Médecine d'Afrique Noire : 1996, 43 (10)
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LES CANCERS DE L'INTESTIN…
mais évocateurs d’un processus d’obstruction intestinale.
Le polymorphisme clinique de la tumeur de l’intestin grêle
est bien connu. En fait trois sortes de manifestations
révèlent habituellement la tumeur :
1) Les manifestations cliniques progressives et aspéci-
fiques qui retardent le diagnostic.
- Les douleurs abdominales en rapport avec une
obstruction plus ou moins importante de la lumière
intestinale (allant de simples phénomènes dyskiné-
tiques douloureux au véritable syndrome de
KOENIG, très évocateur), les hémorragies digestives
minimes ou modérées, la constatation d’une masse
abdominale (plutôt rare et tardive).
-Le déclin de l’état général est parfois le seul symp-
tôme chez une sujet amaigri, anémié et fébrile. Un
syndrome de malabsorption peut aggraver la dénu-
trition. Une entéropathie exsudative avec stéatorrhée,
créatorrhée, sans troubles de l’absorption des sucres
et des folates est aussi possible, liée à un blocage lym-
phatique par la tumeur.
2) Les manifestations aiguës
Fréquemment révélatrices, elles peuvent revêtir 3 aspects :
- Une occlusion aiguë du grêle par obstruction ou par
invagination.
- Une hémorragie intestinale massive et récidivante
avec état de choc. L’association hémorragie-occlusion
paraît très rare (2% des cas pour RIVET (10).
- Une perforation intestinale (peu fréquente) réalisant
soit un tableau de péritonite cloisonée, soit un tableau
de péritonite généralisée.
3) Enfin, il est des formes asymptômatiques de
découverte opératoire, qui suggèrent l’exploration systé-
matique du grêle lors de toute laparotomie.
Citons l’éventualité d’une perforation de la tumeur dans un
organe voisin, avec son cortège de signes d’emprunt pou-
vant égarer le diagnostic.
5 - Biologie
Ne disposant pas de marqueurs biologiques, nous nous
sommes contentés d’examens biologiques de routine
n’ayant aucune spécificité. Par ailleurs, la discordance
entre la très grande fréquence des parasitoses intestinales et
la grande rareté du cancer du grêle en Afrique, écarte toute
hypothèse visant à incriminer la parasitose intestinale dans
la genèse de ce cancer.
6 - Imagerie
La radio de l’abdomen sans préparation (ASP) garde sa
valeur dans les syndromes occlusif et perforatif.
N’étant pourvus ni de scanner ni d’artériographie, le transit
baryté du grêle demeure pour nous l’examen de base en
dehors d’une complication aiguë. Il nous a permis d’évo-
quer le diagnostic dans 5 cas sur 6. Mais la série de SETHI
(13), relativise l’importance de cet examen : sur 34 tumeurs
du grêle opérées, 10% seulement ont pu être détectés par le
transit. Et, HOLLENDER (5), à partir d’une revue de la
littérature, fait état d’une grande disparité dans la valeur
diagnostique de cet examen : 12 à 50%.
Le lavement baryté, qui permet de visualiser la valvule de
Bauhin et l’iléon terminal, peut être utile dans le diagnostic
des tumeurs situées sur ce segment intestinal.
7 - Traitement
Notre attitude thérapeutique a été exclusivement chirurg i -
cale par manque de moyen thérapeutique complémentaire.
En effet, si la chirurgie constitue la base du traitement des
adénocarcinomes, la chimiothérapie et la radiothérapie ont
leur place dans le traitement des tumeurs lymphomateuses
et sarcomateuses.
Aucune méthode de dérivation n’a été pratiquée dans notre
série. Cependant, certaines publications rapportent des cas
d’iléostomie et de dérivation interne court-circuitant la
tumeur (iléo-iléostomie, iléo-sigmoïdostomie).
Le trop petit nombre de cas opérés et l’absence de suivi à
long terme ne nous autorisent pas à faire des déductions
recevables en terme de mortalité et de survie. Le taux de
mortalité opératoire oscille généralement entre 8 et 37% (2,
5) et la survie globale à 5 ans entre 14 et 31% (14). Ces
derniers chiffres recouvrent en fait des diversités fonctions
du type histologique : 14% pour les sarcomes, 20 à 25%
pour les lymphomes, 20 à 30% pour les adénocarcinomes,
43 à 64% pour les carcinoïdes (1, 2, 5, 8, 14).
CONCLUSION
Les tumeurs malignes de l’intestin grêle posent des problè-