HMEE108M : Électronique analogique Filtrage analogique / Filtres actifs E. LE CLÉZIO Université de Montpellier 2 Table des matières Table des matières 3 1 Filtrage analogique 1.1 Gabarit d’un filtre réel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2 Normalisation de la fréquence et Transformations . . . . . . 1.3 Fonctions d’approximation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 5 10 15 2 Filtres passifs 25 2.1 Exemples de synthèse de fonction de transfert . . . . . . . . 25 3 Filtres actifs 3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.2 Amplificateurs Opérationnels . . . . . . . . 3.3 Cellules universelles . . . . . . . . . . . . . . 3.4 Synthèse et Mise en cascade des filtres . . . 3.5 Synthèse globale et simulation d’un filtre LC 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 29 30 33 36 37 1 Filtrage analogique : synthèse de la fonction de transfert 1.1 Gabarit d’un filtre réel Un filtre est un dispositif (naturel ou manufacturé) qui a pour caractéristique de laisser passer certaines fréquences, tout en rejetant celles qui sont situées hors d’une bande fréquentielle particulière dite bande passante. Un filtre idéal transmet toutes les composantes utiles du signal sans atténuation ni déphasage tout en éliminant toutes les autres fréquences. Filtres idéaux Les quatre types essentiels de filtres sont présentés sur la figure 1.1. Figure 1.1: Les quatre filtres idéaux. 5 1. Filtrage analogique Filtres réels Les filtres idéaux ne sont naturellement pas réalisables. En pratique, l’atténuation dans les bandes rejetées n’est jamais infinie, et celle dans les bandes acceptées n’est jamais nulle. Le filtre est alors défini par son gabarit devant contenir sa réponse fréquentielle, et par quatre paramètres [Amin , AM ax , fp , fa ] : – Amin est la valeur minimale en dessous de laquelle l’amplitude du signal ne doit pas descendre, dans la bande de fréquences acceptées. – AM ax est la valeur maximale au dessus de laquelle l’amplitude du signal ne doit pas monter, dans la bande de fréquences rejetées. – fp est la fréquence à partir de laquelle le signal entre dans une bande passante (amplitude supérieure à AM ax ). – fa est la fréquence à partir de laquelle le signal entre dans une bande rejetée (amplitude inférieure à Amin ). Gabarits Les gabarits des quatre types de filtres sont présentés sur la figure 1.2. À partir du gabarit PB (resp. PH) est mesurée sa sélectivité : Figure 1.2: Gabarits des quatre types de filtres. kP B = 6 fp fa ; kP H = fa . fp (1.1) 1.1. Gabarit d’un filtre réel La bande passante à −3 dB est aussi une caractéristique importante. Elle correspond à toutes les fréquences pour lesquelles l’atténuation du filtre est inférieure à 3 dB. Quelles sont les conséquences sur l’amplitude et la puissance du signal ? Pour un filtre PBande, les paramètres caractéristiques sont : f02 = fp+ fp− , k= fp+ − fp− , fa+ − fa− B= fp+ − fp− . f0 (1.2) Le filtre est à bande étroite si B < 0.1 et large bande si B > 0.5. Réponses en module et phase d’un filtre Le gabarit du filtre ne fournit qu’une information sur le module du signal. Le déphasage induit par le filtre peut cependant distordre le signal. Il peut alors être pertinent d’observer l’évolution fréquentielle de la phase du filtre (figure 1.3). (a) (b) Figure 1.3: Réponse en fréquence théorique d’un filtre passe-bas : (a) Module ; (b) Phase. Réponses en module et phase de filtres RC Soit le filtre RC présenté sur la figure 1.4(a) : 7 1. Filtrage analogique 1. Calculer la relation entre Vin et VC . 2. Spécifier le type de filtre obtenu. 3. Calculer la relation entre Vin et VR . 4. Spécifier le type de filtre obtenu. (a) (b) Figure 1.4: Filtres : (a) RC ; (b) CR. Soit le filtre CR présenté sur la figure 1.4(b) : 1. Calculer la relation entre Vin et VC . 2. Spécifier le type de filtre obtenu. 3. Calculer la relation entre Vin et VR . 4. Spécifier le type de filtre obtenu. En associant plusieurs cellules RC il est possible de réaliser des filtres plus efficaces sur le plan de la sélectivité (figures 1.6 et 1.7). Par contre le filtre introduit une atténuation plus élevée. L’ordre d’un filtre est le nombre d’éléments réactifs (condensateurs, inductances) du filtre. 8 1.1. Gabarit d’un filtre réel 0 0 −10 |H(f)| (dB) |H(f)| (dB) −20 −40 −60 −80 0 10 −20 −30 −40 1 10 2 3 10 4 10 5 10 10 −50 0 10 6 10 1 2 10 100 80 arg(H(f)) (°) arg(H(f)) (°) 0 −60 5 10 10 6 10 60 40 20 −80 −100 0 10 4 10 Fréquences (Hz) −20 −40 3 10 Fréquences (Hz) 1 10 2 3 10 4 10 5 10 10 0 0 10 6 10 1 2 10 (a) H(ω) = 3 10 4 10 5 10 10 6 10 Fréquences (Hz) Fréquences (Hz) 1 1+jRCω (b) H(ω) = jRCω 1+jRCω Figure 1.5: Réponses en fréquence de filtres : (a) RC ; (b) CR. 0 0 −20 |H(f)| (dB) |H(f)| (dB) −50 −100 −40 −60 −150 −200 0 10 −80 1 10 2 3 10 4 10 5 10 10 6 10 −100 0 10 1 10 2 200 150 arg(H(f)) (°) arg(H(f)) (°) 0 −100 −150 1 10 2 3 10 4 10 5 10 10 (a) H(ω) = 1 1+jRCω 6 10 Fréquences (Hz) 4 10 5 10 10 6 10 Fréquences (Hz) −50 −200 0 10 3 10 Fréquences (Hz) 100 50 0 0 10 1 10 2 3 10 4 10 5 10 10 6 10 Fréquences (Hz) 2 (b) H(ω) = jRCω 1+jRCω 2 Figure 1.6: Réponses en fréquence de filtres : (a) RC ; (b) CR d’ordres 2. Fonction caractéristique Si F (ω) est la fonction de transfert du filtre, M (ω) son module et A(ω) son atténuation. Alors : N (ω) , et D(ω) 1 1 2 2 A2 (ω) = = = A (0) 1 + K(ω ) . M 2 (ω) ||F (ω)||2 F (ω) = M (ω)ejΦ(ω) = (1.3) (1.4) K(ω) désigne la fonction caractéristique du filtre. La qualité du filtre se mesure au fait que K(ω 2 ) est quasiment nulle dans la bande passante et 9 1. Filtrage analogique 0 0 −20 |H(f)| (dB) |H(f)| (dB) −50 −100 −40 −60 −150 −200 0 10 −80 1 10 2 10 3 10 4 10 5 10 6 10 −100 0 10 1 10 2 10 0 200 −50 150 −100 −150 −200 0 10 1 10 2 10 3 10 3 10 4 10 5 10 6 10 Fréquences (Hz) arg(H(f)) (°) arg(H(f)) (°) Fréquences (Hz) 4 10 5 10 100 50 0 0 10 6 10 1 10 2 10 Fréquences (Hz) 3 10 4 10 5 10 6 10 Fréquences (Hz) (a) (b) Figure 1.7: Réponses en fréquence de filtres : (a) RC ; (b) CR d’ordres 1 et 2. très élevée à l’extérieur. 1.2 Normalisation de la fréquence et Transformations Définition La plupart des filtres peuvent se construire à partir d’un filtre PB de pulsation unité et d’une transformation simple. L’objectif de la normalisation d’un filtre est de ramener l’étude de tous les types de filtres à l’étude d’un filtre passe bas afin de faciliter les calculs. Elle s’effectue différemment selon le type de filtre. Normalisation d’un filtre PB La normalisation des fréquences s’effectue par rapport à la fréquence de coupure du filtre originel : S=j f ω =j . f0 ω0 (1.5) Ceci permet alors de définir la pulsation normalisée : x = |S| = 10 ω . ω0 (1.6) 1.2. Normalisation de la fréquence et Transformations Soit Rc la résistance de charge du filtre, la normalisation des composants suit les règles suivantes : – Les résistances normalisées sont Rn = RRc . Le changement de variable précédent impose des valeurs pour : – L’inductance unité : Lu = Rω0c . – Inductance normalisée : λn = LLu . – La capacité unité : Cu = Rc1ω0 . – Capacité normalisée : γn = CCu . Les gabarits non normalisés et normalisés d’un filtre PB sont représentés sur la figure 1.8. (a) (b) Figure 1.8: Normalisation en fréquence de filtres PB : (a) filtre non normalisé ; (b) filtre normalisé. Normalisation d’un filtre PH La normalisation d’un filtre PH s’effectue de la façon suivante : – Pulsation normalisée : x= ω . ω0 (1.7) – Transformation des fréquences : 1 s 7−→ S = . s (1.8) – Transformation des composants : – Soit Rc la résistance de charge du filtre. – Les résistances normalisées sont Rn = RRc . 11 1. Filtrage analogique – Les inductances vont se transformer en capacités : λn 7→ – Les capacités vont se transformer en inductances : γn 7→ (a) 1 . λn 1 . γn (b) Figure 1.9: Normalisation en fréquence de filtres PH : (a) filtre non normalisé ; (b) filtre normalisé. Les gabarits non normalisés et normalisés d’un filtre PH sont représentés sur la figure 1.9. ARRET DU 27/04/2012 problème de "enditemize non résolu" Normalisation d’un filtre PBande – Le gabarit initial du filtre est symétrique par rapport à f0 = q f1 f2 = q f10 f20 . (1.9) – Pulsations normalisées : 0 0 |f12 − f02 | |f12 − f02 | X1 = = . f20 (f2 − f1 ) f20 (f2 − f1 ) f2 − f1 ∆x = . f0 (1.10) – Transformation des fréquences : 1 1 (s + ). ∆x s 1 1 |f 2 − f02 | x 7−→ X = x− = . ∆x x f (f2 − f1 ) s 7−→ S = – Transformation des composants : 12 (1.11) (1.12) 1.2. Normalisation de la fréquence et Transformations – Une inductance va se transformer en une capacité en série avec une λn + ∆x . inductance : λn 7→ ∆x λn – Une capacité va se transformer en une capacité en parallèle avec γn une inductance : γ1n 7→ ∆x + ∆x . γn (a) (b) Figure 1.10: Normalisation en fréquence de filtres PBande : (a) filtre non normalisé ; (b) filtre normalisé. Normalisation d’un filtre RBande – Le gabarit initial du filtre est symétrique par rapport à f0 = q f1 f2 = q f10 f20 . (1.13) – Pulsations normalisées : f2 − f1 . f20 − f10 f 0 − f10 ∆x = 2 . f0 X1 = (1.14) – Transformation des fréquences : ∆x . s + 1s ∆x f (f20 − f10 ) = x 7−→ X = . |f02 − f 2 | x − x1 s 7−→ S = (1.15) (1.16) – Transformation des composants : 13 1. Filtrage analogique – Une inductance va se transformer en une capacité en parallèle avec une inductance : λn 7→ λn1∆x + ∆xλn . – Une capacité va se transformer en une capacité en série avec une 1 inductance : γn 7→ ∆xγ + ∆xγn . n (a) (b) Figure 1.11: Normalisation en fréquence de filtres RBande : (a) filtre non normalisé ; (b) filtre normalisé. Résumé La plupart des filtres peuvent se construire à partir d’un filtre PB de pulsation unité et d’une transformation simple. Soit F (p) le filtre PB de pulsation de coupure unité. La bande normalisée est donc comprise entre 0 et 1 rad/s. Alors : p ) fournit un filtre PB de fréquence de coupure fc , – F ( 2πf c 1 – F ( p ) fournit un filtre PH de fréquence de coupure unité, – F B1 p + p1 fournit un filtre PBande symétrique de largeur B et de fréquence centrale unité, 1 fournit un filtre RBande symétrique de largeur B et de (p+ p1 ) fréquence centrale unité. – B est défini par (1.2). – F 14 1 B 1.3. Fonctions d’approximation 1.3 Fonctions d’approximation Définition La fonction d’approximation d’un filtre est une fonction de la fréquence réduite qui : – s’inscrit dans le gabarit – est le carré du module d’un gain complexe de la fréquence réduite. Elle représente donc le carré de gain complexe du filtre passe bas prototype à réaliser. Comme pour la fonction de transfert, la fonction d’approximation F (ω) peut s’écrire : F (ω) = N (ω) . D(ω) (1.17) Si N (ω) est constant alors que D(ω) est un polynôme, le filtre est dit polynomial. Le numérateur de la fonction d’approximation ne possède pas de zéros et le gain complexe ne s’annule qu’à l’infini. Sinon, il est non polynomial et la fonction d’approximation possède des zéros. Propriétés Étant le carré du module d’un gain complexe, qui est lui-même une fraction rationnelle à coefficients réels de ω, la fonction d’approximation est : – Une fraction rationnelle à coefficients réels de ω, – Une fonction paire de ω, c’est à dire F (ω) = F (−ω). – Une fonction qui tend vers 0 à l’infini (PB prototype) : le degré du numérateur est inférieur au degré du dénominateur. – Une fonction qui doit s’inscrire dans le gabarit. Choix de la fonction d’approximation Ce choix se fait en deux étapes : 1. Choix d’une famille de fonctions (fonction de Butterworth, fonction de Tchebicheff, fonction de Bessel . . . ). Ces familles définissent des familles de filtres portant le même nom (filtres de Butterworth, . . . ). 2. Choix des paramètres dans la famille choisie. 15 1. Filtrage analogique Filtres polynomiaux Un filtre est polynomial si l’inverse de sa fonction de transfert peut s’écrire sous la forme d’un polynôme. Lorsqu’un filtre doit être placé en entrée ou sortie d’un appareil de mesure, il est nécessaire que son gain soit le plus constant possible dans la bande passante du dispositif de manière à ne pas perturber la mesure. Une première catégorie de filtres satisfait à ces exigences : – Leur gain, maximum à la fréquence nulle, est relativement constant dans la bande passante, – Ils obéissent au critère du méplat (maximally flat in english), – La courbe de gain présente un maximum de dérivées nulles pour f = 0, – Ils appartiennent à la famille des filtres de Butterworth. Lorsque le signal utile est présent à une fréquence donnée, mais se trouve bruité par des fréquences plus élevées, la constance du gain dans la bande passante devient un critère moins important que celui de la décroissance du filtre au delà de la fréquence de coupure. Les filtres de Tchebytchev possèdent un gain susceptible de varier de quelques dB dans leur bande passante, mais assurent une décroissance forte du signal au delà de leurs fréquences de coupure. Lorsque le critère recherché concerne une minimisation de la distorsion, le filtre doit posséder une variation linéaire de la phase en fonction de la fréquence. Les fonctions de Bessel possèdent, pour un degré donné, une phase la plus linéaire possible. Cette qualité est obtenue au détriment de la chute du gain au delà de la fréquence de coupure. Filtres de Butterworth Le critère du méplat stipule que X(ω) = |H(jω)|2 possède le maximum de dérivées nulles pour f = 0. Ceci conduit à deux expressions : – Pour n pair, les pôles H sont les racines 2nièmes de −1. – Exemple, n = 2 (Filtre de Butterworth d’ordre 2) : H(jω) = (jω)2 + K √ 2jω + 1 . (1.18) – Pour n impair, les pôles H sont les racines (2n + 1)ièmes de −1. – Exemple, n = 3 (Filtre de Butterworth d’ordre 3) : H(jω) = 16 (jω)3 K . + 2(jω)2 + 2(jω) + 1 (1.19) 1.3. Fonctions d’approximation 0 |H(f)| (dB) −50 −100 −150 −200 0 10 1 2 10 10 3 4 10 10 5 10 6 10 Fréquences (Hz) 0 arg(H(f)) (°) −50 −100 −150 −200 −250 −300 0 10 1 2 10 10 3 4 10 10 5 10 6 10 Fréquences (Hz) Figure 1.12: Filtres de Butterworth d’ordres 2 (bleu) et 3 (rouge) Propriétés des filtres de Butterworth Elles sont déduites de l’expression du gain : K |H(jω)| = √ 2n ω +1 (1.20) Par conséquent, – Si ω << 1, la fonction de transfert est constante. – Si ω >> 1, la fonction de transfert décroît en −20n log(ω). – Le déphasage est égal à −90no pour la fréquence infinie et −45no pour la fréquence de coupure. Les filtres de Butterworth de degré n peuvent être réalisés à partir de composants L et C définis par : 2i − 1 π , pour i impair, = 2 sin 2n 2i − 1 = 2 sin π , pour i pair. 2n Ci Li (1.21) (1.22) Filtres de Tchebytchev Le critère de choix est ici la pente du gain à la fréquence de coupure, beaucoup plus grande, à un ordre donné, que pour un filtre de Butterworth. Le prix à payer est la présence d’une ondulation du gain dans la bande passante du filtre. Les fonctions de transfert des filtres de Tchebytchev sont données par 17 1. Filtrage analogique (a) (c) (b) (d) Figure 1.13: Filtres de Butterworth : (a) n = 2 ; (b) n = 3 ; (c) n = 4 ; (d) n = 5. la relation de récurrence suivante : K , T (jω) = q 1 + ε2 Cn2 (jω) (1.23) avec C0 (jω) = 1, C1 (jω) = jω, et Cn+1 (jω) = 2jωCn (jω) − Cn−1 (jω). Propriétés des filtres de Tchebytchev Les fonctions de transfert des filtres de Tchebytchev dépendent d’un paramètre ε. Il existe donc, pour un ordre donné, une infinité de filtres de Tchebytchev. Dans la bande passante, le gain possède une évolution sinusoïdale entre 1 2 1 et √1+ε 2 . En décibel, l’oscillation vaut ∆dB = 10 log(1 + ε ). Pour les hautes fréquences et à même ordre, la courbe d’un filtre de Tchebytchev est en dessous de celle d’un filtre de Butterworth de : A = −20 log(ε) − 6(n − 1). L’amplitude des oscillations est couramment appelée ronflement. Il existe des tables fournissant les coefficients polynomiaux du dénomi-nateur de la fonction de transfert des filtres de Tchebytchev, fonctions du ronflement autorisé. Attention : Pour un filtre de Tchebytchev, la pulsation unité ne correspond pas à un gain de −3 dB. Elle ne correspond donc pas à la fréquence de coupure classiquement définie pour les amplificateurs. Les filtres de Tchebytchev de degré n peuvent être réalisés à partir de composants L et C définis par Li = Gi 18 1.3. Fonctions d’approximation Figure 1.14: Expression des premiers polynômes de Tchebytchev. |H(f)| (dB) 0 −20 −40 −60 −80 −100 0 10 1 10 2 10 3 10 4 10 5 10 6 10 Fréquences (Hz) arg(H(f)) (°) 0 −100 −200 −300 −400 0 10 1 10 2 10 3 10 4 10 5 10 6 10 Fréquences (Hz) Figure 1.15: Filtres de Tchebytchev des quatre premiers ordres comparés à celui de Butterworth (bleu) ; Ronflement de 3 dB. 19 1. Filtrage analogique pour i pair et Ci = Gi pour i impair, avec : 2a1 4ai−1 ai , Gi = , γ bi−1 Gi−1 2i − 1 π , pour i = 1 . . . n, ai = sin 2n iπ bi = γ 2 sin2 , pour i = 1 . . . n − 1, n dB ln coth 40∆log(ε) , γ = sinh 2n G1 = q ε = 10 ∆dB 10 − 1. (a) (1.24) (1.25) (1.26) (1.27) (1.28) (b) (c) Figure 1.16: Filtres de Tchebytchev : (a) n = 3 ; (b) n = 5 ; (c) n = 7. Filtres de Bessel La fonction de transfert possédant une phase rigoureusement linéaire avec la fréquence est la suivante : F (p) = Ae−τ p , (1.29) où τ est le retard infligé au signal d’entrée. Il ne s’agit cependant pas d’une fonction rationnelle en p et un tel filtre n’est donc pas réalisable. Les filtres de Bessel sont des filtres dont la fonction de transfert, pour un degré donné, est la meilleure approximation possible de l’exponentielle (1.29). Les dénominateurs 20 1.3. Fonctions d’approximation 0 |H(f)| (dB) −50 −100 −150 −200 0 10 1 10 2 10 3 10 4 10 5 10 6 10 Fréquences (Hz) 0 arg(H(f)) (°) −50 −100 −150 −200 −250 −300 0 10 1 10 2 10 3 10 4 10 5 10 6 10 Fréquences (Hz) Figure 1.17: Comparaison d’un filtre de Bessel (rouge) et d’un filtre de Butterworth (bleu) de degré 3. des fonctions de transfert des filtres de Bessel sont données par la relation de récurrence suivante : Bn (p) = (2n − 1)Bn−1 (p) + p2 Bn−2 (p), (1.30) avec B0 (p) = 1, et B1 (p) = p.À titre d’exemple, la fonction de transfert d’un filtre de Bessel du troisième ordre est : F (p) = 15 . p3 + 6p2 + 15p + 15 (1.31) Le facteur 15 au numérateur est présent pour assurer un gain de 1. Le dénominateur correspond au développement limité de ep . Propriétés des filtres de Bessel Pour les grandes fréquences, le gain de la fonction précédente tend vers 15/p3 . Il est donc 15 fois supérieur à celui d’un filtre de Butterworth du même degré. Les filtres de Bessel possèdent une atténuation qui varie beaucoup plus lentement, au delà de la fréquence de coupure, que ceux de Butterworth. Par conséquent, ils ne sont utilisés que lorsque la linéarité de la phase est un critère essentiel. Filtres non polynomiaux Un filtre est non polynomial si l’inverse de sa fonction de transfert ne peut s’écrire sous la forme d’un polynôme. De façon générale, la fonction de transfert 21 1. Filtrage analogique Figure 1.18: Coefficients des filtres de Cauer de degrés 3 à 6. F (p) d’un tel filtre s’écrit : b0 + b1 p + . . . + b n p n N (p) = . F (p) = D(p) a0 + a1 p + . . . + am p m (1.32) Filtres de Cauer Un filtre de Cauer ou filtre elliptique est un filtre non polynomial possédant un comportement de type Tchebytchev, aussi bien en bande passante qu’en bande affaiblie. La fonction de transfert F (p) d’un filtre de Cauer s’écrit : F (p) = b0 + b1 p + . . . + b n p n N (p) = . D(p) a0 + a1 p + . . . + am p m (1.33) Les calculs permettant d’obtenir les coefficients ai et bi sont relativement compliqués, et il est courant de se référer à des tableaux. Propriétés des filtres de Cauer Cauer a montré que les filtres elliptique sont optimaux en ce sens qu’aucun filtre, à ordre donné, ne présente une coupure plus raide. Noter que les ordres du numérateur et du dénominateur sont égaux. La coupure d’un filtre de Cauer est donc très raide mais la phase n’est pas linéaire. Les calculs permettant d’obtenir les coefficients ai et bi sont relativement compliqués, et il est courant de se référer à des tableaux. 22 1.3. Fonctions d’approximation 0 |H(f)| (dB) −20 −40 −60 −80 −100 −120 0 10 1 10 2 10 3 10 4 10 5 10 6 10 Fréquences (Hz) arg(H(f)) (°) 400 200 0 −200 −400 −600 0 10 1 10 2 10 3 10 4 10 5 10 6 10 Fréquences (Hz) Figure 1.19: Comparaison de filtres de Cauer de degré 3 (bleu), 4 (rouge), 5 (vert) et 6 (noir). 23 1. Filtrage analogique 2 |H(f)| (dB) 1 0 −1 −2 0 10 1 10 2 10 3 10 4 10 5 10 6 10 Fréquences (Hz) 200 arg(H(f)) (°) 100 0 −100 −200 −300 −400 −500 0 10 1 10 2 10 3 10 4 10 5 10 6 10 Fréquences (Hz) Figure 1.20: Comparaison de filtres de Cauer de degré 3 (bleu), 4 (rouge), 5 (vert) et 6 (noir) ; zoom. 24 2 Filtres passifs 2.1 Exemples de synthèse de fonction de transfert Propriétés des filtres passifs Un filtre passif ne nécessite aucune source d’énergie pour fonctionner. Un filtre passif est nécessairement stable : sa fonction de transfert ne possède pas de pôles à partie réelle positive (il s’agit d’un polynôme de Hurtwitz). Il est constitué essentiellement de résistances, d’inductances et de condensateurs. En hautes fréquences, il peut être nécessaire d’ajouter des gyrateurs qui sont réalisables avec des ferrites. Son impédance d’entrée n’est donc jamais infinie et son impédance de sortie jamais nulle. De plus, elles varient avec la fréquence. La fonction de transfert d’un filtre passif ne peut donc être considérée qu’en association avec un générateur et une charge d’impédance déterminée. Une adaptation d’impédance est donc recherchée, mais elle n’est valide qu’à une seule fréquence qui est, par convention : – nulle pour un PB, – la fréquence centrale pour un PBande, ou un RBande. Synthétiser un filtre consiste à déterminer les composants constituant le filtre à partir de la fonction de transfert de celui-ci. Il s’agit d’une démarche difficile basée sur les propriétés mathématiques des fonctions de transfert et des impédances. La difficulté réside dans la détermination de la structure du filtre, i.e. la configuration des composants. Synthèse des immitances Une immitance est une impédance ou une admitance. Les deux polynômes (p) sont des polynômes d’Hurwitz N (p) et D(p) d’une immitance Z(p) = N D(p) et ne possèdent donc que des coefficients positifs. En hautes fréquences, une immitance quelconque ne se comporte que comme une résistance (indépendant 25 2. Filtres passifs Figure 2.1: Synthèse de Foster : montage en série. de f ), une inductance (évolution en f ) ou une capacité (évolution en 1/f ). Par conséquent, les degrés de N (p) et D(p) ne sont, au maximum, différent que d’une unité. Un dipôle sans perte (constitué de L et de C) possède une immitance dont la partie réelle est nulle. Elle est de plus une fonction impaire de p. Pour un dipôle passif sans perte, il existe un pôle ou un zéro à l’origine et les autres sont sur l’axe imaginaire et alternés. Les pôles et zéros d’une admittance RC sont réels et négatifs et alternés sur l’axe réel. Méthodes de Foster Elles se basent sur l’hypothèse que l’impédance à synthétiser n’est constituée que par des éléments placés en série ou en parallèle. La fonction de transfert est alors écrite sous la forme : Z(p) = X X Rc Ak p + Bk N (p) + = a1 p + a0 + . 2 2 D(p) c p + ωc k p + 2αk p + ωk (2.1) Les différents termes sont ensuite identifiés : – a1 p est une inductance de valeur a1 , – a0 est une résistance, P Rc est l’association en parallèle d’une résistance Rc /ωc et d’un conden– p+ωc c sateur 1/Rc . Le troisième terme correspond à la mise en parallèle de trois branches : – un condensateur 1/Ak , A2 – une résistance 2αk Akk−Bk , Ak – la mise en série d’une inductance L = M avec une résistance R = k 2 Bk , Mk k avec Mk = ωk2 + B − 2αAkkBk . Ak La synthèse n’est possible que si Mk est positif. Dans le cas contraire, il est nécessaire de rechercher une autre structure. Une démarche analogue est possible à partir des admittances. 26 2.1. Exemples de synthèse de fonction de transfert Figure 2.2: Synthèse de Cauer : montage en échelle. Méthodes de Cauer Les méthodes de Cauer font l’hypothèse de structures en échelle. L’impédance du dipôle s’écrit : Z(p) = N (p) 1 = Z1 + D(p) Y2 + Z3 + 1 (2.2) . 1 Y4 +... Pour identifier les divers composants, une division euclidienne des polynômes est réalisée : N (p) = D(p)Q1 (p) + R1 (p). (2.3) Soit : R1 (p) N (p) = Q1 (p) + = Q1 (p) + D(p) D(p) 1 D(p) R1 (p) . (2.4) Le processus se poursuit ainsi de suite. Les identifications sont ensuite réalisées : Z 1 = Q 1 , Y2 = Q 2 , . . . 27 3 Filtres actifs La plupart des résultats présentés dans cette partie sont issus de l’article de Paul Bildstein intitulé "Synthèse et réalisation des filtres actifs" publié dans les Techniques de l’Ingénieur (référence E3 130). Vous pouvez vous y reporter pour y trouver des compléments. Plusieurs exemples de synthèse de filtres sont de plus développés. 3.1 Introduction Limitations des filtres passifs Les filtres passifs, vus dans la section précédente, ont pour avantage d’être relativement simples. Cependant, pour les faibles ordres, leur décroissance est relativement faible et ils ne conviennent donc que lorsque les fréquences à éliminer sont suffisamment éloignées du signal utile. Aux ordres élevés, ils possèdent une forte atténuation qui limite leur utilisation. De plus, la pente à fc n’est généralement pas améliorée. Ils sont cependant utilisés pour, par exemple : – La suppression des radiofréquences dans les circuits audio, – les condensateurs de blocage de la tension continue, – l’extraction de la modulation d’une porteuse en télécommunication. Utilisation de pôles décalés L’introduction d’inductances sous la forme de circuits LC permet de constituer des filtres dont la bande passante est plate. Cela s’appelle l’utilisation de pôles décalés dans le domaine de l’analyse des réseaux électriques. Le problème est que les inductances sont : – relativement encombrantes, – chères, – de caractéristiques difficiles à contrôler du fait des résistances en série, – non-linéaires, 29 3. Filtres actifs – susceptibles de posséder des capacités distribuées dans le bobinage, – sensibles aux inductions magnétiques. 3.2 Amplificateurs Opérationnels Filtres actifs L’introduction d’amplificateurs opérationnels dans les filtres permet de reconstituer les caractéristiques de n’importe quel filtre RLC, sans les bobines. Ces filtres sont alors appelés filtres actifs car ils possèdent un ou plusieurs éléments actifs : les AOPs. Tous les filtres classiques (PB, PH, PBande, RBande) peuvent être réalisés avec les critères précédemment énoncés : – rectitude dans la bande passante, – qualité de la pente, – linéarité de la phase. Il est aussi possible de construire des filtres passe-tout dont l’objectif est de modifier la phase à volonté (égaliseurs de retard). L’inverse existe aussi. Rappels sur l’AOP Pratiquement tous les amplificateurs opérationnels ont la même structure interne : ce sont des circuits monolithiques dont une puce de silicium constitue le substrat commun. Ils comportent en entrée un amplificateur différentiel suivi d’un étage adaptateur d’impédance ; l’amplificateur de sortie, de type push-pull, fonctionne en classe B. Toutes les liaisons sont directes. Ce sont des amplificateurs différentiels caractérisés par : – Un gain en tension très important : µD = µ = 105 à 107 . – Une impédance d’entrée très grande : RE ≈ 105 à 1012 Ω. – Une impédance d’entrée de mode commun très grande : REM C ≈ 108 à 1012 Ω. – Une impédance de sortie faible : RS ≈ 10 à 500 Ω. – La réjection du mode commun (µD /µM C ) est très grande. – La réponse en fréquence va du continu jusqu’à des fréquences assez élevées : le produit gain-bande passante peut dépasser 100 MHz. – Ils possèdent deux entrées notées + (l’entrée non inverseuse) et - (l’entrée inverseuse) mais ont une seule sortie. – Ils utilisent, sauf exception, deux alimentations +U et -U, symétriques par rapport à la masse. Ces alimentations seront omises sur les schémas. 30 3.2. Amplificateurs Opérationnels Figure 3.1: Amplificateur opérationnel Figure 3.2: Montage intégrateur inverseur La tension de sortie d’un amplificateur opérationnel est donnée par : 1 vs = µD (v + − v − ) + µM C (v + + v − ), 2 1 vs = µD ve + µM C (v + + v − ). 2 (3.1) (3.2) Ces amplificateurs sont conçus pour avoir un gain de mode commun µM C aussi faible que possible afin de ne pas amplifier les signaux présents sur les deux entrées à la fois (mode commun) et qui correspondent en général à un bruit parasite. Montages de base Ils sont composés d’un AOP et de résistances et de capacités. Ils peuvent cependant avoir le comportement d’une inductance. L’intégrateur est le système de base de synthèse des filtres actifs. Pour des fréquences ω << ωt , où ωt est la fréquence pour laquelle le gain de l’AOP est égal à 1 : Vs 1 p 1 + ≈ − . 1 Ve pRC 1 + ωt ωt RC (3.3) Il est possible de réaliser un intégrateur non inverseur, mais la réalisation est un peu plus difficile, du fait de l’appairage de quatre résistances égales. Ce montage contient un étage de conversion à impédance négative. 31 3. Filtres actifs Figure 3.3: Montage intégrateur non inverseur Figure 3.4: Montage additionneur-soustracteur Figure 3.5: Montage source de tension Dans la réalisation de filtres actifs, les intégrateurs sont toujours combinés avec des additionneurs-soustracteurs. La tension de sortie est égale à : Vs = X ai Vi − X i a0j Vj0 . (3.4) j Les coefficients ai et a0i dépendent des valeurs des résistances. Le montage suivant présente un impédance d’entrée infinie, une impédance de sortie nulle et un gain K défini par : Vs = kVe = (1 + R2 )Ve . R1 (3.5) Un convertisseur à impédance négative (CIN) convertit une impédance en son opposée. Un gyrateur transforme une impédance en son inverse. 32 3.3. Cellules universelles Figure 3.6: Convertisseur à impédance négative 3.3 Cellules universelles Introduction De nombreux filtres actifs ont été réalisés pour atteindre les performances des filtres passifs tout en supprimant leurs inconvénients (en particulier les caractéristiques des inductances). Beaucoup de modèles de filtres actifs existent car chaque circuit est performant dans un domaine particulier (amplitude, phase, coupure, . . . ) mais aucun ne rassemble toutes les qualités. Les caractéristiques de choix d’un filtre actif sont : – un nombre restreint de composants (actifs et passifs), – la facilité de réglage, – un nombre restreint de valeurs des composants (condensateurs), – la latitude de choix des AOP (vitesses de balayage, bande passante, impédance de sortie), – contrôle du facteur de qualité (Q élévé), – la non sensibilité aux dérives des composants et du gain de l’AOP. Cellules du premier ordre Leurs fonctions de transfert sont données par : B(p) = a0 p + b 0 . ap + b (3.6) Cellules du second ordre Circuits à source commandée Les figures suivantes présentent d’autres réalisations de filtres classiques à base d’AOP. Les résisteurs branchés à la sortie de l’AOP forment un amplificateur de tension de gain K. Les autres composants assignent au filtre sa réponse 33 3. Filtres actifs Figure 3.7: Cellules universelles du 1er ordre à un AOP. Figure 3.8: Cellules universelles du 2nd ordre à un AOP. Figure 3.9: Filtre VCVS Passe-Bas en fréquence (Butterworth, Tchebychev, Bessel, . . . ) Il est possible d’améliorer les qualités des cellules en utilisant plusieurs amplificateurs. Les avantages sont tout d’abord une amélioration de la sensibilité globale, mais aussi une dispersion moindre de la valeur des éléments et une meilleure flexibilité d’emploi. 34 3.3. Cellules universelles Figure 3.10: Filtre VCVS Passe-Haut Figure 3.11: Filtre VCVS Passe-Bande Figure 3.12: Cellules universelles du 2nd ordre à deux AOPs. 35 3. Filtres actifs 3.4 Synthèse et Mise en cascade des filtres Pour calculer et réaliser un filtre actif, il est nécessaire de calculer sa fonction de transfert en tension à partir des spécifications. Elle se présente toujours sous la forme d’une fraction rationnelle en p. Deux méthodes sont principalement utilisées : la synthèse en cascade et la synthèse globale. Très différentes dans leur principe, elles aboutissent à des filtres dont les performances en terme de sensibilité sont aussi très différentes. Synthèse en cascade Très simple et de portée universelle, la synthèse en cascade est basée sur la décomposition toujours possible de H(p) en termes biquadratiques (et d’un terme du 1er degré dans le cas où l’ordre m du filtre est impair) : H(p) = b0 + b1 p + . . . + bn p n a0 + a1 p + . . . + am pm m/2 = Y i=1 Ki a0 ip2 + b0i p + 1 p2 + Qω0ii p + 1 ω2 0i m/2 = Y i=1 Bi (p) ou Y a00 p + 1 (m−1)/2 Bi (p) a0 p + 1 i=1 (3.7) Pour réaliser le filtre projeté, il suffit de mettre en cascade m circuits élémentaires biquadratiques de fonctions de transfert Bi (p) (plus un circuit du 1er ordre lorsque m est impair) en prenant bien soin de veiller à ce qu’il n’y ait pas de réaction d’un circuit sur l’autre. Cette dernière condition s’obtient facilement avec des circuits actifs, grâce à la très faible impédance de sortie des amplificateurs opérationnels classiques. Il s’agit donc là d’une méthode très simple à mettre en oeuvre aussi bien sur le plan des calculs que du point de vue de la réalisation pratique, des réglages et de la maintenance. Elle est universelle et convient quelle que soit la fonction de transfert à synthétiser. Malheureusement cette structure ne bénéficie pas d’une bonne sensibilité par rapport aux variations des valeurs des composants. Il peut être démontré que dans chaque cellule biquadratique Bi , il existe au moins une sensibilité passive de valeur égale à Qi , et ceci quels que soient les schémas utilisés. Si le filtre à réaliser est très sélectif, les valeurs de Qi peuvent aller jusqu’à des valeurs de quelques dizaines, ce qui est en général prohibitif. La synthèse en cascade ne convient donc que pour des réalisations de filtres peu sélectifs dont l’ordre ne dépasse pas 8 ou 10, et pour des fréquences ne dépassent pas quelques dizaines de kiloHertz. 36 3.5. Synthèse globale et simulation d’un filtre LC Mise en cascade Trois précautions sont à prendre en pratique : – Veiller à ce que l’ordre de mise en cascade préserve la dynamique du filtre. Forts Q en tête pour des signaux faibles, et faibles Q en tête pour des signaux de forte amplitude ; – Pour les filtres ayant des zéros de transmission, veiller à ce que les pôles et zéros des fonctions biquadratiques soient appairés de façon optimale. Pratiquement, il faudra associer à une paire de pôles la paire de zéros la plus proche ; – Veiller à ce que la répartition des gains des différentes cellules biquadratiques préserve la dynamique de l’ensemble. Une bonne façon de faire consiste à égaliser les maxima des réponses de toutes les cellules. 3.5 Synthèse globale et simulation d’un filtre LC Synthèse globale Orchard a démontré que les sensibilités des filtres réalisés par un quadripôle LC inséré entre deux résistances, sont, sous certaines conditions, toutes très faibles, et ceci quels que soient les schémas de ces filtres. Les méthodes de synthèse globale exploitent toutes cette remarquable propriété en partant d’un filtre LC prototype qui est copié de diverses façons, afin d’éliminer les inductances. La sensibilité est alors globalement préservée. Plusieurs manières de copier un filtre LC ont été développées. Copie des composants Les inductances sont simplement remplacées par des couples condensateurs + gyrateurs. Cette méthode est très efficace lorsque le filtre prototype ne possède pas d’inductances flottantes, comme dans le cas des filtres passe-haut. Copie du prototype modifié par la transformation de Brutton Cette transformation consiste à multiplier toutes les impédances du prototype par 1/p, ce qui ne modifie pas la fonction de transfert. Les inductances sont transformées en résistances et les condensateurs en super-résistances (FDNR) qui seront réalisées à l’aide d’un convertisseur d’impédance généralisé (GIC). Les 37 3. Filtres actifs Figure 3.13: Comparaison des différents méthodes de synthèse de filtres actifs. résistances terminales sont transformées en condensateurs, ce qui peut poser quelques problèmes aux fréquences très basses. Cette méthode est très efficace lorsque le prototype ne comporte pas de condensateurs dans les branches série, comme c’est le cas pour les filtres passe-bas. Copie opérationnelle Les équations différentielles du filtre prototype sont simulées dans un réseau électronique régi par le même système d’équations. Si les équations différentielles sont du premier ordre, alors la réalisation peut s’effectuer uniquement à l’aide d’intégrateurs et d’additionneurs-soustracteurs. Plusieurs techniques sont utilisées pour parvenir à ce résultat, la plus connue étant la technique leap frog (saute-mouton), très efficace dans le cas de filtres passe-bas. Pour les filtres plus complexes, des techniques de graphe de fluence ou de représentation par les équations d’état sont utilisées. Cette technique est la plus puissante mais aussi la plus complexe à mettre en oeuvre. Copie philisophique L’hypothèse de départ est que la faible sensibilité des filtres LC est due au couplage qui existe entre tous les composants du réseau. En découle la conjecture, assez bien vérifiée par l’expérience, qu’en ajoutant des couplages entre des blocs actifs du premier ou du deuxième ordre, les sensibilités seront diminuées. Plusieurs variantes de ce procédé ont été expérimentées. La meilleure semble être la synthèse par cellules biquadratiques imbriquées, qui présente l’avantage d’utiliser les mêmes briques que pour la synthèse en cascade tout en améliorant les performances de sensibilité. 38 3.5. Synthèse globale et simulation d’un filtre LC Synthèse d’un filtre LC par des FDNR Les FDNR (frequency dependant negative resistors) permettent à travers la méthode de Brutton de simuler le comportement de filtres LC. Soit à réaliser un filtre passe-bas de Tchebycheff inverse d’ordre 5 correspondant aux spécifications du gabarit représenté sur la figure. En multipliant le s impédances du schéma par 1/p, la réponse globale n’est pas affectée et on obtient le schéma représenté sur la figure suivante : – Les inductances sont transformées en résistances, – Les capacités se transforment en FDNR, – Les résistances terminales sont changées en capacités. – Pour obtenir des valeurs réalisables, la valeur de toutes les impédances est multipliée par un facteur d’échelle, qui est ici pris égal à 104 , de façon à obtenir des valeurs standards normalisées de condensateurs. Les deux FDNR sont réalisées avec des condensateurs de valeur normalisée 10 nF et des résistances centrales de 10 kΩ. La résistance R2 est calculée de façon que : Rg2 = 104 C2 /C 2 = 1012 C2 = 20, 41kΩ. (3.8) Rg4 = 17, 62kΩ. (3.9) De même : Ce schéma ne passe pas la composante continue et les très basses fréquences. Pour remédier a ce problème, on place en parallèle sur les condensateurs d’entrée et de sortie des résistances de valeur très élevée (par exemple 1 MΩ). Ce type de technique se prête très bien à la réalisation de filtres passe-bas qui ne nécessitent pas de FDNR flottants. 39 3. Filtres actifs Figure 3.14: Schéma général d’un filtre en échelle. Figure 3.15: Graphe opérationnel Leap Frog Synthèse Leap Frog d’un filtre LC Un filtre LC en échelle a un schéma de base représenté sur la figure suivante dans lequel les Zi et Yi sont respectivement les impédances et admittances des branches. Les équations liant les tensions de noeuds et courants de mailles sont : (E − V2 )Y1 = I1 (V2 − V4 )Y3 = I3 .. . (V2n−2 − V2n )Y2n−1 = I2n−1 (I1 − I3 )Z2 = V2 (I3 − I6 )Z2 = V4 .. . (I2n−1 − I2n+1 )Z2n = V2n . (3.10) L’ensemble de ces équations peut être simulé par le diagramme de la figure suivante (dont l’allure évoque le saute-mouton d’où le nom leap frog). Si le schéma du prototype à synthétiser est le suivant : les équations suivantes sont 40 3.5. Synthèse globale et simulation d’un filtre LC Figure 3.16: Schéma du filtre prototype LC. Figure 3.17: Graphe opérationnel du filtre prototype. obtenues en remplaçant les immitances par leur valeur. (E − V2 ) = I1 R1 L1p (V2 − V4 ) = I3 L3 p (I1 − I3 ) = V2 C2 p R4 I3 = V4 . 1 + R4 C4 p (3.11) Le schéma opérationnel correspondant est donné sur la figure suivante. Si les intégrateurs sont réalisés par des intégrateurs de Miller, le schéma final suivant est obtenu. Il a fallu ajouter trois inverseurs et, en définitive, la réalisation comporte 7 amplificateurs. Ce type de synthèse est particulièrement bien adapté aux réalisations de filtres totalement intégrés. 41 3. Filtres actifs Figure 3.18: Schéma de réalisation Leap Frog dérivé. 42