ou les relations personnelles sont une variable d’ajustement entre l’offre et la demande sur
le marché du travail en Afrique subsaharienne. A Bamako, « 55,7 % des salariés irréguliers
et 54,4 % des salariés sans protection sociale ont accédé à leur emploi actuel par le biais de
relations personnelles, alors que l’incidence de cette procédure n’est que de 16% pour les
salariés protégés »3.
La structure des réseaux est souvent peu apparente. Pourtant, l’appartenance à des réseaux
familiaux, amicaux, associatifs ou syndicaux, est une condition nécessaire pour exercer
certaines activités. L’apprentissage d’un ensemble de codes urbains, lié à l’appartenance
aux réseaux, constitue l’élément principal de la qualification de ces travailleurs. Il devient
alors difficile de distinguer les barrières de réseau des autres formes de barrières non
financières, en particulier de celles qui relève de l’appartenance ethnique ou de la
qualification. Dans certaines ethnies, l’appartenance à l’ethnie et au sein de celle-ci, à un
« tissu très dense d’alliances matrimoniales entrecroisées » (Morice, P.61) est la condition
pour accéder aux connaissances techniques qui elles-mêmes permettront de s’établir à son
propre compte4. Dans d’autres cas, les réseaux de relations apparaissent comme plus
importants que les connaissances techniques, dont les futurs micro-entrepreneurs peuvent
se dispenser. Le réseau peut être également le signe d’un autre type de qualification :
connaissance de l’administration, des sources de financement, etc.
L’analyse des réseaux souligne toute la complexité que pose la notion de capital social. En
effet, s’il est reconnu que les relations personnelles sont une variable d’ajustement sur le
marché du travail, encore faut-il que les bases de l’ajustement soit clairement définies ou
formalisées. L’appartenance au réseau suffit-elle pour que l’offre satisfasse à la demande,
3 EL HADJI SIDIBE B. et LACHAUD J.-P.,1993, Pauvreté et marché du travail au Mali : le cas de Bamako,
Institut international d’études sociales, OIT, Genève, Discussion papers n°52, P.92.
4 MORICE A., 1987, « Ceux qui travaillent gratuitement : un salaire confisqué », in AGIER M., COPANS J.
et MORICE A. (coord.), Classes ouvrières d’Afrique noire, Karthala, Paris, pp 45-76.
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