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Mais les animateurs ne se contentent pas de diffuser
tels quels les morceaux existants. A leur table de
mixage, les DJs commencent à les manipuler, à les
combiner, à en sélectionner les parties les plus
intéressantes rythmiquement pour la danse, qui
sont ensuite répétées en boucle. Et aussi à les
commenter en « live » en scandant leurs paroles
improvisées au rythme de la musique remixée. C’est
le début de ce que l’on appelera bientôt, une fois né
le Hip-hop, le « DJing », le « Mc-ing », le « toasting »
et finalement le Rap.
Mais à la Jamaïque, cela s’appelle pour l’instant le
Dub. Un genre qui sera perfectionné dans le studio
d’enregistrement The Black Ark, dont le propriétaire,
Lee Perry (photo ci-contre), invente le scratching et
même le sampling avant la lettre. Le Dub influencera
aussi le Reggae, ces deux musiques connaissant
ensemble leur apogée vers la fin des années 1970. A
cette époque, Bob Marley, qui a réussi à obtenir la fin
des hostilités entre les deux partis politiques rivaux à
l’occasion d’un concert historique de 1978 où il réunit
leurs deux leaders, est devenu une idole dans le pays. Cette période faste se terminera bientôt avec
la mort de Marley d’un cancer en 1981 et le déclin rapide du Dub. Mais celui-ci a alors déjà essaimé,
sous un autre nom, vers les Etats-Unis…
Le Bronx et la naissance du Hip-hop
Au début des années 1970, le Bronx new-yorkais est
un quartier à la dérive (photo ci-contre). Il est éventré
par des autoroutes urbaines, défiguré par les barres
HLM sinistres des « projects tower in a park »,
ghettoïsé par la fuite de ses classes moyennes
blanche puis noire dont les logements sont bientôt
squattés, abandonné par les autorités fédérales et
municipales. Ses immeubles sont ravagés par des
incendies souvent déclenchés par des propriétaires
sans scrupules – les slumlords – pour toucher les primes d’assurance. Il sombre alors dans de
multiples pathologies sociales - alcoolisme, drogue, violence -, tandis que des gangs de jeunes, noirs
(Black Spades…) ou portoricains (Ghettos Brothers…) se livrent entre eux à des guerrillas meurtrières.
Ce paragraphe est très largement inspiré de deux ouvrages : Hip Hip America, de Nelson George ; et Can’t
Stop, Won’t Stop, de Jeff Chang.