La diffusion de l’œuvre d’Adam Smith en langue
française : quelques lignes de force*
Gilbert Faccarello & Philippe Steiner
L'histoire des traductions de l'œuvre de Smith en langue française a été
considérablement éclaircie par les travaux récents de Kenneth Carpenter sur An
Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations (Carpenter 1995, 2002) pour ce
qui concerne la période qui va de 1776 à 1843. Si on rajoute à cela ce que l'on sait des
traductions de la Theory of Moral Sentiments, il est possible de dresser, dans le tableau I
ci-après1, un bilan résumé des différentes traductions françaises.
* Cet essai a été publié en langue anglaise sous le titre “The Diffusion of the Work of Adam
Smith in the French Language : An Outline History” dans Keith Tribe (sous la direction
de), A Critical Bibliography of Adam Smith, Londres : Pickering & Chatto, 2002, pp. 61-119.
1 Notations.
(i) Les dates qui figurent dans ce tableau représentent soit des traductions originales — notées W pour
la Richesse des nations, et T pour la Théorie des sentiments moraux — , soit des réimpressions —
indiquées par les mêmes lettres, mais en minuscules. Les chiffres désignent les différentes
traductions, le nom de la traductrice ou du traducteur étant indiqué lors de la première occurence :
ainsi, W6 désigne la première édition de la traduction de la Richesse des nations par Jean-Antoine
Roucher, et W7 celle de Germain Garnier.
(ii) La lettre a, lorsqu'elle figure entre parenthèses à la suite d'une telle référence, signale une édition
abrégée ; w7(a), par exemple, désigne une réédition, sous forme abrégée, de la traduction de
Germain Garnier. Pour ne pas alourdir le tableau, le nom de la personne qui a opéré le choix des
textes est signalé au cours de cet essai, lorsque l'édition en question est abordée dans le texte.
(iii) De même, la lettre e indique la publication d'extraits substantiels de l'œuvre en question dans un
périodique, dans un ouvrage encyclopédique ou de manière autonome. Il est bon de distinguer ces
publications d'extraits, faites au XVIIIe siècle, des éditions abrégées ultérieures qui, à partir de la
fin du XIXe siècle, sont conçues dans un tout autre esprit. Au XVIIIe siècle, si l'on écarte le cas
particulier des ouvrages encyclopédiques, les extraits visaient à faire connaître un auteur, en
attendant une publication et/ou une lecture intégrale(s). Au XIXe, les éditions abrégées et les
"morceaux choisis" concernent des ouvrages déjà considérés comme des classiques, et visent
précisément à dispenser d'une lecture complète.
(iv) La lettre i, enfin, placée de manière analogue désigne une traduction qui se voulait intégrale mais
qui est restée inachevée, et la lettre m désigne un manuscrit.