIS 5 février 69 En conclusion • Sortir de l’idée préconçue que les patients psychiatriques sont hermétiques à l’éducation thérapeutique • Développer des programmes d’éducation thérapeutique spécifiques et adaptés aux pathologies Dr F. DENIS 5 février 70 Développer la santé orale, des implications multiples dans le projet de prise en charge : Développer le respect de la dignité Favoriser l’accès aux soins et à la citoyenneté Améliorer la qualité de vie Réaffirmer une volonté de prise en charge globale psychique et somatique Dr F. DENIS 5 février 71 Des actions transversales en lien avec le CLAN : • Limiter les conséquences du grignotage • Proposer des aliments moins cariogènes • Initier des campagnes d’éducation à la santé : Participer ainsi à limiter de la prise de poids Dr F. DENIS 5 février 72 Des actions d’éducation à la santé : • Sortir de l’idée préconçue que les patients psychiatriques sont hermétiques à l’éducation thérapeutique • Développer des programmes d’éducation thérapeutique spécifiques et adaptés aux pathologies • Réactiver les acquisitions et favoriser la ritualisation Dr F. DENIS 5 février 73 Publications en lien avec la présentation • • • • • • • • • • • 1) Denis F. Santé bucco-dentaire des patients en institutions psychiatrique et co-morbidités associées. Soins psychiatrie 2014; 290: 40-44 2) Denis F. Handicap psychique et santé bucco-dentaire. Santé Mentale 2014;189:14-15 3) Coquaz C., Denis F., Saravane D. Quels soins somatiques en psychiatrie. Santé Mentale 2014; 184: 14-18 4) Coquaz C., Mouchon F., Moinet., Denis F. Psychiatrie : transfert de compétence du chirurgiendentiste à l’infirmière. Objectifs soins Management 2014; 222: 24-28 5) Denis F., Coquaz C., Milleret G. Affection de Longue Durée et soins de la bouche et des dents Santé Mentale 2013 ; 174 :14-18 6) Denis F. Les urgences odontologiques des patients psychotiques, Info Dentaire 2013 ; 6 (95) :2933 7) Coquaz C., Denis F. Développer la santé orale en psychiatrie : une véritable démarche de santé publique. Gestions Hospitalières 2012 ; 516 : 296-299 8) Denis F. Projet de prise en charge bucco-dentaire des patients présentant un handicap psychique au Centre Hospitalier de la Chartreuse en Côte d’Or. Santé Mentale 2012 ; 167 :20-24 9) Denis F. Projet de prise en charge bucco-dentaire des patients handicapés psychiques en Côte d’Or. Le Lien, UNAFAM (cote d’or) 2012 ; 44 :19-21 10) Denis F. Santé Orale et psychiatrie. Un autre regard, UNAFAM (nationale) 2012 ; 3 : 6-8 11) Denis F., Coquaz C. Santé buccale et psychiatrie. Repérer, comprendre, agir. Guide didactique à usage infirmier. EISAI 2013 Dr F. DENIS 5 février 74 Merci de votre attention Courriel: [email protected] Dr F. DENIS 5 février 75