conformité politique de son texte, les structures architecturales des théâtres impériaux
encadrent son exécution.
Au Second Empire, et la censure, et les théâtres impériaux font partie de la fête impériale3. Ce
terme décrit la représentation du pouvoir politique par Napoléon III. Après avoir rétabli
l’Empire, Napoléon III aspire à la démonstration de l’unité entre lui et son peuple qui vit sous
un régime entre démocratie (basée sur le suffrage universel) et monarchie.4 C’est dans
l’optique de créer un cadre typique pour son nouveau régime que Napoléon III établit la fête
de la Saint-Napoléon le 15 août 1852, jour de l’anniversaire de son oncle et idole Napoléon-
Bonaparte, et Fête de l’Assomption de la Vierge Marie.5
Le déroulement habituel de la Saint-Napoléon mélange religiosité et théâtralité. Les deux
servent la mise en scène de l’Empereur. Le jour de la Saint-Napoléon des Te Deums sont
chantés à l’église et des aumônes sont distribuées aux pauvres. Ensuite les festivités se
poursuivent par la remise de médailles, par l’organisation de revues militaires, de scènes
vivantes dans les rues, de spectacles gratuits dans les théâtres et des banquets. Le tout se
clôture par de grands feux d’artifice. Comme le mélange de religiosité et de théâtralité
programmé par Napoléon III doit se répercuter sur la figure de l’Empereur, des instructions
ministérielles se chargent de réitérer le thème du retour à l’ordre, à la paix et à la prospérité.
Elles tentent également, en 1860, de faire passer l’Empereur pour le dernier Croisé.6
3 Sur la censure théâtrale et la fête impériale voir: PASSION Luc, „Régime de l’exploitation théâtrale au XIXe
siècle“, Délégation à l’action artistique de la Ville de Paris / Bibliothèque de la Ville de Paris / Association de la
Régie Théâtrale, Les Théâtres de Paris, études réunies par Geneviève Latour et Florence Claval, Paris, DAAVP,
1991, S. 17-18.
4 Sur la fête impériale voir : TRUESDELL Matthew, Spectacular Politics. Louis-Napoleon Bonaparte and the
Fête Impériale 1849-1870, Oxford, Oxford University Press, 1997, 238 p.
5 Sur la Saint-Napoléon voir : HAZAREESINGH Sudhir, The Saint-Napoleon. Celebrations of Sovereignty in
nineteenth-century France, Cambridge, Harvard University Press, 2004, 307 p. et SANSON Rosemonde, « Le
15 août: Fête nationale du Second Empire », Les usages politiques des fêtes aux XIXe et XXe siècles, sous la
direction d’Alain Corbin, Noëlle Gérôme et Danielle Tartakowsky, Paris, Publications de la Sorbonne, 1994, p.
117-136. Une vue globale sur le répertoire musical de la Saint-Napoléon a été établie dans PISTONE Danièle,
« La Fête Impériale. Origine et Caractéristiques de ses répertoires musicaux dans le Paris de Napoléon III (1852-
1870) », La Musique et le rite sacré et profane, Volume I, Strasbourg, Association des Publications près les
Universités de Strasbourg, 1986, p. 132-137.
6 « Au fil des années les instructions ministérielles apportent quelques variantes aux motivations de la fête, c’est-
à-dire du "culte impérial" et l’Empereur jette de nouveaux atouts pour l’imposer. Dans les deux cas il s’agit
d’aviver l’enthousiasme, de cristalliser les représentations sociales, d’exalter la reconnaissance. Plusieurs
circulaires réitèrent le thème du retour à l’ordre à la paix et à la prospérité. La victoire en Crimée mais surtout le
retour de l’armée d’Italie après la paix de Villafranca en 1859 tournent au triomphe, au sens romain du terme, du
chef de cette armée, l’Impérator, et par delà sa personne, de la nation victorieuse. En 1860, les expéditions en
Extrême-Orient sont présentées sous la plume de certains préfets comme des guerres nécessaires pour la défense
de la religion chrétienne. Somme toute, Napoléon III tente de passer pour le dernier Croisé. » SANSON, op. cit.,
p. 120.
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