le niveau des transcrits du gène Mx. La
transcription du gène Mx est très fortement stimulée
par les IFN de type I. L’analyse de son niveau
d’expression constitue donc un outil très sensible
pour révéler la présence des IFN de type I au niveau
tissulaire. Nous observons une augmentation
statistiquement significative de l’expression du gène
Mx au niveau du côlon des animaux infectés
(FIGURE 3B). L’augmentation de la transcription
du gène Mx traduit la présence d’IFN de type I et la
mise en place d’une réponse immunitaire innée au
niveau des sites d’infection. Nous souhaitons
maintenant mettre en évidence la présence d’IFN de
type I au niveau des tissus par la méthode de dosage
biologique mise au point au laboratoire.
Discussion
L’infection des canards pékin par le virus IAFP
H5N2 ne se traduit par aucun symptôme et aucune
lésion histologique détectable. Dans notre étude,
l’antigène viral n’est détecté au niveau du côlon que
dans les cellules épithéliales différenciées qui se
trouvent au somment des villosités. Ces résultats
sont en contradiction avec les études précédentes
qui avaient identifié les cellules non différenciées
des cryptes intestinales comme cibles préférentielles
des virus IAFP (Ito et al., 2000; Kida, Yanagawa, et
Matsuoka, 1980). La divergence dans les résultats
pourrait être due à l’utilisation de virus IAFP de
sous-types différents et des expériences avec
d’autres sous-types viraux sont en cours au
laboratoire pour documenter nos observations.
Le développement de méthode de quantification des
transcrits des principales cytokines de canard nous a
permis d’analyser la mise en place de la réponse
immunitaire au niveau tissulaire. Au niveau de la
muqueuse du côlon, nous n’observons qu’une faible
augmentation des transcrits codant pour le TNFα et
l’IFNgamma respectivement un jour et six jours
post-infection. L’augmentation de l’expression de
l’ARNm codant pour la protéine Mx témoigne
également de l’augmentation de la sécrétion d’IFN
de type I au niveau de la muqueuse du côlon. Une
réponse inflammatoire se met donc en place. Celle-
ci est de faible intensité, en témoigne l’absence
d’infiltrat massif de cellules immunitaires dans la
muqueuse du côlon.
Notre travail montre, qu’au cours de l’infection, une
réponse immunitaire innée se met rapidement en
place au niveau des cellules du tube digestif des
canards. Cette réponse immunitaire permet de
limiter l’extension tissulaire du virus, celui-ci n’est
en effet détectable que dans une très faible
proportion de cellules localisées au niveau de
l’épithélium différencié du côlon. La réponse
immunitaire pourrait ainsi être suffisamment
efficace pour prévenir des dégâts tissulaires induits
par le virus, et d’une intensité suffisamment faible
pour limiter les lésions provoquées par
l’inflammation.
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Remerciements
Ce programme de recherche a bénéficié du soutien
financier du CIFOG (Comité interprofessionnel des
Palmipèdes à Foie gras).