On voit sur l’image postopératoire le caractère peu invasif
de l’intervention avec seulement deux incisions de 4 mm
fermées chacune avec un point de suture (image 13).
Durant la même intervention, le fixateur externe a été
dynamisé afin d’augmenter légèrement les contraintes sur
le site de fracture et stimuler la cicatrisation osseuse. La
broche dans le calcanéus a été enlevée car une lyse osseuse
était visible autour d’elle.
J+75 : 15 jours plus tard, le fixateur externe a été à nou-
veau dynamisé et a été converti en fixateur externe de type
I. On n’observe pas encore d’ossification liée à l’utilisa-
tion du BMP-2 (image 14).
J+90 : on note une calcification importante au niveau du
foyer de fracture. Au niveau des 3 doigts, des cals pontants
sont visibles. Le fixateur externe a été retiré à cette date.
Le chien a été strictement confiné 15 jours de plus avant
une reprise progressive de l’exercice (images 15 et 16).
À propos du brochage de Dowel
La technique tentée le jour après l’accident de ce chien
a été baptisée le brochage de Dowel1,2. Cette technique
s’applique aux fractures des métatarses et des métacarpes
chez le chien et le chat. Elle a même été décrite pour aider
lors des fractures du radius. Cette technique consiste à
insérer la broche par le trait de fracture dans le fragment
le plus long sans traverser l’épiphyse, de couper ensuite
la broche à quelques mm du trait de fracture et insérer
la partie émergeante de la broche dans l’autre fragment
de l’os en jouant sur l’élasticité des tissus. L’avantage
est d’éliminer le risque de traumatisme des articulations
adjacentes à l’os. Tout comme les embrochages centro-
médullaires seuls, la taille des broches doit être de 70 à
80 % celle du canal médullaire. Au-delà, la taille des
broches pourrait fracturer l’os, créer un stress protection
et gêner la vascularisation endostée. Trop petites, comme
dans notre cas, elles sont mécaniquement instables et peu-
vent se plier.
La protéine morphogénétique osseuse 2 recombinée
humaine (rhBMP-2) est l’un des facteurs ostéogéniques
les plus puissants que l’on connaisse3. Ce facteur a démon-
tré ses capacités à entraîner la formation osseuse quel
que soit son site d’administration, aussi bien contre l’os
qu’au milieu d’un muscle. Il est utilisé pour les fractures
osseuses avec un espace de taille critique ou les non-
unions4. Une formulation vétérinaire est commercialisée
depuis l’an dernier. Les complications de son utilisation
chez le chien et le chat ne sont pas encore toutes connues.
Néanmoins de la douleur au site d’injection, des déman-
geaisons, une tuméfaction et le développement exagéré
d’os ont été décrits.
Le fixateur externe a été enlevé il y a maintenant plus de
deux mois. Le chien a repris un exercice normal. Il n’y a
aucune boiterie visible selon les propriétaires. La ges-
tion d’un tel cas n’est possible qu’avec un investisse-
ment total du propriétaire. Il est très important de le
prévenir dès le début du traitement de la durée de celui-
ci ainsi que de lui détailler précisément les différentes
étapes et leurs complications associées. Mais même si la
gestion de tels cas est longue et parfois pénible, elle permet
de sauver une patte qui était considérée comme perdue et
est associée avec une très grande satisfaction du client. n
Chien
La compresse est ensuite poussée jusqu’au site de fracture à l’aide d’un mandrin.
© Sébastien Etchepareborde
12
La chirurgie n’a nécessité que les deux points de suture les plus distaux. Les autres
points sont ceux de la greffe posée deux semaines avant.
© Sébastien Etchepareborde
13
Le fixateur a été converti en type I afin
de stimuler la cicatrisation osseuse.
14
On note la production osseuse sur
la face latérale du doigt V.
15
Dorsalement on voit la production os-
seuse induite par le BMP2.
© Sébastien Etchepareborde
16
Bibliographie
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N°324 du 20 au 26 mars 2014
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