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BIBLIOTHÈQUE DU PARLEMENT
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À cette époque, la Banque du Canada estimait que
l’économie ne pouvait croître à un rythme supérieur à
un taux variant entre 2,75 et 3,25 p. 100 par an sans
provoquer de graves pressions inflationnistes.
Pourtant, certains économistes du secteur privé
estimaient pour leur part que l’économie pouvait sans
danger afficher un taux de croissance d’au moins
3,5 p. 100 par an sans que l’inflation dépasse la
fourchette visée. Il faut noter que, si les deux limites
sont supérieures au taux de croissance annuel moyen
de 2,9 p. 100 pour la période de 1971 à 2003, elle sont
inférieures au taux de croissance annuel moyen de
3,7 p. 100 observé depuis le début de l’actuelle phase
d’expansion en 1992 et au taux de croissance annuel
moyen de 3,8 p. 100 enregistré depuis 1995, année où
le taux de chômage est tombé sous les 10 p. 100 pour
la première fois depuis la récession de 1990-1991.
Entre 2001 et 2003, la croissance est tombée sous la
normale, son taux annuel moyen passant à 2,5 p. 100,
et le débat sur la limitation de la croissance a perdu de
son actualité. Un redressement récent de l’économie
aux États-Unis et au Canada pourrait toutefois mener
à un regain d’intérêt. Comme de nombreux
économistes s’y attendaient, la Banque du Canada a
annoncé, le 8 septembre 2004, qu’elle relevait sa cible
pour le taux du financement à un jour de 2 à
2,25 p. 100, parce que la robustesse de la croissance
aux États-Unis et en Asie devrait pousser l’économie
canadienne à la limite ou au-dessus de son potentiel
estimé. La Banque du Canada croit qu’il faut de 18 à
24 mois pour qu’une modification de la cible de taux
du financement à un jour se répercute sur l’économie
et l’inflation.
On s’attend à voir la politique monétaire des États-
Unis suivre un cours semblable, et son orientation
influe souvent sur la politique économique et
monétaire du Canada. Dans un discours prononcé à
Londres en juin 2004 devant la International Monetary
Conference, Alan Greenspan, président de la Federal
Reserve, a déclaré qu’il était prêt à relever les taux
d’intérêt selon le besoin si l’inflation dépassait les
attentes. Pour beaucoup, cela signifie que la Réserve
fédérale américaine ne craint plus, comme elle l’a fait
au cours des deux ou trois dernières années, un recul
généralisé des prix (déflation), mais s’inquiète à
nouveau d’une éventuelle hausse des prix (inflation).
L’importance de changements
modestes de la limite de vitesse
Les petites variations de la limite de vitesse estimée de
l’économie importent, parce que les estimations
peuvent engendrer leur propre réalisation. Par
exemple, si la Banque du Canada estime que la
croissance de l’économie canadienne ne doit pas
dépasser 3 p. 100 par an pour éviter l’inflation, son
influence par la voie des taux d’intérêt pourrait bien
confirmer cette estimation. L’écart entre 3 et
3,5 p. 100, par exemple, peut sembler faible (50 points
de base), mais il se traduit par environ 6,1 milliards de
dollars d’activité économique supplémentaire, si l’on
utilise les chiffres du PIB nominal pour 2003 en
supposant un taux d’inflation de 2 p. 100. Pour se
faire une idée de l’ampleur de ce chiffre, il suffit de
penser que 6,1 milliards de dollars représentent une
fois et demie la production nominale annuelle de l’Île-
du-Prince-Édouard.
Mesurer la croissance potentielle
La mesure habituelle de la limite de vitesse de
l’économie – la croissance potentielle – équivaut
normalement à la somme du taux de croissance de la
productivité et du taux d’accroissement de la
population. Deux grandes conséquences s’ensuivent.
En premier lieu, si la population augmente,
l’économie peut croître plus rapidement. En second
lieu, si les secteurs d’activité peuvent produire
davantage avec moins d’intrants (main-d’œuvre,
matériaux, énergie, etc.), donc améliorer leur
productivité, la croissance peut aussi s’accélérer.
Étant donné que la hausse de la productivité annuelle
a été en moyenne de 2 p. 100 entre 1996 et 2002 et
que la population a augmenté d’environ 1 p. 100 par
an ces dernières années, on estime que la limite de
vitesse ou croissance potentielle au Canada devrait
être d’environ 3 p. 100.
La Banque du Canada s’attend toutefois, sauf si la
productivité devait nettement s’améliorer au Canada, à
ce que le taux de croissance potentiel du pays chute en
raison du vieillissement de la population et
d’amenuisements prévus de la croissance
démographique, deux phénomènes qui entraînent une
diminution du nombre de travailleurs. Dans une de