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MÉTHODOLOGIE
L’INDICE DE QUALITÉ DE VIE : DÉVELOPPEMENT
ET PROPRIÉTÉS PSYCHOMÉTRIQUES
Carol E. FERRANS,
R.N., M.S. (infirmière diplômée)
Chargée de cours et assistante de recherche
Marjorie J. POWERS,
R.N., Ph.D. (infirmière diplômée, titulaire d’un doctorat)
Professeur Sciences infirmières (médecine-chirurgie)
College of Nursing University of Illinois
Chicago, Illinois
Traduction RSI. Nous remercions les auteurs et l’éditeur «Advances in Nursing Science»,
détenteur des droits originaux, de nous avoir permis de publier ce texte en Français.
RÉSUMÉ
A B S T R AC T
L’indice de qualité de vie : développement et propriétés psychométriques
L’objectif de l’étude évoquée dans cet article
était d’évaluer la validité et la fiabilité d’un instrument de mesure de la qualité de vie. Soixante-quatre items applicables à la fois à des
sujets en bonne santé et à des patients dialysés
ont été testés auprès d’étudiants de 2e/3e cycles
(n = 88) ; six items se rapportant à la dialyse
ont été ajoutés et l’instrument a ensuite été
administré à des patients sous dialyse (n = 37).
Les items, dont la validité de contenu était
confirmée, ont été élaborés à l’issue d’une analyse exhaustive des publications sur la question.
Les coefficients de corrélation entre l’instrument et une question générale sur la satisfaction de vie se sont établis à 0,75 (pour les
étudiants de 2e/3e cycles) et à 0,65 (pour les
patients sous dialyse) et ont permis de confirmer la validité de critère. La fiabilité de l’indice
a par ailleurs été confirmée par des coefficients
de corrélation test-retest de 0,87 et de 0,81 et
des alphas de Cronbach de 0,93 et 0,90, respectivement pour les étudiants de 2e/3e cycles
et les patients sous dialyse.
Quality of life index : development and
psychometric properties
The purpose of the study on which this
article is based was to assess the validity and
reliability of an instrument designed to measure quality of life. Sixty-four items applicable
to both healthy subjects and dialysis patients
were tested with graduate students (n = 88) ;
six items relative to dialysis were added, and
the instrument was administered to dialysis
patients (n = 37). Items were based on literature review, which supported content validity. Correlations between the instrument and
an overall satisfaction with life question of
0.75 (graduate students) and 0.65 (dialysis
patients) supported criterion-related validity.
Support for reliability was provided by testretest correlations of 0.87 (graduate students)
and 0.81 (dialysis patients and Cronbach’s
alphas of 0.93 (graduate students) and 0.90
(dialysis patients.
Mots clés : Qualité de vie, instrument de mesure, validité, fiabilité, test, malades dialysés.
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RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 88 - MARS 2007
Mots clés : Quality of life, instrument to measure quality of life, validity, reliability, test, dialysis patients.
MÉTHODOLOGIE
L’INDICE DE QUALITÉ DE VIE : DÉVELOPPEMENT
ET PROPRIÉTÉS PSYCHOMÉTRIQUES
Selon Campbell 1, le terme de «qualité de vie» est entré
dans le vocabulaire américain entre la Seconde Guerre
mondiale et le « Great Society Program » de Lyndon
Johnson. Ce terme a été utilisé pour souligner que la
seule affluence matérielle ne suffit pas pour «bien vivre».
Depuis, la qualité de vie est devenue un paramètre
important dans le domaine des soins de santé et des politiques sociales. Les difficultés inhérentes à sa définition
et à sa mesure compliquent toutefois l’appréhension de
ce concept.
George et Bearon 2, soutiennent qu’il est difficile de définir la qualité de vie parce que les gens n’accordent pas la
même valeur aux choses. De nombreux déterminants ou
indicateurs ont certes été proposés comme critères normatifs de la qualité de vie, mais nous ne disposons toujours pas d’une définition consensuelle de ce concept
pour orienter les recherches, ce qui entraîne des incohérences dans l’interprétation de ce qui en fait constitue
la qualité de vie. Dalkey et Rourke, par exemple, proposent une définition exhaustive de la qualité de vie comme
étant «le sentiment de bien-être d’une personne, sa satisfaction ou son insatisfaction face à la vie, au bonheur ou au malheur» 3 (p.11-210). Campbell et coll. quant à eux allèguent que
le bonheur et la satisfaction sont des concepts différents,
et précisent que «la satisfaction fait intervenir le jugement
ou la cognition, alors que le bonheur est davantage du ressort
du sentiment ou de l’affect» 4 (p.8).
Dans la mesure où la qualité de vie est devenue un thème
essentiel pour la planification, la mise en œuvre et l’évaluation des soins de santé et des politiques sociales,
l’étude décrite dans le présent article a comme objectif
d’évaluer la validité et la fiabilité d’un instrument conçu
pour apporter une solution à certains des problèmes soulevés par la mesure de ce phénomène.
PROBLÈMES DE MESURE
Pour mesurer la qualité de vie, les chercheurs ont utilisé
soit un instrument unique qui aborde plusieurs dimensions, soit plusieurs instruments qui, pris ensemble, mesurent la qualité de vie sans en donner une évaluation globale. Les chercheurs ne sont toutefois pas parvenus à se
mettre d’accord sur le nombre potentiellement infini d’aspects de la vie qu’il conviendrait d’inclure dans la mesure
de la qualité de vie. Les dimensions suivantes ont néanmoins été incluses dans au moins deux des études passées
en revue : l’opinion des sujets sur leur propre qualité de
vie ou leur satisfaction de vie, le statut socio-économique,
la santé physique, l’affect, le stress perçu, l’amitié, le
mariage, les objectifs dans la vie, le logement et le quartier, la ville et le pays, l’estime de soi, la dépression,
les mécanismes de défense psychologiques, les aptitudes
permettant de faire face à l’adversité. Au vu de l’importance que revêt la satisfaction de vie, son inclusion dans
les échelles de mesure fait l’objet d’un consensus grandissant. Campbell et coll. 4 signalent que dans une étude
nationale, les sujets interrogés ont répondu en termes
de satisfaction de vie quand des questions spécifiques leur
étaient posées sur leur qualité de vie. Cette constatation
confirme que les tentatives de conceptualisation de la
qualité de vie passent généralement par la satisfaction de
vie dans l’esprit du plus grand nombre. De plus, la satisfaction de vie est une notion utilisée abondamment dans
les recherches sur la qualité de vie. Laborde et Powers 5
lui ont donné le nom de baromètre de qualité de vie. Des
centaines d’études ont analysé la satisfaction de vie chez
les personnes âgées, et les grandes théories du «vieillissement réussi » l’utilisent comme critère de résultat 2.
Psychological Abstracts donne une liste de plus de 400
études menées depuis 1965 qui évaluent des aspects de
satisfaction de vie pour tous les groupes d’âge 6. Si on
devait choisir une seule dimension, c’est donc bien la satisfaction de vie qui semble être l’indicateur le plus important de la qualité de vie.
L’autre dilemme de la mesure de la qualité de vie tient
à la nécessité de faire un choix entre des mesures objectives et subjectives. Les mesures subjectives dépendent
de la description par le patient de sa propre expérience
de vie, ce qui n’est pas le cas des indicateurs objectifs 7.
Une approche typique utilisant des indicateurs subjectifs
consistera, par exemple, à demander aux sujets d’indiquer leur degré de satisfaction par rapport à différents
aspects de leur vie, comme par exemple leur famille ou
leur couple.
Parmi les indicateurs objectifs figurent le revenu, l’éducation et le type de profession. George et Bearon 2 estiment qu’il convient d’utiliser les deux types d’indicateurs
pour évaluer la qualité de vie et qu’il faut aussi bien mesurer les ressources et le statut que l’expérience subjective. Campbell 1 quant à lui explique que les indicateurs
subjectifs évaluent directement l’expérience de vie, alors
que les indicateurs objectifs se contentent de mesurer
les éléments qui influencent cette expérience.
Il en veut pour preuve que le nombre de personnes se
décrivant comme « très heureuses » a régulièrement
décliné entre 1957 et 1972, malgré l’amélioration de la
plupart des indicateurs socio-économiques objectifs pendant cette période. Cette tendance est encore plus accentuée parmi les classes sociales favorisées. Il en tire donc
la conclusion que les indicateurs objectifs sont de simples
mesures de substitution de la qualité de vie.
Bien que la qualité de vie globale ait été mesurée en évaluant la satisfaction, les différences dans l’importance
accordée aux dimensions spécifiques contribuant à la qualité de vie ont pour leur part été négligées.
RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 88 - MARS 2007
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De la même manière que la satisfaction par rapport
aux différentes dimensions varie selon les personnes,
l’importance accordée à chacune des dimensions
variera elle aussi et donc l’impact sur la qualité de vie
ne sera pas le même1. Comme les sujets n’accordent
pas la même importance à différentes dimensions, la
simple somme des scores de satisfaction ne donnera
pas une représentation exacte de la qualité de vie.
Même si l’importance accordée à certaines dimensions
par les personnes individuellement a déjà constatée et
qu’elle a fait l’objet de recherches préliminaires 1, 4, 7-11, les
variations individuelles dans l’importance respective accordée à ces dimensions n’a pas été prise en compte de manière
systématique dans les mesures de la qualité de vie. Voici
pourquoi, dans notre étude, la qualité de vie a été définie
comme étant la satisfaction des besoins, suivant en cela les
suggestions de Campbell et coll. 4, selon lesquels «la satisfaction peut être définie précisément comme la différence perçue
entre les aspirations et les réalisations, depuis le sentiment d’être
comblé jusqu’à celui de se sentir totalement démuni» 4, p.8. Le
besoin est défini comme la quantité de récompenses spécifiques
requise par le sujet 4, p.12.
De la même manière que la satisfaction par rapport aux différentes dimensions varie selon les
personnes, l’importance accordée à chacune des
dimensions variera elle aussi et donc l’impact sur
la qualité de vie ne sera pas le même.
L’indice de qualité de vie (IQV) a été conçu pour mesurer la qualité de vie en prenant en compte les dimensions de vie relevées par les experts, l’évaluation subjective et la satisfaction par rapport à ces dimensions,
et l’importance spécifique accordée à chacune des
dimensions par chaque sujet. L’étude décrite dans cet
article avait pour objectif d’évaluer la validité et la fiabilité de l’IQV.
DESCRIPTION DE L’INSTRUMENT
L’IQV a été élaboré pour mesurer la qualité de vie aussi
bien des sujets en bonne santé que des personnes
malades. Il comprend deux sections : l’une mesure la
satisfaction à l’égard de différentes dimensions de la
vie, l’autre mesure l’importance de chacune des dimensions pour le sujet.
Les sections comportent chacune 32 items, qui évaluent les dimensions suivantes : soins de santé, santé et
fonctionnement physiques, couple, famille, amis, stress,
niveau de vie, profession, éducation, loisirs, retraite
future, tranquillité d’esprit, croyances personnelles,
objectifs dans la vie, apparence personnelle, acceptation
de soi, bonheur général et satisfaction globale.
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RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 88 - MARS 2007
Chacune des sections comprend trois items supplémentaires destinés aux patients dialysés. Pour
répondre, les sujets utilisent une échelle de Likert à
6 points, allant de «très satisfait» à «très insatisfait»
pour les items de satisfaction, et de «très important»
à «très peu important» pour les items d’importance.
Six catégories de réponses ont été retenues pour optimiser la discrimination et la fiabilité de l’instrument,
tout en conservant des catégories dignes d’intérêt 12.
D’après Guilford 13, la fiabilité d’une échelle de cotation augmente avec le nombre de catégories de
réponses mais plafonne à sept. Sellitz et coll. 14 affirment pour leur part que plus la formulation des items
et des catégories de réponses est claire, plus le risque
de distorsion des scores est réduit. Quatre-vingt huit
étudiants de 2e/3e cycles en sciences infirmières, prenant part à des recherches et suivant des cours de psychométrie, ainsi que 37 patients dialysés ont testé la
clarté de la formulation de l’IQV. Plusieurs items qui
de l’avis des patients et/ou des chercheurs prêtaient à
confusion, ont été reformulés.
Détermination des scores
Les scores de qualité de vie sont déterminés en ajustant les réponses aux questions permettant d’évaluer
la satisfaction sur les réponses consacrées à l’importance que le sujet accorde à la dimension évaluée. Le
score ajusté de qualité de vie reflète donc non seulement la satisfaction, mais aussi la valeur que chaque
sujet attribue à une dimension donnée. L’ajustement
du score de satisfaction selon l’importance accordée à
la dimension évaluée permet de corriger l’influence
variable des valeurs individuelles et d’obtenir une image
plus exacte de la qualité de vie du sujet.
Pour ajuster les scores de satisfaction et partant, tenir
compte de l’importance accordée à chaque dimension,
les réponses aux items relatifs à la satisfaction sont
recodées et multipliées par les réponses relatives à
l’importance. Cet ajustement permet de donner un
score ajusté plus élevé aux items qui ont obtenu des
réponses exprimant une grande satisfaction/importance et un score moins élevé aux réponses exprimant
une grande insatisfaction/importance. Les items auxquels les sujets ont attribué une faible importance donnent des scores intermédiaires. Cet ajustement se justifie par le fait que les personnes qui expriment une
grande satisfaction à l’égard de dimensions importantes
de la vie jouissent d’une meilleure qualité de vie que
celles qui font état d’une grande insatisfaction à l’égard
de ces mêmes dimensions. Les réponses brutes aux
questions portant sur la satisfaction sont donc recodées pour ramener à zéro le point intermédiaire permettant d’obtenir cet ajustement. Si les scores n’étaient
pas recodés, la personne qui s’est déclarée très insatisfaite d’une dimension très importante de sa vie
L’INDICE DE QUALITÉ DE VIE : DÉVELOPPEMENT
ET PROPRIÉTÉS PSYCHOMÉTRIQUES
obtiendrait le même score pour l’item en question que
la personne qui s’est déclarée très satisfaite d’une
dimension de faible importance. Il est tout à fait raisonnable d’imaginer qu’une grande insatisfaction à
l’égard d’une dimension importante devrait avoir un
impact beaucoup plus négatif sur la qualité de vie
qu’une grande satisfaction à l’égard d’une dimension
très peu importante. Par conséquent, le recodage des
réponses sur la satisfaction permet de tenir adéquatement compte de l’importance. Les réponses recodées relatives à la satisfaction sont multipliées par les
scores aux réponses relatives à l’importance pour donner des scores ajustés. Les scores ajustés de chaque
item sont ensuite additionnés pour obtenir le score
total de chaque sous-échelle de dimension et un score
général de qualité de vie.
Validité de contenu
Pour Carmines et Zellers 15 (p. 20), «la validité de contenu
est fonction du degré selon lequel une mesure empirique
reflète un domaine de contenu particulier». La validité de
contenu est l’expression d’un jugement subjectif sur
la représentativité des items pour le domaine de
contenu considéré 16. La validité de contenu de l’IQV
s’appuie sur le fait que les items ont été élaborés après
une analyse des publications consacrées à la qualité de
vie et sur les déclarations des patients concernant les
effets de l’hémodialyse sur leur qualité de vie.
Un processus en deux étapes a été utilisé pour évaluer
la validité et la fiabilité de l’IQV et cette évaluation a
d’abord été effectuée auprès d’un échantillon général
d’étudiants de 2e/3e cycles (n = 88), pour passer
ensuite à un échantillon cliniquement plus adéquat de
37 patients dialysés. Dans un premier temps, tous les
étudiants de 2e/3e cycles en sciences infirmières d’une
grande université du Middle West ont été invités à participer ; 53 % d’entre eux se sont portés volontaires.
Leur âge variait entre 23 et 52 ans (M = 33,1, ET
= 6,73). La majorité des sujets était de sexe féminin
(97 %) et de race blanche (95 %). Dans ce groupe, l’IQV
se présentait sous forme de questionnaire écrit.
Dans un deuxième temps, un échantillon pratique de
39 patients dialysés a été sélectionné. Deux patients ont
refusé de participer, ce qui a donné un échantillon final
de 37 sujets. Leur âge variait entre 24 et 75 ans (M = 50,
ET = 14,18). La majorité des sujets était de sexe masculin (72 %). Soixante-douze pour cent étaient Blancs,
22 % Noirs et 5 % Hispaniques. Pour cet échantillon,
l’IQV a été présenté sous la forme d’un entretien.
Validité de critère
La validité de critère est évaluée en comparant les
scores obtenus au moyen d’un instrument donné à
ceux obtenus à l’aide d’un autre instrument chargé de
mesurer le même concept 16.
La fiabilité et la validité de critère doivent être
connues pour que l’on puisse prêter foi aux résultats 16. Pour évaluer la validité de critère de l’IQV, une
question générale sur la satisfaction de vie a été utilisée comme mesure de critère de la qualité de vie.
La question s’inspirait de la mesure de la satisfaction
de vie globale proposée par Campbell et coll 4. Ces
derniers ont en effet conceptualisé la satisfaction de
vie sous la forme d’un jugement cognitif sur l’adéquation entre les normes ou aspirations d’une personne et les expériences réelles vécues. Les sujets
ont été invités à donner un score à leur satisfaction
globale de vie sur une échelle à six points allant de
« très satisfait » à « très insatisfait ».
La validité de la question sur la satisfaction de vie a été
démontrée 17. Toutefois, dans la mesure où la fiabilité
test-retest à moins de huit mois d’intervalle n’est pas
connue, la question sur la satisfaction de vie a été posée
à deux semaines d’intervalle aux étudiants de 2e/3e cycles
(n = 69) dans le cadre de la présente étude. Bien que le
coefficient de corrélation obtenu de 0,61 soit acceptable,
ce chiffre dénote néanmoins d’une certaine instabilité.
Le coefficient de corrélation entre les scores obtenus
à l’IQV et à la question sur la satisfaction de vie des
étudiants de 2e/3e cycles s’est établi à 0,75, et à 0,65
pour les patients dialysés. Ces résultats témoignent
d’une concordance partielle importante et confirment
la validité de l’IQV.
Fiabilité test-retest
L’évaluation de la fiabilité test-retest fournit des indications sur la stabilité et la fiabilité d’un instrument
donné13. L’évaluation test-retest a été appropriée
pour l’IQV, car on a pu montrer que la qualité de
vie était relativement stable au cours d’une période
de plusieurs semaines17. Les sujets ont été retestés
après un minimum de deux semaines pour autoriser
les variations quotidiennes 12 . Dans les deux
groupes, la fiabilité test-retest de l’IQV a été confirmée par des coefficients de corrélation test-retest
de 0,87 à intervalle de deux semaines (étudiants de
2e/3e cycles, n = 69) et de 0,81 à un mois d’intervalle (patients dialysés, n = 20).
Fiabilité ou cohérence interne
Selon Nunnally 12, l’échantillonnage des items est la
principale source d’erreur dans un instrument. Par
conséquent, il importe d’évaluer la cohérence interne
de tous les nouveaux instruments. Le coefficient alpha
de Cronbach estime la cohérence interne en fonction
de la corrélation interitem moyenne entre les items
du test et leur nombre 12. La fiabilité ou cohérence
interne de l’indice a été confirmée par des coefficients
alphas de Cronbach de 0,93 (étudiants de 2e/3e cycles)
et de 0,90 (patients dialysés).
RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 88 - MARS 2007
35
DISCUSSION
Les problèmes couramment soulevés par la mesure de
la qualité de vie sont : l’absence de consensus sur les
dimensions à mesurer, l’absence d’évaluation subjective et l’incapacité de tenir compte des différences individuelles dans l’importance accordée aux dimensions
étudiées. Ces problèmes ont été résolus dans l’IQV en
incluant les dimensions identifiées par des experts pour
la mesure de la qualité de vie, en mesurant de manière
subjective la satisfaction à l’égard de différentes dimensions et en ajustant les scores des questions se rapportant à la satisfaction sur les scores des questions
relatives à l’importance accordée par les sujets à chacune des dimensions. Pour évaluer certaines des propriétés psychométriques de l’IQV, la validité de critère,
la fiabilité test-retest et la cohérence interne ont été
mesurées.
Pour la validité de critère, la règle empirique veut que
plus la corrélation est élevée, plus l’instrument est
valide 12. Toutefois, les corrélations sont atténuées par
le manque de fiabilité des mesures, les mesures qui manquent de fiabilité étant par définition des erreurs de
mesure. La limite supérieure des corrélations n’est pas
de 1,0, mais équivaut à la racine carrée du produit des
scores de fiabilité de l’instrument et du critère18.
Par conséquent, la valeur la plus élevée possible du coefficient de corrélation de la validité entre l’IQV et la question sur la satisfaction globale de vie s’est établie à 0,75
pour les étudiants de 2e/3e cycles, et à 0,74 pour les
patients dialysés. Si l’on tient compte de ces limites supérieures, force est de constater qu’il existe une concordance partielle importante entre les scores IQV et les
scores à la question sur la satisfaction générale de vie,
ce qui confirme la validité de l’IQV. D’autres évaluations
de la validité de l’IQV faisant appel à une analyse factorielle pour évaluer la validité du construit sont en cours.
Pour évaluer certaines des propriétés
psychométriques de l’IQV, la validité de critère,
la fiabilité test-retest et la cohérence interne ont
été mesurées.
Les résultats confirment la fiabilité test-retest de
l’IQV. Avant d’accepter ces résultats, l’influence possible de la mémoire doit néanmoins être prise en
considération. Puisque les mesures n’étaient espacées que de deux semaines pour les étudiants de
2 e /3 e cycles, il est possible que la mémoire ait
entraîné une surestimation de la fiabilité 19. Toutefois,
puisque selon Nunnally il est difficile de se souvenir
d’un grand nombre de scores, les évaluations peuvent être considérées comme pratiquement indépendantes les unes des autres.
36
RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 88 - MARS 2007
Comme l’IQV fait intervenir entre 64 et 70 scores,
il est fort peu probable que la mémoire ait influencé
de manière significative la deuxième évaluation.
Bien que la fiabilité test-retest de l’IQV ait été confirmée, cela ne saurait être pris comme une preuve de sa
fiabilité sans coefficient alpha de Cronbach élevé 12.
Fort heureusement, les coefficients alphas de Cronbach
obtenus étaient compris entre 0,93 et 0,95. Ces coefficients alphas confirment non seulement la cohérence
interne de l’IQV, mais garantissent aussi que les corrélations interitems ont très peu diminué en raison
d’une erreur de mesure aléatoire 15.
En résumé, l’IQV est un instrument de mesure exhaustif de la qualité de vie qui permet de surmonter certains
des problèmes soulevés par la mesure de ce phénomène. Les résultats ont confirmé la validité de critère,
la fiabilité test-retest et la cohérence interne de l’IQV
lorsque celui-ci est administré à un échantillon de sujets
en bonne santé. Par ailleurs, l’IQV a montré qu’il était
fiable et valide même après avoir été modifié en vue
de son administration à des patients dialysés. Les résultats positifs obtenus à l’issue de ces évaluations, et la
facilité avec laquelle l’IQV peut être adapté à d’autres
groupes de patients, plaident en faveur de son utilisation auprès de divers échantillons et populations. L’IQV
est un instrument prometteur à utiliser dans les
recherches en sciences infirmières et dans les soins cliniques pour l’évaluation des pratiques, pour faciliter la
communication avec les patients et pour planifier les
interventions de nature à améliorer leur qualité de vie.
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