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Sur sols sulfatés acides, à Long An, la teneur en aluminium dans les feuilles est très élevée de
69 à 539 ppm, par contre, à Do Hoa, cette teneur est plus faible, de 60,2 à 118,6 ppm, alors
que celle observée sur sols alluviaux atteint 114 ppm: la teneur maximum de l'aluminium à
Do Hoa ne semble pas présenter un risque de toxicité.
Les résultats du diagnostic racinaire, comparés à ceux des cultures sur sols alluviaux,
confirment les résultats du diagnostic foliaire sur les deux types de sols pour la carence en
calcium. Pour le phosphore, sur les sols sulfatés acides, la teneur est semblable à celle
mesurée sur les sols alluviaux alors que sur les sols sulfaté acides et salés, elle peut atteindre
le double ( 0,062% ). La teneur en sodium par rapport à celle des sols alluviaux est multipliée
au maximum par 2 à Long An et par 4,8 à Do Hoa: le diagnostic foliaire ne présente pas de
telles variations. Dans les racines, la teneur en fer et en aluminium est très élevée par rapport à
celle des feuilles; les observations au microscope électronique montrent que ces éléments sont
piégés dans le rhizoderme des racines.
Le rôle du système racinaire du cocotier est ainsi mis en évidence et paraît essentiel pour
filtrer les éléments dont la teneur très élevée dans le sol pourrait s'avérer toxique pour les
feuilles mais les teneurs observées dans les racines peuvent expliquer l'inhibition de la
croissance des racines ( cas de Na+).
Il n'existe pas de variation particulière du potentiel hydrique en fonction du temps, à Long An,
sur sols sulfatés acides, entre la saison sèche et la saison des pluies. Par contre, à Do Hoa,
sous l'effet de la salinité, en saison sèche, le potentiel hydrique atteint la valeur minimum de -
1,2 MPa. En saison des pluies, les valeurs sont plus élevées (- 0,4 MPa ). Les mesures de
conductance stomatique montrent que l'arrosage à l'eau salée ne diminue pas la résistance
stomatique du cocotier sur sols sulfatés acides et salés (Do Hoa) de même l'arrosage à l'eau
douce à Binh Thanh n'a aucun effet significatif sur le fonctionnement stomatique ce qui
prouve que tous les cocotiers sont bien hydratés même pendant la saison sèche.
Dans le delta du Mékong, les besoins en eau du cocotier sont satisfaits en toutes saisons.
Par contre, le poids sec des racines a augmenté de 60% et il semble donc que le cocotier réagit
à la contrainte acidité en développant son système racinaire. En effet, nous avons montré que
les racines sont le siège d'accumulation de l'aluminium et du fer et qu'elles jouent un rôle de
filtre sélectif.
La production annuelle de noix est réduite de 45 %; en effet, malgré la réduction du nombre
de feuilles, on constate une augmentation du nombre de fleurs femelles mais le taux
d'avortement est important et la fructification limitée. Contrairement à l'effet de l'acidité, la
salinité entraîne une baisse de la teneur des noix en coprah dont la production à l'hectare est
réduite des deux tiers.
La réduction de la photosynthèse est confirmée par les mesures effectuées sur des plantules de
cocotiers arrosés à l'eau salée: à partir de 10 %o de salinité, la fermeture des stomates est
continue entraînant la réduction de la biomasse de tous les organes; par contre à 5 %o , le
développement du cocotier est supérieur à celui obtenu par arrosage à l'eau douce. Il faut
noter que les capacités métaboliques de fixation du CO2 sont altérées en même temps que la
conductance stomatique est réduite, ce qui est prouvé grâce à l'utilisation conjointe des
méthodes Hansatech (3% CO2) et de la chambre d'assimilation en air normal.