keddar sidi mohammed

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Faculté des Sciences
Département de Physique
Mémoire pour l’obtention du diplôme de
Magister en physique
Présentée par :
KEDDAR SIDI MOHAMMED
Thème
Comportement des transitions Auger
C-KVV du carbone dans les différents
matériaux : C/Al2O3, SiC, C/M (M=Ti,Cr, Ni)
Soutenue le : …/…/2012, devant le jury :
Grade
Université
Mr. HAMOU AHMED
Professeur
ORAN
Président
Mr. GHAMNIA MOSTEFA
Professeur
ORAN
Rapporteur
Maitre de conference. A
ORAN
Examinateur
Professeur
ORAN
Examinateur
Nom
Mr. BOUKREDIMI DJAMEL
Mr. BELHADJI MAAMAR
Année Universitaire 2011-2012
Qualité
REMERCIEMENTS
Ce travail a été effectué dans le cadre de la Post-graduation de Spectroscopie des
Matériaux Solides du laboratoire des Sciences de la Matière Condensée (LSMC) de
l’Université d’Oran (Es-Senia).
Je tiens à remercier tout d’abord mon encadreur Monsieur le Professeur M. GHAMNIA
de l’Université d’Oran (Es-Senia) de m’avoir accueilli dans son laboratoire et par sa
contribution tout au long de ce travail.
Je remercie aussi tout particulièrement Monsieur le Professeur A. HAMOU de
l’Université d’Oran (Es-Senia) pour l’honneur qu’il m’a fait en acceptant de présider ce jury.
Je tiens également à remercier également Messieurs M. BELHADJI Professeur à
l’Université d’Oran (Es-Senia) et D. BOUKREDIMI Maître de Conférences à l’Université
d’Oran (Es-Senia) d’avoir accepté de juger ce travail.
Mes reconnaissances s’adressent à tous mes amis ainsi que les membres du laboratoire
des Sciences de la Matière Condensée pour leur soutien et l’ambiance amicale qu’ils ont su
entretenir durant la durée de ce travail. Il s’agit en particulier de Nadir Benameur, Halima
Aissat, Amel Oukil, Khaira Mekki et mes amis de ma promotion de Magister.
A tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à l’aboutissement de ce travail,
j’exprime ma profonde gratitude.
Sommaire
Introduction générale....................................................................................... 1
Chapitre I ........................................................................................................ 3
I.1 Introduction ................................................................................................ 3
I.2 Interaction rayonnement/matière ............................................................... 3
I.2.1 Les différents rayonnements ............................................................... 3
a- Rayonnements corpusculaires ............................................................. 4
b- Rayonnement électromagnétique........................................................ 4
I.2.2 Principe de la dualité onde-corpuscule ............................................... 4
I.2.3 Interaction rayonnement/solide, émission de particules et techniques
associées ...................................................................................................... 5
I.2.4 Libre parcours moyen ......................................................................... 8
I.3 Spectroscopie des électrons Auger et de pertes d’énergie ......................... 10
I.3.1 Spectroscopie d’électrons Auger ........................................................ 10
I.3.2 Spectroscopie de pertes d’énergie....................................................... 13
I.3.3 Mécanismes impliqués dans le processus de perte d’énergie ............. 14
I.3.4 Fonction pertes d’énergie.................................................................... 14
I.3.5 Processus physiques impliqués en EELS ........................................... 19
Chapitre II....................................................................................................... 20
II.1 Introduction............................................................................................... 20
II.2 Canon à électrons ...................................................................................... 23
II.3 Analyseur .................................................................................................. 25
1
II.3.1 Analyseur CMA (Cylindrical Miror Analyser) ................................. 26
II.3.2 Analyseur hémisphérique .................................................................. 26
II.4 Détection et enregistrement des spectres .................................................. 27
II.4.1 Amplificateur à dynodes séparées ..................................................... 29
II.4.2 Amplificateur type Channeltron ........................................................ 30
II.4.3 La détection ....................................................................................... 31
Chapitre III ..................................................................................................... 31
III.1 Spectres caractéristiques du carbone ....................................................... 32
III.2 Spectres Auger du carbone dans différents solides ................................ 34
III.3 Spectres de perte d’énergie EELS du carbone ........................................ 37
III.4 Spectre de perte d’énergie du graphite .................................................... 39
III.5 Effet du bombardement aux ions Argon Ar+ .......................................... 40
III.6 Structures des spectres Auger après action du faisceau Ar+ ................... 42
III.7 Evolution des spectres Auger C-KVV sous aire irradiée........................ 44
Conclusion ...................................................................................................... 45
Conclusion ....................................................................................................... 45
Bibliographie……………………………………………………………….47
2
Introduction
Introduction générale
La Spectroscopie d’électrons Auger (AES : Auger Electron Spectroscopy) est
parmi les techniques les plus adaptées à l’analyse des surfaces. Elle permet surtout de
détecter les espèces chimiques présentes en surface, de renseigner sur la nature des
liaisons chimiques et la concentration. Les défauts surfaciques sont également détectes
par cette méthode.
L’AES détecte tous les éléments du tableau de Mendeleïev sauf l’Hélium (He)
et l’Hydrogène (H) en raison du nombre d’électrons insuffisant dans le mécanisme
d’émission d’électrons Auger.
Nous avons appliquée cette technique dans ce travail pour suivre, l’émission
Auger du carbone lié à diverses surfaces de divers matériaux.
La surface est caractérisée par une forte réactivité à cause des défauts de surface
(liaisons non saturées, manque d’atomes,…), elle constitue le siège de nombreuses
interactions dues à sa rugosité, à la disposition de ses atomes, à sa texture,….. Le
comportement de la surface est révélé par l’interaction du faisceau électronique qu’on
utilise en spectroscopie électronique. Elle est extrêmement sensible à la présence du
faisceau électronique. En AES, cette sensibilité apparaît par une modification de la
structure du spectre Auger qui peut être due à un réarrangement électronique ou même
atomique en surface et en subsurface. Pour mettre en évidence cette sensibilité, il suffit
d’analyser une surface d’un matériau isolant. Les signaux Auger détectés pour ces
matériaux sont perturbés par l’accumulation de la charge en surface. On assiste à la
présence d’un potentiel de surface Vs qui perturbe souvent l’acquisition des spectres
Auger et modifie leur position énergétique, c’est le cas du shift chimique.
Ceci peut être accentué par l’augmentation de l’énergie primaire des électrons et peut
également avoir un effet avec l’état de surface et la nature du matériau.
C’est ainsi qu’un matériau oxyde (isolant) ne présente pas la même évolution sous le
faisceau qu’un matériau semi conducteur ou métallique. La nature de la surface liée à
cette composition chimique ne peut donner la même évolution des signaux Auger.
Dans notre cas on montre que les spectres Auger C-KVV du carbone sont influencées
par l’environnement chimique des atomes et permettent de distinguer les différents
liaisons.
Un atome de carbone entouré par des atomes carbone (cas de graphite) ne
donne pas la même émission Auger qu’un atome de carbone entoure par des atomes
oxygène (cas du CO2) ou autre.
Ceci est dû à l’influence de l’environnement chimique du carbone. C’est ce que
nous traitons dans ce travail en analysant des matériaux comme le SiC, le graphite (CC), le SiO2 et bien d’autres, toute une série de métaux (Mo, Ti, Cr) pouvant former le
carbure métallique. Dans ce travail, nous présentons des résultats sur le comportement
du carbone en spectroscopie Auger sur différents matériaux. Ce travail de ce mémoire
est structuré en trois chapitres distincts.
Le chapitre I est réservé à la notion de spectroscopie d’électrons Auger (AES)
et de pertes d’énergie (EELS) appliquées aux surfaces des matériaux. Le 2éme chapitre
traite le dispositif expérimental pour l’analyse Auger et de pertes d’énergies et le 3éme
chapitre est consacré aux résultats des émissions Auger de carbone dans divers
matériaux.
Chapitre I
Spectroscopie d’électrons Auger (AES)
et de pertes d’énergie (EELS)
appliquées aux surfaces des matériaux
’é ’é é é
I.1 Introduction :
Lors d’une interaction d’un rayonnement électromagnétique ou corpusculaire,
formé par des photons ou électrons avec un solide, diverses émissions peuvent être
enregistrées.
Cette émission est constituée par des électrons, par des ions ou par des photons.
Nous nous intéresserons au cours de ce travail plus particulièrement aux émissions
des électrons parce qu’elles véhiculent des informations importantes sur le matériau et
nous renseigne sur la composition chimique, les défauts, les transitions inter ou intra
bandes.
L’émission des électrons après interaction est composée d’électrons primaires et de
ceux arrachés au solide. A chaque émission correspond une technique d’analyse.
Nous nous limitons dans ce travail aux deux techniques qui sont : la spectroscopie
des électrons Auger (AES) et la spectroscopie de pertes d’énergie (EELS).
I.2 Interaction rayonnement/matière :
I.2.1 Les différents rayonnements :
Avant d’étudier les effets de l’interaction d’un rayonnement avec la matière,
nous essayons d’abord de donner un aperçu sur les différents rayonnements.
On peut classer ces derniers en deux catégories: les rayonnements
corpusculaires et les rayonnements électromagnétiques.
3
’é ’é é é
a) Rayonnements corpusculaires :
Le rayonnement corpusculaire est un rayonnement formé par des particules ayant une
masse m et une charge q. En raison de leurs particularités (portant une charge et une
masse), ils peuvent être animés d’une vitesse V et d’une énergie cinétique EC donnée
par EC =
mV2, les électrons ou les ions constituent souvent ce type de rayonnement.
L’énergie cinétique peut atteindre des valeurs de l’ordre du MeV.
b) Rayonnement électromagnétique :
Ce type de rayonnement est caractérisé par un champ électrique E et par un champ
magnétique B. On peut les qualifier de particules de « masse nulle » mais ayant une
énergie qui peut atteindre plusieurs méga électronvolts (MeV).
Ce rayonnement est constitué par des photons. Le photon est défini comme étant
une particule de masse et de charge nulle associée à la propagation de l’onde
électromagnétique. Tous les spectres de la lumière allant des Rγ aux ondes radio
constituent ce type de rayonnement.
L’énergie du rayonnement est quantifiée, elle est donnée par la relation E = hν ou
h est la constante de Planck égale à 6,62 10-34 J.s et ν est la fréquence du rayonnement.
I.2.2 Principe de la dualité onde-corpuscule
En physique, la dualité onde-corpuscule est un principe selon lequel toutes les
particules en mouvement animées d’une vitesse v, présentent les propriétés d’une
onde.
Ce concept fait partie du fondement même de la mécanique quantique.
De Broglie et bien d’autres accordent à tous les objets en mouvement une nature
d’onde et de particule. Du point de vue théorique et dans le cas des électrons, on arrive
à attribuer à l’électron en mouvement une longueur d’onde λ qui est déterminée par le
raisonnement suivant :
4
’é ’é é é
Le photon est défini par une énergie !" et par une impulsion
L’électron de masse m animé d’une vitesse V ayant une énergie cinétique et une quantité de mouvement #
&'.
#
$
%
.
&' Si on considère que l’électron se comporte comme un photon, les quantités de
mouvement sont identiques, en égalisant alors les deux quantités on arrive à
déterminer la longueur d’onde qu’on associe à l’électron. Cette longueur d’onde est
donnée par :
(
!
√2&
L’électron possède donc les propriétés d’une onde et possède également les propriétés
d’une particule caractérisée par sa masse et son énergie cinétique.
I.2.3
Interaction
rayonnement/solide,
émission
de
particules
et
techniques associées :
Lorsqu’un solide est soumis à une interaction quelconque définie par un des
rayonnements qu’on vient de définir (photons ou particules), diverses particules
peuvent être émises.
Le schéma de la Figure I.1 illustre les différentes émissions obtenues lorsqu’un
solide est soumis à une irradiation électronique d’énergie Ep. Divers émissions sont
détectées, elles peuvent êtres constitue d’électrons, d’ions ou de photons. A chaque
émission correspond une analyse particulière.
5
’é ’é é é
Excitation primaire e- ou
photons
Figure I.1 : Emission de diverses particules dues à une interaction par des électrons ou par
des photons. Les émissions sont des électrons primaires et secondaires, les photons sont dus
à la luminescence du matériau, on peut avoir aussi une émission d’ions.
D’après cette figure, l’irradiation primaire produit une émission formée de
différentes particules composée de :
Des électrons primaires ayant réussi à sortir des solides sans pertes d’énergie
après interaction. L’énergie cinétique après émission est Ec = Ep.
Des électrons primaires ayant perdu une quantité d’énergie ∆E lors de
l’interaction. L’énergie cinétique des électrons après émission est Ec = Ep – ∆E.
Des électrons secondaires propres au solide émis par le mécanisme Auger ou
par cascade, l’énergie cinétique est variable.
Des photons si le matériau (matériau diélectrique ou semi-conducteur) est
luminescent sous excitation. L’énergie cinétique varie également.
Des ions si l’interaction est assez énergétique
Si on s’intéresse qu’à l’émission électronique, la courbe d’émission de tous les
électrons est donnée par la densité d’électrons réémis par le solide en fonction de
l’énergie cinétique N(E). D’après la variation de cette courbe, on dénombre quatre
6
’é ’é é é
domaines allant de +
0 à +
- . A chaque domaine peut correspondre une
technique d’analyse adaptée à l’étude des surfaces.
Figure I.2 : Distribution énergétique de la densité N(E) des électrons réémis en fonction de
l’énergie cinétique [1].
Sur cette figure, tous les électrons réémis par le solide après interaction sont sur
cette courbe et représente par la densité électronique N(E).
La courbe N(E) passe par des électrons secondaires d’énergie faible (+ . 50 0')
formant le pic large, aux électrons primaires réussissant de sortir du solide sans pertes
d’énergie (Ec = Ep), c’est le domaine des électrons élastiques produisant un pic étroit
appelé souvent pic élastique.
Entre ces deux domaines, deux émissions importantes sont enregistrées, l’émission
attribuée aux électrons Auger et l’émission des électrons ayant perdu de l’énergie lors
de leurs parcours dans le solide.
On associe à ces deux émissions des techniques de spectroscopies d’analyse des
surfaces : la spectroscopie des électrons Auger connue sous l’acronyme anglo-saxon
AES signifiant Auger Electron Spectroscopy et la spectroscopie de pertes d’énergie
des électrons EELS comme Electron Energy Loss Spectroscopy.
7
’é ’é é é
Ces deux techniques, dont un aperçu est donné ci-dessous, sont des techniques très
sensibles aux phénomènes des surfaces. Elles sont complémentaires l’une de l’autre et
permettent une analyse complète et riche en information sur la composition chimique
de la surface.
La corrosion qui est liée à la dégradation de la surface par perte d’atomes
d’oxygène, la croissance des couches minces et l’oxydation sont des domaines ou ces
techniques permettent de suivre l’évolution de la surface.
I.2.4 Libre parcours moyen
Le libre parcours moyen est un paramètre important dans l’interaction électron/solide.
Il exprime l’acheminement de l’électron dans le solide jusqu’à sa sortie à la surface.
En spectroscopie Auger, l’énergie cinétique de l’électron Auger est une signature de la
nature de l’atome émetteur. La profondeur d’échappement des électrons qu’on note λ
ou le libre parcours moyen est limité à quelques nanomètres soit les premières couches
superficielles. Ce sont les fortes interactions e-/e- qui limitent le libre parcours moyen.
Il dépend de l’énergie cinétique et varie suivant la courbe de la figure I.3 pour
l’ensemble des éléments.
8
’é ’é é é
Figure I.3 : Variation du libre parcours moyen dans un ensemble de matériauX [2].
M.P. SEAH et W.A. Deuch [3] ont établi une relation empirique du libre parcours
moyen λ(E). Cette relation est donnée par :
λ(E)= αi E-2 + βi E1/2
αi et βi sont des valeurs dépendent de la nature des matériaux.
D’après la courbe de la figure : λ varie de E-2 jusqu’à E=100 eV et elle repart en √
au-delà de 100 eV.
9
’é ’é é é
I.3 Spectroscopie des électrons Auger et de pertes d’énergie
I.3.1 Spectroscopie d’électrons Auger :
La spectroscopie d’électrons Auger est sans doute la technique la plus adaptée à
l’analyse des surfaces. Elle est utilisée pour analyser les surfaces des matériaux grâce
à la faible profondeur à partir de laquelle les électrons sont réémis.
Les électrons sortant proviennent de couches de faibles épaisseurs (inférieure à 30
Å) qui correspondant donc à l’épaisseur de quelques plans atomiques.
Si par exemple, la surface du matériau est atteinte par la corrosion ou une
dégradation quelconque, la spectroscopie des électrons Auger est capable de révéler la
dégradation en surface engendrée par la corrosion en suivant l’évolution du signal
Auger de l’oxygène.
Si le matériau est un alliage, les signaux Auger relatifs aux éléments composant le
matériau, reflètent la composition chimique soit par une différence de l’intensité du
signal Auger de chaque élément ou par le changement de la forme du pic ou son
déplacement énergétique.
Le principe de base de cette technique est illustré par la Figure I.4 (a) et I.4 (b)
dans le cas d’un atome isolé et dans le ca d’un solide.
Un atome libre possède des niveaux d’énergie qu’on désigne par les termes
spectroscopiques K, L, M, N,… chaque niveau est caractérisé par sa capacité
d’accueillir un certain nombre d’électrons, pour le niveau K on a deux électrons, pour
le niveau L, huit électrons et ainsi de suite. Selon son énergie, l’électron primaire
utilisé en spectroscopie Auger interagit avec les électrons de ces niveaux. La figure I.4
(a) illustre l’émission Auger dans le cas d’un atome libre.
10
’é ’é é é
Figure I.4 (a) : Effet Auger dans le cas d’un atome isolé [3].
Cette émission Auger qu’observe dans le cas de l’atome isolé est différente
lorsqu’il s’agit d’un solide. Ce dernier est décrit énergétiquement par un système de
bandes (une bande de conduction, une bande de valence et une bande interdite) et des
niveaux profonds.
Lorsque le solide est bombardé par un faisceau d’électrons d’énergie Ep, le niveau
profond est irradié en premier si l’énergie primaire est suffisante. On assiste alors à
une extraction d’un électron de ce niveau, le trou créé par l’extraction de l’électron est
comblé par un électron du niveau supérieur.
L’excès d’énergie entre les deux niveaux peut extraire un deuxième électron. C’est
cet électron qu’on appelle électron Auger. Si les niveaux impliqués par ce mécanisme
sont dans la bande de valence, des informations sur cette bande peuvent être déduites.
11
’é ’é é é
Figure I.4 (b): Mécanisme d’émission d’électron Auger dans le cas d’un solide [4].
La transition Auger est caractérisée par une notation particulière. Si l’atome
concerné est A, la notation est notée A-XYZ (Figure I.4 (a)). On lit cette transition
comme suit : A est l’atome concerné par le processus Auger, X désigne le niveau
irradié en premier. Y est le niveau à partir duquel un électron vient combler le trou
crée sur X. Z est le niveau à partir duquel l’électron Auger est émis par l’excès
d’énergie entre le niveau Z et Y.
Tous les éléments du tableau de Mendeleïev donnent des transitions Auger et sont
tabulées sauf l’hydrogène et l’hélium en raison de leur nombre d’électrons insuffisants.
On donne quelques exemples dans le tableau 1.
12
’é ’é é é
Atome
Transition Auger
O (oxygène)
O-KLL ou O-KVV
Si (Silicium)
Si-LMM ou Si-LVV
C (carbone)
C-KLL ou C-KVV
In (indium)
In-MNN
Tableau 1 : Quelques exemples de transitions Auger pour les éléments : Oxygène, Silicium,
Carbonne et Indium. La lettre V désigne la bande de valence, dans certains solides, les
niveaux des éléments forment la bande de valence.
I.3.2 Spectroscopie de pertes d’énergie
La spectroscopie de pertes d’énergie (EELS) est une technique complémentaire à la
spectroscopie des électrons Auger. Techniquement et c’est ce qui est considéré comme
un avantage, l’analyse AES et EELS utilisent le même dispositif expérimental et
l’acquisition des spectres peut se faire en simultanée.
D’après la figure I.2, lorsqu’un faisceau d’électrons d’énergie primaire - traverse
un matériau il subit des pertes d’énergie lors de l’interaction.
Cette perte d’énergie ∆ véhicule des informations importantes concernant le
solide car elle est liée à l’état de surface. Si cette dernière est caractérisée par des
défauts, le signal EELS montre la présence des pics caractéristiques.
Comme il s’agit d’une interaction électronique, la perte d’énergie est due
essentiellement à l’interaction électron-électron. Des chocs successifs peuvent avoir
lieu, ils peuvent être élastiques ou l’électron primaire sort du solide avec son énergie
initiale Ep alors que d’autres électrons et suite à une interaction multiple, l’électron
primaire cède une partie ∆E de son énergie primaire et sort du solide avec une énergie
13
’é ’é é é
différente égale à Ep-∆E. ∆E représente la perte d’énergie et contient des informations
importantes sur les transitions électroniques intra ou inter bandes.
I.3.3 Mécanismes impliqués dans le processus de perte d’énergie :
Le processus de perte d’énergie d’un électron d’énergie Ep avec un solide se fait par le
transfert d’énergie
ħω et d’impulsion ħk de l’électron incident vers les électrons du
solide. Ce mécanisme a été développé par Ganachaud [5] en se basant sur le calcul de
la constante diélectrique
ε (E, k)
pour les métaux simples. Les étapes de calcul
conduisent à l’expression de la fonction perte d’énergie
Im (-1/ε) et de son allure
présentés dans le paragraphe suivant :
I.3.4 Fonction de pertes d’énergie :
Lorsqu’un électron primaire pénètre dans un solide, il induit sur son passage des
fluctuations de la densité de charge. La densité de charge induite par l’électron
primaire prend un mouvement oscillatoire au tour de la position d’équilibre
qu’occupait initialement le plasma. Le mouvement ainsi crée est géré par une équation
de mouvement connue en dynamique. Si on se limite dans le cas d’un électron libre
soumis à un champ électrique E, on obtient la réponse diélectrique ε
(E, k).
Suivant la direction, x ; on a :
m d2x/dt2 = -e E
(1)
x et E varie suivant une loi exp (-iωt) ce qui simplifie l’équation (1) :
-mω x2 = -e E
x =e E/mω2
En introduisant le moment dipolaire p donne par :
P= -ex= - e2E/mω2
14
’é ’é é é
et la polarisation (moment dipolaire/volume)
P= Nex ;
50
2 34
74 &6
#
N =concentration des électrons.
La fonction diélectrique et définie aussi par :
8 6
En remplaçant
9 6
8: 6
=6 par sa relation on obtient :
8 6
On pose
ωp =
502
&80
1<
= 6
6
502
12
&80 62
appelée fréquence du plasma
On réécrit alors :
8 6
6# 2
12 2
6
La variation de 8 6 est donnée par la figure I.5:
15
’é ’é é é
86
Domaine de propagation
Domaine
d’amortissement
6/6-
Figure I.5: Variation de >? présentant deux domaines. Le domaine d’amortissement
pour ω/ωp .1 et le domaine de propagation pour ω/ωp >1 [6].
La fonction perte d’énergie
Im (-1/ 8) s’obtient à partir de la relation
8 = 8 1+i 8 2 en inversant cette expression, on obtient :
1
8
8 2 C8
8 + 8 8
8
2
C
8 + 8 8 + 8 De cette relation, on déduit la fonction perte d’énergie Im
(-1/8) = - D
EF
EG F HEF F
I
De nombreux auteurs [7, 8, 9, 10] ont développé ces méthodes de manière quantitative
afin de déterminer à partir des spectres expérimentaux de pertes d’énergie des
constantes optiques.
8 1 et 8 2 sont reliés aux constantes optique par :
16
’é ’é é é
8 1=n2-k2 et 8 2= 2nk avec :
n : indice de réfraction
k : indice d’absorption
La fonction de perte d’énergie donnée par la figure I.6 présente un pole pour
8
(6) = 8 1(6)= 8 2(6)=0 qui correspond à une excitation collective du gaz
d’électrons (plasma), le maximum de
8 2 est dû a des transitions individuelles.
17
’é ’é é é
Figure I.6: Fonction perte d’énergie Im (-1/ε) du SiO2 déduite du spectre EELS [11].
18
’é ’é é é
I.3.5 Processus physiques impliqués en EELS :
La compréhension des processus physiques impliqués dans la spectroscopie EELS
nécessite de faire intervenir le diagramme des niveaux d’énergie. De ce point de vue,
on définit un solide par un système de bande d’énergie (figure I.7). Lorsqu’un électron
pénètre dans un solide il interagit soit avec les électrons de la bande de valence ou
avec les électrons des états créés dans le gap par la présence des défauts dans les
matériaux. Comme le montre la figure, la bande interdite n’est jamais vide et contient
souvent des niveaux discrets crées par les défauts ou physique (lacune liaison…) ou
chimiques (impuretés). Lors de l’interaction, l’électron cède une partie ∆E de son
énergie primaire Ep aux électrons de valence ou aux électrons des niveaux dans le gap.
Cette quantité ∆E cédée aux électrons du solide provoque des transitions inter bandes
entre la BV et la BC ou entre la BI et la BC.
Une des informations que peut donner un spectre de perte d’énergie est la nature de la
transition.
BC
2
1
3
BV
1 : Transition inter-bande BV
2 : Transition inter-bande BV
3: Transition intra-bande BI
BC
BC
BI
Figure I.7: Différentes transitions inter et intra bandes observées en EELS.
19
Chapitre II
Dispositif expérimental pour l’analyse
Auger et de pertes d’énergie
Chapitre II
Dispositif expérimental pour l’analyse Auger et de pertes d’énergie
II.1 Introduction :
L’analyse Auger et de perte d’énergie nécessite un dispositif lourd équipé d’une
enceinte en inox capable (appelé souvent bati ou chambre d’analyse) de maintenir un
ultra vide de l’ordre de 10-10 torr, (1 Torr = 1 mm Hg = 133,322 Pa), ce vide traduit
l’absence de toute contamination dans la chambre d’analyse. Le schéma de la Figure
II.1 donne un aperçu de l’enceinte utilisée pour des analyses des surfaces. Comme le
montre cette figure l’enceinte comporte plusieurs ouverture ou piquages permettant
d’annexer différents accessoires de mesures ou de contrôle. Dans la chambre de
préparation et d’analyse on peut élaborer des échantillons en couches minces par
évaporation par exemple. A l’intérieur de la chambre se trouvent des sources
d'évaporation et des techniques conventionnelles d'analyse de surface (spectroscopie
d'électrons Auger, de pertes d’énergie, diffraction d'électrons lents,…). Dans d’autres
installations, on peut trouver deux chambres séparées, la chambre de préparation est
séparée de la chambre d’analyse mais couplées entre elles par un système de SAS.
Le canon à électrons délivrant une énergie de 5 keV est fixé dans la chambre UHV
et il est incliné d’un angle de 20° qui lui permettra d’interagir avec la surface sous
cette incidence. Les électrons émis de la surface sont dirigés dans toutes les directions
avec des énergies cinétiques variées. Seuls les électrons réussissant à pénétrer dans
l’analyseur placé en face du canon à électrons et sélectionnées par la différence de
potentiel appliquée entres le cylindre extérieur et le cylindre intérieur pour l’analyseur
type CMA sont comptés en bout de chaine par photomultiplicateur. Les spectres des
électrons comptés par unité de temps sont détectés et enregistrés sur une table traçante
ou sur un ordinateur. Le mode de détection peut être direct N(E) si on utilise un
analyseur hémisphérique ou indirect en mode dérivée (dN/dE) pour l’analyseur CMA.
L’avantage d’un mode par rapport à l’autre est expliqué dans les paragraphes suivant
dans ce chapitre.
20
Chapitre II
Dispositif expérimental pour l’analyse Auger et de pertes d’énergie
Fig. II.1 : Dispositif expérimental d’un ensemble d’analyse fonctionnant sous UHV.
UHV
21
Chapitre II
Dispositif expérimental pour l’analyse Auger et de pertes d’énergie
Comme on peut le voir sur le dispositif de la figure II.1, le vide est obtenu par
un système de pompe. Avant d’atteindre l’ultra vide nécessaire pour les analyses des
surfaces, on doit obligatoirement passer par des vides intermédiaires (le vide primaire
et le vide secondaire) il est obtenu par un système de pompe turbo moléculaire qui
permet d’atteindre un vide de l’ordre de 10-7 torr. A partir de ce vide, un autre système
de pompage assuré par des pompes ionique et à sublimateur de titane prend le relai
pour atteindre l’ultra haut vide (UHV)
La gamme des différents vides est expliquée par le schéma de la Figure II.2
suivant :
Figure II.2: Diagramme des vides.
a) Le vide primaire dont la pression varie
entre
10-2 à 10-3 torr sert à
dépoussiérer l’enceinte.
b) Le vide secondaire avec une pression variant de 10-3 à 10-7 torr est considéré
comme un bon vide mais il est insuffisant pour faire de l’analyse Auger. Il est
généralement utilisé en microscope électronique à balayage. Le vide primaire
est secondaire sont obtenu facilement par un système de pompe classique.
22
Chapitre II
Dispositif expérimental pour l’analyse Auger et de pertes d’énergie
c) L’ultra vide : cette dernière partie du vide atteint la pression de l’ordre de 10-10
torr est obtenu par des pompes puissantes (des pompes turbo moléculaires
tournant avec une grande vitesse ou des pompes ioniques à sublimation de
titane).
II.2 Canon à électron :
Le canon à électrons
est un composant essentiel
pour la spectroscopie
électronique (Auger et pertes d’énergie). Il constitue la source d’excitation primaire.
Deux paramètres le caractérisent son énergie primaire et la densité de courant
émis produite par le faisceau au point d’impact avec la surface.
La performance d’un canon est définie par sa brillance donnée par la relation :
é
Le schéma de principe d’un canon à électron est illustré par la Figure II.3
Figure II.3 : Schéma d’un canon a électron [12].
23
Chapitre II
Dispositif expérimental pour l’analyse Auger et de pertes d’énergie
Dans ce dispositif, les électrons sont émis par le point du milieu en forme de V
tourné et formé par un filament de tungstène qu’on chauffe à l’aide d’un courant
électrique.
L’énergie des électrons juste à l’émission est réglée par l’application d’une
différence de potentiel, c’est le wenhelt.
Le faisceau d’électrons formé dans le wenhelt est accéléré puis focalisé pour
être dirigé vers la surface de l’échantillon.
Il existe deux familles de canon à électrons qui sont :
Le canon à émission thermoïonique utilisant généralement des filaments de
tungstène ou des pointes LaB6 (héxaborure de lanthane). La source d’électrons
provenant d’un filament de tungstène ou d’hexaborure de lanthane (LaB6) est
souvent choisie pour le faible travail de sortie (l’énergie nécessaire pour
extraire un électron de l’échantillon et l’éjecter dans le vide). Le travail de
sortie pour le tungstène est de l’ordre de quelques eV.
Un autre avantage permettant d’utiliser un canon à électron utilisant un filament de
tungstène est sa disponibilité et son coût.
Le seul inconvénient réside dans sa durée de vie et dans sa fragilité, il se casse
fréquemment.
Le canon à émission par effet de champ, le principe de ce canon est
d’utiliser une cathode en forme de pointe très fine soumise à une tension
électrique élevée (de l’ordre de 6000 volt) produisant ainsi un champ
électrique très intense. Le champ crée permet d’extraire des électrons de la
pointe par effet tunnel.
24
Chapitre II
Dispositif expérimental pour l’analyse Auger et de pertes d’énergie
Ce canon présente un avantage remarquable par rapport au canon fonctionnant
au filament de tungstène. Il s’agit en effet de la brillance qui peut être 100 fois plus
élevée que celle des autres canons (tungstène ou cathodes LaB6).
Il donne également un point d’impact très fin ce qui permet d’explorer lors de
l’analyse une aire plus petite.
On dresse ci-dessous un tableau comparatif des canons à électrons :
Tungstène
Emission de
champ
LaB6
Brillance réduite(A / m2.sr)
5x106
5x109
Température (°C)
1700 – 2400
1500
Courant d'émission (µA)
100 – 200
50
Durée de vie (heure)
40 – 100
200 - 1 000
Vide minimal (Pa)
10-2
10-4
Émission thermoïonique
Tableau : Comparaison des caractéristiques des canons à électrons [13]
II.3 Analyseur :
L’analyseur constitue aussi une partie importante dans la spectroscopie Auger.
Il permet de sélectionner les électrons suivant leurs énergies avant l’enregistrement du
signal.
Il existe plusieurs analyseurs, on cite ici deux analyseurs les plus utilisés :
Il s’agit :
25
Chapitre II
Dispositif expérimental pour l’analyse Auger et de pertes d’énergie
II.3.1 Analyseur CMA (Cylindrical Miror Analyser) :
Cet analyseur appelé CMA (Cylindrical Miror Analyser) ou analyseur à miroir
cylindrique est constitué par un système de deux cylindres coaxiaux de rayon R1 et R2
comme le montre la Figure II.4
Dans cet analyseur, les électrons primaires interagissent avec l’échantillon et les
électrons émis pénètrent entre les deux cylindres. Ces derniers sont portés à un
potentiel ∆ permettant de sélectionner les électrons suivant leurs énergies et ne
laissent passer que les électrons dont l’énergie est supérieure à ∆. Avec cet analyseur,
le signal Auger est détecté en mode dérivé dN/dE.
Figure II.4 : Analyseur CMA [14].
II.3.2 Analyseur hémisphérique :
Cet analyseur est parmi les analyseurs les plus utilisés en AES en raison de son
signal détecté en mode N(E) et de sa grande sensibilité. Il est constitué de deux
hémisphères concentriques de rayon intérieur R1 et de rayon extérieur R2 (figure II.5)
Les deux hémisphères sont portés à une différence de potentiel ∆ ayant le même
rôle que celui vu en analyseur CMA. Le faisceau primaire bombarde l’échantillon avec
26
Chapitre II
Dispositif expérimental pour l’analyse Auger et de pertes d’énergie
un angle d’incidence d’environ 20°, les électrons arrachés de la surface sont dirigés
d’abord vers une grille G1 mise à un potentiel zéro et placé juste devant l’analyseur
hémisphérique. Tous les électrons émis de la surface passent à travers cette grille G1.
Les électrons ayant traversés la grille G1 pénètrent dans les hémisphères et
n’arrivent à la sortie que les électrons dont l’énergie est supérieure à ∆.
Figure II.5 : Analyseur hémisphérique muni d’une lentille de transfert [15].
II.4 Détection et enregistrement des spectres :
La détection des signaux et leur enregistrement est l’étape la plus importante
puisqu’elle concerne l’analyse. Cette partie peut être scindée en deux, la détection et
l’enregistrement.
27
Chapitre II
Dispositif expérimental pour l’analyse Auger et de pertes d’énergie
La détection :
Les électrons sélectionnés par l’analyseur sont très faible à la sortie. Afin de les
visualiser en un signal clair, on procède souvent à un système d’amplification.
Cette amplification existe sous deux formes.
Selon le mode d’enregistrement des spectres soit en mode direct N(E) ou en mode
dérivé dN/dE. Ces amplificateurs d’électrons sont constitués soit par un ensemble de
dynodes séparés, utilisé dans le cas d’un enregistrement en mode N(E) ou soit à l’aide
d’un chaneleltron pour une détection en mode dN(E)/N(E).
Ces deux systèmes sont illustrés par la figure II.6 présentée ci-dessous.
Figure II.6 : Comparaison des courbes en mode direct N(E) et en mode dérivée
dN(E)/dE [16].
28
Chapitre II
Dispositif expérimental pour l’analyse Auger et de pertes d’énergie
II.4.1 Amplificateur à dynodes séparées :
A la sortie de l’analyseur, les électrons sont en faible quantité donc un faible
courant et par conséquent un faible signal Auger. Sur la table traçante, on ne peut
enregistrer qu’un trait horizontal constitué d’ondulations.
Pour obtenir un signal Auger détectable, on amplifie le signal ce qui revient à
augmenter le nombre d’électrons à la sortie d’analyseur.
On place, à cet effet, un système d’amplificateur d’électrons. Il s’agit d’un système
formé par un ensemble de dynodes qu’on les sépare les unes des autres (Figure II.7).
Amplificateur
d’électrons
Figure II.7 : Amplificateur à dynodes séparées [17].
Chaque dynode est faite d’un matériau spécial n’absorbant pas les électrons.
Chaque électron impactant la dynode produit d’autres électrons qui à leur tours se
dirigent vers la dynode suivant et ainsi de suite.
A la sortie de la dernière dynode le nombre d’électrons produits est important ce
qui augmente le courant des électrons, donc le signal Auger.
29
Chapitre II
Dispositif expérimental pour l’analyse Auger et de pertes d’énergie
Ce système de dynode est souvent utilisé pour l’analyseur hémisphérique pour un
enregistrement d’un signal Auger en mode N(E).
II.4.2 Amplificateur type Channeltron :
Contrairement à l’amplificateur cité ci-dessus, l’amplificateur channeltron est un
système composé d’un tube de verre en forme de spirale (figueII.8).
La paroi interne du tube est recouverte d’un matériau hautement résistant
supportant une tension de quelques kV qu’on applique entre les extrémités du tube.
La surface résistive multiplie les électrons par émission lors de l’interaction.
Les électrons ainsi libérés interagissent à leur tour en produisant davantage des
électrons émis. Ce processus d’avalanche produit un grand nombre d’électrons. A la
sortie
FigueII.8 : Photomultiplicateur d’électrons (Channeltron) [18].
30
Chapitre II
Dispositif expérimental pour l’analyse Auger et de pertes d’énergie
II.4.3 La détection :
La détection Auger est effectuée sur une table traçante (système classique).
Le signal est enregistré sur un papier ordinaire et il est brut avec un bruit de fond
important par rapport au signal Auger utile. Il peut être enregistre soit en mode dérivée
(Analyseur CMA) ou en mode direct N(E) (Analyseur hémisphérique). La figure II.8
montre une comparaison de courbe N(E) avec une courbe dérivée 1ère et 2ème. On
note que la courbe enregistrée en mode N(E) présente un avantage par apport aux
autres. Le pic est bien clair et prononcé alors qu’en dérivée il est déplacé et on sera
amenée pour le calcul de l’intensité de mesurer la hauteur pic-à-pic. Le seul avantage
dans le mode dérivée est le fond qui disparait contrairement au mode N(E) ou on est
obligé de le supprimer par le calcul du rapport signal/fond. Rappelons que le fond
continu est formé par l’émission des électrons produite par des processus
d’interactions inélastiques multiples. Ce fond est très important pour les émissions
Auger détectés à basses énergies.
Cette détection est traitée par l’utilisateur afin de donner une interprétation juste
des résultats.
Cette méthode a montré des difficultés (suppression du fond continue, mesure des
rapports signal Auger/Fond,…) ce qui a conduit à automatiser la détection et on assiste
actuellement à une détection automatique des signaux Auger, cette procédure à permis
un gain considérable dans l’interprétation des résultats. La figure suivante montre une
comparaison entre une détection sur une table traçante et une détection automatisée sur
ordinateur.
31
Chapitre III
Caractérisation
des émissions Auger du carbone
Chapitre III
Caractérisation des émissions Auger du carbone
III.1 Spectres caractéristiques du carbone :
En général, pour les « surfacistes », le carbone est connue en spectroscopie Auger
comme impureté, il est détecté par sa transition noté C-KLL entre 280 et 300 eV.
Comme le montre la figure III-1, la structure est loin d’être un pic clair et prononcé
puisqu’on détecte souvent une bande large qui change de forme avec l’environnement
chimique de l’atome carbone. Le maximum de la bande est presque horizontal et
centré à 280 eV et sert souvent à identifier l’impureté carbone.
Dans le cas d’un atome de carbone isolé, la transition Auger faisant intervenir les
niveaux d’énergie K et L (le niveau L se scinde de trois sous niveaux L1, L2, L3), est
noté par C-KLL. Dans le cas d’un solide contenant des atomes de carbone lié (entre
eux ou avec d’autres), la transition Auger fait intervenir la bande de valence. Les
niveaux du carbone L se trouvent alors dans la bande de valence, la transition Auger
change de notation et sera noté par C-KVV.
100
80
60
Est
40
Ouest
20
Nord
0
1er 2e trim.3e trim.4e trim.
trim.
Figure III-1 : Emission Auger du carbone dans l’alumine.
32
Chapitre III
Caractérisation des émissions Auger du carbone
Nous illustrons cette notion de bande de valence dans le cas des matériaux
suivants : SiC (carbure de silicium), graphite et le carbone adsorbé sur certains
métaux. Pour l’ensemble de ces matériaux, la transition Auger du carbone est donnée
par le spectre de la figure III-2. L’énergie cinétique des électrons Auger provenant du
carbone est située dans la gamme d’énergie 240-280 eV. Des structures un peu
confuses sont souvent observées avant l’émission principale C-KVV du carbone.
L’interprétation de ces structures a fait l’objet de nombreuses interprétations souvent
controversées. Nous retenons celle qui nous parait la plus plausible et qui est due à
l’association de ces structures aux pertes d’énergie lointaines produite par excitation
des plasmons de volume. Nous revenons sur les pertes par plasmon dans le carbone
dans le paragraphe réservé à l’EELS.
Figure III-2 : Comparaison des différents émissions Auger C-KVV dans le SiC, le
graphite et le MoC [19].
33
Chapitre III
Caractérisation des émissions Auger du carbone
Nous constatons à travers ces spectres que la différence des structures met en
évidence l’environnement chimique de l’atome carbone. Dans le cas du Sic, ou
l’atome du silicium est entouré par du carbone avec une liaison forte ne produit pas la
même structure lorsqu’il s’agit du carbone déposé en surface sous forme d’impureté
(liaison faible) ou quand il s’agit du carbone entouré par du carbone pour former du
graphite. Ce que nous pouvons retenir à partir de cet environnement chimique est que
les électrons ne sont pas excités de la même façon la densité électronique varie d’un
matériau a un autre. Nous traitons en détail ces émissions dans le paragraphe suivant.
III.2 Spectre Auger du carbone dans différent solides :
Nous avons étudié trois matériaux différents où chaque matériau est caractérisé par
une liaison carbone propre. Les matériaux étudiés sont :
-
Le SiC, dans ce matériaux, les lisons sont fortes et sont dites covalentes,
produisant un spectre Auger propre au SiC.
-
Le graphite, c’est un solide un peu particulier puisqu’il est construit à partir de
deux plans sous forme de feuillet. Chaque feuillet est un hexagone dont les
sommets sont des atomes de carbone lié entre eux par des forces fortes appelées
liaisons π, les plans entre eux sont liés par des liaisons faibles appelées liaisons
σ.
Nous remarquons que selon le matériau analysé, le carbone donne des structures
Auger différentes et peuvent se présenter soit sous forme carbure où le carbone est
fortement lié aux atomes du solide ou sous forme de graphite avec des liaisons
carbone-carbone dominantes. Mais pour certaines surfaces, le carbone peut aussi se
trouver sous une forme différente de celle qu’on vient d’indiquer. Il peut se trouver en
couche de contamination lié le plus souvent aux atomes d’oxygène pour former des
molécules de type CO2 ou CO.
34
Chapitre III
Caractérisation des émissions Auger du carbone
C’est d’ailleurs pourquoi, les électrons délocalisés du carbone dans le graphite ou
dans les molécules adsorbées en surface comportent des pics larges. De nombreux
auteurs [20, 21] ont utilisé la spectroscopie Auger pour caractériser l’adsorption des
molécules CO sur les surfaces des métaux.
Avant tout traitement sous vide, les surfaces des matériaux métalliques, semiconducteurs ou isolants présentent tous des spectres Auger de carbone identique car
elles sont contaminées par une couche identique comportant du carbone. C’est après
traitement de nettoyage aux ions argon Ar+ ou avec un recuit thermique sous UHV
que les surfaces commencent à montrer des structures différentes avec des évolutions
en structures propres à chaque matériau.
Ainsi, par exemple dans la Figure III.3, le spectre du carbone dans le SiC est
différent de celui enregistré sur le système FeCO3. Notons que dans ces deux
composés le carbone est lié dans la composition du solide. Ces spectres restent aussi
différents du carbone adsorbé sur les métaux (Mo, Ti, Cr, Fe, Ni ou alliage Fe-Cr-Ni).
Ils ressortent de cette analyse que le carbone sur le Mo, Ti ressemble fortement au
carbone type graphite ou carbure alors que sur le Cr, Fe et Ni le carbone a tendance de
ressembler au carbone impureté. L’influence du traitement sous UHV permet une
réactivité de la surface des métaux avec le carbone qui s’associe avec les atomes
métalliques (Mo, Ti) pour donner des structures de type structure de bande. Les
transitions Auger du carbone sont donc de type C-KVV. En revanche, les mêmes
traitements opérés sur des surfaces des métaux comme le Fe, Cr, Ni donnent des
structures de type quasi-atomique C-KLL.
35
Chapitre III
Caractérisation des émissions Auger du carbone
Figure III-3 : Comportement du carbone en Auger dans différents Matériaux [22].
36
Chapitre III
Caractérisation des émissions Auger du carbone
D’autre part, le faisceau d’électron primaire peut également agir sur le carbone
adsorbé lorsqu’il est lié à l’oxygène. Le faisceau électronique dissocie les molécules
CO, CO2 en désorbant l’oxygène et le carbone dissocié se lie entre eux pour former
des couches carbone-carbone qui augmente au fur et à mesure pour former des
couches de graphite.
Tholet et al. [23] a montré que l’aire irradiée sous le faisceau présente une
proportion en carbone plus grande que les autres régions voisines non concernées par
l’irradiation électronique.
III.3 Spectres de perte d’énergie EELS du carbone :
Comme nous l’avons discuté aux chapitre II, la spectroscopie de pertes d’énergie
est aussi une technique puissante de caractérisation des surfaces. Elle est souvent
associée à la spectroscopie d’électrons Auger puisque on utilise les mêmes accessoires
expérimentaux (même analyseur, même source électronique, même système
d’acquisition,…). En spectroscopie Auger, le carbone est caractérisé par un spectre
défini par les transitions Auger, en spectroscopie de perte d’énergie EELS, les spectres
reflètent les pertes causés par le faisceau d’électrons primaires lorsqu’il traverse le
matériau. Il s’agit en fait d’étudier la perte des électrons primaires qui sortent de
l’échantillon avec une énergie différente de l’énergie primaires. La figure III-4 montre
les spectres de perte d’énergie du carbone dans l’alumine (Al2O3).
37
Chapitre III
Caractérisation des émissions Auger du carbone
Figure III-4 : Exemple d’un spectre de perte d’énergie EEL cas de Al2O3.
Les électrons interagissant avec les différents matériaux n’ont pas la même
profondeur d’interaction et donc ils n’ont par le même libre parcours moyen.
Le plasma électronique est différent d’un matériel à l’autre. La perte ainsi produite
lors de l’interaction électron primaire / électron du plasmon ne correspond pas à la
même énergie. Bien que la perte principale du carbone soit celle attribuée au plasmon
de volume détectée aux alentours de 23-25eV, les structures de pertes de faibles
intensités situées de part et d’autre de la perte par plasmon de volume est très
différente.
Dans le graphite des structures vers 7eV sont détectés alors qu’elles sont absentes
pour les autres matériaux. Si la différence des émissions Auger du carbone est
expliquée par l’environnement chimique, elle est également valable en perte d’énergie.
L’influence d’un atome autre que le carbone change non seulement la structure
électrique (plasmon, densité d’électron) mais également les bandes d’énergie. Des
38
Chapitre III
Caractérisation des émissions Auger du carbone
pertes intra ou inter bande apparaissent et ces structures permettent d’expliquer les
pertes associées au pic principal détecté à 270eV.
III.4 Spectre de perte d’énergie du graphite :
Le carbone contaminant les surfaces d’isolants (Al2O3, SiO2) ou les surfaces de
certains matériaux métalliques présente souvent des structures similaires aux structures
du graphite. Le faisceau d’électrons d’énergie 4 keV utilisé en AES active la
transformation du carbone en graphite. Afin de comparer le spectre EELS du carbone
« graphitisé » au spectre du graphite pur, nous avons enregistré le spectre EELS d’un
échantillon massif du graphite. Ce dernier donné par la Figure III.5 donne deux pics
principaux qu’on enregistre aux énergies 6 et 26.5 eV. L’interprétation de ces pics et
notamment le pic détecté à 6 eV est supportée par les données optiques [24] qui nous
permet d’attribuer la perte à 6 eV à l’excitation collective des électrons π assurant la
faible liaison entre les feuillets formant le graphite.
Figure III.5 : Comparaison des spectres Auger C-KVV et de pertes d’énergie du carbone
[25].
39
Chapitre III
Caractérisation des émissions Auger du carbone
On rappelle que le graphite et à cause de sa structure en feuillet pas en plan, deux
types de liaisons sont données en littérature. Les liaisons π qui sont des liaisons faibles
assurent les liaisons interfeuillets. Les liaisons dites δ sont des liaisons fortes et
attribuées aux électrons plan qui assurent les liaisons entre atome du carbone qui se
regroupent en plan sous forme d’hexagones. Les liaisons δ sont dites des liaisons
covalentes. L’excitation par le faisceau électronique de ces liaisons conduit à
l’observation de la perte à 26,5 eV. L’autre plus loin en énergie et qui se trouve vers
56 eV est expliquée comme une perte multiple combinant une structure de plasmon de
surface et un plasmon de volume ou deux fois un plasmon de volume.
III.5 Effet de bombardement aux ions Argon Ar+ :
Souvent les matériaux introduits dans l’enceinte UHV montrent une contamination
de surface cette couche de contamination est vite vérifiée en AES. Le spectre Auger
est dominé généralement par les émissions C- KLL et O- KLL relatives à la présence
du carbone et de l’oxygène.
Ces deux espèces chimiques fréquemment détectées en AES sont soit à l’état lié
formant des molécules de type CO, CO2 ou à l’état individuel C= C ou O – O. Certains
matériaux (métaux et quelques semi-conducteurs) se nettoient rapidement de ces
impuretés par simple flash thermique.
L’exemple est donné par la Figure III-6 un flash thermique à permis à réduire la
couche de carbone. L’émission observée sur le spectre III-6.a a disparu complètement
comme on le voit sur le spectre III-6.b.
40
Chapitre III
Caractérisation des émissions Auger du carbone
Figure III-6 : Révélation de la couche de contamination en spectroscopie AES et son
élimination par des flashs thermiques
En revanche pour les oxydes ou quelques semi-conducteurs covalents (SiC), le
flash thermique ne suffit pas pour éliminer le carbone. Souvent des cycles de
bombardement aux ions Argon suivis par des flashs thermiques sont utilisés pour
nettoyer les surfaces.
Dans notre situation, un faisceau ions d’Argon d’énergie Ep = 100eV à été utilisé et
parait nécessaire pour réduire le carbone contaminant la surface.
Les spectres obtenus après ce traitement sont montrés sur la Figure III-7. Nous
observons que l’action des ions Ar+ a permis non seulement de modifier les structures
Auger C-KVV mais il a été implanté dans les matériaux comme le montre le pic Auger
41
Chapitre III
Caractérisation des émissions Auger du carbone
Ar-LMM localisé à l’énergie 225eV. Nous remarquons que l’Argon s’implante mieux
dans les surfaces graphitisées par comparaison avec le SiC ou le SiO2.
Figure III-7 : Implantation de l’argon lors du nettoyage des surfaces sous UHV.
III.6 Structure des spectres Auger après action du faisceau Ar+ :
Spectre à structure quasi atomique et structure de bande.
Lorsque les couches superficielles sont composées essentiellement de carbone
sous forme d’impureté on dit que le carbone présente une structure proche du spectre
d’émission d’atome libre. Cette structure est appelée structure de type quasi atomique.
L’action des ions Ar+ utilisé pour nettoyer les surfaces à permis de modifier la
structure du carbone. Les couches superficielles détruites par le carbone permettent de
sonde les couches sous-jacentes ce qui nous permet d’observer un élargissement de la
bande et un déplacement en énergie.
42
Chapitre III
Caractérisation des émissions Auger du carbone
A l’état atomique on assiste à des effets inélastiques et de relaxation alors qu’après
bombardement ionique on assiste aux délocalisations des trous dans l’état final
transformant la structure du spectre Auger. Ceci est visible dans le cas de l’émission
du carbone ou on observe une structure de type [déformée] équivalente à une bande
large et moins distincte que dans la nature du spectre quasi- atomique.
Cette structure propre à la surface du solide est appelée spectre de type structure de
bande. Dans le cas des matériaux carbures ou graphites, les niveaux internes K
conservent toujours leur caractère atomique et la délocalisation se fait uniquement
pour les niveaux situés dans la bande de valence.
Dans ces conditions les transitions de type C-KVV reflètent les informations sur la
densité d’état dans la bande de valeur [26]. La Figure III.8 montrant un ensemble de
spectre de type structure de bande. Les spectres type structure de bande sont souvent
observés par les solides à électrons quasi- libres (les métaux par exemple) mais aussi
pour le carbone et le graphite.
Figure III.8 : Emission Auger du carbone et d’oxygène contaminant la surface de
Al2O3.
43
Chapitre III
Caractérisation des émissions Auger du carbone
III.7 Evolution des spectres Auger C-KVV sous aire irradiée :
Nous avons étudié le comportement de l’émission du carbone sous point d’impact
du faisceau primaire d’énergie 4 eV. Nous avons balayé par le faisceau primaire la
surface d’un isolant (Al2O3) qui en principe ne doit pas révéler la présence du carbone.
Les spectres obtenus d’une zone à une autre révèle la présence du carbone détecté par
son émission C-KVV (figure). Le carbone impureté est facilement éliminé par un
simple bombardement aux ions argon ou par un chauffage, mais dans le cas de
l’alumine, le carbone résiste et ne disparait pas. Sa structure est analogue aux
émissions Auger détectées à partir des carbures. Il est certainement possible que le
carbone présent en surface a été stimulé par le faisceau d’électron primaire et a conduit
à la formation d’un composé complexe présentant des liaisons carbure. Comme la
surface ne peut contenir que de l’aluminium ou de l’oxygène, la formation d’un
composé de type Al-C-O est possible. Après un balayage de toute la surface par le
faisceau primaire, la surface montre une homogénéité en carbone. Cette observation
nous a surpris car des surfaces d’autres matériaux ont été facilement nettoyées du
carbone par un simple recuit thermique Figure III.9. La présence du carbone dans le
cas de la figure peut provenir soit d’une forte contamination des échantillons soit de
l’enceinte elle-même ou un résidu carboné est resté et activé par le faisceau.
é, ions, flash thermique
O2
C=C
C=C
CO2
CO
Figure III.9 : Décomposition des espèces chimique adsorbées en surface lors du nettoyage
de la surface par des ions argon suivi du recuit thermique.
44
Conclusion
Conclusion
La spectroscopie des électrons Auger (AES) associée à la spectroscopie de pertes
d’énergie des électrons a été utilisé pour suivre l’évolution des émissions Auger CKVV du carbone et les structures de pertes d’énergie dans différents matériaux. Le
spectre Auger du carbone connu par sa structure de bande large enregistrée à l’énergie
280 eV est fréquemment utilisé pour détecter l’état de surface vis-à-vis des impuretés
contaminant la surface. Dans notre étude, nous nous sommes intéressés non seulement
à l’impureté contaminant la surface mais aussi à la comparaison de son spectre Auger
par rapport au spectre Auger du carbone lié à d’autres atomes formant le composé. Le
cas du carbone contaminant une surface de l’alumine Al2O3 (C/Al2O3), du carbone
dans le carbure de silicium ou le carbone adsorbé en surfaces des métaux comme le
molybdène (Mo), le chrome (Cr) ou le nickel (Ni) a fait l’objet de caractérisation en
AES et en EELS.
L’émission Auger C-KVV est fortement influencée par l’environnement chimique et
par l’action du faisceau d’électrons primaires. Les structures qu’on observe juste avant
la bande large du carbone font la différence d’une surface à une autre. La position
énergétique n’est plus la même lorsque qu’on passe d’une couche de carbone sous
forme de contamination au carbone sous forme de carbure ou au carbone adsorbé sur
une surface métallique.
Le faisceau primaire interagissant avec la surface présente également un effet et
contribue à la modification du spectre Auger. Il a été constaté que le faisceau
« graphitise » le carbone. Cette observation a été faite sur une couche de
contamination composée essentiellement du carbone sous de molécule CO, CO2.
L’action du faisceau d’électron désorbe l’oxygène en cassant les liaisons C-O. Le
carbone dissocié de l’oxygène par le faisceau se rassemble sur la surface ou certains
endroits deviennent riches en carbone pour former un film mince de graphite. Les
spectres Auger obtenus sur ces zone riches en carbone ont été comparés à ceux
obtenus sur un échantillon de graphite pur, des similitudes sont remarquées.
La spectroscopie de pertes d’énergie révèle aussi des différences dans les spectres de
pertes d’énergie. Cette technique qui met en évidence les pertes par plasmons de
volume ou de surface dominant le spectre EELS du carbone a permis de détecter des
structures de pertes de faibles intensités à des énergies très basses (6-7 eV). Ces
structures sont observées uniquement sur le spectre du graphite ou sur le spectre des
zones riches en carbone recouvrant la surface d’alumine. L’origine physique de telles
structures est attribuée à l’excitation des électrons π assurant les liaisons C-C dans le
feuillet.
Bibliographie
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Résumé
La spectroscopie des électrons Auger (AES) associée à la spectroscopie de pertes
d’énergie des électrons a été utilisée dans ce travail pour suivre l’évolution des
émissions Auger C-KLL du carbone impureté de type CO, CO2 contaminant des
surfaces d’alumine Al2O3 que nous avons comparée aux émissions Auger C-KVV du
carbone carbure de silicium et carbone carbure métallique C/M (M= Ti, Mo, Cr, Ni).
La différence principale de l’émission Auger provient de la forme du signal Auger.
Cette différence associée à l’environnement chimique est interprétée par le caractère
quasi-atomique dans le cas du carbone de contamination et de type structure de bande
dans le cas des autres matériaux. La position énergétique de l’émission Auger s’étend
de 240 à 280 eV. Dans cette gamme d’énergie, la forme du signal Auger est très large
ne présentant aucune structure pouvant la localisation avec précision l’énergie
cinétique. Ce cas de figure est souvent observé dans le cas du carbone de
contamination. En revanche, pour les carbures de semi-conducteurs ou métalliques, la
forme est plus structurée donnant un pic plus prononcé et précédé par des ondulations
de faibles intensités. Cette
forme est accentuée lorsque la surface subit un
bombardement aux ions argon ou des flashs thermiques successifs. Les électrons mis
en évidence dans le mécanisme Auger dépendent des liaisons chimiques formant le
composé. Ces observations sont également décelées en spectroscopie de pertes
d’énergie (EELS). Cette technique complémentaire à la spectroscopie AES, fournit des
spectres riches en informations. La présence du carbone impureté est vite signalée par
une structure apparaissant juste au pied du pic élastique vers 7 eV montrant les liaisons
C-C de type π. Les excitations collectives des électrons de valence donnent une perte
d’énergie variant de 22 à 25 eV selon le matériau et interprétée comme étant une perte
de plasmon de volume.
Mots clés : Spectroscopie Auger (AES), C-KLL, spectroscopie de pertes d’énergie
(EELS), plasmon de volume, carbone, C/Al2O3, SiC, Ti, Cr, MO.
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