8 Quand passent les cigognes
c. Il resta un moment sans bouger, espérant que la nuit durerait toujours.
Ainsi doivent espérer les condamnés à mort. (Carrere)
d. En septembre apparaissent les grosses araignées. (Simon)
e. Dans la cour, régnait l’animation habituelle. (Brincourt)
(4) a. […] il comprit qu’il tenait le gibier que traquaient les policiers : la jeune
lle était en sueur. (Decoin)
b. Il sentait que pesaient sur lui deux yeux sévères, leur désapproba-
tion muette. (Roy)
c. Il se décoiffa, s’assit au bord du lit sans que bouge le garçon… (Cluny)
d. Olivier savait qu’il baiserait la main de la tante Victoria et que les
ouvriers s’en amuseraient. Quand arriva la tante, cela se t tout natu-
rellement. (Sabatier)
Au vu de cette variété de contextes syntaxiques, la question se pose
de savoir si la position postverbale du sujet nominal a pour cause les
mêmes facteurs dans tous ces contextes, et quels sont les facteurs qui
favorisent la position postverbale du sujet nominal.
Le nombre élevé d’ouvrages consacrés à la distribution du su-
jet nominal postverbal révèle un vif intérêt pour ce thème. Néanmoins,
il reste un certain nombre de lacunes dans la littérature linguistique, qui
concernent la description de VS, la méthodologie utilisée dans l’analyse
de VS, et l’explication des facteurs qui régissent la distribution de VS.
Tout d’abord, tous les contextes d’apparition de VS n’ont pas été
étudiés de façon détaillée : si la distribution du sujet nominal postverbal
dans les interrogatives (3a) et les relatives (4a), ainsi que dans les phrases
simples et les principales commençant par un adverbe ou groupe prépo-
sitionnel de temps (3d) ou de lieu (3e) (des cas d’inversion locative) a
été bien étudiée, VS dans les phrases simples et les principales introduites
par un adverbe de manière (3c) et dans les contextes d’inversion abso-
lue, où le verbe est le premier élément de la phrase (3b), n’a pas été décrit
de façon détaillée, de même que VS dans les complétives (4b) et dans
les subordonnées circonstancielles (4c-d). Il en résulte que les analyses
théoriques qui intègrent ces contextes sont souvent fondées sur des gé-
néralisations descriptives peu adéquates ou même incorrectes, que notre
analyse de corpus a permis de modier ou d’écarter.
En ce qui concerne la méthodologie mise en œuvre dans l’ana-
lyse descriptive de VS, depuis les premières descriptions fournies par
Blinkenberg (1928) et Le Bidois (1952), il n’a paru aucune description
globale de la distribution des sujets nominaux postverbaux qui se fonde
sur une étude de corpus systématique. En effet, dans les analyses gé-
nérativistes, les exemples fabriqués cités n’ont le plus souvent qu’une
fonction illustrative et ne rendent pas compte de toutes les contraintes