CRÉATION DEMPLOIS ET CRÉATION DE RICHESSES
Le cœur d’agglomération
enregistre des pertes d’emplois
En 2003, l’emploi total parisien était estimé à
1655000 1, ce qui représente 31,0 % de l’emploi
régional alors qu’il représentait près de 34 % en
1990. Paris a perdu 81300 emplois de 1990 à 2003,
soit une perte de 4,7 % tandis que l’Île-de-France
en gagnait plus de 230000, soit un gain de 4,5 %.
Comme le montre nettement le graphique ci-contre,
la capitale et le cœur de l’agglomération, de façon
structurelle, semblent accuser plus fortement que
le reste de la région les phases de récession éco-
nomique et bénéficient moins fortement que le reste
de la région des phases de croissance. C’est une
composante structurelle de toutes les régions métro-
politaines mondiales, apparue dans les années 19802.
À l’image des économies des pays industrialisés,
l’économie de l’agglomération parisienne est
confrontée à une perte d’emplois chronique et à
un taux de chômage très élevé, tandis que la richesse
créée (notamment le PIB par emploi) continue de
croître et que les valeurs immobilières atteignent
des sommets.
Un des principaux défis que les collectivités du cœur
de l’agglomération parisienne auront à relever dans
les années à venir sera donc de rendre compa-
tibles la production croissante de valeur ajoutée et
la création d’emplois.
CRÉATION D’EMPLOIS ET CRÉATION DE RICHESSES,
les déchirures des temps modernes
Avec la
mondialisation,
création d’emplois
et création
de richesses
ne sont plus
systématiquement
liées
n018 AVRIL 2005
Mairie de Paris – DGIC
80
85
90
95
100
105
110
115
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
Paris Île-de-France France
«Paris pour l’emploi », organisé par la Ville de Paris:
il faut tout mettre en œuvre pour favoriser la rencontre
de l’offre et de la demande d’emplois
1 – Estimations annuelles d’emplois, INSEE,
dernières données disponibles.
2 – Source : Pour une métropolisation raisonnée,
sous la direction de Pierre Beckouche, La documentation
Française, 1999, 140 p.
Évolution de l’emploi 1990-2003
ATELIER PARISIEN D
URBANISME
17, BD MORLAND - 75004 PARIS - TÉL : 0142 71 2814 - FAX : 0142 7624 05 - http://www.apur.org
On observe 3 phases d’évolution sur la période (gra-
phique ci-contre):
• de 1990 à 1998: baisse de l’emploi liée à la crise
économique générale, notamment immobilière à
Paris;
• de 1998 à 2000: augmentation de l’emploi liée
d’une part au dynamisme des nouvelles technolo-
gies (e-business, téléphonie mobile) et d’autre
part à des événements très éphémères (crainte du
«bug » de l’an 2000, passage à l’euro);
• depuis 2000 : de nouveau, dégradation du
contexte économique avec impact négatif sur l’évo-
lution de l’emploi (chute des valeurs boursières,
en particulier du NASDAQ, attentats du 11 sep-
tembre…).
Par ailleurs, l’emploi public qui constitue une forte
part de l’emploi parisien (366500 emplois en 2000)
ne cesse de diminuer: il ne rassemble plus que 22 %
de l’emploi parisien en 2000 contre 33 % en
1990 (graphique ci-contre).
Plus globalement, tout au long de ces 15 der-
nières années, on a assisté à une grande mutation
de l’économie : nombreuses fusions-acquisitions
(souvent suivies de suppressions d’emplois), exter-
nalisations massives des tâches ne constituant pas
le « cœur de métier » des entreprises et une
désindustrialisation continue depuis 25 ans (gra-
phique ci-contre).
CRÉATION DEMPLOIS ET CRÉATION DE RICHESSES
Garches
Saint-Cloud
Chaville
Garges
les-Gonesse
Stains
Pierrefitte
sur-Seine
Sarcelles
Groslay
Aulnay
sous-Bois
Gonesse
Bonneuil
en-France
Dugny
Arnouville
les-Gonesse
Va
Villepinte
Sevran
Tremblay
en-France
le-Blanc
Mesnil
le-Raincy
Arcueil
Rueil-Malmaison
Sèvres
Meudon
Boulogne
Billancourt
Issy-les-M. Vanves
Malakoff Montrouge
Ch‚tillon
Clamart Bagneux
Bourg
la-Reine
Kremlin
BicÍtre
13e
Villejuif
Cachan
Ivry-sur-Seine
12e
Charenton
Saint-Maurice
Alfortville
Maisons
Alfort
Créteil
Joinville
Nogent
sur-Marne
Fontenay
sous-Bois
Vincennes
Montreuil
Saint-Mandé
Les Lilas
Pré
Saint
Gervais
Pantin
Bobigny
10e
2e
19e
Saint-Denis
Aubervilliers
Le Bourget
Clichy
17e
Gennevilliers
Levallois
Perret
Neuilly-sur-Seine
AsniËres
Courbevoie
Nanterre
Suresnes
Puteaux
Colombes Bois
Colombes
16e
7e
8e
9e
1er
15e
14e
18e
Saint-Ouen
Bagnolet
Gentilly
Choisy-le-Roi
6e
5e
4e
3e
11 e
Villeneuve
la Garenne
l'Œle
Saint-Denis
la-Garenne
Colombes
Vaucresson
Marnes
la-Coquette
Ville-d'Avray
le-Plessis
Robinson
Chatenay-Malabry
Fontenay
aux-Roses
Sceaux
Verrières
le-Buisson
Bièvres
Jouy-en-Josas
les-Loges
en-Josas
Vélizy-Villacoublay
Versailles
e
snay
a
-Celle
n
t-Cloud
Bougival
s
inet
Chatou
Croissy
sur-Seine
Montesson
Carrières-sur-Seine
Houilles
Sartrouville
Maisons-Laffitte
la-Frette
sur-Seine
Cormeilles
en-Parisis
Franconville
Argenteuil
Sannois
Viroflay
Bezons
Ermont Eaubonne
Saint-Gratien
Deuil-la-Barre
Epinay-sur-Seine
Enghien
les-Bains
Montmorency
Soissy-sous
Montmorency
Montmagny
Villetaneuse
la Courneuve
Drancy
les-Pavillons
sous-Bois
Villemomble
Rosny
sous-Bois
Noisy
le-Sec
Bondy
Romainville
Neuilly
Plaisance Go
u
sur-
M
Neuilly
sur-Marne
Gagny
le-Perreux
sur-Marne
Bry-sur-Marne
Champigny
sur-Marne
Villiers
sur-Marne
Noisy-le-Grand
l
Vitry
sur-Seine
Fresnes
Chevilly
Larue
l'Haÿ-les-Roses
Rungis
Thiais
Saint-Maur
des-Fossés
Bonneuil
sur-Marne
Chennevières
sur-Marne
Ormesson
sur-Marne
Noiseau
Sucy-en-Brie
Limeil
Brévannes
Boissy
Saint-Léger Marolles
en-Brie
Valenton
Villeneuve
Saint-Georges
Orly
20e
Antony
Livry-Gargan
Montfer
m
C
o
Clichy
sous-Bois
2,5 5 km
Source : IAURIF, Apur, Dreif, 4e, 5e enquêtes régionales sur l’emploi ; – INSEE, 6e et 7e ERE
0
200
400
600
800
1 000
1 200
1 400
1 600
1 800
1990 1994 1997 2000
emploi privé emploi public
1 184 1 036 1 174 1 310
578
525 366 366
1709 615
1666 994
1612 865
1 666 602
1736 860
1643 227 1645 625
1626 865 1617 329
1 600 717
1 690 686
1 689 292
1 687 941
1 655 552
1580000
1600000
1620000
1640000
1660000
1680000
1700000
1720000
1740000
1760000
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
Évolution du taux
de chômage et évolution
du nombre d’emplois
par commune entre
les recensements
de 1990 et 1999
L’emploi salarié à Paris
public et privé de 1990 à 2000
250 000
Nombre d'emplois total recensés
200 000
150 000
100 000
50 000
0
1990
1999
année
Hausse
Plus de 5 points
de 2 à 5 points
de – 2 à + 2 points
Cœur d'agglomération
Source : recensement de la population 1999 –INSEE
Stabilité
Évolution du nombre d’emplois à Paris
Il n’y a pas de liaison directe entre l’évolution de l’emploi et du chômage
Le tissu économique de la région capitale se carac-
térise par une spécialisation dans des activités très
dynamiques, à forte valeur ajoutée productive.
Ainsi, c’est dans les secteurs les plus productifs
en richesses (services aux entreprises par exemple)
que l’Île-de-France se spécialise, créant la plus forte
valeur ajoutée (+ 5,3 % contre + 4, 4 % pour la
province). Toutefois contrairement aux régions de
province, les valeurs ajoutées parisiennes ne s’ac-
compagnent pas du même niveau en volume de
création d’emplois. Avec moins d’emploi total et
notamment moins d’emplois peu qualifiés, mais en
proportion plus d’emplois qualifiés, l’Île-de-France
produit donc plus de richesses 3.
Ainsi, la croissance économique du cœur d’agglo-
mération reste forte, de plus en plus productive,
cependant elle devient de plus en plus pauvre en
création d’emplois, exceptée en emplois très qua-
lifiés. « On se dirige donc vers un marché du tra-
vail de plus en plus sélectif avec, d’un côté, l’in-
ternationalisation, la spécialisation dans le
commandement du système productif, l’expertise
et l’intermédiation aux marchés, à forte compo-
sante d’emplois de cadre; de l’autre, le déclin des
autres métiers sous l’effet des gains de producti-
vité, et du développement du reste de l’hexagone
qui fournit un nombre croissant d’emplois aux jeunes
qu’il forme 4».
Ainsi, le constat d’un tel découplage entre la pro-
duction de richesses et la création d’emplois en
Île-de-France permet d’avancer que l’économie fran-
cilienne connaît une surproductivité du travail
salarié par rapport aux régions de province. Cette
surproductivité est d’environ un tiers dans le sec-
Et pourtant le PIB régional
par emploi est en constante
augmentation
Le cœur d’agglomération, moteur de l’économie
régionale, perd donc des emplois et pourtant l’éco-
nomie francilienne produit toujours plus de richesses.
On observe en effet en Île-de-France, depuis
1990, une dichotomie entre l’évolution de la richesse
créée et la création nette d’emplois salariés. En effet,
comme l’illustre le graphique suivant, en indice, le
PIB par emploi n’a cessé d’augmenter durant la
période 1990-2002, tandis que le niveau d’emploi
a plutôt stagné.
CRÉATION DEMPLOIS ET CRÉATION DE RICHESSES
3 – Plus de richesse, mais pour un plus
petit nombre de personnes ;en effet
comme le nombre d’emplois diminue,
le revenu par emploi, augmente.
4 – Source : Pour une métropolisation
raisonnée, sous la direction de Pierre
Beckouche, La documentation
Française, 1999, 140 p.
Indice 100=1990
70
80
90
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110
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130
140
150
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
PIB par emploi Nombre d'emplois
Source : INSEE, Comptes régionaux et estimation annuelles d'emplois
Évolution comparée du PIB et de l’emploi
en Île-de-France (1990-2002)
Branches d’activités Part en 1999 Part en 1990 Variation relative
1990/1999
Information 62,75% 65,76% – 5%
Services aux entreprises 53,43% 53,05% +1%
Banque-assurance 52,83% 51,00% +3%
Informatique 51,10% 53,44% – 4%
Art 42,77% 45,70% – 6%
Transport 42,46% 45,11% – 6%
Commerce de gros 39,86% 38,83% +3%
Télécommunications 38,79% 35,28% +10%
Commerce industriel 38,27% 44,58% – 14%
Recherche 35,70% 41,69% – 15%
Gestion industrielle 30,32% 35,31% – 14%
Ensemble 44,96% 46,28% – 3%
Part de l’aire urbaine parisienne
dans les Emplois Métropolitains Supérieurs nationaux Surproductivité francilienne en 2001
Industries agricoles et alimentaires 38,3% 11,6% 13,1%
Industries des biens de consommation 38,2% 35,5% 54,9%
Industries automobile 35,0% 24,0% 31,6%
Industries des biens d ‘équipement 30,2% 24,4% 32,3%
Industries des biens intermédiaires 31,9% 11,3% 12,7%
Construction 7,8% 19,3% 23,9%
Commerce 18,1% 25,9% 34,9%
Transports 26,5% 36,3% 56,9%
Services aux entreprises 30,0% 45,0% 81,8%
Services aux particuliers 38,6% 38,7% 63,1%
Tertiaire non marchand 8,8% 22,1% 28,3%
Total 23,2% 28,2% 39,3%
Part de l’IDF
dans
la FM
* écart entre la productivité de l’Île de France et la moyenne des productivités des régions de province
IDF : Île-de-France – FM : France Métropolitaine
Part de l'IDF
dans
la province
Valeur ajoutée Surpro-
ductivité*
Sources : INSEE, estimations d’emplois salariés et comptes régionaux
CRÉATION DEMPLOIS ET CRÉATION DE RICHESSES
teur d’industrie, de 25 % dans le secteur tertiaire
marchand, et de 30 % dans les services aux entre-
prises (la valeur ajoutée francilienne dans les ser-
vices aux entreprises équivaut à 82 % de celle du
reste de la France).
Quand on garde par ailleurs à l’esprit que Paris
concentre près du tiers des emplois de la région et
que sa spécialisation dans les emplois les plus
hautement qualifiés s’est encore accrue au cours
des années 1990, on peut en déduire que la
valeur ajoutée par emploi est encore plus élevée
dans la capitale et le cœur d’agglomération.
Cette évolution est flagrante quand on observe
qu’entre 1994 et 1999, Paris perd 2 % de ses
emplois salariés privés mais augmente sa masse
salariale privée de 5 % 5.
On comprend donc que la métropolisation, glo-
balement créatrice de richesses croissantes, a
cependant des coûts sociaux et urbains, notam-
ment en termes de taux de chômage, qu’il
convient d’évaluer.
Le challenge :
juguler le chômage
L’évolution du taux de chômage depuis 1990 montre
que le taux parisien s’est toujours situé sensible-
ment au-dessus du taux de chômage francilien, et
du taux de chômage national cette situation tend
à augmenter. En octobre 2004, le taux de chômage
était de 11,2 % à Paris, de 9,8 % en Île-de-France
et de 9,9 % en France.
Le chômage est très inégalement réparti territoria-
lement et fait écho à la localisation ségréguée des
catégories socioprofessionnelles. La concentration
du chômage se situe dans un radiant nord-est de
la petite couronne (incluant les arrondissements
nord et est de Paris), territoires où les niveaux de
formation sont les plus faibles et participent au
décrochage de populations tenues à l’écart du déve-
loppement économique.
Il apparaît donc que le cœur d’agglomération semble
perdre des emplois de façon inéluctable, tout en
conservant son rôle de pôle de commandement
et en produisant toujours plus de richesses.
La formation scolaire et professionnelle apparaît
comme la condition sine qua non pour intégrer la
plus grande part possible de population au système
économique qui s’impose aujourd’hui.
L’APUR est une association entre la Ville de Paris, l’État, la Région Île-de-France, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris et la Caisse d’Allocations Familiales
de Paris, la Régie Autonome des Transports Parisiens, régie par la loi de 1901. Président du conseil d’administration: Jean-Pierre Caffet, adjoint au Maire de Paris
chargé de l’urbanisme et de l’architecture.
Directeur de la publication: Jean-Baptiste Vaquin. Étude, rédaction et conception : Jean-Baptiste Vaquin, Michèle-Angélique Nicol, Barbara Chabbal
et Sophie Renouvel, avec le concours d’Émmanuelle Quiniou et Aurélien Rousseau.
Contact et vente: APUR/Communication/Service diffusion. 17, boulevard Morland 75004 Paris. Téléphone: 01 427128 14. Prix : 2 €
5 – Source : « L’économie et l’emploi à Paris – tome
III
:
Vers un nouveau visage de l’économie parisienne »,
Laurent Davezies, APUR, mai 2003, 98 p.
Le quartier d’affaires de la Défense.
Un des principaux défis que
les collectivités du cœur
de l’agglomération parisienne
auront à relever dans les années
à venir sera de rendre compatibles
la production croissante de valeur
ajoutée et la création d’emplois.
Mairie de Paris – DU
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