4
Au début du mois de
septembre 1939, Saint-
Jacques avait conservé
son double visage traditionnel
de commune à la fois agri-
cole et résidentielle. Mais les
années 30 avaient accentué son
éclatement et renforcé l’em-
prise militaire.
Une commune agricole et
résidentielle
L’agriculture y tenait une
place qu’on a peine à imaginer
aujourd’hui. On y dénom-
brait une bonne cinquantaine
d’exploitations, parmi les-
quelles de « belles fermes »
comme celle de la Gautrais,
tenue par les Delabouëre ou
celle du Haut-Bois, tenue
par les Guédard. Près des
deux-tiers du territoire étaient
cultivés en céréales, plantes
fourragères, légumes…ou
occupés par des prairies. Les
fermes employaient plusieurs
centaines de travailleurs, parmi
lesquels nombre d’ouvriers
agricoles et des « patous », les
enfants qui y passaient leurs
vacances scolaires à garder
les vaches et autres tâches
annexes. Ce n’est pas tout à
fait par hasard que le maire de
Saint-Jacques en 1939, et ce
depuis 14 ans, était un agricul-
teur : Francisque Daniel, qui
tenait la ferme de Mi-Voie.
Saint-Jacques était aussi une
commune résidentielle pour
des notables urbains, rennais
ou autres, qui y possédaient
des maisons d’une dimension
et d’un confort bien supérieurs
aux habitations ordinaires.
La majorité de ces maisons
bourgeoises était appelée
pompeusement « manoir »,
à l’exemple du Manoir du
Bourg, (la Rivière, la Buho-
tière, Maloré…) ou même,
dans le cas de la Pérelle, du
Pèlerinage, de la Reuzerais
et bien sûr du Haut-Bois, du
qualicatif de « château » !
Une commune éclatée
Ce caractère éclaté décou-
lait d’abord de sa ruralité.
En effet, selon les critères du
recensement de 1936, plus de
4 habitants sur 5 vivaient dans
des «villages et des hameaux».
C’est dire combien l’habitat
était dispersé sur les 12 km2 de
son territoire. Même au Bourg
ou dans un quartier en voie
d’urbanisation comme celui
du Pigeon Blanc, il y avait
des exploitations maraîchères
comme celle des Lanoë, des
fermes avec leurs bâtiments
d’habitation et d’exploitation,
leurs champs : la Croix Verte,
la Rablais, le Temple de
Blosne…
L’éclatement de la commune
tenait aussi au tronçonnement
de son territoire par les routes
nationales de Nantes et de
Redon, mais surtout par la voie
ferrée. A défaut de passerelle,
de pont ou de tunnel, comme
aujourd’hui, il y avait des
passages à niveau, à la
Rablais, au Petit Haut-Bois, à
la Calvenais et à proximité de
la Rivière.
Mais l’éclatement de la
commune venait surtout du
renforcement du second pôle
de concentration de la popu-
lation, celui de l’ex-Faubourg
de Nantes, désormais appelé
le Pigeon Blanc. C’est lui qui
avait été le principal béné-
ciaire du doublement de la
population durant l’entre-deux-
guerres. Le signe le plus révé-
lateur de la forte croissance de
ce pôle était l’existence depuis
le début des années 30, d’une
école publique, école qu’il
avait fallu agrandir en 1935 !
L’emprise militaire
renforcée
Cette emprise, qui remon-
tait au moins au début du
XIXe siècle, était déjà loin
d’être négligeable à Saint-
Jacques avant les années 30 :
la Courrouze et le Polygone,
le camp de Verdun et celui de
la Marne. Durant la décennie
précédant la guerre, elle s’ac-
crut encore par une création et
des extensions.
La création, c’était celle
d’un camp d’aviation à proxi-
mité du Bourg. Les extensions
concernaient le Polygone et ce
terrain d’aviation. La première
avait entraîné les démolitions
de l’antique château de la
Maltière et de la ferme du
Bois-Teilleul. La seconde,
qui datait de 1935, avait porté
à plus de 100 hectares l’em-
prise de l’aérodrome. Or cet
aérodrome n’avait qu’un trac
SAINT-JACQUES DE LA VEILLE DE LA 2e GUERRE
MONDIALE À LA LIBÉRATION
SAINT-JACQUES EN 1939